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Catégorie : Édito

La stigmatisation facile de l’entreprise

Quelle semaine ! Loi Macron, Ségolène Royal, frondeurs, Front de gauche, Elise Lucet… Tous se sont passés le mot pour stigmatiser l’entreprise et la transformer en faire-valoir de leur action.

Nous avions déjà eu il y a quelques semaines l’occasion de dénoncer les attaques faciles et populistes d’Elise Lucet, contre les entreprises dans son émission Cash Investigation. La journaliste a utilisé le débat européen autour du secret des affaires pour refaire un tour de plateaux bienveillants sur le thème « ce sont les journalistes d’investigation et les lanceurs d’alerte que l’on attaque »… En cause, selon elle, la directive européenne qui vise à mieux protéger le monde économique contre l’espionnage industriel et qui poserait de graves dangers pour la liberté de la presse. Alors, la journaliste a lancé une pétition sur le net qui a recueilli un peu plus de 300 000 signatures et nous a asséné ses vérités autour des entreprises au sein desquelles ses équipes ne pourraient plus mener d’enquêtes, les « lobbies », « grands cabinets » et « multinationales » qui auraient travaillé sur le texte de la directive… Un mélange de vagues considérations qui ne peuvent que susciter le doute dans l’esprit du téléspectateur avec une pétition intitulée :  « Ne laissons pas les entreprises dicter l’info ». Objectif et mesuré.

Les frondeurs et le Front de gauche nous ont, quant à eux, offert un spectacle dont ils ont le secret autour des derniers aménagements de la loi Macron, notamment en ce qui concerne le plan Valls pour les TPE-PME mais également sur le fameux travail du dimanche. Là encore, l’opération de communication tournait autour des entreprises qui sont soupçonnées de profiter des différents dispositifs mis en oeuvre sans bénéfice pour nos concitoyens. Logiques avec eux-mêmes, les frondeurs n’ont pas voté pour la motion de censure déposée par l’opposition contre le gouvernement…

Mais la « palme » de cette semaine de crispations autour de l’entreprise revient sans aucun doute à Ségolène Royal qui nous a offert deux séquences d’anthologie.

Une première sortie, dès dimanche, contre Monsanto, dont elle décide « d’interdire la  vente en libre-service » des produits Roundup du géant américain par le biais d’un amendement à la loi de transition énergétique, avec effet dès le 1er janvier 2016. La Ministre nous a ensuite offert le privilège de la voir retirer elle-même les produits en question des rayons d’une jardinerie. Monsanto se dit « abasourdie » par de telles attaques publiques.

La Ministre, très en verve, s’en prend à une seconde entreprise, dès lundi, dans le Petit Journal de Canal + en appelant à ne plus manger de Nutella, au prétexte que ce produit contient de l’huile de palme. L’entreprise reste silencieuse, ce sont les Italiens qui vont se charger de la défendre, transformant l’agression de Ségolène Royal en quasi-incident diplomatique. Cette dernière finira par publier un Tweet de mea culpa mercredi 17 juin : « Mille excuses pour la polémique sur le #Nutella. D’accord pour mettre en valeur les progrès. » Savoureux.

Cette instrumentalisation publique de l’entreprise, utilisée comme épouvantail, est choquante en ce sens qu’elle installe une suspicion sur l’ensemble du monde économique qui serait tellement attaché aux profits et auraient tant de secrets inavouables à cacher que tout les coups seraient permis… S’il est évident que des dérapages et des mauvais comportements existent et doivent être dénoncés, il semble également tout à fait défendable que l’entreprise crée de l’emploi, de la richesse et que notre mode de vie commun repose également largement sur la bonne marche économique.

Les politiques et certains journalistes, qui n’hésitent pas à se transformer en chevaliers blancs à bon compte et sans véritable combat, seraient bien inspirés de s’en souvenir et de se rappeler également que leur exposition leur confère un rôle d’influenceurs, qui devrait leur imposer quelques devoirs.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

4 (bonnes) raisons de vous lancer dans le lobbying

Le lobbying n’est pas une notion abstraite. Il s’agit, au contraire, d’une démarche très opérationnelle pour l’entreprise. C’est la raison pour laquelle, je milite pour qu’elle soit prise en charge au plus haut niveau décisionnel.

Cette semaine je vous propose de découvrir 4 (bonnes) raisons d’initier une démarche institutionnelle :

  • Assurer le rayonnement de votre entreprise
  • Agir sur l’action publique
  • Créer de la valeur
  • Permettre une équité dans l’accès au débat public

Assurer le rayonnement de votre entreprise

Les entrepreneurs considèrent souvent que les élus sont déconnectés de la réalité et qu’ils ne connaissent rien au monde de l’entreprise. Difficile de les contredire à priori. Néanmoins, les élus sont avant tout des citoyens comme les autres qui font le choix de travailler au service des autres… Vous vous dîtes sans doute que je suis bien naïf voire un peu benêt… Rassurez vous, ce n’est pas le cas !

Il ne faut pas confondre les centaines d’élus honnêtes, travailleurs, rigoureux et les affaires qui sont portées à notre connaissance. Ces affaires sont aussi désespérantes pour les politiques que pour nous… Ils n’en peuvent plus de cette ambiance de discrédit !

Or, cela peut sembler paradoxal, mais les élus (y compris les élus locaux) n’ont jamais eu autant de pouvoir et d’influence sur de nombreux sujets. Cette réalité contredit une idée reçue qui consiste à admettre que le politique n’est plus aux manettes et qu’il ne peut plus agir.

Revenons à votre entreprise. Elle évolue sur un marché, elle dispose d’un portefeuille de clients, elle est encadrée par des lois, des règles, dont son développement peut dépendre. Elle paie également diverses taxes, elle subit une fiscalité importante qui vient entamer votre capacité d’investissement ou de développement, elle travaille avec des partenaires bancaires pas toujours volontaires pour accompagner vos projets…

À peu près tous ces sujets ont à voir avec la sphère publique.

Peser sur les décisions impose au préalable d’exister auprès de l’environnement public. La première étape consiste à se faire connaître auprès des élus les plus proches, les élus locaux, départementaux, régionaux, députés et sénateurs… Près de votre entreprise, ces élus existent et ne vous connaissent peut-être pas encore, ils n’ont donc pas conscience des spécificités de votre activité.

Vous devez assurer le rayonnement de votre entreprise dans sa sphère géographique de proximité, il existe pour cela des techniques simples, surtout pour une PME, forcément incarnée par son dirigeant.

En engageant cette démarche, vous ferez parler de vous, vous serez invité à des débats, vous obtiendrez des citations ou des articles dans la presse, bref vous ferez rayonner votre entreprise en devenant un « expert » de votre activité. Vous serez consulté par vos parlementaires au moment des projets de loi relatifs à votre activité, vous pourrez être auditionné dans le cadre de certains travaux parlementaires… En initiant une démarche institutionnelle construite sur une stratégie bien élaborée, vous serez surpris du résultat.

Agir sur l’action publique

Le lobbying n’est en fait rien d’autre qu’un outil qui vous permet de vous adresser aux décideurs politiques dans le but de leur faire connaître vos spécificités, la réalité de votre entreprise et de faire en sorte que celles-ci soient prises en compte dans les décisions. Il est possible d’agir sur la décision politique, encore faut-il prendre la peine de s’adresser aux décideurs.

Certes, s’adresser aux responsables politiques n’est pas une démarche aisée et les PME sont très largement défavorisées. De façon générale, le monde de l’entreprise, les motivations de l’entrepreneur sont peu comprises des politiques. il ne s’agit pas de désintérêt, de dédain ou pire de mépris, il s’agit de méconnaissance. Les politiques évoluent dans un monde très éloigné de celui de l’entreprise, il suffit pour s’en convaincre de regarder leurs origines professionnelles avant d’être élus (cf Cahiers Experts N°1) mais ils ne demandent bien souvent qu’à mieux comprendre le monde économique.

En outre, le chef d’entreprise peut également engager une démarche en direction des élus, dépasser ses « à priori » voire ses craintes. En effet, si le politique méconnait le monde économique, celui-ci le lui rend bien. De trop nombreux dirigeants d’entreprises considèrent encore les élus comme des « inutiles » qui n’apportent rien au système collectif sinon de la complexité et toujours plus de charges. Soyons francs, ils n’ont pas toujours tort, la preuve encore cette semaine avec les amendements adoptés à l’Assemblée Nationale dans le cadre de la Loi Rebsamen… Néanmoins, plus le monde de l’entreprise irriguera celui de la politique en informations, plus les dispositifs mis en place seront proches de la réalité. Lorsque j’accompagne en stratégie institutionnelle un dirigeant, au départ réticent, je constate souvent une nette évolution dans sa perception des élus. Au départ, il y a de la crainte, lorsqu’il ne s’agit pas d’une forme de mépris à l’égard de la sphère publique, puis, au fil de notre travail, son opinion évolue et des amitiés peuvent même naître.

Créer de la valeur

Le lobbying n’est en fait qu’un acte de gestion comme un autre. La commande publique ne représente pas moins de 200 milliards d’Euros par an en France. Un enjeu de taille pour toute PME ! Or, les entrepreneurs ne s’intéressent que trop rarement aux relations institutionnelles, ils considèrent parfois qu’elles sont sans intérêt, que le politique n’agit sur rien et ne peut rien, quand il n’est pas convaincu que les dés sont pipés et que cela ne sert à rien de perdre son temps… Ces à priori peuvent coûter cher. S’agissant des entreprises, je considère qu’il est de leur responsabilité de tout mettre en oeuvre pour être mieux connu par les décideurs politiques. Agir sur la décision politique peut concerner des normes, des lois, des décrets qui peuvent impacter la vie de l’entreprise ou de son dirigeant mais il s’agit également de remplir le cahier de commandes : en effet, les PME sont encore trop souvent écartées de la commande publique même si de nouvelles règles européennes visent à faciliter leur accès aux grands comptes publics. Le processus législatif ne constitue donc pas le seul domaine dans lequel le lobbying peut être utile aux entreprises. Adopter une démarche volontariste en direction des décideurs politiques peut également permettre d’accéder à de nouveaux potentiels de développement. On considère par exemple que sur les 200 milliards d’Euros de dépense publique annuelle, à peine 1% sont dirigés vers des PME de l’innovation. Le potentiel de développement est énorme.

Contrairement à une idée reçue, le lobbying ne concerne pas seulement les couloirs feutrés du Parlement ou des Ministères. Le secteur public, les collectivités locales, sont des clients comme les autres, avec des besoins, des contraintes et des attentes, les comprendre, c’est se donner les moyens de créer de la valeur pour l’entreprise.

Quant aux enjeux réglementaires, s’en occuper en direct, ne pas tout laisser aux mains d’un Syndicat professionnel, permet de conserver le contrôle et de porter sa propre parole. Là encore, le débat est bien sur la création de valeur. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un oeil sur nos chiffres clés de la semaine, ou notre article sur le vote de la loi Rebsamen à l’Assemblée Nationale.

Permettre une équité dans l’accès au débat public

Soyons clairs, l’accès au débat public est plus complexe pour une PME-PMI que pour un grand groupe industriel, dont les enjeux et le poids économique sont déjà bien identifiés par les décideurs politiques. Cela ne signifie pas que le match est perdu d’avance et que ne rien faire est la meilleure solution. Pour connaître l’issue d’un combat, il faut s’y préparer et le mener. Cette règle de base s’applique parfaitement aux relations institutionnelles. La politique est un art complexe, aux multiples enjeux, et les décisions sont le fruit de négociations, d’étapes, d’arbitrages, qui sont autant d’occasion pour faire entendre votre voix, de montrer votre spécificité, de défendre votre entreprise. Avec une démarche bien construite, des argumentaires précis et transparents, le résultat pourrait vous surprendre.

Ne l’oubliez pas, le lobbying est un outil au service de la démocratie. Il permet aux décideurs politiques, à tous les niveaux d’avoir accès à l’information, de se forger une opinion, puis de prendre leurs décisions avec le maximum d’éléments.

Se lancer dans une démarche en relations institutionnelles revient également à imposer une forme d’équité dans le débat public. Difficile en effet d’envisager que certains soient entendus, auditionnés, quand d’autres seraient interdits d’entrée dans les lieux de pouvoir.

Mettre en place, puis déployer une stratégie institutionnelle ne peut-être que positif pour l’activité de votre entreprise. Ce n’est jamais du temps perdu, au contraire, cette démarche permet de mettre en évidence des besoins ou une nécessité de faire évoluer des décisions réputées acquises.

Vous pouvez, immédiatement, vous lancer dans une première approche avec notre outil « Diagnostic lobbying », une interface personnelle, confidentielle et gratuite.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Le monde des médias est en ébullition

Nous sommes en pleine période de mercato des animateurs pour la préparation des programmes de rentrée sur les chaînes de télévision et les radios, mais c’est bien un vaste mouvement de concentration qui secoue, en ce moment, le paysage audiovisuel et la presse français. Nous n’en sommes qu’au début.

L’annonce, il y a quelques semaines, de la reprise de la chaîne de TNT Numéro 23 par NextradioTV pour 90 millions d’euros a, d’une certaine façon, lancé les hostilités. Mais en coulisses, d’autres mouvements étaient déjà engagés. Arrêt de l’édition papier du quotidien Metronews, reprise de Nova par Matthieu Pigasse, cession du journal Le Parisien aux Échos (filiale de LVMH), reprise de 20 minutes par Rossel… Les annonces se succèdent ces derniers jours à un rythme soutenu.

Des nouveaux entrants ambitieux

Le numérique, qui a bouleversé les usages et les modèles économiques, est en grande partie responsable de cette vague de consolidations qui semble inexorable, les acteurs le disent tous : sans regroupement pour atteindre une taille critique, point de salut. Néanmoins, ces différents rapprochements n’apparaissent, à ce stade, que comme des « mise en bouche ». Des industriels puissants et ambitieux sont apparus tels Patrick Drahi ou Vincent Bolloré et sont déterminés à bâtir des groupes multimédia autour de marques fortes en presse, radio, télévision et bien entendu sur le net. Alors quelles seront les prochaines cibles ?

La semaine dernière, le CSA a lancé un appel aux candidatures pour une ou des chaînes en TNT HD. Nul doute que les candidats seront nombreux et on attend, notamment, le groupe M6 avec son projet de télé achat qu’il promet novateur et créateur d’emplois. Il vient, en outre, de remporter une victoire surprise, vendredi 29 mai au Conseil d’Etat, puisque le rapporteur public, contre toute attente, a préconisé un passage en TNT gratuite de sa filiale, Paris Première.

TF1 va devoir passer à l’offensive

TF1 qui avait également déposé un recours au Conseil d’État après la décision du CSA de refuser son passage de la TNT payante vers la TNT gratuite, n’a pas connu le même succès. Le rapporteur public recommande en effet le maintien de LCI sur la TNT payante, il estime que les arguments retenus par le CSA pour motiver sa décision sont solides et étayés. Le groupe TF1 a tout intérêt à passer rapidement à l’offensive. En effet, il ne saurait se satisfaire d’un possible renforcement de M6 avec deux nouvelles chaînes gratuites sur la TNT alors que la première chaîne d’information continue créée en France reste scotchée sur la très confidentielle TNT payante…

En ce qui concerne la télévision, le pôle de NRJ Group n’est pas au meilleur de sa forme et pourrait constituer une cible de choix avec ses formats généralistes, si Jean-Paul Baudecroux n’envisageait pas une cession complète de son entreprise dont le pôle radio fonctionne très bien. L’ensemble pourrait atteindre une valorisation importante au moment où les ambitions des nouveaux entrants pour s’imposer vite et fort s’affirment. D’autant que la relance de NRJ 12 à la rentrée prochaine pourrait porter ses fruits.

Les radios indépendantes pourraient se consolider

Côté radio, une mise sur le marché de Oüi FM a été évoquée par la presse, immédiatement démentie par son propriétaire Arthur, mais une consolidation au sein même des radios indépendantes n’est pas exclue. Plusieurs éditeurs pourraient se rapprocher pour renforcer leurs poids respectifs et créer des économies d’échelle, sans oublier également l’intérêt d’une telle opération pour le contrôle des ressources publicitaires nationales, coeur du réacteur de ces PME.

La question de l’avenir du pôle radios de Lagardère revient régulièrement après la cession avortée de Virgin Radio il y a quelques mois. Si les musicales sont possiblement cessibles, il paraît peu probable que le groupe se sépare d’un outil d’influence aussi puissant qu’Europe 1.

Les grandes manoeuvres audiovisuelles sont donc bien lancées en France et le CSA devrait avoir fort à faire pour réguler ce paysage qui semble condamné à bouger.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Sountsou crée « Diagnostic lobbying »

Des chefs d’entreprises passent à côté de nombreuses opportunités de développement ou de chiffre d’affaires, simplement parce qu’ils ne perçoivent pas ce que le lobbying peut leur apporter, alors Sountsou crée « Diagnostic lobbying ».

Chaque semaine dans cet édito, j’ai l’occasion de partager avec vous le manque d’informations de mes interlocuteurs sur les enjeux du lobbying, notamment les patrons de PME. Pourtant, une action concrète et opérationnelle en lobbying peut être rapidement mise en place et ses effets positifs peuvent se ressentir à court terme. Encore faut-il avoir conscience qu’un besoin existe et que des solutions peuvent y répondre.

Avec l’équipe de Sountsou, nous lançons donc l’opération « Diagnostic lobbying », composée, notamment, d’un  questionnaire rapide auquel nous vous invitons à répondre. Dès réception de vos réponses, j’établierai, gratuitement, et à titre confidentiel un diagnostic  personnel qui permettra de mesurer l’intérêt ou non pour vous d’envisager une action en relations institutionnelles*.

J’ai pensé utile d’initier cette démarche car je constate au fil de mes rencontres que le lobbying reste nébuleux, pour les chefs d’entreprises, souvent à l’image de la politique et de l’action publique. Or, il s’agit d’un rouage essentiel de notre démocratie et surtout d’un formidable activateur de développement si votre entreprise est concernée.

J’espère que notre opération « Diagnostic lobbying » permettra de contribuer à une meilleure information des chefs d’entreprises et qu’ils seront encore plus nombreux à s’emparer de ce sujet si passionnant et créateur de valeur.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

* Même si une première approche peut-être réalisée à partir de notre questionnaire, pour être complet et sérieux, « Diagnostic lobbying » pourra nécessiter un entretien par téléphone ou à l’occasion d’une rencontre (gratuit également).

Le lobbying concerne un vaste champ d’actions

Les entreprises ou les Fédérations professionnelles ont encore trop souvent une approche stricte et très limitée du périmètre du lobbying. Or, celui-ci peut se déployer dans de nombreux secteurs économiques.

J’intervenais la semaine dernière au 72ème Congrès de la Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats (FNJUA) à Nantes (ndlr : lien vers notre article) sur le thème du « lobbying par et pour les avocats ». Au cours de cette demi journée, j’ai pu constater à quel point le lobbying est encore méconnu. De nombreux interlocuteurs, limitaient les relations institutionnelles aux seules évolutions des normes réglementaires. Une approche encore très répandue mais qui évacue un grand nombre de possibilités du lobbying.

Certes, une partie de l’action en matière de lobbying vise à rencontrer les différents intervenants du processus législatif afin de les informer et d’attirer leur attention sur les spécificités d’un secteur d’activité voire d’une entreprise, mais il s’agit d’un niveau d’intervention qui ne concerne qu’une partie des entreprises.

Le secteur économique évolue en France dans un cadre normatif… hors norme (ndlr : voir notre article « ces normes qui rongent la France »). De nombreuses entreprises, y compris (surtout ?) des PME et ETI ont besoin de déployer une stratégie institutionnelle dans de nombreux domaines, non seulement susceptibles de créer de la valeur, mais également dans le but d’éviter d’en détruire.

Dans un secteur que je connais bien, l’audiovisuel, les entreprises ne mesurent pas toujours l’intérêt de mettre en place une démarche institutionnelle construite, or, ce sont leurs fréquences hertziennes qui sont en jeu, donc leur audience qui génère leur chiffre d’affaires. Autre exemple, dans le cadre de fusion, reprise, ou la mise en place de plans sociaux, une démarche en relations institutionnelles est également utile voire indispensable. Tout comme dans de nombreuses stratégies commerciales, la commande publique représente des milliards d’euros, il semble inconcevable pour les entreprises de l’ignorer aujourd’hui.

De nombreux acteurs économiques, organisés en franchise, soumis à des tensions avec d’autres professions, en rupture avec l’économie « traditionnelle », ont également besoin de déployer une stratégie institutionnelle de territoire, ou de gestion de crise, les illustrations sont nombreuses…

Le lobbying est encore un outil assez inconnu en France, il souffre, à tort, d’une mauvaise image. Pourtant, les entreprises devraient massivement l’investir, il impacte directement leur chiffre d’affaires !

 

Mathieu Quétel, président de Sountsou