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Catégorie : Lobbying

Le lobbying enfin réglementé 

Michel Sapin vient de présenter son projet de loi sur la transparence de la vie économique, si l’ensemble du dispositif est loin d’être parfait, quelques mesures intéressantes donnent enfin un cadre et une visibilité plus clairs aux activités de lobbying et c’est une bonne nouvelle !

Le lobbying a une mauvaise image. Certaines mauvaises pratiques sont en cause, il ne s’agit pas de les nier, ni de les minimiser, l’image véhiculée par certains médias, souvent caricaturale, ne facilite pas non plus la mise en avant d’une profession encore assez méconnue en France.

La loi Sapin 2 est donc intéressante car elle propose de poser des règles de fonctionnement qui devrait rendre le lobbying plus transparent. Il est prévu de créer un répertoire des lobbyistes qui sera mis en ligne et permettra de connaître les représentants d’intérêts ainsi que le champs de leurs actions.

Des règles de bonne conduite seront également édictées telles que l’interdiction de fournir des informations trompeuses, d’offrir des cadeaux de valeur significative, de revendre à des tiers des documents du gouvernement ou d’organiser des colloques avec des prises de paroles rémunérées dans des bâtiments administratifs…

Tout cela devrait relever du bon sens, et pourtant certaines méthodes du passé sont encore utilisées et elles participent à la mauvaise réputation du métier de lobbyiste. C’est pourquoi cette loi peut-être utile car elle va permettre de clarifier les choses. Néanmoins, elle reste perfectible et incomplète, Fabrice Alexandre, président de l’Association française des conseils en lobbying et affaires publiques (AFCL) et Laurent Mazille, président de l’Association professionnelle des responsables des Relations avec les pouvoirs publics (ARPP) ont signé dans Les Echos du mercredi 30 mars une tribune dans laquelle ils attirent l’attention sur certaines « zones d’ombre » du projet de loi : « flou dans la définition des représentants d’intérêts, risque de dénonciation calomnieuse, pouvoirs d’enquête mal encadrés, menaces sur la vie privée et le secret des affaires ».

Encore plus sévère pour le projet de loi, notamment sur le périmètre des représentants d’intérêts actuellement très mal défini, Jean-François Pécresse estime dans Les Echos, daté du 31 mars, que « l’Etat va s’arroger le pouvoir de trier entre les bons – bien évidemment les défenseurs de l’environnement – et les mauvais groupes de pression – les industriels quels qu’ils soient. Il décidera ainsi de ceux qui auront le droit de faire valoir des intérêts particuliers auprès des élus et des agents publics. Ce faisant, le gouvernement considère que les intérêts privés sont à priori contraires à l’intérêt général. »

Le débat parlementaire, s’il est serein, devrait permettre d’améliorer ce texte qui va, globalement, dans le bon sens, celui d’une véritable reconnaissance du lobbying comme élément de la vie démocratique qui participe à l’information des décideurs publics et à l’alimentation d’un indispensable débat dans la préparation des lois.

Le lobbying est également un formidable créateur de valeur pour l’entreprise : il permet d’envisager les points de blocage réglementaires ou sectoriels en amont, d’organiser avec la sphère publique un échange apaisé et transparent, il est également un outil indispensable pour susciter et accompagner les indispensables réformes dont la France a besoin.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Oubliez vos préjugés sur le lobbying !

Le président de Sountsou, était, il y a quelques semaines, l’invité de l’émission « La vie des entreprises » sur Lyon Première, la radio de l’info du Grand Lyon.

L’occasion pour Mathieu Quétel, qui répondait aux questions de Gérald Bouchon, de dresser un tour d’horizon du lobbying et des outils qu’il met au service des entreprises.

Préparez-vous à revoir vos préjugés sur le lobbying !

L’émission est à écouter ici.

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Quand Sarkozy a raison de faire des reproches aux entrepreneurs

Attention provocation ! J’ai déjà évoqué la semaine dernière le manque de réactivité du patronat lors de la présentation de la loi El Khomri 1 qui a été pulvérisée par une pétition sur le net et par manque de soutien. C’est précisément ce que l’ancien Président de la République vient de reprocher aux entrepreneurs.

Mercredi 23 mars, Nicolas Sarkozy avait rendez-vous avec des chefs d’entreprise à la Fondation Concorde afin de présenter son projet économique. Le think tank libéral avait déjà reçu François Fillon et Alain Juppé.

L’ancien Président de la République a tancé les chefs d’entreprise présents en leur reprochant leur absence du débat public et leur manque d’investissement au sein de leurs syndicats professionnels. Il est dans son rôle lorsqu’il défend son bilan et en renvoyant la responsabilité de son incapacité à mener la réforme d’autres que lui. Néanmoins, il faut bien avouer qu’il a raison sur un point : le monde économique est trop absent du débat public, il se cantonne trop à l’incantation et s’implique trop peu dans l’action.

On ne peut tout demander aux homme politiques. Ils sont responsables de beaucoup de choses, notamment de la situation économique de notre pays, littéralement tétanisé par des années de blocage. Néanmoins, ceux qui envisagent de réformer doivent être soutenus car le camps des conservateurs se bat pour préserver à n’importe quel prix ses privilèges. Le torpillage de la Loi El-Khomri nous le rappelle quotidiennement, comme les difficultés de mise en oeuvre de la (pourtant limitée) Loi Macron.

Oui, il est urgent pour le monde de l’entreprise de se prendre en main, de se mobiliser, de s’investir dans le débat public et d’innover. Rencontrer des politiques, écrire des tribunes, publier des livres, investir les r réseaux sociaux, imaginer de nouvelles façon de défendre les réformes indispensables au pays… les dirigeants ne peuvent plus déléguer ces actions devenues indispensables pour donner du courage aux politiques, leur imposer un rythme d’action et de mise en oeuvre de mesures plus proches des préoccupations du monde économique.

L’entreprise devrait être au coeur des débats pour la présidentielle de 2017, elle crée de la richesse, de l’emploi, donne du pouvoir d’achat elle est également l’un des lieu au sein duquel nos concitoyens peuvent se réaliser.

Sans une réelle implication des entrepreneurs, il sera impossible de réformer la France. Il est temps de se lancer !

Mathieu Quétel, président de Sountsou

La torpilleuse de la Loi travail

Elle s’appelle Caroline de Haas. Depuis plusieurs semaines, la Newsroom Sountsou vous raconte la façon magistrale avec laquelle elle a « éparpillé façon puzzle » la loi travail. Le magazine Le Point daté du 24 mars, lui consacre un article, intitulé « le pire cauchemar de Hollande » dans lequel sont décryptées ses méthodes.  Révélateur et passionnant.

Caroline de Haas est une vraie militante, elle croit dans les causes qu’elle défend comme le féminisme. Elle est également furieusement dans son époque, elle en maîtrise les outils et, surtout, elle « sent » l’opinion et elle sait taper là où ça fait mal.

Certains se moquent gentiment d’elle dans l’article que lui consacre Le Point cette semaine. On retiendra cette phrase de l’un de ses compagnons du PS « A force de multiplier les initiatives, il y a forcément parfois un truc qui prend ». Il a tout à fait raison et c’est d’ailleurs le grand mérite de Caroline de Haas, elle tente, elle essaie, elle commet des erreurs mais continue de se battre loin de baisser les bras. Et elle gagne.

L’article d’Émilie Lanez, très documenté, révèle la redoutable méthode des carrés mise au point par la militante qui utilise le numérique avec maestria. Il raconte également comment, presque par hasard, la sauce anti-loi El Khomri a fini par prendre. Au départ sa pétition ne rencontrait pas un succès fulgurant. Puis, il y eut ce tweet d’Edwin Plenel, le patron de Mediapart, les signataires sont passés de 200 à 50.000 en quelques heures.

C’est l’un des secrets de Caroline de Haas, elle sait fédérer autour d’elle d’autres influenceurs qui font rayonner ses combats. Sa pétition contre la loi travail restera dans les annales et deviendra probablement une étude de cas dans les écoles de commerce et de sciences politiques.

Il n’en reste pas moins que le combat de cette militante de l’anti-capitalisme et de la lutte contre l’entreprise fait partie de ces réseaux qui bloquent la France depuis trop longtemps.

Ses méthodes devraient inspirer les milieux patronaux. La mise en place de réformes se heurtera de plus en plus à de nouvelles formes de militantisme, insaisissables et dont les arguments de fond ne sont pas forcément le moteur. Il est impératif de s’adapter et de mettre en oeuvre une nouvelle approche de l’opinion, plus offensive. Les responsables politiques ont besoin de soutiens pour mener leurs réformes.

Lors de son passage devant la Fondation Concorde, cette semaine, Nicolas Sarkozy ne disait rien d’autre lorsqu’il reprochait aux milieux patronaux leur manque de soutien au cours de son quinquennat. L’incantation ne suffit plus.

Lobbying : tensions dans le monde des courses

Le Trot et France Galop se sont lancées dans une vaste opération de lobbying de terrain afin de sensibiliser les élus de toute la France sur les enjeux de la filière hippique face aux effets de la loi de 2010 qui a libéralisé les conditions d’accès aux paris sportifs. La cible est La Française des Jeux accusée de trop jouer gagnant.

Les Fédérations régionales des courses hippiques organisent des manifestations à l’hippodrome de Vincennes en présence des parlementaires et élus locaux de leurs territoires afin de les sensibiliser « in situ » à leurs préoccupations. Le 22 mars, c’est la Fédération régionale des courses hippiques de l’Ouest qui organisait la venue des sénateurs, députés et maires à l’occasion d’une réunion de courses dédiées aux hippodromes du grand Ouest avec au programme 7 courses qui portaient le nom de 7 hippodromes représentant chacun un département.

Les élus ont bien entendu assisté, dans des conditions privilégiées, aux courses. L’occasion de les sensibiliser aux inquiétudes d’une filière soumise depuis 2010 aux effets de la crise mais également à la concurrence des paris sportifs et surtout de La Française des Jeux qu’elle ne voit pas d’un bon oeil.

Les représentants de France Galop et Le Trot reprochent notamment à la FDJ de ponctionner les paris ce qui aurait entrainé une baisse des enjeux de 900 millions d’euros entre 2010 et 2015. Ils demandent une clause de revoyure spécifique sur la situation économique et financière de la filière.

Cette opération de lobbying est menée en utilisant au maximum la proximité avec les élus locaux. Ceux-ci seront ensuite les porte paroles des inquiétudes de la filière au Parlement, c’est en tout cas le pari des dirigeants de la filière hippique.