L’actu

Catégorie : Présidentielle 2017

Lobbying : Misez sur les primaires

(Un extrait de notre dernier Cahier Experts)

Les deux grands partis de Gouvernement sont devenus adeptes des primaires.

Les Républicains, probablement avec leurs alliés du centre, vont les expérimenter pour la première fois les 20 et 27 novembre 2016.

Le PS, quant à lui, devrait y échapper, son candidat étant le président sortant.

Là encore, travaillez chaque écurie et identifiez des interlocuteurs proches de vos préoccupations dans chaque camp. Il s’agit de ne laisser passer aucune chance de vous faire entendre. Même si le PS ne devrait pas organiser de primaire, cette possibilité n’est pas encore tout à fait exclue (été 2015) ; identifiez donc celles et ceux qui seront à même de jouer un rôle si le parti décidait de ne pas forcément désigner le président sortant comme candidat naturel en 2017.

D’une manière générale, pour ce qui concerne les primaires, chaque candidat est important et doit faire l’objet d’une approche spécifique. Souvenez-vous du résultat de Manuel Valls de 5,63 % à la primaire socialiste de 2011 : peu nombreux étaient ceux à parier sur lui. Son parcours peut les amener à regretter, aujourd’hui, leur dédain de l’époque…

La politique est d’autant plus complexe et imprévisible que les enjeux se déroulent au plus haut niveau, ce qui est le cas de l’élection présidentielle. Il ne faut jamais l’oublier.

Ainsi, en 2016, tous les candidats déclarés à la primaire organisée par Les Républicains et le centre devront être identifiés, contactés, si possible rencontrés, et devront également disposer de vos arguments. Il suffit que l’un d’eux accepte de porter vos demandes pour que celles-ci puissent, le cas échéant, être intégrées dans un programme présidentiel. Ne sous-estimez aucun « petit » candidat : ils sont tous importants et seront tous (ou presque) amenés à jouer un rôle dans l’éventuelle future majorité. Une primaire sert également à peser et à compter ses troupes. Au-delà du résultat final, elle est l’occasion d’identifier des talents et de révéler des personnalités.

À gauche, il n’est pas acquis qu’une primaire ait lieu, même si certains la revendiquent. Préparez-vous comme si elle devait se dérouler et préparez-vous également à engager un travail sur tous les candidats éventuels de la gauche. Dans le contexte très particulier du Parti Socialiste, dont le président de la République est issu, les postulants auront mûri leur candidature et auront vraisemblablement un message assez différent du sortant à porter. Il conviendra de ne pas les négliger, car leur ambition sera de peser dans le prochain Gouvernement en négociant âprement leur ralliement.

Au PS, le point de rupture entre les courants se situe, bien souvent, autour du traitement social du chômage et de la gestion du monde économique. Celui-ci est encore considéré par certains comme hostile et, par nature, peu enclin à adopter des comportements vertueux à l’égard des salariés. Dans ce contexte, les « frondeurs », notamment, influeront vraisemblablement sur la mise en place du programme du prochain quinquennat.

Pour chaque camp, une cartographie précise des candidats aux primaires devra être réalisée : elle identifiera leurs prises de position, leurs soutiens et les éléments déjà connus de leurs programmes.

Mathieu Quétel, président de Sountsou et auteur des Cahiers Experts.

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2016, l’année des entrepreneurs ? 

2016 s’annonce comme une année chargée en annonces diverses pour l’économie et les entreprises. Année de pré-campagne présidentielle, de primaire à droite qui promet une lutte acharnée, elle permettra également de poser les bases d’une éventuelle réforme en profondeur de  notre réglementation. 2016 pourrait-elle s’imposer finalement comme l’année des entrepreneurs ?

Lors de ses voeux du 31 décembre, le président de la République a annoncé un énième « vaste plan contre le chômage » dont les détails devraient être précisés le 18 janvier. Il a néanmoins déjà annoncé qu’il comprendra une mesure de formation pour 500.000 chômeurs supplémentaires. Si ce dispositif devrait permettre de rendre moins visibles dans les statistiques les chômeurs concernés, elle ne  saurait suffire à relancer une France qui peine à s’inscrire dans le sillon de la reprise économique.

Paradoxalement, un premier signe positif pourrait apparaître grâce à des élections à priori éloignées des enjeux nationaux, les régionales. En effet, les nouveaux patrons des exécutifs régionaux font preuve d’un volontarisme surprenant dans le domaine économique, l’une des compétences des régions. Ainsi, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, n’ont pas tardé à annoncer la mise en place d’outils concrets.

Xavier Bertrand a mis en place un numéro vert destiné aux chômeurs afin de faire un bilan complet avec eux et de les aider à trouver un emploi rapidement. Il y aurait dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, selon son président, plus de « 120.000 emplois non pourvus ». « Je ne suis pas en train d’imaginer ces emplois, de les sortir d’une boîte magique. Ce sont des emplois qui existent, des employeurs qui cherchent et qui ne trouvent pas. Le problème c’est qu’on n’arrive pas à faire le lien entre les demandeurs d’emplois et les employeurs », a-t-il déclaré au micro de France Bleu Nord.

Le plus audacieux est sans doute Laurent Wauquiez qui promet « zéro charge » pour les premières embauches d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes. À y regarder de plus près, derrière cette annonce bien markétée, se cache une mesure qui ne visera que la première embauche dans les entreprises en phase de démarrage. Néanmoins, elle concernerait toutes les charges y compris celles liées à la formation, la retraite complémentaire ou encore la cotisation Unedic. Pour les entreprises bénéficiaires, cette aide pourrait représenter entre 650 et 4200 euros par an, elles pourraient en profiter pendant une voire deux années. Le dispositif serait financé par la Région grâce aux économies réalisées sur les indemnités des élus ainsi que sur les frais de fonctionnement promis par le nouveau président, sont coût est estimé à 20 millions d’euros.

Le dynamisme donné par les exécutifs régionaux et la rapidité des annonces tranchent avec les lenteurs des prises de décisions et de leurs applications au plan national. Il pourrait également inciter les candidats à la présidentielle de 2017 à adopter un comportement plus volontariste et audacieux dans leur programme économique ainsi que dans son application après l’élection.

Il s’agit peut-être d’un tournant pour les réformes dont la France a besoin. Il devra être accompagné par les entrepreneurs et les représentants du monde de l’entreprise qui vont devoir s’impliquer plus dans la préparation de la présidentielle et à tous les niveaux.

Alors, oui, 2016 pourrait bien imposer les entrepreneurs comme « homme de l’année ». Très belle année à toutes et tous !

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

Présidentielle : les « déclics de confiance » de Juppé

Ce début d’année est marqué par la prise de parole remarquée d’Alain Juppé qui lance de fait la primaire à droite avec son second livre-programme « Pour un Etat fort » publié chez JC Lattès. Il multiplie également les apparitions dans les médias, l’occasion pour lui de tacler le plan de lutte contre le chômage annoncé par François Hollande lors de ses voeux du 31 décembre.

Alain Juppé n’a pas manqué de s’étonner que le président de la République ne déclare la guerre au chômage qu’à la quatrième année de son mandat. Mais à côté de petites phrases à caractère politique, le candidat à la primaire de la droite fait quelques annonces sur son programme économique qu’il souhaite inscrire dans la perspective de créer chez les entrepreneurs « des déclics de confiance ».

Il envisage de s’attaquer à un tabou français en facilitant le licenciement. Il rejoint donc une demande des organisations patronales qui consiste à inscrire dans le contrat de travail les conditions de sa rupture. L’ancien ministre souhaite également s’attaquer au Code du Travail en le simplifiant « drastiquement ».

Il va encore plus loin en annonçant une dégressivité des indemnités de chômage qui serait « calibrée » sur le dynamisme du marché du travail. L’idée étant d’accompagner une reprise éventuelle en créant les conditions pour motiver le retour à l’emploi. Alain Juppé soutient également la démarche « zéro charge » mais en la limitant sur le SMIC et en instaurant une dégressivité jusqu’à 1,5 ou 1,8 SMIC.

Toujours autour de ses « déclics de confiance » qu’il juge indispensables pour remettre l’économie française dans le chemin de la reprise il supprimera l’ISF s’il est élu « un impôt populaire mais contre-productif » a-t-il jugé sur Europe 1. Enfin, le programme économique d’Alain Juppé contiendra des « mesures fortes en matière d’actionnariat salariés » et il s’engage à repousser l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans, « priorité des priorités » selon lui.

Cette posture du favori des sondages est intéressantes car elle confirme que la présidentielle de 2017 est probablement une chance historique pour le monde de l’entreprise de faire entendre sa voix pour la mise en place de réforme en profondeur.

Sondage : Hollande et Sarkozy dévissent

L’Observatoire politique de janvier 2016 ELABE pour Les Echos et Radio Classique annonce un décrochage assez net de la côte de popularité du président de la République et, plus surprenant, une entrée en zone de danger pour Nicolas Sarkozy.

Rappelons-le, à 18 mois de l’élection présidentielle, rien n’est joué et le favori d’aujourd’hui n’est pas assuré d’être l’élu de 2017, néanmoins les résultats de janvier 2016 livrés par ELABE doivent être regardés avec attention. Ils annoncent une baisse de 7 points de François Hollande et de 4 points pour Nicolas Sarkozy.

L’ancien président de la République, candidat à la primaire de la droite de novembre semble perdre pieds et entre clairement dans le rouge pour la prochaine fois. Il perd donc 4 points d’opinions positives et est crédité d’une côte de confiance d’à peine 24%, ce qui le relègue à la 19ème place du classement général des personnalités politiques, embarrassant pour le président du principal parti d’opposition. Pour la première fois depuis 2012, 53% des sympathisants de droite ont une opinion négative de Nicolas Sarkozy. Il perd 15 points sur cette cible essentielle pour la conquête de la primaire de novembre. Au sein de son propre parti, Les Républicains, il recule de 17 points pour obtenir tout de même 65% d’opinions positives. Il s’agit peut-être d’un tournant dans le combat pour la primaire qui ne fait que commencer.

Quant au chef de l’Etat, il ne recueille plus que 26% d’opinions positives, il perd ainsi 7 des 9 points gagnés après ses décisions fortes de novembre. Les Français ne semblent plus croire au nouveau plan d’urgence contre le chômage annoncé à l’occasion de ses voeux du 31 décembre. Peut-être un signe à prendre en compte par tous les candidats putatifs pour 2017 : les Français souhaitent des réformes franches, claires et efficaces. Ils ne se contentent plus d’annonces floues. Dès le 11 janvier, des personnalités de gauche appelaient à une primaire en vue de la présidentielle afin de « rétablir le débat à gauche », dans une pétition publiée dans le journal Libération.

Emmanuel Macron continue de progresser et gagne 5 points, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez le précèdent de justesse dans les plus fortes progressions de l’Observatoire.

Alain Juppé fait la course en tête avec une côte de confiance de 51%, certes en recul de 2 points. Il est même le seul à dépasser les 50%, reléguant à la seconde place du classement Emmanuel Macron.