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Catégorie : Lobbying

Lobbying, numérique… Les chiffres de la semaine

226

C’est en milliards d’euros ce que devrait peser le marché de l’internet mobile en 2017 (contre 92 milliards en 2013) selon une étude du Boston Consulting Group. Ce chiffre concerne les cinq principaux pays européens (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie et Espagne), le BCG estime que la croissance de ce marché de l’internet mobile sera essentiellement générée par les applications ainsi que les nouveaux contenus et services.

40

C’est en milliards de dollars la valorisation de Uber après sa levée de fonds bouclée le 4 décembre pour un montant de 1,2 milliards. Les différents démêlés judiciaires de la compagnie à travers le monde ne semblent pas entamer son expansion, celle-ci est très mobilisée par ses activités de lobbying à Washington et Bruxelles…

6,3

C’est en milliards de dollars ce que pourrait coûter aux annonceurs la fraude publicitaire sur internet en 2015, selon l’Association of National Advertisers et White Ops. Cette fraude, massive, serait causée par des robots qui imitent les comportements humains et visualisent les publicités comme un consommateur.

66

C’est le pourcentage de Français qui seraient favorables au travail le dimanche, selon un sondage CSA pour le quotidien Direct Matin.

20

C’est en millions d’euros le montant du déficit prévisionnel, pour la première fois de son histoire, de Radio France pour 2015. En cause, selon Matthieu Gallet, Président de la Maison Ronde, le non-respect par l’État de ses engagements lors des trois dernières années du COM en cours.

Lobbying culturel : l’étude surprenante de EY

Une vaste offensive de lobbying culturel afin de préserver les législations européennes et spécificités nationales en place mais également pour défendre les différents dispositifs dont elles bénéficient a été lancée par les industries culturelles.

C’est donc le cabinet E&Y (ex Ernst & Young) qui s’est vu confié la mission d’une étude européenne sur la situation des industries culturelles et leur poids réel dans les économies. Le résultat est efficace puisque l’étude annonce un chiffre d’affaires culturel au niveau européen de 536 milliards d’euros ce qui représente 4,2% du PIB européen. Avec 7,1 millions de personnes l’industrie culturelle est également le troisième employeur européen derrière la construction et la restauration.

Commandée par le GESAC (Groupement Européen des Sociétés d’Auteurs et de Compositeurs) l’étude est baptisée « Creating Growth ». Et pour « créer de la croissance », les rédacteurs et commanditaires de l’étude regrettent que le budget public dédié à la culture ait baissé de 1% en moyenne entre 2008 et 2012 et demandent à ce que les politiques nationales de soutien aux industries culturelles soient généralisées au niveau européen…

L’étude de E&Y salue donc la bonne performance des industries culturelles en Europe, montrées en exemple mais dans le même temps demande plus d’aides et de soutiens des États. On pourra s’étonner de l’orientation de l’analyse. En effet, une baisse des crédits publics de 1% sur la période de crise 2008-2012 s’apparente plutôt à un effort maintenu de la part des États dans un contexte très tendu sur le plan économique… De nombreuses entreprises d’autres secteurs d’activités auraient sans doute apprécié de voir les investissements publics ainsi stabilisés au cours de cette période.

D’autre part, il serait intéressant de mettre en exergue la part d’investissement public inclue dans les 536 milliards d’euros de chiffre d’affaires annoncés par l’étude de E&Y. Il existe une différence entre la création de richesse nette et la redistribution fiscale. En France par exemple, le Projet de Loi de Finances pour 2015 prévoit 4,38 milliards d’euros dédiés aux médias, à la lecture, aux industries culturelles et au service public soit une hausse de 0,43% par rapport à 2014. Notons que le Sénat vient de rejeter ces crédits.

Derrière cette étude, se cache une démarche de radicalisation de certaines industries culturelles. C’est notamment le cas en France où les majors de la musique font pression sur le gouvernement pour que les quotas radiophoniques de chansons francophones soient durcis alors que la loi actuelle est respectée et que la question qui pourrait être posée devrait plutôt être : la révolution numérique n’impose-t-elle pas une nouvelle approche de la défense de la création francophone ?

Mathieu Quétel, président de Sountsou

 

Lobbying de rue : la CGPME sort gagnante

Il y a une semaine, la CGPME prenait le risque de lancer ses adhérents dans un véritable lobbying de rue : 10.000 patrons de TPE et PME ont défilé à Paris et Toulouse pour crier leur désarroi et leur colère face aux règles administratives trop lourdes, aux charges sans fin avec en ligne de mire le compte pénibilité dont la mise en place promet d’être un casse-tête pour de nombreuses entreprises.

Si les réponses gouvernementales dans les discours officiels ont laissé transparaitre une forme de lassitude face à un patronat qualifié « d’inconséquent » dans ses demandes, en « off » de nombreux responsables politiques de la majorité reconnaissent les difficultés de mise en oeuvre du compte pénibilité. Quant aux tensions relationnelles entre le patronat et le gouvernement elles se cristallisent autour de Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, dont les prises de position tonitruantes et provocatrices indisposent en haut lieu… Le patron du MEDEF a souhaité privilégier un lobbying relationnel plus traditionnel mais il ne cesse depuis des semaines de jouer la provocation dans ses déclarations publiques.

Malentendus, tensions et crise

Les tensions sont donc fortes et la CGPME a eu raison d’inviter ses adhérents à descendre dans la rue tant leur désarroi est grand. Du reste, sondage après sondage, les français semblent avoir compris le message et y adhérer en masse. Il est vrai que les PME, qui sont le poumon de notre économie, sont souvent les laissez-pour-compte du dialogue et de la concertation. Les décideurs politiques s’intéressent aux grandes entreprises dont ils reçoivent souvent en grande pompe les dirigeant mais ont plus de difficultés avec ce monde si hétérogène des PME. Résultat : les malentendus s’installent, les tensions gonflent et la crise explose.

Le Président de la CGPME a bien compris tout cela. Jean-François Roubaud a pensé, à juste titre, que le temps était venu de laisser la base s’exprimer et crier son désarroi face aux décisions gouvernementale qui relèvent souvent de l’effet d’annonce quant elles ne se contredisent pas les unes les autres.

Le temps du dialogue 

Désormais, le temps d’un nouveau dialogue est venu. Le Président de la république avait, dès le 6 novembre, annoncé une mission co-pilotée par un parlementaire et un chef d’entreprise sur le compte pénibilité. Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière des « évolutions possibles »… Néanmoins, le gouvernement n’a pas une position facile sur le compte pénibilité, la CFDT en a fait un casus belli, or la Confédération est incontournable sur d’autres négociations en cours…

Le succès de l’action de la CGPME a surpris. Il faut désormais transformer cette surprise en avancées concrètes au profit des TPE et PME. Un premier pas, les Français semblent avoir parfaitement compris la différence entre les patrons de ces « petites » entreprises et ceux du CAC 40…

Les start up, reines du lobbying

Aux Etats Unis, les géants du net se sont mis depuis très longtemps au lobbying. Fait nouveau : les start up s’intéressent désormais en nombre à leurs relations avec la sphère publique.

Les (désormais) grands groupes mondiaux comme Facebook, Amazon ou Google investissent massivement depuis de nombreuses années dans le lobbying directement aux Etats Unis mais également à Bruxelles où ils sont connus pour être ceux qui ont les plus importants staffs dédiés aux relations institutionnelles.

La nouvelle économie bouscule souvent l’ancienne et impose des évolutions réglementaires quant elle ne fait pas littéralement exploser les législations en place. Les entrepreneurs, pour réussir, doivent donc faire partager aux politiques leur vision de l’économie et ce qu’ils pensent pouvoir apporter aux consommateurs par leurs services et produits.

Lobbying et économie numérique, une tendance lourde

Les condamnations récentes aux Etats Unis et en Europe de Über ou Airbnb imposent à ses sociétés de prendre en compte leurs relations avec les décideurs politiques très en amont. Celui qui a révolutionné le monde du taxi a déjà investit plus de 100.000 dollars pour son bureau à Washington D.C en à peine un an d’implantation. Pandora fait encore plus fort en investissant 120.000 dollars trois mois pour ouvrir ses propres bureaux de lobbying dans le coeur politique américain après avoir consacré au lobbying environ 1 million de dollars au cours des quatre dernières années… Quant aux nouvelles start up, elles n’hésitent plus à investir la capitale politique américaine dès leur création et mandatent des cabinets de lobbying afin de faire évoluer la législation en leur faveur.

Il s’agit d’une tendance lourde et qui aura sans doute des effets sur les législations au niveau mondial. Cela pose la question de l’appréhension par les acteurs de l’économie traditionnelle de la révolution numérique et de la nécessité de s’adapter mais pas n’importe comment. Le risque est en effet de voir apparaître des monstres mondiaux qui sortent de toute régulation et qui échappent, comme c’est déjà le cas, aux règles fiscales des pays dans lesquels ils sont implantés.

La nouvelle économie numérique bouscule incontestablement les modes de consommation, elle accélère les mutations économiques, elle impose également aux décideurs politiques de s’y intéresser avec attention tout en prenant soin de ne pas mettre en danger leurs industries nationales par des contraintes qui pèseraient lourdement sur les unes sans concerner les autres…

En savoir plus : Computer World

Opération réussie pour la CGPME

Hier, les patrons de TPE et PME s’étaient donnés rendez-vous à Paris et Toulouse pour manifester leur ras-le-bol face aux lourdeurs administratives, aux tracasseries fiscales et au sentiment de ne pas être bien traités par le gouvernement.

Organisée à l’initiative de la CGPME, cette manifestation était risquée. En effet, il n’est pas dans la tradition patronale de se prêter au « lobbying de rue » pour revendiquer. La démarche aurait également pu tourner court en raison d’un manque de mobilisation de chefs d’entreprises par ailleurs très occupés par leurs PME au sein desquels ils occupent souvent plusieurs tâches. Enfin, battre le pavé c’est également prendre le risque de s’éloigner d’un dialogue républicain apaisé et de donner une image d’acteur peu responsable.

La CGPME et son président Jean-François Roubaud ont su éviter tous ces écueils. Près de 10.000 patrons ont envahi les rues de Paris et Toulouse pour crier, dans une ambiance bonne enfant, leur désarroi et leurs inquiétudes. Jean-François Roubaud était reçu dans l’après midi par le Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron afin de livrer personnellement le message de patrons excédés mais toujours à la recherche d’écoute et de solutions.

Les PME et les TPE sont dans une situation particulière. Elles sont le poumon de l’économie, elles sont dirigées par des patrons qui travaillent dur pour leur entreprise et leurs équipes mais elles souffrent de l’image dégradée de certains groupes du CAC 40 pour lesquels les profits semblent être, aux yeux des politiques, la priorité. En outre, les décideurs politiques n’accordent pas la même écoute aux représentants des TPE et des PME qu’aux dirigeants des multinationales. C’est également cette « équité républicaine » que revendiquaient hier les manifestants. La semaine de mobilisation des entreprises se poursuit jusqu’au 5 décembre.

S’ils ont manifesté avec bonne humeur, la détermination des patrons est bien totale. Ce serait une lourde erreur de la réduire à un « caprice » de dirigeants. Ou, pire, de l’ignorer.

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