L’actu

Auteur/autrice : Mathieu Quétel

Lobbying : Ne vous fiez pas à vos seules idées

En lobbying, la première règle est, bien entendu, de ne pas défendre vos seuls idéaux personnels. En effet vous agissez pour votre entreprise ou votre Fédération professionnelle avec pour seul objectif de faire prospérer vos propositions. Adressez-vous donc à tous les partis politiques, notamment ceux qui sont susceptibles de gouverner et leurs alliés proches.

Les programmes gouvernementaux se construisent, parfois, sur la base de consensus entre des projets qui peuvent être différents au départ. Il convient donc de cibler l’ensemble de l’échiquier politique et de prendre en considération les différents courants au sein des partis.

La cartographie politique est complexe, il n’existe pas une droite et une gauche uniformes, les majorités des uns et des autres se construisent par le biais de négociations et d’arbitrages de dernière minute. Vous devez en tenir compte dans l’élaboration de vos argumentaires et, plus généralement, dans votre approche globale.

Bâtir votre démarche sur vos propres convictions ou vos ressentis constituerait une erreur qui pourrait réduire à néant votre travail. Au contraire, vous devez être « agnostique », votre approche des différents candidats doit s’effectuer avec conviction et avec la volonté sincère de partager votre quotidien et les besoins de votre entreprise ou de votre secteur d’activité.

Il existe de nombreux élus de gauche qui ont une compréhension forte de l’entreprise et qui souhaitent l’accompagner, alors qu’au contraire, certains élus de droite n’y comprennent rien et n’utilisent le monde économique que comme faire-valoir électoral, quand ils ne le réduisent pas aux seuls multinationales, les PME et les TPE ne présentant aucun intérêt à leurs yeux.

Pour résumer, la droite n’est pas nécessairement l’amie des entreprises et la gauche n’a pas une aversion systématique pour les entrepreneurs !

L’entreprise est incontournable, elle fait partie du quotidien des Français, elle est créatrice de richesse, de travail, elle porte l’avenir du pays par ses découvertes, ses innovations, mais elle reste mal traitée par le politique.

Les entrepreneurs ont une part de responsabilité dans cette situation, certains sont tellement convaincus que les politiques n’y comprennent rien et ne servent à rien, qu’ils ont fait le choix de ne plus communiquer avec eux.

Il existe également une forme de défiance à l’égard des grands syndicats patronaux qui sont en contact direct avec le politique et semblent un peu déconnectés de la réalité de leurs mandants. Ils paraissent insuffisamment exigeants vis à vis des élus et leur base le leur reproche de plus en plus.

Le moment particulier de la préparation de la campagne de la présidentielle doit mettre de côté les reproches accumulés, les « à priori », ainsi que la méfiance que l’on peut ressentir à l’égard du politique. Il faut le considérer au contraire comme un allié qui a besoin d’informations, d’arguments pour porter des idées.

C’est un travail indispensable à opérer sur soi-même avant de se lancer dans une démarche de propositions. Acceptez de faire une « remise à zéro » de votre colère et de votre ressenti à l’égard de cette « classe politique qui ne comprend rien à rien », de même, mettez vos convictions politiques de côté, vous défendez l’entreprise, sa place dans un programme électoral qui doit être réformateur, enfin !

Mathieu Quétel

président de Sountsou et auteur des Cahiers Experts.

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Régionales : où sont les entrepreneurs ?

Une étude du Cevipof sur le profil des candidats aux élections régionales met en lumière le manque de présence  du monde de l’entreprise sur les listes.

L’étude portant sur les candidats de 2015 note que « les groupes dirigeants de la vie économique locale sont rares en moyenne. Les représentants du patronat et du monde industriel comptent pour 3,6%, les professions libérales pour 7,3% (dont 1% d’avocats et 1% de médecins, ce qui semble évoquer un certain déclin des élites notabiliaires locales traditionnelles), les artisans et commerçants pour 4,6%. Les agriculteurs exploitants constituent 2,4% des candidats. » En revanche, le tiers des candidats est issu du secteur public, un chiffre en recul puisqu’ils représentaient 57% des candidats en 2010.

La réforme territoriale donne plus de pouvoir économique aux nouvelles grandes régions, on pouvait donc espérer une plus grande représentativité des chefs d’entreprise à l’issue des élections des 6 et 13 décembre prochains. En fait, rien n’est moins sûr. Si Virginie Calmels, signe son engagement au côté d’Alain Juppé en prenant la tête de liste en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, elle reste une exception.

Deux raisons principales à cette situation : le scrutin de liste favorise les choix d’appareils et les chefs d’entreprise ne sont certainement pas des professionnels de la politique, la seconde raison tient également au manque d’appétence des entrepreneurs pour l’engagement politique.

 

Lobbying, les Français s’investissent 

Nous vivons un bien étrange moment démocratique. Les Français semblent fortement déçus par leurs élus, n’apparaissent pas vraiment motivés par un déplacement vers les bureaux de vote pour les élections régionales des 6 et 13 décembre et, en même temps, ils ont envie de prendre la parole.

L’initiative de la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire d’associer les citoyens à la rédaction de son projet de loi pour une République numérique connait un réel succès puisque plus de 20.000 personnes ont pris part à la consultation lancée sur internet. D’ailleurs, la version finale du projet qui sera présentée aux parlementaires dans le courant du mois de décembre intègre des propositions citoyennes voire de lobbies délivrées en transparence. Une nouveauté.

La démarche des associés de l’agence de publicité Fred & Farid avec leur application GOV lancée dans le cadre de la COP 21 envisage de répondre à la même attente des Français de participer au débat public et d’exprimer plus directement leurs opinions (voir notre article consacré à ce sujet cette semaine).

Il semblerait que la désaffection vis à vis des élus « traditionnels » s’accompagne d’une réelle volonté de prendre part aux décisions, de partager plus directement les opinions en utilisant massivement le numérique. Sommes-nous face à une « ubérisation » de  la démocratie ?

La révolution numérique est entrée dans notre quotidien presque par effraction, elle s’est imposée en créant de nouveaux besoins, en répondant également à une volonté de relations plus simples et directes, une forme de coupure avec des intermédiaires, finalement jugés un peu inutiles. Ce n’est certainement pas le cas de nos élus, éléments indispensables au bon fonctionnement de notre démocratie, mais ils devront également s’adapter.

Très conscients qu’ils peuvent peser sur les décisions, les Français ont tendance à devenir des acteurs directs de la démocratie, au moins lorsqu’ils en ont la possibilité. Le numérique va leur donner cette liberté avec de plus en plus de facilité et il est très probable que cela change assez profondément la physionomie de nos hémicycles.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Loi numérique : lobbying citoyen

La volonté de la secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire, a été respectée, les citoyens ont pu activement participer à l’élaboration de son projet de loi pour une République numérique. 8500 contributions ont été apportées et au final ce sont dix articles qui ont été ajoutés au projet initial.

20.000 personnes ont donc pris part à la participation en ligne proposée par Axelle Lemaire afin de collaborer à la rédaction du texte final de ce projet de loi à l’élaboration innovante et originale. Sept articles nouveaux sont directement issus de cette consultation, trois autres ont été assez largement modifiés après les remarques des internautes.

L’utilisation des algorithmes sera désormais notifiée lors de l’utilisation des services internet gouvernementaux. Ce sera notamment le cas pour les inscriptions universitaires, les lycéens n’obtenant que trop rarement satisfaction sur leurs choix initiaux sans obtenir d’explication quant au processus de décision, qui repose en fait sur l’utilisation d’algorithmes.

Autre dispositif inclus dans la loi : la facilitation de la publication de leurs données par les administrations, les services publics industriels et commerciaux ainsi que les établissements publics à caractères industriels et commerciaux. S’ils ne respectent pas cette nouvelle obligation de publication, ils pourront être placés sur une liste noire publique.

La gestion numérique du décès est également prise en compte. Il sera désormais possible de désigner un tiers de confiance par le biais d’un notaire qui aura accès aux données numériques de la personne décédée et pourra les gérer.

Le projet de loi pour une République numérique devrait être débattu au parlement à partir du mois de décembre. D’autres mesures seront incluses dans le projet de loi Macron 2, elles concerneront plus directement le monde de l’entreprise.

Lobbies vert et automobile, ensemble

Le rapprochement est suffisamment inédit et original pour être souligné. Le groupe PSA et  l’ONG Transport & Environnement engagent une collaboration pour la mesure des émissions de CO2 des véhicules du constructeur.

Le scandale Volkswagen a jeté le doute sur l’ensemble des constructeurs et les révélations qui ne cessent d’être portées à la connaissance du public depuis plusieurs semaines ne sont pas de nature à rassurer les consommateurs. Le premier à pâtir de cette ambiance est bien entendu le diesel, montré du doigt par les politiques qui, hier encore incitaient les Français, y compris par des accompagnements fiscaux, à s’équiper massivement avec des véhicules roulant au gasoil. Or, les constructeurs tricolores sont très axés sur les véhicules diesel qui représentent aujourd’hui l’essentiel de leurs ventes, il s’agit donc pour eux de réagir à un risque de désaffection.

PSA a décidé de faire face en s’associant avec Transport & Environnement, un lobby vert bien connu des couloirs bruxellois et respecté. Dès le début de l’année 2016, les véhicules Peugeot, Citroën et DS seront contrôlés pour leurs émissions de CO2, en conditions réelles. Les routières intègreront plus de kilomètres sur autoroute par exemple. À partir de 2017, les mesures seront élargies aux oxydes d’azote.

L’association Transport & Environnement remporte une belle victoire avec cet accord puisqu’elle milite de longue date pour dénoncer les écarts entre les mesures de laboratoires sur lesquelles sont assises les normes et les mesures réelles qui présentent toujours, selon elle, de grandes divergences. Quant à PSA, le constructeur montre sa volonté de transparence à l’égard des consommateurs mais également des pouvoirs publics, ce qui devrait favoriser l’évolution en douceur des normes.