L’actu

« Politiques Undercover », une émission diffusée au pire moment

Le texte de ma tribune dans Les Échos du lundi 15 décembre 2014.

L‘émission de D8 « Politiques Undercover » est une forme de caricature du dévoiement de la fonction politique en ce sens que les élus eux-mêmes en sont les acteurs. « Politiques Undercover » invite des femmes et des hommes politiques à vivre « une expérience inédite » qui va les « mettre dans la peau d’un citoyen afin de se confronter à la réalité de la vie quotidienne des Français »… 

Le concept de l’émission est intéressant. Chaque personnalité, Samia Ghali, Bernard Accoyer, Thierry Mariani ou Jean-Luc Romero pour la première émission, est grimée avant de se mettre à la place d’un citoyen : une jeune mère seule à la recherche d’un logement, une personne handicapée, un brancardier dans un service d’urgence… Un reportage est diffusé avant chaque séquence afin de faire le point sur la thématique concernée. Ensuite, le chef du service politique de i-Télé Mickaël Darmon interroge « l’élu-acteur » sur ce qu’il a retenu de l’expérience.

Pourquoi sommes nous gênés par ce concept d’émission à priori sympathique et qui peut à la fois divertir et informer ?

Les motivations de D8 ne sont pas en question, le métier de la chaine est de créer du spectacle et si, en plus, elle peut informer sur des problèmes de société, pourquoi pas. L’acceptation de ces personnalités politiques de se présenter masquées pour aller à la rencontre des Français afin de se « confronter » à leur réalité est en revanche très dérangeante. Cette démarche sous-entend que les politiques ne connaissent pas leurs concitoyens, qu’ils ne sont plus capables d’empathie, qu’ils sont « déconnectés » de la réalité, bref, elle accrédite les à priori habituels sur les élus.

Dans le contexte actuel de défiance à l’égard de leur fonction, les personnalités politiques qui participent à cette émission ne font que confirmer le sentiment des Français. L’émission n’est pas pédagogique pour les Français, elle ne leur apporte pas d’information sur le fonctionnement de notre vie démocratique, elle est supposée au contraire « former » à notre « réalité » celles et ceux qui sont nos élus, qui prennent des décisions en notre nom… Ce qui pré-suppose qu’ils ne nous connaissent pas, qu’ils vivent sous les ors de la République et sont en total décalage avec les Français. C’est précisément ce que pensent déjà nos concitoyens et ce sur quoi certains populistes surfent à longueur d’émissions télévisées.

Les élus sont au contact des réalités sociales et économiques.

La réalité d’un élu (local ou parlementaire) est toute autre. De nombreux élus sont au contact des réalités sociales et économiques. Ils sont chaque jour saisis de multiples demandes de leurs administrés qui traduisent le désarroi de bon nombre d’entre eux voire leur détresse. Ils les accompagnent, les aident, parfois ils parviennent également à les sortir de l’ornière. Nombreux sont les élus qui demandent à faire de « l’immersion » en entreprise ou dans des services d’urgence, sans caméra, sans journalistes, simplement parce qu’ils estiment que cela fait partie intégrante du mandat qui leur a été confié.

Cette émission et les personnalités qui se prêtent à ce jeu, disqualifient, sans doute malgré elles, un peu plus le discours et l’action politiques. Ils attestent insidieusement qu’eux et leurs collègues évoluent dans un monde qui ne serait pas le nôtre. Or, ce n’est pas le moment de « jouer » avec la fonction politique. Ce n’est pas le moment de conforter les populismes. La période que nous traversons mérite plus de hauteur et de perspective que cette émission de documentaire-divertissement.

Les récentes élections, les sondages qui propulsent Marine Le Pen en personnalité de l’année 2014, la crise sociale, économique et politique que nous traversons appellent plus de responsabilité et de hauteur de la part des élus. Cette émission est diffusée au pire moment, celui qui voit les tensions au sein de notre société s’exacerber et les populismes gagner du terrain. Participer à cette émission n’apporte rien sinon un peu plus de brouillage de l’image de la fonction politique. Il est désolant que les personnalités qui prennent part à ce théâtre n’en soient pas conscientes.

Mathieu Quétel, Président de Sountsou – Affaires Publiques

Lobbying, numérique… Les chiffres de la semaine

226

C’est en milliards d’euros ce que devrait peser le marché de l’internet mobile en 2017 (contre 92 milliards en 2013) selon une étude du Boston Consulting Group. Ce chiffre concerne les cinq principaux pays européens (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie et Espagne), le BCG estime que la croissance de ce marché de l’internet mobile sera essentiellement générée par les applications ainsi que les nouveaux contenus et services.

40

C’est en milliards de dollars la valorisation de Uber après sa levée de fonds bouclée le 4 décembre pour un montant de 1,2 milliards. Les différents démêlés judiciaires de la compagnie à travers le monde ne semblent pas entamer son expansion, celle-ci est très mobilisée par ses activités de lobbying à Washington et Bruxelles…

6,3

C’est en milliards de dollars ce que pourrait coûter aux annonceurs la fraude publicitaire sur internet en 2015, selon l’Association of National Advertisers et White Ops. Cette fraude, massive, serait causée par des robots qui imitent les comportements humains et visualisent les publicités comme un consommateur.

66

C’est le pourcentage de Français qui seraient favorables au travail le dimanche, selon un sondage CSA pour le quotidien Direct Matin.

20

C’est en millions d’euros le montant du déficit prévisionnel, pour la première fois de son histoire, de Radio France pour 2015. En cause, selon Matthieu Gallet, Président de la Maison Ronde, le non-respect par l’État de ses engagements lors des trois dernières années du COM en cours.

Joyeux anniversaire Alchimia Communication !

Alchimia Communication, l’agence conseil en communication et relations médias corporate, fondée et dirigée par Ouisa Rahab, fête ces jours-ci son dixième anniversaire.

« C’est une fierté, pour l’ensemble des collaborateurs de l’agence, d’avoir parcouru ce chemin et de bénéficier de la force, dans leur travail au quotidien, de relations durables avec nos clients, basées sur de solides compétences et une démarche de partenaire à visage humain » déclare Ouisa Rahab à l’occasion de cet anniversaire.

Il est vrai que Ouisa et son équipe peuvent être fières du chemin parcouru et des relations si particulières qu’elles réussissent à développer avec leurs clients, fidèles depuis la création de l’agence pour les plus anciens. Alchimia a su saisir la révolution numérique et l’intégrer dans son process créatif et d’accompagnement. Elle a également développé depuis deux ans un service spécifique qui lui permet d’accompagner sa clientèle dans son développement international aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni et prochainement en Allemagne.

Alchimia Communication développe une approche particulière et humaine. Ouisa a su créer une ambiance à la fois ultra-professionnelle et presque familiale au sein de son agence qui favorise indéniablement la créativité et un contact très personnalisé avec ses clients qui peuvent compter sur elle à tout moment.

L’équipe de Sountsou souhaite un très bel anniversaire à Alchimia !

Découvrez Alchimia Communication et son film sur les métiers de la communication corporate, réalisé en partenariat avec Sonacom en cliquant ici.

Lobbying culturel : l’étude surprenante de EY

Une vaste offensive de lobbying culturel afin de préserver les législations européennes et spécificités nationales en place mais également pour défendre les différents dispositifs dont elles bénéficient a été lancée par les industries culturelles.

C’est donc le cabinet E&Y (ex Ernst & Young) qui s’est vu confié la mission d’une étude européenne sur la situation des industries culturelles et leur poids réel dans les économies. Le résultat est efficace puisque l’étude annonce un chiffre d’affaires culturel au niveau européen de 536 milliards d’euros ce qui représente 4,2% du PIB européen. Avec 7,1 millions de personnes l’industrie culturelle est également le troisième employeur européen derrière la construction et la restauration.

Commandée par le GESAC (Groupement Européen des Sociétés d’Auteurs et de Compositeurs) l’étude est baptisée « Creating Growth ». Et pour « créer de la croissance », les rédacteurs et commanditaires de l’étude regrettent que le budget public dédié à la culture ait baissé de 1% en moyenne entre 2008 et 2012 et demandent à ce que les politiques nationales de soutien aux industries culturelles soient généralisées au niveau européen…

L’étude de E&Y salue donc la bonne performance des industries culturelles en Europe, montrées en exemple mais dans le même temps demande plus d’aides et de soutiens des États. On pourra s’étonner de l’orientation de l’analyse. En effet, une baisse des crédits publics de 1% sur la période de crise 2008-2012 s’apparente plutôt à un effort maintenu de la part des États dans un contexte très tendu sur le plan économique… De nombreuses entreprises d’autres secteurs d’activités auraient sans doute apprécié de voir les investissements publics ainsi stabilisés au cours de cette période.

D’autre part, il serait intéressant de mettre en exergue la part d’investissement public inclue dans les 536 milliards d’euros de chiffre d’affaires annoncés par l’étude de E&Y. Il existe une différence entre la création de richesse nette et la redistribution fiscale. En France par exemple, le Projet de Loi de Finances pour 2015 prévoit 4,38 milliards d’euros dédiés aux médias, à la lecture, aux industries culturelles et au service public soit une hausse de 0,43% par rapport à 2014. Notons que le Sénat vient de rejeter ces crédits.

Derrière cette étude, se cache une démarche de radicalisation de certaines industries culturelles. C’est notamment le cas en France où les majors de la musique font pression sur le gouvernement pour que les quotas radiophoniques de chansons francophones soient durcis alors que la loi actuelle est respectée et que la question qui pourrait être posée devrait plutôt être : la révolution numérique n’impose-t-elle pas une nouvelle approche de la défense de la création francophone ?

Mathieu Quétel, président de Sountsou

 

Lobbying de rue : la CGPME sort gagnante

Il y a une semaine, la CGPME prenait le risque de lancer ses adhérents dans un véritable lobbying de rue : 10.000 patrons de TPE et PME ont défilé à Paris et Toulouse pour crier leur désarroi et leur colère face aux règles administratives trop lourdes, aux charges sans fin avec en ligne de mire le compte pénibilité dont la mise en place promet d’être un casse-tête pour de nombreuses entreprises.

Si les réponses gouvernementales dans les discours officiels ont laissé transparaitre une forme de lassitude face à un patronat qualifié « d’inconséquent » dans ses demandes, en « off » de nombreux responsables politiques de la majorité reconnaissent les difficultés de mise en oeuvre du compte pénibilité. Quant aux tensions relationnelles entre le patronat et le gouvernement elles se cristallisent autour de Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, dont les prises de position tonitruantes et provocatrices indisposent en haut lieu… Le patron du MEDEF a souhaité privilégier un lobbying relationnel plus traditionnel mais il ne cesse depuis des semaines de jouer la provocation dans ses déclarations publiques.

Malentendus, tensions et crise

Les tensions sont donc fortes et la CGPME a eu raison d’inviter ses adhérents à descendre dans la rue tant leur désarroi est grand. Du reste, sondage après sondage, les français semblent avoir compris le message et y adhérer en masse. Il est vrai que les PME, qui sont le poumon de notre économie, sont souvent les laissez-pour-compte du dialogue et de la concertation. Les décideurs politiques s’intéressent aux grandes entreprises dont ils reçoivent souvent en grande pompe les dirigeant mais ont plus de difficultés avec ce monde si hétérogène des PME. Résultat : les malentendus s’installent, les tensions gonflent et la crise explose.

Le Président de la CGPME a bien compris tout cela. Jean-François Roubaud a pensé, à juste titre, que le temps était venu de laisser la base s’exprimer et crier son désarroi face aux décisions gouvernementale qui relèvent souvent de l’effet d’annonce quant elles ne se contredisent pas les unes les autres.

Le temps du dialogue 

Désormais, le temps d’un nouveau dialogue est venu. Le Président de la république avait, dès le 6 novembre, annoncé une mission co-pilotée par un parlementaire et un chef d’entreprise sur le compte pénibilité. Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière des « évolutions possibles »… Néanmoins, le gouvernement n’a pas une position facile sur le compte pénibilité, la CFDT en a fait un casus belli, or la Confédération est incontournable sur d’autres négociations en cours…

Le succès de l’action de la CGPME a surpris. Il faut désormais transformer cette surprise en avancées concrètes au profit des TPE et PME. Un premier pas, les Français semblent avoir parfaitement compris la différence entre les patrons de ces « petites » entreprises et ceux du CAC 40…