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Catégorie : Lobbying

Lobbying : Google crée un Fonds européen

Accusé par Bruxelles d’abus de position dominante, Google se lance dans une opération de lobbying ciblée vers les éditeurs de contenus. Il crée un Fonds européen pour la presse numérique, doté de 150 millions d’euros. 

Le Digital New Initiative (DNI),  remplacera le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP), doté jusqu’à présent de 60 millions, qui s’arrêtera en 2016 et qui ne visait jusqu’ici que la presse française. Celle-ci a bénéficié, sur trois années, de ce soutien pour lancer des projets sur internet co-financés par le géant américain.

On peut être surpris qu’un fonds national de 60 millions d’euros soit remplacé par un fonds européen de 150 millions, il parait évident que le compte n’y est pas… C’est précisément le sujet de tension autour du DNI que les éditeurs français commencent à pointer du doigt. Ce Fonds doit aider la presse à innover dans le numérique, il vise également à apaiser les relations entre le géant américain et les éditeurs de presse qui lui reprochent de se servir dans leurs contenus éditoriaux et de profiter de la manne publicitaire dont ils ne voient plus la couleur.

Vaste et difficile sujet que Google pensait contourner en nouant des partenariats particuliers avec huit journaux européens (Les Échos pour la France), dans le but de diviser ?

L’enjeu est de taille, la presse joue son avenir : « sur les 2,9 milliards de publicité internet en 2014, seuls 400 millions ont été dirigés vers la presse » dénonce, au magazine Challenges, un grand éditeur français sous couvert d’anonymat.

Ce Fonds européen répond-il vraiment aux enjeux de la presse et des producteurs de contenus éditoriaux face aux agrégateurs qui se servent sans rien rétrocéder ?

La presse cherche toujours son modèle économique sur le net, partagée entre accès gratuit et payant, entre modèle basé sur les abonnements ou un mix entre abonnements, articles payants à l’unité et publicité. Or, les saignées publicitaires opérées par les géants du net ne l’aident pas à trouver le bon chemin.

Cette démarche de Google est intéressante car le géant américain tente vraisemblablement de jouer un jeu complexe entre apaisement des éditeurs, tout en montrant leurs divisions et contournement de Bruxelles. La méthode sera-t-elle payante ?

Lobbying : Les cadeaux ne sont pas indispensables

La question des cadeaux comme des déjeuners dans de prestigieux restaurants devient un véritable sujet. Il y a encore quelques années, cette pratique était automatique et ne posait de problème à personne. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Faire un cadeau au moment de la nouvelle année ou pour remercier un élu pour un conseil ou un coup de pouce n’est pas nécessairement une faute, mais cette démarche ne doit pas être systématique et il faut qu’elle intègre impérativement la question de la valeur du cadeau. Ce geste de courtoisie doit précisément rester « un geste ».

Un cadeau peut être mal interprété et certains décideurs politiques adoptent la position radicale du « zéro cadeau » : il convient donc de bien connaître son interlocuteur pour adopter une démarche adaptée. Une parlementaire m’expliquait récemment comment un jeune industriel avait, un jour, sollicité un rendez-vous et l’avait choquée en débarquant pour ce premier entretien avec une bouteille de champagne ! Je pense qu’il va être difficile pour ce patron, de redevenir crédible aux yeux de cette parlementaire influente et compétente, mais très attachée à ses principes…

Ce comportement un peu caricatural, qui dénote tout de même un mode de communication avec les élus très « old school », peut donner une image à la fois peu professionnelle et, dans un secteur régulé (par exemple), cela peut coûter cher sur le long terme.

D’une façon générale, le cadeau est devenu inutile, voire contre-productif s’il ne revêt pas un intérêt dans la démarche de conviction et d’explication par rapport à une problématique. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’un cadeau mais d’une découverte du produit. Cette démarche peut être utile dans le domaine technologique, par exemple, ou pour une découverte de la réalité de ce qu’apporte au consommateur tel ou tel produit.

La pratique du déjeuner ou du petit déjeuner est, de la même façon, à manier avec prudence. Les élus sont très occupés et ne sont pas forcément disponibles pour la multiplication de telles rencontres, d’autant qu’elles doivent s’inscrire dans leurs deux ou trois jours de présence parisienne (pour les parlementaires de province), lesquels sont optimisés. Les lieux doivent être choisis avec précaution et il n’est vraiment pas recommandé de fréquenter les palaces parisiens ou les tables les plus étoilées. Là encore, il faut s’adapter.

Les cadeaux sont donc à manier avec prudence et il faut bien connaître son interlocuteur avant d’envisager une telle démarche qui, de toute façon, doit rester exceptionnelle, limitée en coût, et dans l’idéal, strictement dans un but d’explication de la réalité de l’entreprise.

Mathieu Quétel, président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

Pour continuer la réflexion sur les relations institutionnelles et ce qu’elles peuvent apporter à votre entreprise, téléchargez Les Cahiers Experts.

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Et si vous tourniez le dos au Lobbying « à la papa » ?

Les relations institutionnelles ont connu leurs grandes heures il y a quelques années et de nombreuses « affaires » ont été rendues publiques, encore très récemment. Le fameux carnet d’adresses, que nous évoquions la semaine dernière, est au coeur de ce que nous appelons le lobbying « à la papa », celui qui repose, précisément, sur la commercialisation de réseaux construits au cours des années et « d’amis bien placés ». 

Si connaître des décideurs et pouvoir les joindre reste bénéfique, cela ne suffit néanmoins plus à construire une démarche institutionnelle efficace sur le long terme et qui tienne compte à la fois des besoins de l’entreprise et de l’évolution de son environnement politique. La majorité des élus d’aujourd’hui, notamment la nouvelle génération, sont différents de leurs aînés ; ils sont eux-mêmes plus exigeants et porteurs de valeurs. Les récentes déclarations d’intérêt sont éloquentes à cet égard. On constate que les nouveaux parlementaires agissent de façon bien plus transparente que certains vieux briscards de la politique…

Une nouvelle génération d’élus est apparue, ces dernières années, qui refuse de commettre les erreurs du passé et de perpétuer les comportements de certains de ses aînés. Il n’est plus rare de voir des parlementaires dénoncer publiquement (sur Twitter, en particulier) les cadeaux reçus de telle ou telle entreprise et jugés déplacés.

Certains reportages récents diffusés à la télévision sur des « clubs parlementaires » financés par des industriels ont eu des effets dévastateurs, à la fois pour les élus concernés et pour les entreprises qui s’adonnent encore à de telles pratiques.

Un jeune parlementaire m’a raconté une anecdote amusante. il a été invité à un dîner de « traitement des parlementaires de bases » par un grand patron (ces dîners réunissent une vingtaine de parlementaires membres de la même commission). Ces élus étant classés « de base », ils sont invités en groupe mais ont l’insigne privilège de dîner en présence du P-dg de cette entreprise du CAC 40… Ce dernier passe le temps de l’entrée et du plat à expliquer toute l’importance de son entreprise et ses enjeux sans s’occuper aucunement de ses invités. Notre jeune parlementaire ose le contredire sur un chiffre qu’il juge inexact et se fait littéralement « souffleter » en retour…

Nous sommes dans une situation-type du lobbying « à la papa » : pas de respect pour le parlementaire « de base », une gestion collective des élus, aucun intérêt pour eux, pour leurs propres préoccupations, leurs convictions et un seul but : « vendre sa soupe ».

Des méthodes dépassées, d’une autre époque, aujourd’hui inefficaces…

Cette exigence nouvelle (effet du numérique ?) impose donc de revoir les méthodes suivies dans la relation institutionnelle. Celle-ci ne peut plus se limiter à quelques contacts avec les seuls élus « décideurs » et bienveillants à l’égard de telle ou telle problématique.

La démarche de persuasion et de d’explication doit être plus systématique et, disons-le, plus professionnelle.

Tourner le dos au lobbying « à la papa », c’est résolument adopter une démarche de relations institutionnelles de conviction et de valeur. Cela demande plus de temps, c’est difficile et exigeant mais beaucoup plus efficace.

Mathieu Quétel

Président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

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Lobbying : N’attendez pas tout de votre carnet d’adresses

Le chef d’entreprise est souvent impliqué dans la vie locale ou dans des clubs, ce qui lui donne l’occasion de croiser les élus, voire de sympathiser avec eux. Il est fréquent de rencontrer des décideurs économiques qui considèrent que leur seul carnet d’adresses suffira à résoudre les problématiques légales inhérentes à leur activité. Si ces relations sont utiles, souvent ponctuellement, elles ne peuvent en aucun cas servir de base à la résolution de difficultés liées à la sphère publique.

En effet, vos élus sont soumis à de multiples demandes, ils suivent plus particulièrement certaines thématiques qui ne relèvent pas nécessairement de vos activités et leur mission consiste à écouter tout le monde et à décevoir (en tout cas pour certains d’entre eux) le moins d’électeurs possible…

Le carnet d’adresses peut incontestablement se révéler utile à un moment ou un autre, mais certainement pas sur la durée ni en termes d’efficacité. Les relations institutionnelles doivent s’inscrire dans une démarche globale de long terme et basée sur les valeurs de l’entreprise et des éclairages précis sur ses problématiques. Elles revêtent des formes diverses et nécessitent une évolution permanente des stratégies. La connaissance de quelques élus, si importants soient-ils, ne vous aidera certes pas à gérer durablement les intérêts de votre entreprise. La complexité des arbitrages publics et les multiples enjeux qu’ils représentent demandent une approche extrêmement précise de la relation avec la sphère publique.

Votre entreprise vous impose quotidiennement de faire des choix, vous devez trancher, agir vite… Pensez que les élus et les décideurs publics sont soumis à la même pression, avec, en plus, des équilibres politiques à maintenir. Cette complexité est amplifiée par la crise économique, sociale et politique que nous traversons. Les majorités sont plus difficiles à trouver, elles sont protéiformes.

Des orientations gouvernementales peuvent être remises en question au Parlement, voire non suivies des effets escomptés par les autorités indépendantes chargées de les appliquer…

Paradoxalement, cette situation nouvelle peut être un avantage pour les entreprises, notamment les PME. Désormais, les décisions publiques doivent s’accompagner d’explications à différents niveaux, au sein du Gouvernement, au Parlement, au sein des majorités, des partis, entre acteurs publics qui interviennent sur les dossiers et, bien entendu, vis-à-vis du public, lequel n’est plus simple spectateur de la vie démocratique.
Pour toutes ces raisons, compter sur son seul carnet d’adresses constitue une erreur et peut conduire à des échecs majeurs.

Mathieu Quétel, président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

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Le bon gros lobbying qui tache 

La semaine dernière a mis en avant une méthode très utilisée en matière de lobbying : jeter le discrédit par tous les moyens sur l’adversaire. Cette démarche part du postulat que « salir » est toujours utile puisqu’il en restera toujours quelques taches qui sèmeront le doute.

L’opération anti Mathieu Gallet, mise en orbite à partir d’on ne sait quelle base, a failli réussir. Finalement, il sort, pour le moment, vivant de cette vaste opération de destabilisation, il faudra attendre encore un peu pour savoir s’il est renforcé.

L’arme de destruction massive utilisée pour cibler le président de Radio France est l’argent, il s’agit toujours du meilleur moyen pour éliminer quelqu’un. En France, la relation à l’argent est telle que jeter le doute sur l’honnêteté d’une personnalité en passant par des pseudo-dépenses somptuaires fonctionne souvent, au moins dans un premier temps. Ce fut le cas avec Mathieu Gallet, affaibli par ailleurs par un mode de management peu en phase avec la Maison qu’il dirige et une tutelle, étrangement, bien peu solidaire. Il a eu droit à tout : des articles « programmés » dans Le Canard Enchaîné sur plusieurs semaines, des « convocations » par une Ministre qui découvrait un plan sur lequel ses services travaillaient depuis des mois, une crise sociale interne entretenue par l’externe…

Pendant que les « révélations » se succédaient et étaient distillées au fil du temps, les sommes concernées prenaient de l’ampleur. Bureaux, fauteuils de voiture, puis véhicule, consultants coûteux, moquette, etc. Nous avons eu droit à toute la panoplie de la campagne de déstabilisation. Il a été finalement totalement blanchi en fin de semaine dernière par Bercy, la plus longue grève de  l’histoire de Radio France s’est également arrêtée, comme les « révélations » du Palmipède.

Les ennemis, cachés, du président de Radio France sont tombés sur un os. Le contre-lobbying mis en place et sa campagne de communication ont finalement été efficaces. La prochaine étape pourrait même être une contre-attaque et des révélations sur les responsables de ces basses oeuvres.

Il n’en reste pas moins qu’après cette guerre éclair qu’il remporte, Mathieu Gallet sort un peu abimé, son image, hier lisse et vierge, est écornée. Dans ce genre de manoeuvres, il reste toujours quelques taches, un peu grasses, qui peuvent suffire à satisfaire leurs auteurs.

Au sein de la CGT, il y a quelques mois, il fallait éliminer le soldat LePaon devenu gênant, les mêmes méthodes ont été employées, avec le même support et une meilleure efficacité que pour le service public de la radio. Le secrétaire général de la CGT était trop sûr de lui, il a été emporté par la crise créée par ses amis de l’intérieur, déterminés à l’effacer pour prendre le pouvoir. Cette semaine il a été blanchi par les résultats de l’enquête interne diligentée au sein de la Centrale. Pas grave, il n’est plus là… L’état déplorable de la CGT au sortir de cette crise importe peu aux responsables de la déstabilisation, le seul sujet était sa prise de contrôle.

Ces opérations de déstabilisation visent les hommes et leurs présumées faiblesses, elles sont souvent motivées par des tentatives de prises de pouvoir. Elles ne réussissent que rarement parce qu’elles reposent essentiellement sur des « boules puantes » factices qui ne tiennent pas sur la durée. La vérité finissant toujours par éclater. Mais elles font partie des méthodes peu ragoutantes de certains pour parvenir à leurs fins.

Il faut se tenir prêt à contre attaquer face à ce « gros lobbying qui tache » et contre-attaquer avec la puissance et la détermination qu’il impose.

Mathieu Quétel, président de Sountsou