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Catégorie : Lobbying

Évitons le cynisme dans le lobbying

Le 6 mai 2014, France 5 a diffusé deux reportages remarquables sur les influenceurs et les communicants (complétés par un dossier dans le magazine Stratégies n°1767 du 30 avril 2014).

J’ai été frappé par le cynisme de certains intervenants et leur approche « sans foi ni loi » des relations institutionnelles. Je considère que ces reportages ont décrit les déviances d’un système et les scories d’une époque qui devrait disparaître. Ces comportements sont à l’opposé de ce que devrait être la gestion des relations institutionnelles.

Outre le fait de ne pas s’intéresser à la sphère publique (voir notre article de la semaine dernière), le cynisme est peut-être la plus grave erreur à commettre en matière de relations institutionnelles. Je pense sincèrement que l’empathie, le partage de valeurs et l’explication doivent être le socle d’une démarche institutionnelle efficace et réussie.

Il ne s’agit pas d’être naïf sur la réalité du paysage politique et sur les méthodes utilisées par certains. Il est, toutefois, possible de construire une stratégie institutionnelle solide et efficace autrement qu’en étant cynique. Gérer les affaires publiques n’est pas simple. Cela demande une grande humilité, patience et détermination, tant les interlocuteurs sont nombreux, différents et ont à gérer de multiples intérêts contradictoires. Les stratégies doivent être mouvantes et s’adapter à l’actualité, vous devez être à l’écoute de vos interlocuteurs pour comprendre et intégrer leurs propres contraintes.

S’impliquer dans une démarche de relations institutionnelles efficace nécessite de s’inscrire dans le temps. Gérer une situation de crise dans l’urgence est toujours possible mais il est préférable de construire une relation d’échange avec les décideurs publics afin de prévenir les tensions.

Certains « spin doctors » du documentaire de France 5 peuvent se permettre de se montrer aussi cyniques, car ils profitent du désintérêt de leurs clients pour la sphère publique. C’est cet abandon qui a fait leur fortune.

Mathieu Quétel, président de Sountsou, auteur des Cahiers Experts « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles »

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Ne vous désintéressez pas du lobbying

C’est le premier réflexe de nombreux chefs d’entreprise, qui ont bien d’autres priorités à gérer : se désintéresser du lobbying.

Ils ne souhaitent pas mobiliser de moyens sur des missions qu’ils considèrent comme trop éloignées des activités essentielles à la rentabilité et au développement de leur entreprise. Lorsque la sphère publique peut influer sur une entreprise, il est pourtant de la responsabilité du chef d’entreprise de gérer cette contrainte au mieux, voire d’agir sur elle.

Ce que vous ne faites pas en matière de relations institutionnelles, il y a de fortes chances pour que vos concurrents le prenne en mains. Ils vont donc défendre leurs seuls intérêts, vraisemblablement au détriment des vôtres. Cette situation aura des répercussions sur votre activité à un moment ou un autre.

Le politique est susceptible de peser sur la vie de votre entreprise à différents niveaux : être présent, faire partie de « ceux qui décident »est essentiel, surtout si votre activité est réglementée, dépend de la commande publique, bénéficie d’aides publiques ou si elle est tributaire de décisions politiques.

En y regardant de près, les entreprises et les activités industrielles ou de services qui ne sont pas touchées par les décisions publiques sont très peu nombreuses, en France. En outre, la sphère publique présente un intérêt commercial évident : les collectivités territoriales et l’État sont, en effet, des donneurs d’ordre. Il n’y a aucune raison de passer à côté de commandes publiques…

Contrairement à une idée reçue, les politiques continuent d’avoir du pouvoir. Ils manquent parfois de clairvoyance, voire de courage, dans leurs décisions, mais leur pouvoir reste bien présent – l’actualité nous en apporte la preuve chaque jour – , même si certaines d’entre elles peuvent apparaitre pour le,moins regrettables… Dans ce contexte, se désintéresser des relations institutionnelles est une erreur.

Nous verrons que ce n’est pas la seule, mais il s’agit sans doute de la plus grave.

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La filière bio fait reculer le ministre

Contre toute attente, Stéphane Le Foll a annoncé le 7 mars une baisse de 25% des aides prévues pour les agriculteurs bio pour 2014. 

Cette décision était d’autant moins attendue que le gouvernement avait annoncé son souhait d’accompagner le développement de l’agriculture bio en France. Il y a six semaines, il confirmait même un objectif de doublement des surfaces cultivées à l’horizon 2017.

Face à la mobilisation de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, le ministre a finalement fait machine arrière et confirmé que les aides complémentaires seraient bien versées dans le courant de l’été prochain. Son ministère s’est dit surpris par l’augmentation du nombre d’exploitations bio, les crédits initialement prévus pour 2014 auraient été insuffisants pour faire face à ce développement de la filière. Entre 2013 et 2014, le nombre d’exploitation a augmenté de 4% pour une progression de 3,8% des hectares exploités en culture biologique.

Le gouvernement annonce avoir cette fois tout prévu, notamment avec une mobilisation substantielles de crédits européens qui devraient s’élever en moyenne à 160 millions par an entre 2015 et 2020 avec un objectif de 180 millions en 2020. Néanmoins, une source d’inquiétudes persiste pour la filière, le transfert aux régions de la gestion de ces aides dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune.

Cette passe d’armes entre gouvernement et filière bio démontre, une fois de plus, à quel point les relations institutionnelles sont centrales dans nos économies. Expliquer, convaincre et accompagner la décision publique permet de créer de la valeur… Ou de la sauver.

Les patrons doivent croire en eux !

Un grand nombre d’entreprises ne croient pas en leur valeur. Elles hésitent à faire valoir leurs droits, car elle n’imaginent pas ce qu’elles pèsent réellement dans notre économie et ce qu’elles représentent dans le patrimoine commun des Français.

Or, toute entreprise, de la plus grande à la plus petite, constitue une richesse pour la collectivité, elle porte une histoire, des valeurs qui méritent d’être défendues. C’est ici que commencent à se construire de bonnes relations institutionnelles, en étant fier de ce que l’on défend. Les grands groupes sont souvent très conscients de leur puissance et adoptent parfois des postures agressives et déplacées ; les PME sont plus réservées, plus discrètes. Résultat : elles sont souvent les oubliées des mesures d’accompagnement fiscales ou publiques.

Avoir confiance nécessite de passer par un bilan complet de ce que nous sommes, ce que nous avons construit, quelles sont les prochaines étapes et en quoi la sphère publique peut être un handicap ou au contraire un atout. Cette phase est incontournable et très importante, elle permet d’enclencher la différenciation, de mettre en avant ce qui nous caractérise par rapport à la concurrence ou aux décisions que les politiques s’apprêtent à prendre, elle nous met également face à nos forces et nos faiblesses pour nos relations institutionnelles.

Connaitre sa situation, maîtriser son environnement concurrentiel et être en mesure de présenter une projection sur l’avenir et de lister les effets positifs et négatifs des arbitrages politiques sont des étapes clés. Face à un décideur politique, au-delà du chef d’entreprise ou du responsable économique, vous devez vous transformer en expert de votre secteur d’activité. Vos connaissances de ce secteur, l’élu ne les a pas forcément, il peut également disposer d’éclairages orientés : gagner sa confiance par la qualité de votre expertise peut être un atout précieux.

Ayez donc confiance en ce que vous pouvez apporter aux élus politiques et utilisez tous les outils disponibles pour faire connaitre votre niveau d’expertise, y compris et surtout si celle-ci n’est pas dans l’air du temps !

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Tous pourris !

Cette phrase est connue. Elle est répandue. Elle devient même une sorte de gimmick partagé par de nombreux Français, y compris (surtout ?) chez les décideurs économiques : « Tous pourris » ! ».

Cette posture de défiance vis-à-vis du politique est compréhensible. Les affaires, les décisions parfois ineptes, les grandes déclarations publiques jamais suivies d’effet finissent par lasser et jeter le discrédit sur l’ensemble des élus. Néanmoins, cette tentation du « tous pourris » est injuste et souvent infondée.

Notre système démocratique repose sur un fonctionnement qui doit être respecté et partagé par tous. La grande majorité des élus sont honnêtes et les parlementaires (par exemple) sont très impliqués dans le travail en commissions ; certains d’entre eux sont devenus des experts sur des sujets très complexes. Les collectivités locales et territoriales ne se résument pas à des « palais » et des dépenses de réceptions somptuaires. Loin de là. Elles sont au coeur de nombreuses décisions et sont des donneurs d’ordre importants, que ce soit en matière d’investissements ou de subventions. Elles sont incontournables. Certaines activités ne peuvent fonctionner sans elles, d’autres pourraient développer leur chiffre d’affaires en s’intéressant simplement à ces marchés public de proximité…

Les élus ne sont pas des ennemis de l’entreprise ; ils ont besoin, pour fonder leur opinion, d’éclairages et d’explications. Ils font l’objet de multiples demandes et parfois d’actions de désinformation de la part de certaines entreprises. Apporter un point de vue différent, précis et transparent ne peut que les aider à prendre les bonnes décisions. Pour cela il faut travailler avec eux et les comprendre.

Pour être efficace, en matière de relations institutionnelles, il faut accepter d’avoir du respect pour les élus et de leur faire confiance. C’est parfois difficile… mais indispensable pour réussir.

Pour en savoir plus et poursuivre la réflexion, n’hésitez pas à télécharger Les Cahiers Experts consacrés aux « 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles ».

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