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 Les syndicats ne sont pas en forme 

Le baromètre 2015 TNS Sofres sur l’image des syndicats pour l’association Dialogues révèle une défiance croissante des salariés et des Français. 

Le syndicalisme apparait en panne, il souffre, comme le politique, d’une réelle désaffection des  salariés qui ne cesse de se confirmer au fil des enquêtes voire de s’amplifier. 51% des salariés et 43% des Français répondent positivement à la question « pour la défense de vos intérêts, faites-vous confiance aux syndicats ? ». Depuis 2008, les réponses positives auprès des salariés et des Français ont perdu 7 points.

La ribambelle de reproches montre le fossé qui s’est creusé entre les syndicats et ceux qu’ils sont censés représenter et défendre : 79% des Français estiment que les syndicats sont « trop politisés », 69% qu’ils ont une « approche trop idéologique », ou qu’ils « sont mal adaptés au monde » 58% jugent qu’ils « comprennent mal les réalités économiques » et les « vrais besoins des salariés ».

75% des salariés sont favorables à des « concessions acceptées par des syndicats représentant au moins la moitié des salariés de l’entreprise » et ils sont 81% à juger « qu’un dialogue social efficace » favorise la compétitivité des entreprises. 95% des Français souhaitent également que « les dirigeants et les actionnaires diminuent leur rétribution ».

La ministre du travail a commenté les résultats de l’étude en estimant « qu’il faut passer d’une culture de l’affrontement à une culture du compromis ». À observer les récents votes autour de l’application de la loi Macron dans le travail dominical on peut estimer qu’il y a encore un long chemin.

Les chiffres clés de la semaine

25

Seul un Français sur quatre juge le code du travail « très bien comme il est », selon les résultats de l’Écoscope, baromètre économique mensuel réalisé par OpinionWay pour Le Figaro et BFM Business. 85% d’entre eux le trouvent « trop complexe », 76% « illisible » et 63% qu’il représente « un frein à l’emploi ». Voilà un jugement sévère qui laisse entrevoir une véritable adhésion à une réforme d’un code du travail devenu pesant pour les salariés et les entreprises. Plus de 80% d’entre eux sont favorables aux référendums d’entreprise pour débloquer une négociation enlisée. Deux Français sur trois veulent laisser les entreprises fixer par accord le nombre d’heures supplémentaires au delà duquel elles sont payées. 63% sont d’accord pour un contrat de travail plus souple dans lequel les conditions de la rupture seraient pré-définies.

130

Les éleveurs et les accouveurs de canetons vont recevoir une aide publique de 130 millions d’euros suite à la décision de l’Etat de stopper pendant plusieurs mois la production de canards de foie gras en raison des risques sanitaires liés à la grippe aviaire. Cette décision concerne 4000 éleveurs qui devraient être ainsi « intégralement » indemnisés selon le ministre de l’Agriculture. Les fabricants d’aliments, les abatteurs et les transporteurs bénéficieront de mesures spécifiques telles que des reports ou exonérations de charges dont les demandes seront étudiées au cas par cas. Enfin, s’agissant des mesures de précaution à mettre en place à la suite de cette crise, ce sont 220 millions d’euros sur cinq ans qui seront débloqués par le gouvernement pour accompagner la modernisation des élevages du Sud Ouest.

125

Les manifestations des éleveurs se multiplient à travers la France et traduisent le réel désarroi d’une profession qui a besoin d’un accompagnement en profondeur. Le gouvernement avait mis en place un plan de 700 millions d’euros à l’été 2015 qui vient d’être complété par une rallonge de 125 millions. Hélas, le périmètre des éleveurs en situation de grande détresse financière avait été assez largement sous estimé, ils seraient 35.000 au lieu des 17.000 identifiés. Cette crise est mondiale, les producteurs de lait sont touchés de plein fouet par la sur-production en raison notamment de la baisse des exportations, quant aux éleveurs de bovins, ils pâtissent de la baisse de consommation de viande rouge.

24

Il aura fallu plus de deux ans à Arnaud Leroy, pour transformer son rapport de 2013 sur « la compétitivité des entreprises de transport et de services maritimes » en proposition de loi sur la « croissance bleue » qui sera examinée au Parlement à partir du début de mois de février. Le député (PS) estime que son texte pourrait être adopté avant la fin de l’année. Cette proposition de loi balaie un large pan des sujets liés au maritime, l’armement des bateaux, la plaisance, l’aquaculture ou encore l’aménagement des ports. Le texte propose des avancées attendues par la profession comme l’autorisation des jeux d’argent à bord des bateaux ou la simplifications des procédures.

15

La France est souvent citée comme une destination prisée par les touristes du monde entier  et elle s’affirme bien comme la première destination touristique mondiale avec 83,7 millions de touristes accueillis en 2014. L’Alliance 46.2, association qui regroupe vingt entreprises françaises dont Pierre & Vacances, Accord Hôtels ou le Club Med vient de publier un « Livre Blanc pour le tourisme en France » dans lequel elle ouvre quelques pistes de travail pour redynamiser le secteur qui perd des parts de marché depuis plusieurs années. L’objectif est de capter l’attention des 15% de touristes étrangers qui ne font que traverser la France sans s’y arrêter. L’enjeu est de taille puisque le secteur représente 7,4% du PIB national. La priorité selon 46.2 est de rassurer les étrangers sur la sécurité en France après les attentats, elle pointe également l’ouverture des magasins le dimanche dont l’application traine en raison des freins posés par certains syndicats.  Gérard Brémond, patron de Pierre & Vacances Center Parcs et de l’Alliance 46.2 cible également les nécessaires incitations fiscales en direction des investisseurs pour améliorer les infrastructures d’accueil dont beaucoup sont jugées obsolètes. L’Espagne aurait créé 100.000 chambres d’hôtels au cours des dix dernières années quand l’offre de la France stagnait. Résultat : l’Espagne gagne des parts de marché.

70.000

La contre-attaque de Uber face aux taxis ne s’est pas faite attendre. Le géant américain a lancé une vaste campagne de sensibilisation auprès de ses clients français en leur adressant un message  personnalisé la veille des manifestations. Uber a fédéré dans sa démarche d’autres sociétés de VTC comme Allocab, Cinqs ou Chauffeur Privé, les opérateurs VTC demandent à leurs clients de signer une pétition  pour dire « non à la fin des applis » qui sera envoyée sous forme de lettre directement au Président de la République et au Premier ministre. Parallèlement, Uber investit dans des annonces presse avec la signature « 70.000 entrepreneurs ». Il met l’accent sur le fait que « plus de 25% des chauffeurs qui se connectent aujourd’hui sur Uber étaient au chômage avant de rejoindre la plateforme » et affirme « qu’ils pourraient être demain 70.000 » en citant le rapport Thévenoud publié en avril 2014. Ce faisant, Uber replace la plateforme sur le double-terrain du service aux clients et de l’entrepreneuriat. Il joue sur la corde sensible à un moment où le chômage bat des records en France et que la croissance semble introuvable.

358.000

Le ministère du Travail a publié le chiffre officiel des ruptures conventionnelles pour l’année 2015. Plus de 358.000 personnes ont eu recours à ce dispositif qui connait un très grand succès notamment dans les petites entreprises et progresse de 7,4% en un an. La rupture conventionnelle permet d’éviter d’avoir recours au licenciement et de « plomber » un cv. Elle constitue un outil idéal pour trouver un accord entre les parties hors de toute démarche conflictuelle et d’éviter ainsi de longues procédures aux Prud’hommes.

25

Décidément la présidentielle de 2017 devrait être l’occasion d’engager des réformes d’importance pour le monde économique. Chacun y va de ses propositions et cette fois ce sont les sénateurs Les Républicains qui publient une plateforme de 25 propositions pour « relancer l’économie française ». Bruno Retailleau, le patron de la majorité sénatoriale souhaite transformer ces 25 propositions en proposition de loi dès le printemps prochain. Au programme : la simplification de la vie des entreprises, l’allègement de la fiscalité pesant sur les entreprises et les investisseurs, la révision du système d’apprentissage et de formation professionnelle ainsi que le soutien à l’innovation. Les sénateurs se sont inspirés des modèles canadien, allemand ou encore suédois pour établir ces propositions de réforme. Ils proposent notamment une refonte du code du travail, une diminution des charges sociales, la suppression de l’Impôt Sur la Fortune, ramener l’impôt sur les sociétés à 25% et faciliter la transmission et le développement des entreprises familiales.

120.000

En cette période pré-électorale, le livre politique est à la mode, au moins chez les candidats potentiels à la présidentielle de 2017. Si l’ouvrage de Nicolas Sarkozy, « La France pour la vie » bénéficie d’un tirage magistral de 120.000 exemplaires, d’autres ont beaucoup moins de succès que l’ancien Président de la République. Avant lui François Fillon avait frappé fort avec son ouvrage « Faire » dont les 87.000 ventes ont surpris beaucoup d’observateurs, tant elles paraissaient en décalage avec la performance de l’ancien premier ministre dans les intentions de vote pour la primaire de la droite et du centre.  Jean-François Copé, quelques jours avant Nicolas Sarkozy, a également initié son grand retour au premier plan avec un livre dont le tirage dépasse déjà les 8000 exemplaires.

80

La 27ème édition du baromètre sur le financement et l’accès au crédit des PME, KPMG et CGPME, réalisé par l’IFOP, met en exergue les 80% de chefs d’entreprise qui se déclarent inquiets, un chiffre qui enregistre certes un léger recul mais qui reste élevé. La baisse du chiffre d’affaires et les hausses des coûts des fournisseurs sont les deux principales difficultés rencontrées par les chefs d’entreprise depuis 2009. Seuls 12 à 13% des dirigeants déclarent ne rencontrer aucune difficulté spécifique.  70% des chefs d’entreprise disent faire l’objet d’au moins  une mesure de durcissement d’accès au crédit de la part de leur banque. Un chiffre important qui montre à quel point les dirigeants sont confrontés à un manque d’accès au crédit qui engendre également une auto-censure de leur part puisque 28% d’entre eux déclarent se limiter dans leurs demandes auprès de leur banque.

Le Medef invite les entreprises à changer

Le Medef vient de présenter son diagnostic de l’état de la France « Cartes sur table 2016» dans lequel  il dénonce le poids de la dette et du chômage et la dégradation de la compétitivité tout en donnant aux entreprises des pistes pour évoluer dans l’environnement économique d’aujourd’hui.

Sans surprise, le Medef pointe les faiblesses de l’Etat dans son « Cartes sur table 2016 », une croissance atone, un marché du travail trop rigide, un environnement réglementaire et fiscal bloquant, autant de constats bien connus de la part de l’organisation patronale.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef : « La photographie de notre pays que donne Cartes sur table, c’est celle d’un pays plein d’énergies qui ne demandent qu’à être libérées. C’est pourquoi cet outil d’analyse est aussi un appel à l’action qui s’adresse à tous : Etat, collectivités, mais aussi entreprises, qui ont un rôle à jouer pour retrouver une meilleure compétitivité hors-coût. »

Plus inattendu, le Medef souligne que les entreprises, notamment les plus petites, devraient s’emparer de façon plus volontariste des outils numériques et se donner les moyens d’aller chercher la croissance à l’international, d’innover, de monter en gamme ou d’investir dans des filières d’avenir comme la santé ou le tourisme.

L’organisation patronale invite ainsi les entrepreneurs à un changement de culture et de comportement  à l’égard de la prise de risque dans l’international et les produits innovants.

Cette nouvelle posture du Medef ne lui fait pas oublier de revendiquer des réformes structurelles afin de « faire de l’entrepreneuriat un enjeu pour l’emploi »et de plaider pour « une amélioration des dispositifs de financement, une baisse des charges, un assouplissement du code du travail, un lissage des effets de seuil, une stabilisation de l’environnement règlementaire ainsi qu’un allègement de la fiscalité du capital ».

« Cartes sur table le montre bien : tout n’a pas encore été fait pour remettre la France à la place qu’elle devrait occuper dans la compétition mondiale et lutter contre le chômage et l’exclusion, loin s’en faut. Sur la base de ce travail objectif, le Medef appelle les pouvoirs publics à accélérer sans tarder sur les réformes indispensables. Le constat est posé, les leviers sont identifiés ; ne perdons plus de temps. », insiste Pierre Gattaz, président du Medef.

 

L’insultant Monsieur Macron 

Au gouvernement, Emmanuel Macron est devenu le centre des débats avec une accélération depuis janvier. Le jeune Ministre, à qui tout semble réussir, s’est imposé en à peine plus d’un an comme le symbole d’une gauche condamnée à évoluer et casser ses tabous. Le chemin est encore long… 

Emmanuel Macron est devenu maître dans l’art de distiller phrases et postures qui ont le don de choquer la majorité. Mercredi 20 janvier, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV il lâche une petite phrase en apparence pleine de bon sens : « Il ne faut pas oublier que la vie des  entrepreneurs est bien souvent plus dure que celle d’un salarié ». Il n’en fallait pas plus pour que les députés des différentes composantes de la majorité présidentielle se répandent dans les médias pour dénoncer ces propos infamants et recadrer le jeune Ministre dont le nouveau dérapage frise une fois de plus, à leurs yeux, la provocation sinon l’insulte.

On notera que les parlementaires et personnalités de gauche qui se sont exprimées avec véhémence et ont animé la fin de la semaine ont remplacé, dans leurs interventions courroucées, le terme « entrepreneurs » par « patrons », sans doute plus en phase avec le verbatim idéologique qui sied à une bonne pensée économique. Surtout, on ne comprend pas bien ce qu’il y a de tellement choquant dans la phrase pour le moins anodine et de simple bon sens du Ministre, même s’il n’est pas très adroit de comparer ainsi entrepreneurs et salariés et de prendre le risque de les opposer.

En fait, il incarne une nouvelle pensée de gauche, plus proche du monde économique et ouverte à l’entreprise qui hérisse les « ultras » de la majorité, enferrés dans un carcan idéologique dont ils ne parviennent pas à se défaire. La réaction suscitée par cette phrase est bien symbolique de la place et de l’image de l’entreprise dans le débat politique : caricaturale. L’entreprise c’est le patron richissime, dont la fortune ne repose que sur une exploitation sans limite de salariés pieds et poings liés, dont la vie est aux mains de ce capitaliste sans vergogne.

Le même jour, l’attitude de trois syndicats dans le dossier de l’ouverture du dimanche dans les magasins FNAC n’a pas générée tant de réactions ni de droite, ni de gauche. Leur position irresponsable de bloquer l’ouverture des magasins quand la direction propose jusqu’à 300% d’augmentation de salaire pour certains dimanches travaillés laisse les politiques de marbre.

Cette journée du mercredi 20 janvier représente bien, me semble-t-il, l’atmosphère de suspicion permanente qui pèse encore sur le monde de l’entreprise. Les politiques rechignent à défendre un monde économique qu’ils connaissent mal et dont ils estiment qu’il y a un risque à le défendre de façon trop marquée publiquement.

Cette situation est également due au comportement encore trop souvent adopté à l’égard du monde politique par les entrepreneurs. Ces derniers pensent, à tort, que les élus ne servent pas à grand chose, qu’ils ne comprennent rien et ne travaillent pas, donc pourquoi perdre son temps ?

Ils rejoignent ainsi d’une certaine façon la très grande majorité des Français qui ne parvient plus à avoir confiance dans le politique, comme le révèlent les résultats de la vague 7 de l’enquête nationale annuelle du CEVIPOF.

Or, le politique est au centre de notre système démocratique, il est le seul à pouvoir engager les réformes dont les entrepreneurs ont besoin pour remettre notre pays sur les rails de la croissance. Les entrepreneurs ne peuvent donc les ignorer, ils doivent travailler au contraire à les convaincre ou, comme les initiateurs de La Transition, s’impliquer eux-mêmes pour changer les choses.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Lobbying : les apiculteurs piquent les sénateurs

Le lobbying peut prendre différentes formes et, parfois, avec peu de moyens et de l’humour il est possible de frapper fort. C’est le cas des apiculteurs qui se sont déguisés en hommes politiques pour mieux interpeller leurs sénateurs en Haute-Garonne.

Depuis plusieurs années les apiculteurs luttent contre les pesticides qui font des dégâts considérables dans les colonies d’abeilles. Ils souhaitaient que les sénateurs adoptent un amendement contre les néonicotinoïdes dans le cadre des débats sur la loi Biodiversité.

Conscients de leurs difficultés à se faire entendre et néanmoins déterminés à mobiliser leurs élus dans leur combat anti pesticides, ils se sont alliés avec des militants anti-OGM et ont organisé un véritable happening au marché de Tournefeuille. Les équipes de France 3 ont ainsi captées des images pleines d’humour d’apiculteurs déguisés en (vieux) sénateurs avec barbe et sans cheveux réunis à la buvette du Luxe-en-Bourg.

Cette opération de lobbying de terrain originale est à voir en images en cliquant ici.