L’actu

Catégorie : Actualités

Ces dimanches bloqués par les syndicats 

Coup de théâtre entre le patronat et les organisations syndicales dans les négociations visant à mettre en oeuvre le travail du dimanche dans les grands magasins, la branche commerce de la CFDT fait le choix de la radicalisation.

Une situation dont la France a le secret. Emmanuel Macron a évoqué la possibilité pour les enseignes d’ouvrir le dimanche en octobre 2014, depuis la Loi Macron a été votée après des mois de palabres et, à présent, les syndicats mettent tout en oeuvre pour en paralyser l’application faisant fi des considérations économiques et des souhaits des employés qui souhaitent travailler le week end pour gagner plus.

La CFDT a fait le choix de radicaliser un peu plus la situation en communiquant aux autres parties son refus de signer les nouvelles propositions patronales par le biais de l’AFP. on a connu méthode plus constructive pour tenter de trouver un accord.

Cette attitude est d’autant plus surprenante que les concessions patronales pour la mise en oeuvre de la réforme sont réelles : majoration à 100% du salaire, plafond de 15 dimanches par salarié et par an, 5 jours de repos compensateur, participations aux frais de garde des enfants à hauteur de 30 euros par dimanche travaillé, ainsi que la prise en compte de 60% du prix de la carte de transport.

Il reste jusqu’au 23 décembre aux organisations syndicales pour faire connaître leur avis définitif sur le projet d’accord, ces quelques jours seront également utiles pour affiner les discussions. Néanmoins la possibilité de parvenir au consensus semble ténue. En cas d’échec, la loi Macron dispose que les négociations seraient renvoyées au niveau des entreprises.

2016, année de la reprise ?

Les derniers indicateurs publiés par l’Insee en cette fin d’année promettent une croissance retrouvée à hauteur de 0,4% par trimestre d’ici à l’été 2016. Une sorte de remake de tous les rendez-vous manqués de 2015 ou l’annonce d’un réel frémissement économique ?

La reprise n’en fini plus de s’annoncer sans que la France ne parvienne vraiment à se mettre dans son sillage durablement. Pourtant, l’Insee prévoit une croissance du PIB national de 0,4% par trimestre au cours des six premiers mois de l’année, pas de quoi vraiment pavoiser mais nous serions ainsi au même niveau que la zone euro, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle.

Dans ses analyses, l’Insee soutient également que la croissance s’est bien installée « durablement » au cours de l’année 2015 avec un 1,1% de moyenne annuelle, les économistes de l’institut estiment que les attentats du mois de novembre ont « marqué un coup d’arrêt » qu’ils évaluent à 0,1 point de PIB.

Les facteurs de cette croissance molle sont bien assez exogènes à la France, nous profitons de la baisse des cours du pétrole, de la reprise plus dynamique chez nos voisins européens et de la dépréciation de l’euro qui donne un petit coup de fouet à nos exportations. Même si ces dernières ont connu un mois d’octobre catastrophique.

L’Insee plaide également sur le rôle du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). Ainsi, les entreprises retrouveraient à mi-2016 un taux de marge de 31,8%, score jamais atteint depuis la crise de 2008. L’Insee mise également sur une reprise de la consommation des ménages, notamment dans le logement, qui devrait nourrir la reprise de la France.

Sur l’ensemble de l’année 2016, l’Insee entrevoit un taux de croissance de 1% s’installer, nous sommes encore assez éloignés du taux attendu par le gouvernement qui a fait le pari d’atteindre 1,5%. Or, les dérapages des dépenses inscrites dans le budget 2016, dont un grand nombre ne sont pas ou mal financées, les incertitudes liées au terrorisme ainsi que la pré-campagne électorale pourraient venir chambouler ces prévisions un brin théoriques.

Enfin, le taux de chômage ne repassera pas sous la barre des 10% avec un taux de croissance si faiblard. Bref, ces prévisions semblent se nourrir du « cancer français », un manque d’ambition et de volonté de réformes. Une situation qui devient bien coûteuse pour la collectivité et pour chacun de nos concitoyens.

En route pour 2017 ! 

Les élections régionales sont désormais derrière nous, le temps est venu de se lancer dans la bataille des présidentielle et législatives de 2017 qui restent très ouvertes et que les entrepreneurs ont tout intérêt à investir.

Dans quelques semaines la nouvelle loi Macron NOE sera annoncée dans le détail mais elle ne permettra pas de réparer des années d’errements au cours desquelles les entreprises et les entrepreneurs ont été mis à dure épreuve.

Heureusement, les états majors se mettent d’ores et déjà en ordre de bataille afin de préparer les échéances électorales de 2017 qui rebattront nécessairement les cartes même si elles n’aboutissent pas à un changement de majorité.

À partir de maintenant, les entrepreneurs ont tout intérêt à travailler sur leurs propositions et à les rendre publiques afin de participer activement au débat démocratique. Plus leurs idées seront intégrées en amont dans les programmes électoraux, plus elles auront de chance d’être réellement appliquées.

Qu’on ne me dise pas que ce travail est inutile, que les politiques n’écoutent rien etc. Le choc de ces élections régionales laisseront durablement des traces et pourrait également permettre, dans tous les états majors, l’émergence de nouvelles têtes plus modernes et sans doute plus réformatrices que par le passé. Il s’agit donc pour le monde de l’entreprise de se saisir de cette ouverture inespérée pour faire avancer ses idées.

D’un autre côté, les entrepreneurs devraient comprendre que les décisions politiques pourraient encore être pires que ce que nous vivons depuis des années. Certains programmes économiques apparaissent fortement déconnectés de toute réalité voire dangereux pour les affaires.

Il convient donc de se mettre rapidement au travail, les échéances arriveront vite et les états majors ne vont pas attendre les bras croisés.

Les différents courants internes à la majorité de gauche vont s’exprimer et des axes stratégiques pourraient être arrêtés plus vite que prévu afin de mener la bataille sur la durée avec une légitimité retrouvée. L’enjeu pour le président de la République est désormais de réunir la gauche pour espérer être présent au second tour.

Du côté de la droite, on peut imaginer que le calendrier de la primaire puisse être accéléré afin que les dégâts qu’elle ne manquera pas de causer aient un moindre impact sur l’issue du scrutin de 2017. Une étape décisive s’ouvre pour l’opposition qui pourrait aboutir à des règlements de compte sanglants.

Au cours des premières semaines de 2016 commenceront à se dessiner des schémas pour les principaux partis et il sera donc temps de participer à la construction des programmes des uns des autres.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

Les chiffres clés

Bouygues écrit à Manuel Valls, Air France souffre des attentats, le lobby vert fond sur la COP 21, les professionnels de l’immobilier dégainent leur arme fatale, le déficit commercial plonge, internet encaisse des recettes record, les agents des collectivités locales s’absentent, nos chiffres clés de la semaine.

2

Le président de Bouygues vient d’écrire à Manuel Valls afin de lui demander 2,285 milliards d’euros d’indemnité en raison du préjudice subit par l’opérateur télécoms suite à l’arrivée de Free et du manque d’encadrement de l’itinérance d’Orange. La filiale du géant du BTP repose sa demande sur une décision du Conseil d’Etat qui a considéré que l’Arcep, le régulateur des télécoms, avait commis une faute en se déclarant incompétent pour examiner le contrat d’itinérance entre Free et Orange. Dans sa lettre, révélée par Les Echos, Bouygues Telecom note sept préjudices dont le total représenterait donc 2,285 milliards d’euros. Parmi ceux-ci, on notera la perte de chiffre d’affaires et de marge ou le coût des plans sociaux entrainés par ce déséquilibre concurrentiel. Une demande qui pointe la responsabilité des régulateurs dans les paysages qu’ils ont pour mission de contrôler, ils ne sont désormais plus à l’abri de fortes rebuffades des industriels concernés. Les enjeux et la concurrence sont tellement forts que les recours et litiges devraient se développer dans les prochains mois.

50

Pour le seul mois de novembre, Air France, déjà en difficultés, estime à 50 millions d’euros le manque à gagner du aux attentats du 13 novembre. La compagnie déclare avoir enregistré entre le 14 et le 30 novembre une baisse de son taux d’occupation de 0,9 points sur Air France, KLM et Hop!, avec une forte tendance à la baisse sur le trafic en direction ou en provenance de l’Asie qui enregistre un recul de 2,9% sur la période. Néanmoins, il est difficile de prévoir, à ce stade, si cette baisse sera durable ou simplement en réaction aux attentats.

4,6

Le déficit commercial de la France enregistre un net recul en octobre et atteint 4,6 milliards d’euros contre 3,6 en septembre. Cette tendance est très préoccupante car la France espérait une amélioration de son commerce extérieur, ce qui semble désormais relever de la chimère. Les exportations marquent le pas et les bons résultats de l’aéronautique sont très affaiblis par les contre-performances de l’agriculture, l’automobile ou encore les métaux. Parallèlement, nos importations augmentent de 2,3% en octobre après deux mois de repli. Cette reprise des importations traduit un sursaut de la consommation, ce qui est plutôt un signe encourageant mais avec peu d’offres françaises proposées en réponse aux demandes des consommateurs.

19

Selon le baromètre Sofaxis, le taux d’absence des agents des collectivités locales a progressé de 19% entre 2007 et 2014. Un constat qui pèse lourd dans le budget des collectivités. En effet, les collectivités doivent se passer de la présence de 9% de leurs agents sur un an. L’agence de notation Moody’s vient de placer les collectivités locales françaises sous perspectives négatives.

10.000

La COP 21 n’a pas mobilisé que les Etats, les organisations non gouvernementales (ONG) étaient également très présentes dans les travées du Bourget pour veiller au déroulement des débats et faire en sorte que les négociateurs des différents pays soient à la hauteur des enjeux. Ce lobbying environnemental a mobilisé 10.000 observateurs d’ONG diverses qui avaient pour mission de peser sur les débats autant que possible. Pour cela, ils ont mis en oeuvre différents outils dont le prix « Fossile » qui saluait chaque soir le ou les pays qui avaient joué le rôle le plus nocif dans les débats au cours de la journée.

22

Selon la Fondation Nicolas Hulot, les gaz à effet de serre devrait augmenter de 22% d’ici à 2030, même si les engagements pris lors de la COP 21 sont respectés. En effet, les développements de l’Inde et de la Chine ne seront pas stoppés par la réunion COP 21, et les effets des rejets liés à la croissance économique et démographique de ces deux poids lourds se feront de toute façon sentir. Les rejets cumulés des deux géants asiatiques représenteront 40% du total mondial et réduiront à néant les efforts des autres nations.

36,6

Selon ZenithOptimedia, les dépenses publicitaires mondiales effectuées sur internet devraient dépasser celles de la télévision en 2018. Un tournant. C’est le mobile qui serait le principal moteur et bénéficiaire de cette évolution historique. Il pèserait alors plus de 50% des investissements publicitaires réalisés sur internet. ZenithOptimedia prévoit que la télévision passerait alors de 37,7% des investissements publicitaires mondiaux à 34,8%, la presse de 19,3% à 15,4% et la radio de 6,5 à 5,9%. En France, une baisse des investissements publicitaires dans les médias est prévue en 2015 pour s’établir autour de -0,3%, elle devrait être suivie d’une légère reprise en 2016 à +0,6% mais les médias devront faire face à une nouvelle baisse en 2017 de l’ordre de -0,2% à cause de la présidentielle.

1.000.000

Les professionnels de l’immobilier viennent de dégainer leur réponse aux spécialistes de la défiscalisations et autres Se Loger ou Le Bon Coin : leur arme fatale s’appelle Bien’ici. En tapant bienici.com leurs clients auront accès dès 2016 à 1 million d’annonces immobilières (300.000 au démarrage) avec une palette de services tels que la visite en 3D des logements neufs non construits, une carte du quartier d’implantation des biens… Ce site a nécessité un an de travail et de concertations pour que les professionnels par ailleurs concurrents trouvent un accord sur un objectif commun.

5.000

Bercy a publié en août un décret qui permet au fisc de demander aux plate-formes internet d’établir la liste des contribuables qui ont réalisé plus de 2000 euros ou 5000 euros de transactions financières en passant par leur intermédiaire. L’idée est de permettre au fisc de pouvoir comparer ces listes avec les déclarations des contribuables, gare à ceux qui auront omis de déclarer ces revenus. En effet, il existe un dispositif fiscal pour les revenus tirés de ces plate-formes mais les contribuables les ignorent et omettent de déclarer la recette de la location de leur appartement via Airbnb par exemple. Le député Pascal Terrasse doit remettre un rapport parlementaire d’ici la fin de l’année afin de faire des propositions pour q’un cadre fiscal plus clair puisse être éventuellement posé.

25

Si les ventes de Volkswagen ne semblent pas souffrir en Europe d’après les derniers chiffres communiqués par le constructeur, cela n’est pas le cas aux Etats-Unis où les ventes se sont effondrées de 25% en novembre. Cette baisse est enregistrée au moment où le marché automobile américain est en plein boom avec des ventes records depuis 2001. En France, le constructeur a lancé lundi 7 décembre une campagne en direction de sa clientèle afin de présenter ses excuses suite au scandale du trucage de ses moteurs et annoncer des changements.

Radio France : carton rouge des sénateurs

Les sénateurs devaient se prononcer la semaine dernière sur le COM de Radio France, c’est à dire son budget et son projet pour les prochaines années, ils ont fait le choix d’adresser à la Maison Ronde un sévère carton rouge.

Les sénateurs ont donc adressé un non ferme au contrat d’objectifs et de moyens (COM) de Radio France. Il souhaitent par ce vote négatif alerter sur le manque de vision du COM et son absence d’axe réformateur dans un contexte budgétaire fortement dégradé qui devrait imposer de revoir l’organisation du groupe.

Si ce non est adressé bien entendu au président de Radio France, Mathieu Gallet, il sonne également, en creux, comme une critique du CSA, l’autorité de régulation qui a désigné le jeune PDG il y a un an et la ministre Fleur Pellerin qui ne l’a pas beaucoup aidé lors de la crise historique du service public de la radio, au printemps dernier.

Finalement, l’élan réformateur de Mathieu Gallet, même s’il était loin d’être parfait, a été stoppé net par l’attitude peu claire de Fleur Pellerin pendant la crise. La ministre de la Culture et de la Communication n’a cessé de jouer avec le feu et n’a pas hésité à mettre en porte à faux le PDG du service public de la radio alors qu’il avait déjà à gérer la plus longue grève de l’histoire de la radio publique. Quelques mois après, le bilan est déplorable. Le COM, négocié pendant 18 mois, accouche d’une souris et le management semble condamné à gérer les affaires  courantes sans possibilité d’imprimer sa marque et de pouvoir donner à Radio France les moyens d’affronter sereinement l’avenir.

La tutelle de l’Etat ne joue pas son rôle, elle ne fixe aucun cadre, ne donne pas les moyens et encore moins les soutiens pour que les dirigeants de la Maison Ronde puissent engager une quelconque réforme. Quant au CSA, il aura été le grand absent de la crise, juste capable de soutenir du bout des lèvres et en coulisses celui qu’il avait nommé avec grandiloquence un an plus tôt.

Or, le régulateur a sans doute raté un rendez-vous important. La loi lui a conféré de nouveaux pouvoirs en lui permettant de nommer directement les dirigeants de l’audiovisuel public, et  jusqu’à présent ses décisions ont été entachées de rumeurs, de suspicions et de doute.

C’est sur cette situation que les sénateurs ont voulu alerter les uns et les autres, alors que l’Assemblée Nationale a quant à elle adopté le COM même si la rapporteure, Martine Martinel, n’a pas manqué de souligner son caractère un peu « chantier ».

Le Sénat marque sa différence d’approche et attire surtout l’attention sur le fait que des réformes, qui ne devraient épargner aucune institution, seront vraisemblablement engagées en cas d’alternance en 2017. Les PDG des entreprises publiques de l’audiovisuel devront en tenir compte. Et se tenir prêts à de sérieuses remises en question.