L’actu

Catégorie : Présidentielle 2017

Le nouveau monde de Juppé

Alain Juppé était fermement attendu sur ses propositions économiques. Il vient de publier son nouvel opus programmatique « Cinq ans pour l’emploi » chez JC Lattès qu’il a décliné tout au long de la semaine au rythme d’un véritable marathon médiatique.

En tête des sondages, solidement installé sur une avance qu’aucun candidat du « renouveau » ne semble pouvoir remettre en question, Alain Juppé poursuit sa campagne en vue de la primaire de la droite, tranquillement, à son rythme mais avec détermination. Il a dévoilé cette semaine ses propositions pour l’économie.

Il a prévenu « ce ne sera pas rock’n roll » et il a raison. Alain Juppé ne prétend pas nous faire rêver il envisage plutôt de nous faire réfléchir et de prendre conscience que les réformes ne seront pas forcément très agréables mais indispensables. Il revendique une obligation de baisser la dépense publique tout en préservant la place d’un Etat fort. En cela, il n’est pas si libéral qu’on veut bien le dire ici ou là.

Il rend un vibrant hommage aux élus locaux, ces « faiseux » et invite les Français à s’impliquer dans la démocratie locale. Néanmoins, il demandera également des efforts aux collectivités locales.

Ses propositions économiques passent par la suppression des 35 heures, il souhaite également favoriser les accords au sein des entreprises, si ce n’est pas le cas alors la durée du travail sera de 39 heures payée 39. Il confirme son idée de « CDI sécurisé » qui prévoit les conditions de rupture. Il convertit les aides du CICE en baisses de charges, notamment le 0 charge sur le SMIC. Il réduit les cotisations familles à hauteur de 10 milliards, mesure financée par une hausse de la TVA de 1 point.

Sur le plan fiscal, Alain Juppé souhaite s’engager sur un « contrat fiscal » avec une baisse de l’impôt sur les sociétés à 30% pour les grandes entreprises et 24% pour les PME. Il supprimera l’ISF mais ne fait pas de grande promesse de réduction fiscale pour les ménages, à part pour les familles et pour les emplois à domicile qui bénéficieront d’une réduction de charges sociales.

Enfin, il propose de relever l’âge de la retraite à 65 ans et de rattacher au régime privé les nouveaux fonctionnaires à partir de 2018.

Face à un François Fillon très audacieux, le programme économique d’Alain Juppé semble moins offensif mais le candidat le défend en revendiquant un programme raisonnable et acceptable. Le débat peut commencer.

Brèves de primaire de la droite

Nos informations sur les coulisses de la primaire à droite.

Fillon muscle sa com’

Les observateurs ne cessent de le dire depuis plusieurs mois : « Fillon est celui qui a le plus travaillé son programme, il ne sait hélas pas se vendre »… La communication est essentielle en politique, certains l’ont bien compris et masquent aisément leur manque de fond par des slogans bien ciselés, mais cela ne dure en général qu’un temps. Le pari de François Fillon est donc d’allier une communication plus musclée à un programme travaillé et audacieux. Il apparaît désormais en chemise blanche, sans cravate, émaille ses discours de blagues (un peu comme les américains), n’hésite pas à organiser des « forums » plutôt que des meetings. C’est Anne Méaux qui serait à la manoeuvre depuis quelques semaines et qui aurait impulsé des changements salvateurs à la communication de l’ancien premier Ministre, qui semble désormais décidé à briser cette carapace qui l’isole tant.

Les Français de l’étranger privés de vote ?

Il était prévu que les Français de l’étranger puissent participer à la primaire de la droite par vote électronique de façon à faciliter leur participation. Le comité d’organisation de la primaire avait voté ce dispositif particulier à l’unanimité. Le Bureau politique des Républicains du mardi 3 mai a finalement opté pour un vote traditionnel par le biais de bulletins en papier. Le problème est que ce sujet n’était pas inscrit à l’ordre du jour de ce Bureau politique et, surtout, que celui-ci s’est déroulé en l’absence des principaux candidats à la primaire, excepté… le président du parti et ses soutiens. Bref, les candidats à la primaire soupçonnent Nicolas Sarkozy d’avoir monté « un coup » afin d’écarter un électorat qui est réputé lui être peu favorable. Les tensions au sein de LR sont montées encore d’un cran et la haute autorité de la primaire, saisie par des candidats mécontents, a demandé à ce que le vote soit revu. Frédéric Lefebvre, en colère, a menacé sur son compte Facebook d’organiser un vote parallèle par voie électronique sous contrôle d’huissier. Un Bureau politique serait prévu dans les quinze jours afin de débattre à nouveau de ce sujet. En tout cas, cet incident que certains caciques de LR qualifient déjà de « joli coup de Sarkozy » rappelle celui du périmètre des parrainages de parlementaires dont les règles avaient également été revues il y a quelques semaines au grand damn de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Juppé attendu sur son programme économique

Le 11 mai, le maire de Bordeaux dévoilera son programme économique. Très en avance dans les sondages par rapport à ses concurrents, Alain Juppé est parfois jugé réservé quant à son programme économique dont on ne perçoit pas encore bien le pourtour et surtout jusqu’où il envisage d’aller dans les réformes. Le rendez-vous du 11 mai est donc important et ses supporters annoncent des surprises ainsi qu’un programme « audacieux ».

NKM veut « régénérer » les institutions

Dans une interview au Parisien, le 2 mai, Nathalie Kosciusko-Morizet dévoile son programme de réforme des institutions. La candidate à la primaire de la droite veut « régénérer nos institutions » et elle veut frapper fort : remplacement du Conseil économique social et environnemental par une Chambre des citoyens numérique, passage à 200 sénateurs (contre 348 actuellement) et 400 députés (contre 577), suppression du poste de premier Ministre, le président de la République devient chef du gouvernement avec 10 grands ministres.

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Les Français adorent les primaires

La gauche et, pour la première fois, la droite, proposeront aux Français de choisir leurs candidats lors de primaires organisées en fin d’année. La droite était réticente à organiser un tel scrutin, par tradition elle est attachée à la figure du chef, donc par la candidature naturelle du patron du parti. Le Parisien a publié un sondage qui démontre le grand intérêt des Français puisqu’ils sont un sur quatre a se déclarer prêts à y participer. Bien sûr, ils dénoncent le trop plein de candidats qui entame quelque peu la crédibilité de la démarche, 62% estiment qu’il y a trop de candidats.

Juppé en force

Un sondage Odoxa pour Le Parisien confirme le leadership incontestable exercé par Alain Juppé sur la primaire de la droite. 41% des sondés qui comptent voter veulent le choisir contre 24% pour Nicolas Sarkozy, qui ne décolle toujours pas. François Fillon reste quatrième derrière Bruno Le Maire (15%) mais avec 9% des intentions de vote il se stabilise et a stoppé l’érosion.

 

Le retour d’un vieux parti

Les Bureaux politiques de LR recèlent toute sorte de surprises en ce moment. Mardi 3 mai il a décidé de permettre au Centre national des indépendants et paysans (CNIP) de participer à la primaire de la droite. On ne sait pas encore si le président de ce petit parti de la galaxie de la droite sera lui-même candidat ou s’il soutiendra l’un des candidats en lice. Bruno North, président du CNIP, a tenu devant le Bureau politique de LR, un  discours « libéral », « conservateur » et « proeuropéen mais pour une autre Europe », selon Le Figaro du 5 mai.

Quand le personnel dépasse le politique

Il ne lui pardonnera pas. En 2011, Christine Lagarde quitte le ministère de l’Économie pour le FMI, il ne demandait q’un coup de pouce auprès du président de la République. Il ne le lui apportera pas. Le jugera trop « vert » pour le poste. Pour l’obtenir il mettra son départ du gouvernement dans la balance. Bruno Le Maire, l’autre candidat sérieux restera finalement à l’Agriculture. Quant à lui, François Baroin, il deviendra le ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy avec qui il construira une véritable relation. C’est au nom de cette relation, devenue depuis personnelle, sans doute également pour une ambition, qu’il devrait annoncer son soutien à l’ancien président de la République prochainement pour la primaire de la droite. Il tournera ainsi le dos à Alain Juppé, pourtant farouche chiraquien comme lui. Il n’a pas été présent quand il le lui a demandé. Il ne le sera pas plus pour lui. Peu importe qu’ils partagent sans doute plus que quelques dîners entre couples, comme le rappelle L’Express du 4 mai. Il ne le lui pardonnera pas.

Fillon devient la cible

François Fillon n’est certes pas le préféré des Français pour la primaire de la droite. Il a même un sacré handicap après cinq années passées à Matignon sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Longtemps en difficulté dans les sondages et assez nettement distancié par Bruno Le Maire, François Fillon semblait condamné à la quatrième place. La situation est peut-être en train d’évoluer et les différentes consultations relèvent un arrêt de l’érosion de son socle électorale et même, pour certaines, un rebond qui le rapproche de Bruno Le Maire. Le programme audacieux de l’ancien premier Ministre et sa volonté de réformer en profondeur sans tabou semblent séduire les chefs d’entreprise et le monde économique. Il devient même la cible des critiques de l’Elysée et certains de ses concurrents à l’instar de Bruno Le Maire comme le rapportent Le Point et L’Express de cette semaine. Un (bon) signe ?

Meeting interactif

François Fillon organisait le 3 mai son premier meeting interactif avec au programme des témoignages de chefs d’entreprise et le vote en ligne pour choisir 6 propositions prioritaires parmi 18 établies par le candidat. Les 6 propositions qui ont reçu le plus de votes sont : la suppression des 35 heures et de l’ISF, le relèvement des seuils sociaux, le développement de l’alternance, la réforme du RSI et le remplacement des aides sociales par une prestation unique.

La primaire pour les Nuls

C’est le titre de l’ouvrage que publie aux éditions First, le professeur de droit constitutionnel Olivier Duhamel. Il estime dans l’ouvrage que le système de la primaire est un excellent outil pour intéresser à nouveau les citoyens à la politique et les impliquer dans le processus de sélection des candidats des partis. Mise en place en France après 2002 et l’échec de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle, la primaire sera utilisée pour la première fois par la droite à l’occasion de la présidentielle de 2017. Le petit bémol apporté par l’auteur concerne la puissance des partis. S’ils choisissent la primaire c’est également pour maintenir voire renforcer leur puissance, ce nouveau système ne donne donc pas la possibilité à des personnalités nouvelles d’émerger. « La primaire pour les Nuls », Olivier Duhamel avec l’Institut Montaigne, First Éditions.

Brèves de primaire de gauche 

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Hollande déjà en campagne

Il n’y avait guère que l’Élysée pour penser encore que les Français pouvaient croire à une hésitation de François Hollande à se représenter en 2017. La question qui reste en suspend est de savoir s’il sera en mesure d’aller au bout de la démarche ou si son impopularité lui dictera de jeter l’éponge avant de devenir le premier Président en exercice de la Vème République à subir l’humiliation de ne pas passer le 1er tour. La participation de François Hollande au colloque « la gauche et le pouvoir » organisé le 3 mai était déjà une indication, son discours sonne comme une confirmation. Il s’est livré à une défense en règle de son bilan et a lancé quelques avertissements et pics bien sentis à ses adversaires au sein même de la gauche en soulignant que « rien ne remplace l’acte de gouverner ». Le président sortant, en difficulté dans les sondages, s’en est également pris à la droite accusée de vouloir remettre à plat les réformes du quinquennat et d’effacer ces cinq années. Au passage, François Hollande réinstalle, l’air de rien, le clivage droite – gauche. Reste à savoir si les Français ont encore envie de l’entendre et de lui faire confiance.

Macron cherche un ancrage à gauche

Étrange coïncidence, au moment où François Hollande tentait de reprendre en main la campagne présidentielle et son propre destin, Emmanuel Macron faisait, à l’Assemblée Nationale, un discours digne des grandes années de la gauche contre « ses grands patrons aux salaires faramineux qui s’exonèrent du vote de leurs actionnaires ». Le ministre ciblait Carlos Ghosn dont la rémunération a été refusée par 54% des actionnaires et dont il a obtenu le maintien en Conseil d’administration, le vote des actionnaires n’étant que facultatif. Emmanuel Macron s’est donc emparé de cette situation pour menacer de prendre des dispositions législatives afin d’éviter une telle situation dans le cas où le patron de Renault ne revoyait pas sa rémunération pour 2016. Un discours bien ancré à gauche, comme celui que tenait François Hollande au même moment au Théâtre du Rond-Point. Font-ils campagne commune ou est-ce le hasard ?

Quand les impôts captent des voix

Le désormais candidat pour 2017, François Hollande a déjà aligné pour plus de 4 milliards de cadeaux aux uns et aux autres en ce début d’année. Voici qu’il laisse fuiter dans Les Echos, l’information selon laquelle il s’apprêterait à baisser l’impôt sur le revenu des ménages en 2017. Il se trouve que c’est l’année de la présidentielle, simple coïncidence.

La question Macron

Le mouvement lancé par Emmanuel Macron, « En Marche ! » aurait déjà séduit près de 40.000 Français qui se seraient inscrits sur son site internet. Une belle opération même si certains, à gauche, ne cessent de préciser que l’adhésion est gratuite… La petite machine du ministre de l’Économie est en marche et semble séduire de plus en plus d’adeptes. À en croire le long article que lui consacre Le Point du 5 mai, le ministre serait très entouré par des jeunes déterminés à faire gagner leur figure de prou. Charlotte Chaffanjon pose, en conclusion de son article, la question qui hante les couloirs de Solférino et les têtes des éléphants du PS : pourquoi font-ils tout cela ?

La primaire pour les Nuls

C’est le titre de l’ouvrage que publie aux éditions First, le professeur de droit constitutionnel Olivier Duhamel. Il estime que le système de la primaire est un excellent outil pour intéresser à nouveau les citoyens à la politique et les impliquer dans le processus de sélection des candidats des partis. Mise en place en France après 2002 et l’échec de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle, la primaire sera utilisée pour la première fois par la droite à l’occasion de la présidentielle de 2017. Le petit bémol apporté par l’auteur concerne la puissance des partis. S’ils choisissent la primaire c’est également pour la maintenir voire la renforcer, ce nouveau système ne donne donc pas la possibilité à des personnalités nouvelles d’émerger. « La primaire pour les Nuls », Olivier Duhamel avec l’Institut Montaigne, First Éditions.

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Lobbying : 10 conseils pour faire entendre votre voix

Le nouveau numéro de notre Collection Les Cahiers Experts est intitulé « Présidentielle 2017 : 10 conseils pour faire entendre la voix des entrepreneurs ». Nous vous livrons ici le conseil N°4 : « Définissez et hiérarchisez vos demandes ». 

Surtout, évitez la longue liste de réformes ou d’aménagements réglementaires, favorisez plutôt une thématique forte, pour vous, et communiquez autour de celle-ci. Plus votre demande sera claire, puissante, argumentée, et en lien avec un intérêt politique, plus vous aurez de chances d’être entendu. Travaillez également, en amont, les arguments de vos adversaires et levez leurs objections dans vos verbatims. Enfin, essayez de vous mettre à la place du candidat et formulez vos propositions pour qu’elles soient intéressantes en termes de retombées politiques ou médiatiques.

Vaste programme, me direz-vous, mais je n’ai pas prétendu que vous vous lanciez dans une démarche facile.

Afin d’être plus efficace, le mieux est que vous commenciez par lister vos demandes sans retenue, puis que vous les classiez par thèmes, si elles sont nombreuses. Faites, en particulier, le tri des demandes d’ordre général (35 heures, contrats de travail, etc.) et des dispositions qui concernent votre secteur d’activité, voire votre seule entreprise.

Ce premier tri doit vous aider à en établir un second : la hiérarchisation de vos demandes. À l’issue de cette nouvelle étape, vous devez être en mesure de faire ressortir un objectif prioritaire simple et important pour votre activité. Il s’agit, bien entendu, de la situation idéale ; si ce n’est pas le cas, mettez l’accent sur la présentation de vos propositions.

Il est également recommandé de travailler sur des demandes hiérarchisées différemment en fonction de vos interlocuteurs. On sait que les candidats écologistes ne vont pas être sensibles aux mêmes arguments que les socialistes ou les candidats de droite : jouez-en dans votre approche. N’oubliez pas, votre priorité est que vos demandes et propositions soient prises en compte dans les programmes des candidats ; à vous de faire en sorte que ce soit possible.

Voyez, ensuite, si d’autres entrepreneurs sont porteurs des mêmes demandes ou propositions que vous ; si c’est le cas, contactez-les. En effet, certaines filières peuvent avoir des besoins proches ; les syndicats patronaux ou les fédérations professionnelles peuvent également être porteurs de propositions transverses. Utilisez-les et, d’une façon générale, empruntez tous les canaux disponibles pour faire prospérer vos axes de travail.

Dans l’idéal, à l’issue de cette phase préparatoire, vous devez disposer d’un document écrit qui contienne l’ensemble de vos propositions avec une mise en avant spécifique pour votre demande prioritaire. Cet outil doit être doublé de verbatims spécifiques en fonction de vos interlocuteurs, de leur positionnement à l’égard de vos problématiques, de leur sensibilisation ou pas à vos spécificités. Chaque rendez-vous doit faire l’objet d’un travail de préparation. N’oubliez pas : rigueur et précision sont vos alliées.

Enfin, vous aurez des contradicteurs. Intéressez-vous à eux, qu’ils soient des concurrents identifiés ou les personnalités politiques auxquelles vous vous adressez, et qui peuvent ne pas être sensibles du tout à vos attentes. Il peut également arriver que ces dernières défendent une approche radicalement différente de la vôtre. Là encore, c’est le travail qui fera la différence. Vous devez maîtriser leurs arguments et être prêt à répondre point par point. Il s’agit d’expliquer et de convaincre. N’hésitez pas à illustrer vos propos par des chiffres et des exemples.

Mathieu Quétel

président de Sountsou et auteur des Cahiers Experts.

Procurez-vous notre nouveau Cahiers Experts « Présidentielle 2017 : 10 conseils pour faire entendre la voix des entrepreneurs » en le chargeant gratuitement ici.

Brèves de primaire(s)

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L’appel à Nicolas Hulot

Une pétition lancée le 19 avril afin d’appeler Nicolas Hulot à se présenter en 2017 a recueilli en une semaine environ 42.000 signatures. Franck Pupunat, ancien membre du Parti Socialiste et co-fondateur du Parti de Gauche est l’initiateur de cette démarche. L’intéressé est également le fondateur et animateur du mouvement Utopia, association dont le but est « d’élaborer un projet de société fraternel, écologiquement soutenable et convivial dont l’objectif est le « bien vivre ». L’appel publié sur la plateforme change.org ambitionne de « désigner celui ou celle qui débloquera le champ politique, qui ouvrira la voie à une véritable transition économique, écologique et sociale et qui portera un nouveau projet de société ». Si Nicolas Hulot décidait d’être candidat, il serait donc vraisemblablement porteur d’un programme très ancré à gauche, ce qui correspond au positionnement devenu traditionnel des partis porteurs de la dimension environnementale. L’Express daté du 27 avril croit savoir que Nicolas Hulot et Jacques Attali envisageraient un initiative commune dans la perspective de la présidentielle. Un attelage dont le positionnement pourrait assez différent, voire divergent, de la gauche de la gauche.

La campagne souterraine

Tout le monde le sait. Détenir les clés du parti est un atout pour une campagne électorale. Nicolas Sarkozy en est parfaitement conscient et il profite à plein de son statut de président de LR (Les Républicains) pour préparer le lancement officiel de sa campagne pour la primaire de la droite. Les dédicaces de son ouvrage « La France pour la vie », dont le succès ne se dément pas, sont autant d’occasion de rencontrer militants et élus pour ce qui est en train de se transformer en une campagne qui ne porte pas son nom. Si l’ancien Président de la République persiste à ne pas se déclarer officiellement, il multiplie les déclarations sur le thème « le moment venu vous verrez ». Si l’officialisation de sa candidature ne devrait surprendre personne, la méthode qu’il utilisera pourrait créer l’évènement.

Fillon consulte les citoyens

La pré-campagne électorale fait une large place à la fameuse société civile qui essaie de s’imposer dans le débat sans y parvenir vraiment pour le moment. François Fillon a décidé de consulter assez largement les Français par le biais d’une campagne de mailing sur les grands thèmes de son programme. Première étape : la santé. Il vient d’adresser à des Français un questionnaire sur son programme en matière de santé. Lorsque que les « sondés » cliquent sur le mel ils sont redirigés vers le programme du candidat découpé en cinq parties et décliné autour de cinq typologies de bénéficiaires (patients, chercheurs, secteur public, libéraux, industriels). Efficace.

Macron fait face aux « anciens »

Avec la création de son mouvement « En marche ! », Emmanuel Macron s’est exposé comme jamais, même s’il refuse toujours de vraiment dévoiler ses intentions. Si la droite ricane et se gausse de sa démarche, la gauche n’est pas plus bienveillante à son égard. Normal, le ministre se revendique « ni de droite ni de gauche », un positionnement surprenant pour quelqu’un qui détient un portefeuille important dans l’équipe de François Hollande, l’économie. À son positionnement singulier, Emmanuel Macron ajoute le fait de n’avoir jamais été élu. Il estime d’ailleurs que l’étape de l’élection pour construire une carrière nationale est un peu ringarde. Les députés lui rendent la politesse et considèrent assez largement qu’il ne fait pas partie des leurs puisqu’il n’a jamais connu le combat de terrain et le goût amer de la défaite. De plus en plus, le jeune ministre se trouve isolé dans son propre camp qu’il a feint de déserter et dans celui qu’il tente de séduire. Bernard Tapie lui conseille, dans l’Express daté du 27 avril, de s’intéresser à la Maire de Marseille pour 2020.

Le chômage baisse

Mais que vient faire la baisse du chômage dans nos « Brèves de primaire(s) » ? François Hollande ayant fait de la baisse du chômage la condition à une candidature pour un second mandat, il nous a semblé naturel de suivre l’évolution du chômage dans cette rubrique spécifique. Et les nouvelles sont bonnes pour le Président de la République : pour la première fois depuis 2000, le chômage a baissé de 1,7% en mars. Il est prématuré d’évoquer un pari gagné tant les chiffres sont instables. En outre, lorsqu’on décortique le résultat de mars, on comprend que les radiations de Pôle Emploi ont fortement augmenté, on peut également s’interroger sur l’impact du plan de formation annoncé par le Chef de l’Etat. Enfin, on note une augmentation des chômeurs ayant eu une courte activité sur la période. Un étrange paradoxe quand la loi travail prévoit de surtaxer les CDD…

Fillon interactif

François Fillon innove dans la campagne pour la primaire de la droite, ce qui explique peut-être son envolée dans les sondages. L’ancien Premier ministre organise le 3 mai un meeting pour la présentation de son programme économique. Il en profitera pour sonder les participants en les invitant à voter pour ses propositions et à les hiérarchiser. Autre innovation : son meeting sera retransmis sur internet en direct.

La primaire « verrouillée »

En manque de visibilité, le candidat à la primaire de la droite, Geoffroy Didier, a dénoncé mardi 26 avril dans une interview au Parisien, « un processus verrouillé ». Il estime que les règles du jeu des parrainages sont trop contraignantes et n’ont pour seul objectif que d’éliminer les candidats du « renouveau » comme lui. Il critique une démarche qui privilégierait un « entre soi » visant à exclure les idées nouvelles. Le candidat fait « une proposition acceptable par tous », « une fois la barrière des vingt parlementaires franchie, on arrête de compter et on n’accepte plus les parrainages superflus ». Il cible ainsi les candidats de premier niveau, très soutenus par les parlementaires et qui alignent les parrains en nombre. Or, chaque parlementaire ne peut parrainer qu’un seul candidat, ainsi chaque signature donnée à un candidat est perdue pour les autres. Un casse-tête pour les « petits » candidats.

Copé ne décolle pas

Candidat à la primaire de la droite depuis plus de deux mois, Jean-François Copé fait partie des « poids lourds » de cette élection, or, il ne décolle pas dans les sondages qui le donnent à quasi-égalité avec les moins connus des autres candidats. Alors que se passe-t-il ? L’ancien patron de l’UMP paie-t-il sa lutte fratricide avec François Fillon ? Subit-il les effets désastreux des « affaires » qui plombent l’ancien parti de la droite, même s’il n’est pas mis en examen ? En tout cas, sa campagne de « droite décomplexée » semble pour le moment assez inaudible. Alors, le candidat multiplie les déplacements en province et les rencontres avec les militants, il aurait également recueilli les parrainages de parlementaires indispensables pour se présenter au premier tour de la primaire de la droite.

Sniper anti-FN

Maël de Calan fait partie de l’équipe d’Alain Juppé pour sa conquête de l’Elysée. Il publie « La vérité sur le programme du FN » (Plon), un ouvrage dans lequel il décortique les propositions de Marine Le Pen dans tous les domaines et leur oppose une analyse systématique. Le bilan est absolument destructeur pour la candidate du Front National dont le programme apparait comme irréaliste et motivé uniquement par la conquête du pouvoir. L’Express daté du 27 avril lui consacre sa une et un grand dossier intitulé « FN : comment le démolir ? ». Il s’agit d’un joli coup éditorial et de communication politique. En effet, en filigrane et à travers l’auteur, c’est Alain Juppé qui apparait comme le meilleur rempart au FN. Décidément cette première primaire de la droite est passionnante.

L’électorat PS déconnecté

La nouvelle vague de l’enquête « Fractures Françaises » publiée par Le Monde en partenariat avec Ipsos-Sopra Steria, Sciences Po et la Fondation Jean-Jaurès révèle une véritable déconnexion de l’électorat socialiste avec le monde politique. Ce décrochage est une source d’inquiétude supplémentaire pour le Président de la République dont le socle électoral est désormais, lui aussi, écoeuré par la politique. 65% des électeurs socialistes estiment que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et que leurs idées sont mal représentées. 60% des sympathisants (en hausse de 20 points) considèrent que les hommes politiques sont corrompus et 77% pensent que les hommes politiques agissent pour leur intérêt personnel. Le décrochage est donc massif et profond.