L’actu

Catégorie : Présidentielle 2017

Le livre au service des politiques

La période pré-électorale est l’occasion pour les prétendants à la présidentielle de 2017 de publier des ouvrages programmatiques ou pour reprendre la parole et opérer une reconquête de l’opinion. Des ambitions parfois contre carrées par des ventes confidentielles.

L’ouvrage de Nicolas Sarkozy, « La France pour la vie » bénéficie d’un tirage magistral de 120.000 exemplaires. Avant lui François Fillon avait frappé fort avec son ouvrage « Faire » dont les 87.000 ventes ont surpris beaucoup d’observateurs, tant elles paraissaient en décalage avec la performance de l’ancien premier ministre dans les intentions de vote pour la primaire de la droite et du centre.  Jean-François Copé, quelques jours avant Nicolas Sarkozy, a également initié son grand retour au premier plan avec un livre dont le tirage dépasse déjà les 8000 exemplaires.

Ces bon tirages n’assurent absolument pas à leurs auteurs un retour gagnant ou une remontée dans les sondages. Néanmoins, la perception de l’ouvrage et, surtout, la présence médiatique que celui-ci va initier peuvent ouvrir une nouvelle période qui permette de reconquérir le coeur des Français et d’envisager de nouvelles perspectives. Pour Fillon, Copé et Sarkozy, il est encore trop tôt pour savoir s’ils seront durablement remis en selle.

Chantal Jouanno, Claude Bartolone ou Jean-Christophe Cambadélis ne conserveront pas un grand souvenir de leurs aventures littéraires, leurs derniers ouvrages ont fait l’objet de flops retentissants. Sans battre toutefois le score de Christine Boutin qui sonne comme un record avec ses 58 exemplaires vendus. Si le livre reste un bon outil pour les politiques, la qualité du signataire et l’intérêt du contenu sont des incontournables.

C’est ainsi que Philippe de Villiers, pourtant retiré de la vie politique, a réussi une prouesse éditoriale en écoulant près de 180.000 exemplaires de son livre « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu » dans lequel il règle ses comptes et distille quelques perfidies sur ses amis politiques d’hier.

La dernière à avoir utilisé le livre comme arme politique est l’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira. À peine après avoir quitté la place Vendôme la semaine dernière, elle publie un essai le 1 er février sur le terrorisme, la déchéance de nationalité et ses craintes sur la posture du Gouvernement… Ces « Murmures à la jeunesse » annonce peut-être des cris au sein de la majorité dans les semaines à venir.

Les prochains mois s’annoncent riches en ouvrages écrits par des politiques, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2017.

On attend la suite de la collection programmatique d’Alain Juppé, sont également annoncés un livre anti-Hollande de Marie-Noëlle Lienemann, un autre au vitriol de Thomas Thévenoud, celui de François Rebsamen, ou encore de Bruno Le Maire.

Politique : la crise de confiance 

La vague 7 de l’enquête annuelle du CEVIPOF sur la confiance des Français n’est pas très rassurante et traduit une crise profonde entre les Français et la politique. 

D’abord les sentiments que ressentent les Français ne sont pas réconfortants : 31% ressentent de la lassitude, 29% de la morosité et 28% de la méfiance. Des chiffres qui sont parfaitement en concordance avec les résultats des élections régionales de décembre 2015. Pour une fois, les urnes traduisent bien le climat de déprime qui règne chez 88% des Français. Ils sont 82% a déclarer avoir une perception négative de la politique. Voilà qui détonne à un an de la présidentielle.

Cette enquête 2016 est une mine d’or pour les élus, les candidats et, plus largement pour tous ceux qui s’intéressent à la politique. Elle traduit une cassure profonde et probablement durable entre les Français et leurs élus. Or, la confiance n’est pas facile à reconquérir, elle se construit lentement, elle doit se confronter aux faits, aux réalisations et résister à la comparaison entre les promesses et les réalisations. C’est dire si la primaire de la droite et du centre, les débats internes à la gauche puis la campagne présidentielle seront des rendez-vous aux enjeux multiples que les politiques ont tout intérêt à préparer scrupuleusement.

Si les maires recueillent l’approbation de 63% des Français, ces derniers ressentent une large défiance à l’égard des élus nationaux, notamment le locataire de l’Elysée qui ne recueille que 29% de confiance.

Les initiatives comme La Transition, le renouvellement auquel pourrait aboutir la primaire de la droite et du centre, la chute dans les sondages de François Hollande et Nicolas Sarkozy s’expliquent ainsi plus facilement. Il semble y avoir d’un côté une France de la besogne, un peu en colère de ne pas être écoutée et de souffrir et de l’autre côté les décideurs politiques qui apparaissent comme « hors sol » et actuellement incapables de se remettre en question.

Présidentielle : la société civile se mobilise

Les élections régionales ont été un véritable signal d’alarme pour de nombreux élus, certains comme Xavier Bertrand ont affirmé avoir compris et être déterminés à adopter désormais une autre façon de faire de la politique. Une promesse à laquelle ne semble pas croire les promoteurs de La Transition.

« En 2017, comme 3 Français sur 4, nous ne voulons plus ni de Hollande, ni de Sarkozy, et nous ne voterons pas Le Pen. Alors on fait quoi ? », c’est ainsi que s’ouvre le site internet du Mouvement La Transition lancé par 10 membres fondateurs qui ambitionnent de présenter un candidat alternatif dès la présidentielle de 2017 avec l’engagement de ne faire qu’un seul mandat.

Les fondateurs sont issus de la société civile et souhaitent mettre fin au règne de « la bourgeoisie d’Etat et à la bureaucratie syndicale » qui bloquent la société et les réformes indispensables à la France, selon eux. Ils estiment qu’il ne faut mettre aucun espoir du côté des politiques « les partis politiques sont devenus synonyme de carrièrisme et de conservatisme ».

« Seule la société civile peut assurer l’indispensable transformation du pays » assènent-ils et ils concluent « en 2017, la France a besoin d’un Président de Transition ». Cette « Transition » est un « instant précis », celui où les français disent « ça suffit ! ».

Des personnalités issues de la gauche comme Claude Posternak ou Zohra Bitan sont à l’initiative de cette démarche qui s’affirme néanmoins apolitique et résolument tournée vers la société civile.

Plus d’informations sur le site www.la-transition.fr

Sarkozy contre-attaque

Promis, juré, l’offensive lancée cette semaine par l’ancien président de la République n’a rien à voir avec sa chute dans les sondages et les résultats mitigés des élections régionales pour son parti Les Républicains. Nicolas Sarkozy publie un livre-vérité : « La France pour la vie ».

Alors que la campagne pour la primaire des 20 et 27 novembre est désormais officiellement ouverte et, avec elle la chasse au Juppé, Nicolas Sarkozy connait un trou d’air inquiétant qui l’incite à tenter de relancer sa machine présidentielle.

Certes, il continue de parier sur l’effet de paille du « phénomène Juppé » à qui il promet le même sort que son ancienne idole Edouard Balladur lors de la présidentielle de 1995. Le Premier ministre d’alors était annoncé grand vainqueur par les sondages, un quotidien du soir avait même titré que pour l’opinion le vainqueur était déjà désigné et qu’il était donc inutile de faire campagne et Badaboum, Jacques Chirac fit un retour en force dans la dernière ligne qui lui permit de l’emporter haut la main sur son adversaire au premier tour.

Cette contre-offensive de Nicolas Sarkozy sonne toutefois étrangement car elle ne laisse percevoir rien de véritablement nouveau. Un livre, des fuites dans la presse, une mobilisation des soutiens dans les médias, quelques apparitions médiatiques négociées en amont, une tournée en province, à part le message publié sur Facebook, rien de neuf en fait. Sa présence dans l’émission Sept à Huit, dimanche 24 janvier, à l’horaire des abîmés de la vie en est presque caricaturale.

Nicolas Sarkozy peut se gausser de l’âge de Juppé, il n’apparait pas vraiment plus neuf dans le paysage politique. Cette contre-offensive menée avec toujours les mêmes recettes n’est pas rassurante quant à ses perspectives de succès. Le contenu du livre, révélé en exclusivité par Le Figaro du 22 janvier, manque cruellement d’originalité, Nicolas Sarkozy se lance dans un méa-culpa qui tente de répondre à son image dans l’opinion. Une ficelle un peu grosse.

Au delà de l’âge, les idées et la façon de gouverner pourraient créer une véritable différence lors de la prochaine présidentielle. Lors des dernières consultations, les Français n’ont cessé de dire en évoquant le FN, « ce sont les seuls qu’on n’a pas essayé ». Au lendemain du premier tour des régionales, les discours de vérité, teintés de colère contre Nicolas Sarkozy, de Valérie Pécresse, Christian Estrosi et surtout Xavier Bertrand ont sonné comme un tournant.

Nous n’en sommes qu’au début de la primaire à droite et, déjà, les protagonistes paraissent un peu fatigués, comme s’ils manquaient de ressort. Décidément, la route vers la présidentielle va être bien longue et semée d’embuches mais le meilleur moyen de tenir la distance n’est peut-être pas de répéter sans cesse les méthodes d’un autre temps, d’un autre siècle pré-numérique.

Présidentielle : c’est parti pour les primaires

Décidément 2017 est la ligne de mire des politiques en ce début d’année. Après la rentrée tonitruante et réussie d’Alain Juppé, voici le retour de Jean François Copé, l’installation de Bruno Le Maire, la digitalisation de François Fillon et les inquiétudes de François Hollande face à une partie de son camp qui ne trouve rien de mieux que de demander une primaire à gauche.

Il publie Le sursaut français chez Stock et initie son retour « en fanfare » comme le souligne Le Figaro par une mise en avant dans le numéro du 15 janvier de Valeurs Actuelles. Qu’on se le dise, Jean-François Copé est de retour et il entend bien peser dans les primaires de novembre, à tel point qu’il devrait, selon la rumeur, annoncer sa candidature en juin.

Autre candidat, encore non candidat officiel, Bruno Le Maire continue de parfaire son programme et son équipe. Il inaugurait son QG de campagne pour la primaire de la droite et du centre, le mercredi 13 janvier et envisage toujours d’officialiser sa candidature au début de l’été. D’ici là, les sondages devraient être meilleurs et la contre-offensive que prépare Nicolas Sarkozy pourrait avoir affaibli Alain Juppé.

François Fillon lançait en début de semaine la nouvelle version de son site internet qui lui permet de proposer les éléments de son programme pour 2017 et, surtout, de les tester auprès des français qui peuvent voter pour ses propositions ou envoyer directement leurs remarques et propositions.

Quant à François Hollande il feint de ne pas entendre ceux qui dans son camp demandent une primaire en vue de désigner le candidat « des gauches et des écologistes » pour la présidentielle de 2017. Le président de la République fait savoir qu’il ne peut combattre le terrorisme et le chômage et penser à 2017… Surtout l’initiative de personnalités de gauche qui signait le 11 janvier une pétition pour une primaire à gauche dans Libération ne rencontre pas un franc succès, au plus crée-t-elle un peu plus de confusion autour de la politique gouvernementale qui reste illisible pour une majorité de Français si l’on en croit les sondages.

La route vers 2017 est donc bien ouverte et il faudra désormais lire les prises de positions des uns et des autres avec cette perspective en ligne de mire. Les primaires de la droite et du centre ont été fixées aux 20 et 27 novembre 2016.