L’actu

Lobbying, les Français s’investissent 

Nous vivons un bien étrange moment démocratique. Les Français semblent fortement déçus par leurs élus, n’apparaissent pas vraiment motivés par un déplacement vers les bureaux de vote pour les élections régionales des 6 et 13 décembre et, en même temps, ils ont envie de prendre la parole.

L’initiative de la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire d’associer les citoyens à la rédaction de son projet de loi pour une République numérique connait un réel succès puisque plus de 20.000 personnes ont pris part à la consultation lancée sur internet. D’ailleurs, la version finale du projet qui sera présentée aux parlementaires dans le courant du mois de décembre intègre des propositions citoyennes voire de lobbies délivrées en transparence. Une nouveauté.

La démarche des associés de l’agence de publicité Fred & Farid avec leur application GOV lancée dans le cadre de la COP 21 envisage de répondre à la même attente des Français de participer au débat public et d’exprimer plus directement leurs opinions (voir notre article consacré à ce sujet cette semaine).

Il semblerait que la désaffection vis à vis des élus « traditionnels » s’accompagne d’une réelle volonté de prendre part aux décisions, de partager plus directement les opinions en utilisant massivement le numérique. Sommes-nous face à une « ubérisation » de  la démocratie ?

La révolution numérique est entrée dans notre quotidien presque par effraction, elle s’est imposée en créant de nouveaux besoins, en répondant également à une volonté de relations plus simples et directes, une forme de coupure avec des intermédiaires, finalement jugés un peu inutiles. Ce n’est certainement pas le cas de nos élus, éléments indispensables au bon fonctionnement de notre démocratie, mais ils devront également s’adapter.

Très conscients qu’ils peuvent peser sur les décisions, les Français ont tendance à devenir des acteurs directs de la démocratie, au moins lorsqu’ils en ont la possibilité. Le numérique va leur donner cette liberté avec de plus en plus de facilité et il est très probable que cela change assez profondément la physionomie de nos hémicycles.

Mathieu Quétel, président de Sountsou