L’actu

Les start up, reines du lobbying

Aux Etats Unis, les géants du net se sont mis depuis très longtemps au lobbying. Fait nouveau : les start up s’intéressent désormais en nombre à leurs relations avec la sphère publique.

Les (désormais) grands groupes mondiaux comme Facebook, Amazon ou Google investissent massivement depuis de nombreuses années dans le lobbying directement aux Etats Unis mais également à Bruxelles où ils sont connus pour être ceux qui ont les plus importants staffs dédiés aux relations institutionnelles.

La nouvelle économie bouscule souvent l’ancienne et impose des évolutions réglementaires quant elle ne fait pas littéralement exploser les législations en place. Les entrepreneurs, pour réussir, doivent donc faire partager aux politiques leur vision de l’économie et ce qu’ils pensent pouvoir apporter aux consommateurs par leurs services et produits.

Lobbying et économie numérique, une tendance lourde

Les condamnations récentes aux Etats Unis et en Europe de Über ou Airbnb imposent à ses sociétés de prendre en compte leurs relations avec les décideurs politiques très en amont. Celui qui a révolutionné le monde du taxi a déjà investit plus de 100.000 dollars pour son bureau à Washington D.C en à peine un an d’implantation. Pandora fait encore plus fort en investissant 120.000 dollars trois mois pour ouvrir ses propres bureaux de lobbying dans le coeur politique américain après avoir consacré au lobbying environ 1 million de dollars au cours des quatre dernières années… Quant aux nouvelles start up, elles n’hésitent plus à investir la capitale politique américaine dès leur création et mandatent des cabinets de lobbying afin de faire évoluer la législation en leur faveur.

Il s’agit d’une tendance lourde et qui aura sans doute des effets sur les législations au niveau mondial. Cela pose la question de l’appréhension par les acteurs de l’économie traditionnelle de la révolution numérique et de la nécessité de s’adapter mais pas n’importe comment. Le risque est en effet de voir apparaître des monstres mondiaux qui sortent de toute régulation et qui échappent, comme c’est déjà le cas, aux règles fiscales des pays dans lesquels ils sont implantés.

La nouvelle économie numérique bouscule incontestablement les modes de consommation, elle accélère les mutations économiques, elle impose également aux décideurs politiques de s’y intéresser avec attention tout en prenant soin de ne pas mettre en danger leurs industries nationales par des contraintes qui pèseraient lourdement sur les unes sans concerner les autres…

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Les chiffres de la semaine…

10.000

C’est le nombre de patrons de PME et TPE qui sont descendus dans la rue à Paris et Toulouse, lundi 1er décembre à l’appel de la CGPME afin de crier leur désarroi face aux décisions gouvernementales et aux charges fiscales et administratives qu’ils subissent. Un beau succès assez inattendu pour la CGPME.

70.000

C’est en Euros le montant de l’avance versée par Grasset à Aquillino Morel pour son livre sur son expérience élyséenne dont la sortie est programmée pour 2015 (probablement à l’automne). L’ancien conseiller spécial du Président de la République a mal digéré son éviction au mois d’avril suite à l’affaire dite du « cireur de chaussures »…

1.190

C’est en milliards de dollars, les dividendes que les 1200 plus grosses capitalisations du monde devraient verser à leurs actionnaires cette année… 1.190 milliards de dollars, on a du mal à imaginer cette somme extraordinaire qui est pourtant supérieure de près de 10% à celle de l’an dernier soit 133 milliards de plus.

1

Mais en milliard d’euros, c’est la hausse fiscale subie par les entreprises en Île de France, selon Gilles Carrez, le Président de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale.

316

Toujours en milliards de dollars cette fois, c’est le chiffre d’affaires généré par Google, Amazon, Facebook et Apple (Gafa) en 2013. L’Europe s’inquiète de leur puissance et cherche à muscler son arsenal anti-trust.

6

C’est en milliards d’euros, le montant des hausses d’impôts déjà programmées au-delà de 2015 par le gouvernement. On est loin de la promesse présidentielle de ne plus augmenter les charges fiscales…

Opération réussie pour la CGPME

Hier, les patrons de TPE et PME s’étaient donnés rendez-vous à Paris et Toulouse pour manifester leur ras-le-bol face aux lourdeurs administratives, aux tracasseries fiscales et au sentiment de ne pas être bien traités par le gouvernement.

Organisée à l’initiative de la CGPME, cette manifestation était risquée. En effet, il n’est pas dans la tradition patronale de se prêter au « lobbying de rue » pour revendiquer. La démarche aurait également pu tourner court en raison d’un manque de mobilisation de chefs d’entreprises par ailleurs très occupés par leurs PME au sein desquels ils occupent souvent plusieurs tâches. Enfin, battre le pavé c’est également prendre le risque de s’éloigner d’un dialogue républicain apaisé et de donner une image d’acteur peu responsable.

La CGPME et son président Jean-François Roubaud ont su éviter tous ces écueils. Près de 10.000 patrons ont envahi les rues de Paris et Toulouse pour crier, dans une ambiance bonne enfant, leur désarroi et leurs inquiétudes. Jean-François Roubaud était reçu dans l’après midi par le Ministre de l’Économie, Emmanuel Macron afin de livrer personnellement le message de patrons excédés mais toujours à la recherche d’écoute et de solutions.

Les PME et les TPE sont dans une situation particulière. Elles sont le poumon de l’économie, elles sont dirigées par des patrons qui travaillent dur pour leur entreprise et leurs équipes mais elles souffrent de l’image dégradée de certains groupes du CAC 40 pour lesquels les profits semblent être, aux yeux des politiques, la priorité. En outre, les décideurs politiques n’accordent pas la même écoute aux représentants des TPE et des PME qu’aux dirigeants des multinationales. C’est également cette « équité républicaine » que revendiquaient hier les manifestants. La semaine de mobilisation des entreprises se poursuit jusqu’au 5 décembre.

S’ils ont manifesté avec bonne humeur, la détermination des patrons est bien totale. Ce serait une lourde erreur de la réduire à un « caprice » de dirigeants. Ou, pire, de l’ignorer.

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Lobbying : Plus de transparence à Bruxelles ?

C’est aujourd’hui, 1er décembre, qu’entrent en vigueur les nouvelles règles de transparence de la Commission européenne décidées par le nouveau Président, Jean-Claude Junker.

À partir d’aujourd’hui, tous les membres de l’exécutif européens devront rendre public leurs contacts avec les différents groupes d’intérêts. La Commission tente ainsi de montrer que les lobbies n’ont pas de prise sur ses décisions.

Rappelons que Bruxelles est considérée comme la seconde capitale mondiale du lobbying, immédiatement derrière Washington. Il est souvent reproché au Parlement d’être trop à l’écoute des groupes de pression des grandes entreprises… Cette transparence accrue devrait permettre de montrer que le secteur des PME est peu consulté et peut-être de rétablir un certain équilibre. Mais le registre des lobbyistes mis en place en 2011 n’est toujours pas obligatoire et les nouvelles règles ne concernent pas les fonctionnaires qui sont pourtant très influents à Bruxelles…

Les PME font leur lobbying de rue !

C’est aujourd’hui, lundi 1er décembre, que les patrons de TPE et PME manifestent à Paris et Toulouse afin de crier leur désarroi à l’appel de la CGPME.

La CGPME a lancé l’opération « PME/TPE cadenASSEZ, libérez nos entreprises ! » dans le but de dénoncer les lourdeurs auxquelles doivent faire face les PME :  compte individuel pénibilité ingérable ; transmissions d’entreprise plus complexes et moins sûres juridiquement ; durée minimale légale hebdomadaire de travail fixée à 24 heures ; cotisations sociales sur les dividendes taxant la prise de risque ; lourdeur administrative difficilement compatible avec la compétitivité ; pression et instabilité fiscales interdisant tout projet à long terme ; Code du travail incompréhensible … Des lourdeurs partagées par tous auxquelles s’ajoutent celles spécifique à chaque branche professionnelle…

Ce sont plus de 40 Fédérations professionnelles qui devraient se retrouver ce matin dès 10 heures à Paris (également à Toulouse) pour se rendre de la Place Félix Eboué à Bercy afin de crier la colère des patrons de PME. Cette manifestation marque le démarrage d’une semaine de sensibilisation aux problèmes rencontrés par les entreprises.

Si le MEDEF est également mobilisé pour la semaine de sensibilisation, du 1er au 5 décembre, il a refusé de participer à la manifestation de la CGPME. Il est vrai qu’il n’est pas dans la culture des chefs d’entreprises de manifester afin d’attirer l’attention sur leurs problématiques, il est également évident que les TPE et les PME rencontrent des difficultés particulières pour se faire entendre. La France semble encore être gouvernée avec un « logiciel des années 80 », les grandes entreprises ont des « connexions » plus simples avec le gouvernement et les décideurs politiques.

L’initiative de la CGPME est intéressante car elle traduit une très forte tension chez les patrons des PME qui n’en peuvent plus d’être à la fois le poumon économique de la France, les créateurs de valeur mais également ceux sur qui pèsent le plus les lourdeurs administratives et les entraves publiques, parfois involontaires.

Cette manifestation sera à suivre de près, elle est bien plus qu’un simple « lobbying de rue ». Les patrons de TPE et PME qui seront ce matin dans la rue demandent à être entendus et respectés. Ils exigent également une plus grande équité républicaine.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

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