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Quand Cash Investigation se paie l’entreprise

Le dernier numéro du magazine Cash Investigation diffusé mardi 3 mars sur France 2 a réunit plus de 3 millions de téléspectateurs, un beau succès. Néanmoins, ce magazine et ses méthodes laissent une étrange sensation.

Ce n’est pas le premier numéro de Cash Investigation au cours duquel j’ai le sentiment d’être pris dans une opération de démonstration qui doit aboutir absolument à la mise en accusation de l’entreprise. Les méthodes utilisées, par Élise Lucet et son équipe, sont gênantes. La journaliste n’hésite pas à expliquer qu’elle « n’a pas le choix », que les refus de certains interlocuteurs de la recevoir lui imposent d’avoir recours à la caméra cachée ou à la provocation publique, comme mardi.

Ce magazine nous est présenté comme un exemple de « journalisme d’investigation » et sa présentatrice court les plateaux en se posant en  héroïne de la recherche de la vérité. Mais en quoi est-ce « héroïque » de prendre des responsables d’entreprises en traitre ?

La mise en scène et la dramatisation qui entourent les reportages sont-elles indispensables ? Je ne le crois pas. Diffuser à une heure de grande écoute, sur la chaine publique « premium » des reportages caricaturaux qui mettent ainsi en accusation des entreprises avec des chiffres parfois erronés pour illustrer des démonstrations bancales est une méthode facile et dangereuse.

Derrière ces chefs d’entreprise ainsi mis en accusation, il y a des responsabilités, des emplois, des clients et des enjeux qui peuvent sembler peu importants voire manquer de noblesse aux yeux d’Élise Lucet mais qui constituent tout un pan de notre économie. Mardi, le magazine a mis l’accent sur les actionnaires qui mettraient en « danger nos emplois ». Ils ont été dépeints comme des « presseurs de rentabilité », sans foi ni loi, dont le seul dessein serait de faire de l’argent même si cela doit dépouiller l’entreprise. Qu’il existe de telles dérives, pourquoi pas ? Mais en faire une généralité relève de l’irresponsabilité et de la facilité, aussi insupportables l’une que l’autre.

Cash Investigation fait souvent le choix de mettre ainsi en accusation les entreprises. Elle n’hésite pas à solliciter des rendez-vous sous un prétexte et à mettre volontairement en situation inconfortable la personne interviewée. Ces méthodes sont rentables. Elles offrent une émission rythmée, qui donne le sentiment de vivre une enquête et elles permettent également de créer un cercle vertueux pour la journaliste et son équipe. En effet, les services de presse refusent bien entendu généralement les interviews d’Élise Lucet, lui donnant ainsi une bonne excuse pour justifier ses méthodes…

Cette émission et ses dérives vont se poursuivre et sans doute se généraliser, on sait que ce qui est populiste fait de l’audience et a tendance à créer des icônes. On pourrait toutefois suggérer à la présidence de France Télévision de créer d’autres créneaux d’information plus ouverts  à l’entreprise.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Le top chiffres de la semaine

Quoiqu’on en dise, les chiffres en disent souvent beaucoup, alors Sountsou vous propose une sélection de chiffres intéressants, révélateurs, sources de réflexion…

50

C’est le nombre de PME qui devraient bénéficier de l’accélérateur de PME créé par Bpifrance, inauguré le 5 mars par Emmanuel Macron, et dont l’objectif est de les transformer en 24 mois en entreprises de taille intermédiaire.

1

C’est en milliard, le nombre de smartphones qui seront achetés en 2015 en renouvellement d’un ancien modèle, selon Deloitte qui publie cette semaine son étude TMT prévisions 2015.

0,6

C’est en pourcentage la progression de la consommation des ménages en janvier. Un chiffre qui peut paraître faible mais qui, selon les spécialistes de Natixis Asset Management, est prometteur. En effet, il s’agit du second mois consécutif de progression et ce sont en particulier les biens d’équipement durables qui profitent de cette embellie, ce qui serait très encourageant pour la suite.

30

On pensait que le plan de 50 milliards d’économies annoncé à l’horizon 2017 suffirait pour que la France soit dans les clous des attentes de Bruxelles. Cette semaine fut une douche froide, puisque selon ses calculs la Commission demande à la France 30 milliards d’économies supplémentaires. Un nouveau défi à relever alors que 2017 sera le grand rendez-vous électoral de François Hollande…

147 130

C’est le nombre de véhicules immatriculés en février soit une hausse de 4,1%. La tendance de janvier qui enregistrait une progression de 5,9% du nombre d’immatriculations semble donc se confirmer.

5

C’est le nombre d’entreprises Françaises présentent au Nasdaq. Pourtant, New York reste la place où il faut être présent lorsque l’on recherche une valorisation d’un certain niveau et une visibilité inconnue ailleurs. Les entreprises Chinoises l’ont bien compris, 113 évoluent au sein du Nasdaq.

42

C’est en pourcentage le montant de l’investissement public que représentent les collectivités locales, selon l’Association des Maires de France. Un chiffre clé, lorsque l’on sait qu’elles vont devoir consentir en 2015, 2,9 milliards d’euros d’économies, une situation qui pèsera lourdement sur leurs capacités d’investissement, donc sur l’économie…

9

C’est le nombre de ses filiales que Total va retirer de paradis fiscaux d’ici 2016. Le groupe pétrolier a par ailleurs, dans un souci de transparence, publié la liste de l’intégralité de ses 903 filiales.

10 000

Le nombre d’internautes qui ont signé l’appel pour la reconnaissance officielle du burn-out. Une initiative du Cercle Ramadier, qui organise le 11 mars, un colloque sur ce thème.

Chiffres clefs pour comprendre

La sélection de chiffres clefs de la semaine selon l’équipe de Sountsou. Un choix arbitraire qui ne vise qu’à nourrir la réflexion et nous aider à comprendre le monde qui nous entoure.

716

C’est en milliards de dollars la capitalisation boursière de l’américain Apple. Google et Microsoft pèsent respectivement 365 et 350 milliards de dollars.

25

C’est en pourcentage le nombre de Français âgés de 18 à 49 ans touchés par la dernière publicité de Perrier diffusée par Facebook en à peine vingt quatre heures, soit 6,7 millions de personnes. Une révélation de Laurent Solly, patron de Facebook France dans le numéro daté de mars du magazine Capital.

4,9

C’est en milliards d’euros, la perte du groupe Areva pour 2014. Les pertes cumulées du groupe nucléaire public atteignent la somme astronomique de 7,9 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros.

35

C’est le pourcentage du trafic d’internet occupé par Netflix aux heures de pointe aux Etats Unis, selon Sandvine.

32,2

C’est en millions, le nombre de nuitées d’hôtel en Île de France pour 2014, ce qui en fait la première destination touristique mondiale, selon le Comité Régional du Tourisme.

150

C’est en millions d’euros l’objectif annuel d’économie sur le parc automobile de l’Etat, à l’horizon 2017, que s’est fixé le gouvernement pour un montant actuel de 600 millions d’euros par an.

150

C’est en millions d’euros ce que prévoit d’investir le groupe PSA dans son usine de Poissy afin de lui permettre d’accueillir les chaines d’un nouveau véhicule de la marque DS, sans doute un SUV dérivé de la DS3.

3

C’est en milliards d’euros, le montant que la finance participative (dons d’internautes pour un projet entrepreneurial) a permis de mobiliser en 2014 en Europe. Le premier pays est la Grande Bretagne avec 998 millions d’euros, la France a réussi à lever 154 millions d’euros.

2050

C’est la date cible choisie par l’Union européenne pour atteindre une baisse des émissions mondiales de gaz à effets de serre de 60% . Mais rien n’est gagné, le premier objectif à atteindre est de faire inscrire cette ambition dans le droit international.

15000

C’est le nombre de places créé par le gouvernement, sur deux ans, pour les jeunes qui souhaitent effectuer leur service civique dans l’environnement.

 

 

 

Un

L’exception culturelle Française menacée

La France revendique une place à part dans le monde pour sa culture. Afin de défendre son « exception culturelle » elle a mis en place tout un arsenal d’aides et de mesures d’accompagnement de la filière qui, paradoxalement, pourraient menacer sa capacité à tenir sa place dans les années à venir.

Sountsou a récemment évoqué une surprenante étude rédigée par E&Y pour le compte de l’industrie culturelle Française. Le rapport de l’Institut Montaigne que nous décrivons cette semaine, dans un autre article, porte quant à lui sur l’audiovisuel et sa filière de production littéralement enkystés par une règlementation mise en place dans les années 80 et qui ne permet plus de réagir dans l’environnement d’aujourd’hui.

Pour l’édition papier, l’avis de la Médiatrice du Livre rendu le jeudi 19 février considère que les offres de lecture illimitées proposées par le géant Amazon pour 9,99 euros par mois ne s’inscrivent pas dans la loi Française. Les grands éditeurs sont vent debout contre l’initiative d’Amazon. Le numérique ne représente aujourd’hui que 64 millions d’euros de chiffre d’affaires soit environ 1,6% du CA du secteur selon GFK. Mais refuser ainsi le modèle de l’accès illimité à la lecture moyennant un abonnement qui pourrait permettre de trouver un nouveau modèle économique adapté aux usages, est-ce bien raisonnable ? En effet, le numérique exige de tester des possibilités nouvelles et de prendre le risque de se tromper. S’exonérer ainsi de tester des offres nouvelles qui pourraient permettre demain de trouver un nouveau modèle économique expose dangereusement l’industrie du livre à une rupture de son modèle actuel.

En ce qui concerne la musique, l’attitude du gouvernement, toujours sous la pression de l’industrie culturelle, est tout autant incompréhensible. Les quotas de chansons francophones imposés par la loi aux radios Françaises pourraient être renforcés dans les prochains mois. Une hérésie. En effet, les radios sont massivement concurrencées par le secteur totalement dérégulé de l’internet, notamment You Tube et autres Deezer. Renforcer les quotas francophones, alors que la production est en baisse constante, que les dispositifs actuels sont largement respectés et que le numérique remet profondément en question des équilibres économiques déjà fragiles, reviendrait à affaiblir un peu plus les radios.

S’agissant de la production audiovisuelle, la politique publique de soutien de la filière a de multiples effets pervers. La multiplication des aides et le manque de ciblage ont pour conséquence de favoriser une sorte d’embourgeoisement du secteur audiovisuel qui peine à se remettre en question et surtout à prendre en compte les nouvelles contraintes du numérique. Quant on ajoute à cette situation, déjà peu brillante, le ratage de France Télévision, très bien décrit dans le rapport de l’Institut Montaigne, en matière d’innovation, on a un tableau peu réjouissant de la situation. La France est ainsi peu présente à l’international, alors que le rayonnement de notre culture passe indubitablement par les marchés étrangers et elle a un retard considérable sur la culture populaire, ses exportations de séries par exemple sont encore trop peu nombreuses comparées à d’autres pays européens. Ainsi, les ventes de formats TV n’ont représentées que 130 millions d’euros en 2013, soit autant qu’en 1998. À titre de comparaison, ce chiffre est de 1,5 milliards d’euros pour la Grande Bretagne ! (source : Institut Montaigne).

L’industrie culturelle n’est en outre pas aidée par le mode de nomination des responsables et acteurs des établissements publics ou para-publics. Le pantouflage et la gestion de carrière basée sur les relations politiques sont encore largement de mise, ce qui écarte de fait les entrepreneurs et les profils « novateurs ». Ce mode de désignation a également pour conséquence de favoriser le statut-quo, l’irresponsabilité et la gabegie financière …

En refusant la réalité du numérique, en privilégiant le maintien de positions acquises, l’État met en danger ce qu’il souhaite défendre. L’exception culturelle Française pourrait rapidement devenir une exception locale sans grand rayonnement.

Les bons mots de la semaine.

Ils sont élus, chefs d’entreprise ou écrivains, ils parlent, répondent à des questions, se livrent parfois au jeu (risqué) du « off » et au sein de Sountsou, nous aimons ça, alors nous partageons quelques « perles » et bons mots avec vous…

Nicolas Sarkozy au sujet des réformes économiques qu’il mettrait en place s’il était élu en 2017, dans Le Figaro daté du 2 mars

  • Sur les entreprises : « Derrière les mots, il y a la réalité de toutes les décisions prises depuis 2012 au détriment des entreprises, des PME, des artisans-commerçants, des travailleurs indépendants, des professions libérales, bref de tous ceux qui créent des emplois. Cette révolution des esprits à laquelle j’appelle, tournée vers toutes les entreprises, sera le cœur de la politique alternative que nous allons proposer au service de tous les Français »
  • Sur le budget de l’État : « Il faut d’abord s’attaquer résolument à ce qui pèse le plus lourd dans le budget de l’État et des collectivités locales: le nombre de nos fonctionnaires », « Il faudra revenir à la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et surtout l’imposer à la fonction publique territoriale, notamment en changeant la Constitution pour rendre cette règle compatible avec l’autonomie de gestion des collectivités territoriales », « Il faut recruter prioritairement dans la fonction publique avec des contrats de cinq ans quand le poste le justifie »
  • Le temps de travail des fonctionnaires : « L’écart entre le secteur public et le secteur privé est devenu injustifiable: 48 jours de congés par an en moyenne dans la fonction publique d’État contre 36 dans le secteur privé et 29 dans une petite PME », « je souhaite que l’on renégocie les accords sur le temps de travail dans la fonction publique » 
  • Les 35 heures : « les entreprises qui souhaitent sortir des 35 heures doivent pouvoir le faire par la négociation », « Et, bien entendu, je propose de rétablir dans les entreprises le principe des heures supplémentaires défiscalisées »
  • Les impôts : « Il n’y a ainsi pas d’ISF en Allemagne et il ne doit donc plus y avoir d’ISF en France », « La priorité sera de baisser fortement et simultanément les dépenses et les impôts »
  • Les retraites : « repousser l’âge de départ à 63 ans (et à 68 ans, sans décote), en trois ans »
  • Le Code du Travail : « Je propose en la matière une règle simple: ne garder que les droits fondamentaux des salariés dans le Code du travail et renvoyer le reste à la négociation d’entreprise » 
  • Sur l’UMP : « Il y aura un nouveau parti, au printemps. On lui donnera un nouveau nom, qui ne sera pas un sigle », « Ce sera une formation beaucoup plus large, plus rassembleuse, plus dynamique, ouverte à tous ceux qui voudraient préparer l’alternance »
  • Sur Sarkozy : « J’ai une stratégie, un calendrier précis, et je n’en changerai pas », « Que personne ne doute de ma détermination »

Jean-Marie Le Pen dans les repas du Front National au sujet de Jacques Chirac, cité par Le Point daté du 26 février

« Trinquons pour Jacques Chirac. Souhaitons-lui une très longue vie maintenant qu’il est en tête à tête avec Bernadette »

François Hollande et Manuel Valls sur Martine Aubry, cités par Le Canard Enchaîné du 25  février

« Tullius Detritus » c’est le surnom que le Président et le Premier ministre donneraient à Martine Aubry selon le palmipède après l’épisode de la Loi Macron

Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, au sujet de l’UMP, cité par Le Point daté du 26 février

« Aujourd’hui, il y a un chef à l’UMP mais il n’y a pas de ligne »

Nicolas Baye, secrétaire général du Front National, dans Le Figaro daté du 24 février

« C’est un peu nouveau, mais, aujourd’hui, parce que nous avons une capacité d’attraction chez les déçus de la gauche, les duels face à la droite ne nous empêchent pas de gagner »

Bernard Tapie suite à l’annulation de l’arbitrage de 2008 par la cour d’appel de Paris, dans Le Point daté du 26 février

« L’arbitrage n’est pas annulé, il va être révisé, alors, on se calme, s’il vous plait ! Depuis deux ans et demi, on enfume les Français par l’entremise de médias mal intentionnés pour que je passe du statut de volé à celui de voleur, alors que depuis 1995, et jusqu’à présent, toutes les juridictions successives, y compris la cour d’appel, ont reconnu les fraudes de la banque et les ont sanctionnées »

Laurent Solly, directeur général de Facebook France, dans Capital du mois de mars

« Dans une récente étude, le cabinet Deloitte a estimé que Facebook avait généré l’an dernier 7 milliards d’euros d’activité économique en France et 78000 emplois indirects. Nous sommes ainsi fiers d’avoir participé au développement des sociétés hexagonales comme Blablacar, Deezer, Happn, ou Pretty Simple »

François Mitterrand dans « L’abeille et l’architecte », cité par Michèle Cotta dans son ouvrage « Le Monde selon Mitterrand » paru le 19 février (Tallandier)

« Quand on s’use à faire carrière, il ne reste rien pour l’histoire. Je n’envie pas le sort de tel ou tel de nos contemporains qu’une longue inutilité finit par rendre indispensable »

Un élève à la professeure Mathilde Lévèque, cité dans son ouvrage « LOL est aussi un palindrome » (First Editions)

« – Madame, c’est trop du gâchis que vous soyez prof.

– Ah.

– Vous auriez dû être avocate ou politicienne ou chef de gang, vous savez trop embrouiller !«