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Catégorie : Actualités

Séries TV : fiction ou réalité ?

Des séries télévisées se succèdent ces derniers mois sur la thématique de la politique et du pouvoir. Après les avoir vues, les questions sont toujours les mêmes : ça se passe vraiment comme ça ? 

Baron Noir, Scandal, Les Hommes de l’ombre, Borgen, Le Mari de la ministre ou la reine House of Cards, les téléspectateurs des chaines gratuites ou payantes ont le choix sur les séries télévisées qui traitent de la vie politique et de ses dessous.

La saison 4 de House of Cards que Netflix a mis en ligne le vendredi 4 mars est encore plus subtile et troublante que les précédentes. Les calculs politiciens et jeux de dupes se succèdent et les volte-face laissent parfois pantois. On s’interroge sur cette série diffusée simultanément avec la primaire aux Etats-Unis et qui, précisément, relate également la difficile primaire que doit traverser Francis Underwood le héros qui aura bien des crises à traverser, dont certaines sont assez proches de celles de la réalité.

Quant à Baron Noir, qui n’a pas connu un véritable succès d’audience, les manipulations autour des manifestations étudiantes laissent songeurs sur l’actualité directe du projet de loi de Madame El Khomri.

On dit souvent que la réalité dépasse la fiction, il arrive que cette dernière reflète la première. Au delà des quelques exagérations romanesques qui peuvent également être regardées comme des allégories, ces séries présentent des situations assez proches des coups, bons ou bas, montés dans la vraie vie.

Les chiffres de la semaine

3

Bruxelles a rendu son verdict : il y a moins de pays dans la zone euro qui présentent des déséquilibres macroéconomiques. Une bonne nouvelle sauf pour trois mauvais élèves, la France, l’Italie et le Portugal. La France s’expose désormais à une procédure d’infraction pour déséquilibre économique « excessif ». Cette situation est ennuyeuse puisqu’elle fait suite aux nouvelles procédures de surveillance mises en place après la crise économique et financière de 2008, elle vise à surveiller les grands indicateurs internes et externes des pays de la zone euro afin d’éviter que les mauvaises pratiques ne se répercutent sur les autres partenaires au sein de l’Europe. Ainsi, la France, l’un des principal défenseur de l’Europe ne respecte pas les mesures qu’elle a elle-même défendues… L’amende à laquelle nous nous exposons peut-être très élevée puisqu’elle peut atteindre 0,1% du PIB. La Commission européenne reproche à la France son niveau de déficit public qui continue d’augmenter et sa compétitivité et sa productivité qui « ne se redressent pas vraiment ». Italie, Portugal et France font donc l’objet d’un monitoring renforcé avant qu’il soit envisagé d’engager une procédure de sanction.

300.000

Dans une interview au journal Le Monde, Nicolas Sarkozy annonce qu’il supprimera 300.000 postes dans la fonction publique pendant le prochain quinquennat. Il estime que cette mesure génèrera une économie de 7 milliards d’euros sur la période. Afin d’obliger les collectivités locales à restreindre le nombre de leurs employés, il inscrira cette obligation dans la Constitution. Il annonce également la fin des régimes spéciaux et un alignement des conditions de calcul de la retraite du public sur le privé. Enfin, il souhaite que les fonctionnaires travaillent 37 heures payées 37.

54

Une étude menée par le syndicat des travailleurs free-lance américains et financées par le site Upwork crée la surprise. En effet, selon Les Échos, les travailleurs free-lance seraient 54 millions aux Etats-Unis et ne cesseraient de progresser, ainsi en 2015 leur nombre aurait augmenté de 700.000 personnes. Cette tendance concerne quasiment tous les corps de métiers et elle n’est pas seulement due aux conditions économiques. En effet, un grand nombre de ces travailleurs indépendants font le choix de ce statut pourtant risqué, d’autres y sont contraints car leur salaire ne leur permet pas de vivre décemment alors ils adoptent le statut d’indépendant en plus de leur travail de salarié, un tiers des américains seraient concernés par le travail free-lance occasionnel.

1,5

Le lauréat du Tour de France Digitale 2016 se verra offrir un chèque de 1,5 million d’euros, dont 500.000 euros sous la forme d’un prêt consenti par BPI France. Dès le mois d’avril, l’association France Digitale commencera son tour de France afin de repérer les start-up qui pourront participer à la finale à Paris le 30 juin. Les start-up qui réalisent moins de 250.000 euros de chiffre d’affaires et avec une ambition internationale sont concernées par ce concours. Seuls 60 candidats seront retenus pour la finale et le pour passer devant le jury.

0,3

Ce qui devait arriver… La Banque de France vient de revoir ses prévisions de croissance pour la France à la baisse en les passant de 0,4 à 0,3%. La banque centrale française ne fait que s’aligner sur les prévisions des principales institutions internationales qui ne cessent depuis des semaines de mettre la France en garde sur ses prévisions jugées trop optimistes. Sur l’année, le FMI et la Commission estime que la croissance française pourrait atteindre 1,3%, l’OCDE est plus pessimiste puisqu’elle annonce un petit 1,2%. Seul le gouvernement continue de soutenir mordicus qu’il tiendra le 1,5% de croissance sur 2016, un chiffre politique puisqu’il s’agit du seuil à partir duquel on peut raisonnablement espérer créer de l’emploi…

1000

Le logiciel Supervizor est un outil au service des entreprises afin de traquer les erreurs de comptabilité avant de transmettre celle-ci au fisc. TPE, PME ou grands groupes peuvent travailler avec ce logiciel un peu magique puisqu’il permettrait de remettre au carré les comptes des entreprises et d’éviter ainsi un éventuel redressement fiscal, notamment sur l’impôt sur les sociétés. Abordable dès 1000 € pour les TPE, son utilisation peut générer un coût élevé puisqu’il peut atteindre 500.000 € pour certaines grandes entreprises. D’après un article du Parisien, les agents du fisc ne verrait pas d’un bon oeil l’utilisation de Supervizor, ils estiment en effet qu’il pourrait servir pour masquer certaines anomalies. Le logiciel est surtout un redoutable traqueur d’erreurs suite à une mauvaise application d’un droit fiscal et comptable français particulièrement complexe.

4

À l’occasion de ces quatre ans en France, la plateforme de VTC Uber a fait réaliser une étude par des chercheurs de l’École d’économie et de HEC sur ses chauffeurs. Celle-ci révèle que les chauffeurs qui utilisent Uber gagnent en moyenne 19,90 € de l’heure après déduction des commissions versées à Uber. Les revenus nets mensuels sont estimés à 3600 € auxquels il faut retenir environ 40 à 50% de charges de fonctionnement diverses comme les frais d’essence ou de location du véhicule. 30% des chauffeurs ont moins de trente ans, 25% étaient au chômage avant de se lancer dans l’activité de VTC et la moitié d’entre eux travaillent plus de 30 heures par semaine. Le patron de Uber France a estimé que le marché français pourrait atteindre prochainement le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Uber ferait travailler en France plus de 10.000 chauffeurs.

27,5

Les régions ont dépensé 27,5 milliards d’euros en 2015 selon une étude de la Banque Postale. En trente ans, leurs dépenses ont été multipliées par huit, essentiellement en raison de transferts de compétences, comme les lycées ou les trains express régionaux. La Banque Postale souligne la situation saine des finances des régions, exceptées cinq d’entre elles qui sont essentiellement hors de la métropole.

120

Valérie Pécresse s’attaque aux frais de fonctionnement de la région Île de France qu’elle préside. La présidente indique vouloir réduire de 5% le budget de fonctionnement régional en ne remplaçant pas les départs à la retraite du siège, en revoyant le périmètre des véhicules de fonction ou encore en limitant les mètres carrés utilisés par les fonctionnaires en attendant le déménagement prochain du Conseil régional. Elle ambitionne de générer ainsi 120 millions d’euros d’économies de fonctionnement et s’attaque également aux subventions versées aux associations, gare à celles qui ne renvoient pas de rapport d’activité, elles se verront privées de subvention régionale. Le transport, l’emploi et la sécurité seront sensiblement renforcés.

91

Ce que révèle le baromètre sur les perspectives de recrutement des entreprises, réalisé par ManpowerGroup, n’est pas de nature à rassurer sur le moral des patrons et sur la capacité de la France à voir son taux de chômage baisser sérieusement. Selon le baromètre, 91% des patrons français n’envisageraient ni de recruter ni de licencier au cours du second semestre 2016. On pourrait se contenter du verre à moitié plein en se satisfaisant des faibles perspectives de nouvelles suppressions d’emplois, mais on peut regretter le manque de créations. En outre, 3% des employeurs envisagent de recruter quand ils sont 4% à prévoir de licencier, on voit donc que le solde d’emplois apparait négatif… La reprise française devient de plus en plus conceptuelle et de moins en moins réelle.

16

Le rapport de l’Observatoire des délais de paiement est sans appel : les retards de paiement coûtent 16 milliards d’euros au PME ! Un chiffre astronomique qui montre le danger que font peser les retards de paiement sur le tissus des PME françaises qui assurent les compléments de trésorerie de grandes entreprises peu scrupuleuses. Si la loi sur les délais de paiement était respectée, ce sont donc 16 milliards d’euros qui seraient transférés vers les PME, 4 milliards vers les ETI, quant aux grands groupes et la sphère publique se verraient privées de 8 milliards d’euros… La loi Sapin 2 prévoira au printemps de nouvelles sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas les délais de paiement légaux, néanmoins le rapport de force reste très défavorable aux PME.

Une première : Le lobbying à la radio

La radio des entreprises, RDE, lance une nouvelle émission dédiée au lobbying. Il s’agit d’une première.

Très prochainement, les auditeurs de RDE pourront écouter un nouveau rendez-vous, intitulé « Lobby or not Lobby ». L’objectif de cette émission mensuelle est de décrypter le dessous de l’actualité politique, notamment des opérations de lobbying.

Le lobbying est souvent présenté sous un angle négatif. Il s’est pourtant imposé au fil des années comme un outil au service de la démocratie pour peu qu’il soit pratiqué avec des règles de transparence et de bonne conduite.

La vie démocratique, les décisions publiques, sont souvent le fruit d’arbitrages pris avec l’éclairage de différents représentants d’intérêts ou sous la pression de l’opinion publique.

C’est notamment le cas pour le projet de loi El Khomri sur le travail, dont on voit bien que la mobilisation des syndicats, sur les réseaux sociaux et dans la rue risque de peser lourd dans son périmètre réel qui sera présenté lors du Conseil des ministres du 23 mars. Ce projet de loi révèle également l’absence du patronat français dans l’environnement numérique et son attachement viscéral à un « lobbying à la papa » qui fini par lui coûter cher…  En ce qui concerne les tensions entre VTC et taxis, les seconds sont en passe de remporter une victoire, on peut s’interroger sur les effets du choix de certaines plateformes françaises de laisser leur propre action d’influence aux mains du géant américain Uber. Le lobbying est également un outil au service des élus, on peut le constater dans le débat autour du financement du RSA par les Départements. Dominique Bussereau, le président de l’Assemblée des départements de France, vient de réussir un joli coup après des mois de négociations avec le gouvernement.

Ces exemples illustrent à merveille qu’il existe une actualité dont il est intéressant de prendre le temps de connaître l’autre visage, vu des coulisses, pour comprendre quels sont les leviers qui agissent sur la décision publique.

L’émission « Lobby or not Lobby » décryptera ces dossiers chauds de l’actualité et suivra également la campagne pour la présidentielle de 2017 avec pour ambition de décoder les stratégies des uns et des autres et de les mettre en perspective pour le monde de l’entreprise.

Ce rendez-vous, qui devrait être mis à l’antenne très prochainement, sera présenté par le journaliste Simon Janvier qui interviewera Mathieu Quétel, président de Sountsou.

Si inefficace lobbying à la papa  

Le projet de loi travail se transforme en bérézina pour le gouvernement et, il faut bien le reconnaître, ceux qui devraient soutenir cette réforme ne sont pas très audibles dans le brouhaha numérique qui devrait s’étendre à la rue dans les prochains jours.

Le projet El Khomri va dans la bonne voie. Il pose des évolutions dans le droit du travail qui devraient notamment permettre une meilleure sécurisation de l’emploi pour les entreprises et plus de contrats à durée indéterminée pour les salariés. À l’arrivée, chacun devait être gagnant. Sauf que le projet de loi a été quelque peu bâclé et soumis à l’opinion publique sans avoir été au préalable négocié avec les syndicats, au moins les réformistes. En outre, une communication va-t-en-guerre a placé ce projet de loi en situation de devenir le catalyseur facile des colères et rancoeurs des soutiens naturels d’un gouvernement qui ne cesse de décevoir.

Rapidement les représentants des chefs d’entreprise ont fait connaître leur soutien à la démarche réformiste inscrite dans le projet El Khomri. Cette posture a néanmoins été grandement limitée par l’inefficacité du lobbying à la papa que les syndicats patronaux continuent inlassablement d’utiliser.

Les négociations au sein des ministères et les rencontres au plus haut niveau de l’Etat sont indispensables. Les marathon dans les journaux télévisés des chaines d’information et les communiqués de presse sont incontournables. Il n’en reste pas moins que les outils numériques ne peuvent être à ce point ignorés, les méthodes traditionnelles de lobbying ne fonctionnent plus. Or, les organisations patronales poursuivent, dans leur grande majorité, un lobbying industriel non seulement inefficace mais également coûteux en image.

Cette semaine certains tweets moqueurs de parlementaires « frondeurs » qui recevaient des courriers-type de la part d’une organisation patronale pouvaient prêter à sourire. Ils sont hélas le reflet de méthodes de lobbying expéditives qui considèrent les parlementaires comme aux ordres du gouvernement quand, au contraire, la géographie parlementaire s’est métamorphosée…

Quant au spectacle d’une pétition de dénonciation idéologique du projet de loi, suscitée par une initiative individuelle, qui va dépasser le million de signataires face au flop retentissant de la contre-pétition lancée dans un total amateurisme des réformistes, il est désespérant.

Ce projet de loi traduit une situation bien réelle : le militantisme patronal doit se réformer. Il est certes complexe de défendre le monde de l’entreprise dans notre pays, mais rester engoncé dans un lobbying à la papa n’aide pas à donner une image plus favorable de l’entreprise. Le résultat est d’ores et déjà terrible : selon Elabe pour Les Echos, 80% des Français ne seraient pas satisfaits du texte actuel. Autant dire que ce projet de loi est en état de mort citoyenne.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Loi travail : le succès du Lobbying 2.0

La loi travail vient d’être victime d’une opération de lobbying numérique rondement menée qui remet en question bien des idées reçues et devrait alerter sur les nouveaux modes de communication publique.

La présentation de la loi travail de Madame El Khomri avait bénéficié de la part du gouvernement d’un démarrage en fanfare. Le patronat avait salué les avancées, l’opposition était gênée aux entournures par un texte réformateur et la majorité gouvernementale manquait de s’étouffer. Au fil des jours les voix s’élevaient pour dénoncer un texte « trop libéral » mais il n’y avait guère que les syndicats pour s’offusquer. Face à l’atonie des politiques, c’est une initiative individuelle qui a finalement fédéré les oppositions au texte.

Caroline de Haas, ex-membre du PS et du cabinet de Najat Vallaud Belkacem a mis le bazar dans la majorité en lançant, sur le site change.org, une pétition en ligne intitulée « Loi travail : non merci ! ». Celle-ci en est à plus de 1 million de signataires en moins de trois semaines ! Ce mouvement de fond a tout emporté sur son passage, y compris la tribune agressive de Martine Aubry dans Le Monde qui avait également pour ambition de se transformer en pétition.

Cette initiative individuelle a été le pivot d’un vaste mouvement, alimenté par sept syndicats de salariés qui ont embrayé en appelant à une manifestation le 31 mars. L’UNEF a également joué un rôle déterminant en lançant sur Twitter le hashtag « On vaut mieux que ça » qui est devenu le point de rendez-vous virtuel d’une jeunesse en colère qui défilera dans les rues dès le 9 mars.

De leur côté, les défenseurs du projet de loi ont montré leur incapacité à utiliser efficacement les réseaux sociaux. L’initiative du conseiller régional Les Républicains Dominique Reynié de lancer une contre-pétition a fait un flop magistral. Le patronat s’est révélé dépassé par les évènements, s’il a bien tenté d’utiliser les vieilles ficelles du lobbying à la papa, sa méconnaissance des réseaux sociaux lui a coûté cher. Quant au gouvernement, ses initiatives numériques ont tourné court et se sont révélées aussi ridicules qu’inefficaces.

Le militantisme évolue fortement avec le numérique, cette sortie en queue de poisson d’un projet de loi qui ambitionne de réformer (un peu) le droit du travail symbolise un texte bâclé mais surtout un manque flagrant de maîtrise des outils d’aujourd’hui de la part de ses promoteurs. La Radio Des Entreprises (RDE) consacrera le premier numéro de son émission « Lobby or not Lobby » à cette thématique.