L’actu

Le lobbying écolo de Nespresso

Le succès de Nespresso a son revers : que faire de ces millions de capsules usagées qui contribuent à la pollution d’une planète déjà chargée ? La firme Suisse en a fait un argument marketing de plus en se lançant dans une vaste opération de recyclage.

Dès 2008, Nespresso France a initié le déploiement de sa propre filière de récupération des capsules en vue de les recycler. Hélas, cette démarche ne suffit pas et seules 20% de celles-ci trouvent le chemin du recyclage actuellement. Alors, Nespresso se donne un ambitieux objectif de 50% de capsules recyclées d’ici 2025.

D’ici la fin 2015, Nespresso estime à 10 millions d’euros l’investissement qu’elle a déjà consenti à la récupération et au recyclage de ses capsules, que ce soit grâce à un partenariat avec La Poste, ou les 5.000 points de collecte répartis sur le territoire Français et constitués de ses points de vente, de points-relais ou des déchetteries.

L’objectif est désormais de proposer à terme des solutions de proximité à 100% de ses clients, pour l’atteindre la société vise des partenariats avec les collectivités locales qui gèrent les la collecte des déchets ménagers et, notamment, le tri. Or, ces dispositifs ont vocation à être présents sur toute la France.

Outre un enjeu économique et écologique, le recyclage des capsules usagées est une obligation en terme d’image au moment ou la fibre écologique est de plus en plus répandue et partagée par les Français.

Constructeurs automobiles – géants du net : la guerre est déclarée

Les constructeurs automobiles allemands réalisent un gros coup qui vise à reprendre leur indépendance vis à vis de Google dans la technologie embarquée.

Ils viennent de racheter pour 2,8 milliards d’euros  le système de cartographie de Nokia, Here.

BMW, le groupe Volkswagen ainsi que que Daimler se sont réunis pour rafler la mise. Une union inhabituelle voire inédite, d’autant plus que les constructeurs allemands seraient prêts à ouvrir le capital de la nouvelle Société à d’autres constructeurs automobiles. L’enjeu est de taille : il s’agit de trouver une alternative à Google Maps pour la cartographie embarquée et, en conséquence, de conserver secrètes les précieuses données des constructeurs.

Les constructeurs automobiles sont  prêts à dépasser leur concurrence féroce pour contrer les nouveaux géants du net et repousser leurs appétits dans l’automobile. Le chinois Baidu ainsi que Uber étaient également candidats pour acquérir Here, selon Bloomberg, cité par Les Echos.

Les géants du net se livrent une lutte sans merci autour de la cartographie embarquée car le véhicule autonome est en jeu et Google bénéficie d’une longueur d’avance sur tous ses concurrents. Apple vient de déployer dans le monde entier des véhicules afin de mettre à niveau son système Maps. Les constructeurs traditionnels ne pouvaient donc rester sur le bord de la route et ils frappent fort.

Les informations embarquées sont également la porte d’entrée pour la connaissance des comportements des automobilistes et la vente, à terme, de multiples services.

Here constitue donc un actif stratégique pour les constructeurs et ils viennent de démontrer qu’ils ne se laisseraient pas déposséder de leur savoir-faire sans combattre…

 

Les auto-entrepreneurs ont 7 ans

2008 : Hervé Novelli, alors secrétaire d’État aux PME, crée le statut d’auto-entrepreneur dans le cadre de la Loi sur la Modernisation de l’Économie (LME). 7 ans après le bilan est plus que positif.

Le bilan du précédent quinquennat peut notamment s’enorgueillir d’avoir révolutionné l’approche entrepreneuriale. Avec le statut d’auto-entrepreneur, c’est tout un pan de la société qui a « basculé ». Les chiffres sont très puissants : près d’un million de Français sont aujourd’hui auto-entrepreneurs, chaque année la moitié des créations d’entreprises est réalisée avec cette forme juridique.

S’il est vrai que ce statut ne constitue qu’une étape puisque le chiffre d’affaires généré est plafonné à 82.200 € pour les activités de vente et à 32.900 € pour les services, il permet à bon nombre de Français de se lancer ou de se constituer un complément de revenus. Le statut a été créé pour être simple et efficace : on se lance en un clic grâce à internet et on ne paie pas de charges sociales si on ne génère aucun chiffre d’affaires.

L’idée est de bénéficier d’une rampe de « lancement » qui permet de tester une activité ou de « se tester soi-même » en dehors du salariat traditionnel. Dans un environnement économique extrêmement tendu où le chômage est omniprésent, il s’agit également de se prendre en main et d’assumer la création de sa propre activité. Une révolution de mentalité…

Chaque année, jusqu’à 360.000 immatriculations sont enregistrées. Ce qui est frappant dans ce statut, créé au milieu des années 2000 c’est son adaptation aux nouveaux métiers issus du numérique, on pense notamment aux VTC, devenus les bêtes noires des taxis. Un grand nombre de chauffeurs commencent sous ce statut pour, ensuite, basculer sous une forme juridique plus adaptée à leur activité en développement.

Le gouvernement actuel a, certes, tenté de réformer l’auto-entrepreneur en le transformant en « micro-entreprise », mais le rabotage s’est effectué à la marge. L’air de rien, ce statut remet en cause un grand nombre d’idées reçues parmi lesquelles, les Français seraient d’indécrottables assistés préférant le chômage au travail. Il bat en brèche également le statut idéalisé de « salarié » et démontre que l’on peut créer sa propre activité, pour peu que l’on soit motivé et que l’on s’en donne les moyens, quitte à revenir à un statut de salarié ensuite, mais sans doute avec un autre point de vue sur l’entreprise…

Hervé Novelli a pris un peu de distance avec la vie politique, même s’il reste élu local. Il se consacre aujourd’hui essentiellement à sa première passion « l’entrepreneuriat » et vient de lancer la première plateforme numérique et solidaire des entrepreneurs de France : WikiPME.

Le succès de son statut d’auto-entrepreneur qui témoigne que des décisions politiques peuvent peser sur la vie des Français et sur la perception qu’ils ont du monde de l’entreprise en faisant évoluer les mentalités.

 

Sountsou sur Lyon Première

Mathieu Quétel, président de Sountsou, était récemment l’invité de l’émission « La vie des entreprises » sur Lyon Première, la radio de l’info du Grand Lyon. Il s’exprimait au micro de Gérald Bouchon, sur le rôle du lobbying au service des entreprises, notamment des PME.

Vous pouvez écouter cet interview ici. 

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Lobbying agricole : Que s’est-il passé ?

Comment en sommes nous arrivés là ? La terrible crise que connaissent les agriculteurs des filières bovines, porcines et du lait semble avoir été rendue publique la semaine dernière. Pire, le gouvernement semblait décontenancé face à un mouvement qui ne faisait que traduire la détresse de tout un secteur, pourtant en voie de paupérisation depuis plusieurs années dans une indifférence quasi-générale.

Le prix moyen de la viande bovine s’est effondré de 13% en deux ans, le lait a chuté de 16% au premier semestre 2015, dans ce contexte comment a-t-on pu imaginer qu’il n’y aurait pas d’impact sur les trésoreries des agriculteurs déjà mises à mal ces dernières années ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas agit plus tôt pour, au moins, tenter de limiter les effets, pourtant connus, de la dégradation continue de la rémunération de la profession ?

Cette situation était non seulement prévisible mais également évitable, au moins en ce qui concerne sa violence. Les effets du plan Sarkozy de 2009 se font sentir à plein, puisque les annuités reportées alors, sont devenues exigibles. Or, la situation économique s’est encore dégradée, singulièrement pour le monde agricole. La filière porcine est victime de plusieurs facteurs tels que des normes inapplicables et déconnectées des réalités des exploitations, imposées en France mais non effectives dans d’autres pays qui profitent de fait d’un avantage concurrentiel, à cela s’ajoute le manque de compétitivité des abattoirs français. En outre, la consommation de viande ne cesse de baisser en France depuis 1998. Dans le lait, la dérèglementation européenne pèse à plein et la filière n’a pas été soutenue face à la concurrence des laits à bas prix importés massivement depuis quelques mois. Enfin, les intermédiaires ne jouent pas leur rôle et continuent de prendre des marges qui ne sont pas redistribuées aux producteurs qui ne cessent de s’appauvrir.

Le désarroi du ministre de l’Agriculture qui a d’abord refusé de se rendre à Caen était palpable sur les chaînes de télévision. Son revirement de dernière minute face à la colère des agriculteurs, notamment des plus jeunes, endettés sans espoir d’avenir, est intervenu trop tard. Son refus de se rendre sur le terrain, alors que la crise explosait, au prétexte qu’il manquait d’informations, qu’il attendait un énième rapport, et qu’il refusait de se voir imposer une date et un lieu de rendez-vous ne peut qu’être perçu comme un signe de plus de dédain à l’égard d’une profession oubliée et pourtant essentielle.

Quant aux mesures proposées par le gouvernement, elles ont déçu les agriculteurs. Elles prévoient des reports d’échéances de charges et d’impôts, une garantie sur des prêts de la part de la BPI à hauteur de 500 millions, pour les exploitations en situation particulièrement critique le Fonds d’allègement des charges est porté de 8 à 50 millions d’euros, la taxe sur le foncier non bâti sera effacée et le gouvernement procèdera à un remboursement anticipé de TVA à hauteur de 150 millions d’euros. Le gouvernement a également décidé de favoriser la consommation française dans les établissements publics mais avec un effet qui ne pourra se sentir qu’à l’issue des contrats pluri-annuels en cours. La COFACE garantira l’exportation de viande bovine en Grèce et la répression des fraudes va se mobiliser sur les contrôles du logo « viande française ». Enfin, le gouvernement va accompagner plus volontairement les efforts sur la méthanisation.

Un plan peu ambitieux au final et qui ressemble aux précédents : beaucoup de reports d’échéances comme un pari sur des jours meilleurs mais aucune vision de l’agriculture de demain.  Les effets d’annonce sur le prix à pratiquer dans le panier du consommateur final, n’est pas plus crédible : l’organisation repose précisément sur le refus des Français à payer plus cher, peut-être parce que leur pouvoir d’achat est en berne ? Dans ce contexte, la mobilisation risque de se durcir tant la détresse de certains exploitants est grande et les syndicats pourraient être débordés par une base excédée.

Globalement, cette profession semble inaudible. Le gouvernement désarmé face aux industriels de la transformation, en est réduit à montré du doigt les distributeurs sans apporter de démonstration probante sur la répartition des marges. Quant au ministre, il rappelle qu’il a effectué plus de 200 déplacements en région…

Le gouvernement a pourtant pris des décisions, notamment en matière environnementale, qui pèsent lourdement sur les éleveurs porcins, pourquoi ne pas les adapter ? S’agissant des dettes, des solutions à long terme de désendettement peuvent et doivent être mises en place au lieu de reporter à plus tard des échéances insurmontables. Une nouvelle relation entre les différents acteurs de la filière doit être imaginée, qu’attend-on pour se mettre autour de la table ? Enfin, et il s’agit peut-être du coeur du sujet, l’organisation des exploitations et des filières devrait être revue, est-il soutenable de continuer de passer sous silence l’inadaptation de notre agriculture aux marchés ?

C’est un modèle qui doit être revu mais pour y parvenir le dialogue et la volonté politique doivent être rétablis. Un préalable indispensable.

Mathieu Quétel, président de Sountsou