L’actu

Mois : juin 2015

Rétablissons le dialogue entre politiques et entrepreneurs

Les récentes péripéties de la loi Macron ont montré, une fois de plus, à quel point le monde de l’entreprise reste à la fois incompris et clivant pour certains élus.

La loi Macron a créé une véritable crise au sein de la majorité au prétexte qu’elle envisage l’entreprise avec une vision plus positive et permet un desserrement de contraintes qui apparaissent aussi dépassées que dangereuses. Les frondeurs et le Front de gauche ont trouvé dans les 200 articles de ce projet de loi, malgré les 400 heures de débats, matière à polémique et surtout à blocage.

Globalement, l’entreprise reste incomprise de certains élus. Pire, elle est utilisée comme marqueur de la « vraie » gauche même si ce calcul politicien doit aboutir à de la casse économique. Qu’une forme de paupérisation ronge les artisans et les petits-commerçants n’est absolument pas intéressant aux yeux de ces élus qui sont porteurs d’une idéologie « pure » et qui se posent en garants du respect d’engagements électoraux déjà périmés au moment où ils étaient exprimés…

La droite n’a pas été très brillante lors des débats. Le député (LR) Frédéric Lefebvre a raison lorsqu’il dénonce « les postures » de droite et de gauche. La crainte de voter une loi portée par le gouvernement a été plus forte que la logique de soutenir des réformes, même limitées, qui vont dans le bon sens. Une situation ubuesque qui confirme la stratégie actuelle des Républicains (mais également de l’UDI) de s’adresser en priorité aux militants du parti plutôt qu’aux Français. Une stratégie dictée par un logiciel politique des années 80 (1980 pas 2080…) et qui aurait besoin d’une profonde mise à jour.

Le gouvernement s’est également montré défaillant en transformant la loi Macron en loi « fourre-tout » qui mélange les réformes et concerne trop de secteurs à la fois. La loi a perdu en visibilité et en clarté, les entreprises vont devoir désormais détecter les différentes modalités qui les concernent, un casse-tête de plus.

Nous pointions la semaine dernière les prises de positions provocatrices et un brin irresponsables de Ségolène Royal contre des entreprises, cette posture est finalement partagée par trop de  responsables politiques de premier plan, alors que les parlementaires et les élus locaux souhaitent défendre les acteurs économiques mais n’ont que peu accès aux médias. Toutefois, si l’entreprise et les entrepreneurs restent incompris des dirigeants politiques, ils en sont souvent responsables, car nombreux sont ceux qui refusent d’adopter une démarche volontariste en direction des élus. C’est un tort.

Les opérations médiatiques telles que les universités d’été du MEDEF ou « Planète PME » ne sont que des sparadraps qui ne cautérisent pas les blessures et les incompréhensions. C’est l’ensemble des relations entre les entrepreneurs et les dirigeants politiques qui doivent être remises en question, on doit sortir de « l’entre-soi », pour mettre en avant les entrepreneurs de terrain et la réalité de notre économie.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

La semaine éco, philo et écolo…

Airbnb, les risque-tout de la CGPME, la force de la responsabilité, haro sur les conservatismes,l’importance de la COP 21…

Brian Chesky, PDG et cofondateur de Airbnb, dans Le Figaro

« Dans la Silicon Valley, nous ne sommes pas la société qui emploie le plus d’ingénieurs. Environ 200 travaillent dans l’entreprise. Nos clients n’achètent pas une solution technologique, ils achètent un service. J’ai l’habitude de dire que nous sommes plutôt une société d’hospitalité qui repose sur la technologie. Toutefois, nous investissons beaucoup sur notre plate-forme pour qu’elle soit bien adaptée aux mobiles, aux tablettes. Nous développons des outils de géolocalisation, de paiement, des gestion des différentes devises. Nous gérons au mieux les données récoltées sur Airbnb afin d’améliorer encore la rencontre entre un hôte et un voyageur. » 

François Asselin, président de la CGPME, cité par Le Figaro

« Les chefs d’entreprise sont des risque-tout souvent critiqués par des risque-rien » « On parle tout le temps de ce qui va mal, regardons devant nous ! Nous voulons être pragmatiques et valoriser la France qui innove, qui entreprend, qui réussit. » (…) « Le secret c’est d’abord le travail. Il n’y a pas de feignants chez les patrons de PME ou, s’il y en a, ça ne dure pas longtemps. Ensuite, il faut des idées, être créatif. Il faut aussi de l’audace, ne pas avoir peur. Enfin, quand la réussite commence à pointer, il faut savoir s’entourer, ne pas rester seul. »

François Ewald, philosophe, dans Le Figaro

« La responsabilité est une exigence renouvelée aujourd’hui, en raison à la fois de tout ce qu’on attend des entreprises, mais aussi de la « digitalisation », qui implique des formes d’organisation qui font appel à l’autonomie. Tout l’enjeu est de faire de cette nouvelle exigence de responsabilité une ressource qui permette au dirigeant d’acquérir maturité et vision, qui lui permette de traiter les dilemmes moraux auxquels il est perpétuellement confronté et de prendre des décisions justes.» (…) « Être responsable, cela s’apprend, bien sûr. Être responsable mobilise toute une série de compétences : la capacité de décider, d’apprécier une situation, d’anticiper les difficultés. Cela implique de se connaître soi-même, de savoir gérer ses émotions, d’avoir du courage. Aristote nous a enseigné que la décision est liée à la délibération. Après avoir regardé les programmes de nombreuses écoles de commerce ou de gestion, je me suis aperçu qu’on y dispensait parfois du « prêt à penser », mais que rien n’y figurait sur ce point. Il existe des formations au leadership, voire à l’éthique, mais pas à la responsabilité en tant que telle. »

Xavier Bertrand, cité dans Le Figaro

« Aujourd’hui, les 35 heures sont davantage dans les têtes que dans les textes. La loi que j’ai fait voter en 2008 permet aux entreprises d’aller jusqu’à 48 heures par semaine. Si cette loi n’a pas été suffisamment appliquée, c’est aussi parce que le Medef de Laurence Paraison à l’époque m’a reproché d’aller trop loin. Il faut donc frapper plus fort. Respecter des codes et des règles d’un système à bout de souffle ne sert à rien. Le dialogue social au niveau national, cela ne fonctionne plus et ça ne marche plus. Faisons voler en éclats tous les conservatismes. »

Pascal Canfin, au sujet de la conférence internationale sur le climat COP 21, dans Les Echos

« Les défis sont au nombre de trois : le respect de la promesse de 100 milliards de dollars faite à Copenhague en 2009, l’accompagnement financier de l’adaptation des pays les plus vulnérables au réchauffement, et, enfin, commencer à modifier les règles du jeu du système financier mondial pour réorienter les investissements vers une économie compatible avec la limite des 2 degrés de réchauffement. Le système financier gère des milliers de milliards de dollars d’actifs. Et il commence à prendre conscience du risque que représente un dérèglement climatique incontrôlé. »

Léon Panetta, interrogé par Le Figaro sur la candidature de Hillary Clinton à la primaire des Démocrates américains

« Elle concentre toutes les qualités pour faire une excellente présidente : le sens du leadership et une vision de la place de l’Amérique dans un monde multilatéral, l’expérience et la connaissance intime des rouages du pouvoir à Washington. Et puis une résilience à toute épreuve. Vous savez, les Clinton n’acceptent pas la défaite et se battent jusqu’au bout. Et le prochain président, justement, devra faire montre d’un tel fighting spirit. » (…) « L’âge n’a plus guère d’importance, à une époque où les gens demeurent productifs en vieillissant ! Et puis Ronald Reagan avait sensiblement le même âge lorsqu’il a été élu en 1980. Il a fait deux mandats après cela, et il a fait une très grande présidence. Je vais vous dire un secret : ce dont les Américains ont vraiment besoin aujourd’hui, c’est d’un président qui n’apprenne pas son job sur le tas. »

Les chiffres clés de la semaine marqueurs d’une reprise molle

Emprunts toxiques, aviation en forme, immobilier en panne, automobile vache à lait, reprise molle, sont nos indicateurs en chiffres de cette semaine.

19

Les collectivités locales sont en colère et estiment à 28 milliards d’euros le désengagement financier de l’Etat pour les 4 prochaines années. Une somme considérable qui pèse lourd dans les finances locales et met en difficulté de nombreuses mairies. François Baroin, le Président de l’Association des Maires de France (AMF) a annoncé sur RMC, le mercredi 24 juin, une action collective pour le 19 septembre si les demandes des élus locaux ne sont pas entendues par le gouvernement. D’ici là, une nouvelle rencontre avec le Premier ministre, la troisième, devrait avoir lieu avant le 14 juillet. L’ancien ministre semble sceptique sur les possibilités de trouver des solutions. Autre sujet de mécontentement des Maires de France, la loi NOTRE qui prévoit de faire élire les conseillers communautaires au suffrage universel directe, « la mort des communes » dénonce François Baroin.

3

L’activité des entreprises d’intérim devrait progresser de 3 à 4% en juin, comme en mai. L’intérim a déjà créé 20 000 emplois depuis le début de l’année, une situation positive tirée par les activités de l’industrie, des services et du commerce, alors que le BTP et les travaux publics restent en panne. Cette situation qui bascule dans le vert marque un point d’arrêt à trois années de baisse très sensible, -9% en 2012, -3% en 2013 et -1,2% en 2014. Depuis la réforme de 2005, les agences d’intérim peuvent également procéder à des recrutements en CDI et CDD, cette activité a déjà permis de procéder à 375 000 embauches en dix ans. Leurs principales clientes sont les TPE et les PME qui font appel à leurs services pour des missions de recrutement essentiellement pour des techniciens et des agents de maîtrise.

63

C’est un chiffre étonnant, selon l’Automobile Club Association (ACA), l’automobile aurait rapporté à l’Etat 63 milliards d’euros en 2014, soit plus que l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés. Cette recette provient de la TVA prélevée sur la vente de véhicules et produits liés. L’ACA précise également que si les taxes représentent généralement 20% des biens en matière de consommation, en ce qui concerne l’automobile celles-ci varient entre 29 et 36%. Pour obtenir ces chiffres, l’ACA a fait un très important travail de détail afin d’évaluer le coût réel de véhicules types en incluant, le carburant, les assurances et les frais d’entretien. En ce qui concerne la consommation en carburant, l’association n’a pas tenu compte des chiffres officiels livrés par les constructeurs, mais a déterminé les coûts réels pour chaque typologie de véhicule, ce qui lui a permis d’identifier un différentiel de 21% au détriment du consommateur.

421

C’est le nombre de commandes et d’engagements d’achats enregistrés par Airbus au Salon du Bourget pour un montant théorique de 57 milliards de dollars contre 331 pour son concurrent Boeing pour 50,2 milliards de dollars. Airbus sort donc gagnant du Bourget. Néanmoins, l’avionneur américain arrive premier sur le podium des achats fermes avec 145 appareils vendus contre 124 pour Airbus. Boeing a également vendu plus de gros porteurs long courrier et a signé la plus grosse commande ferme du Salon avec 100 B737 MAX 8. Un détail en apparence seulement,  car ce contrat confirme les performances décevantes en terme de commercialisation de l’A380 qui reste en dessous des prévisions initiales et dont aucune commande n’a été signée depuis le début de l’année 2015. Le total de 848 avions de ligne vendus lors de cette édition 2015 du Salon du Bourget, permet de se féliciter du grand dynamisme du marché. En outre, l’année est loin d’être finie, pour Airbus reste encore la venue en juillet du Premier ministre chinois à Toulouse qui pourrait sortir son carnet de chèques pour une grosse commande et pour les deux avionneurs le rendez-vous de novembre à Dubaï avec le Salon aéronautique qui devrait également permettre de signer des commandes de la part, notamment, d’Emirates.

1,2

Les prévisions de l’Insee pour la croissance de la France sont finalement plus optimistes que prévu. Celle-ci devrait être de 1,2% en 2015 contre 0,2% en 2014. Une reprise assez nette qui s’est enclenchée depuis le début de l’année avec une hausse du PIB de 0,6% au premier trimestre, et devrait se confirmer au fil des mois, l’Insee tablant sur une hausse de 0,3% au second trimestre, 0,3% au troisième et 0,4% au quatrième trimestre. Cette reprise est légèrement inférieure à celle attendue dans la zone euro qui devrait s’établir à 1,4% en 2015 mais elle met fin à plusieurs années de quasi-stagnation pour la France. Il s’agit donc d’un élément positif à prendre en considération.

3,4

C’est la baisse dans l’investissement résidentiel que prévoit Euler Hermes pour 2015, après une baisse de 5,3% en 2014. Les prix de l’immobilier restent élevés, le taux de chômage également et les ménages rechignent à investir. Le manque de confiance des ménages dans l’avenir et la trop fragile reprise pèsent lourds dans les décisions d’achat. L’assureur-crédit évalue à 20 milliards d’euros le manque à gagner pour l’économie française causé par ce désintérêt pour l’investissement immobilier. Il prévoit un faible rebond pour 2016 de l’ordre de 0,4%.

25

La commune de Châteauneuf-Les-Martigues, comme de nombreuses autres, avaient contracté un emprunt auprès de Dexia, qui a fait faillite depuis. Cet emprunt structuré indexé sur le taux de change euro – franc suisse a vu son taux passer de 2,49% au début de la période à 25% aujourd’hui ! Autant dire que cette situation plonge la commune dans de profondes difficultés. Contractuellement, il est bien prévu de pouvoir rembourser l’emprunt toxique par anticipation mais moyennant une indemnité de 300% du capital restant dû, soit pour Châteauneuf-Les-Martigues 18 millions d’euros d’indemnités pour un solde de capital de 5,3 millions. Selon Le Figaro, les conseils de la commune auraient trouvé une faille dans le contrat qui leur permet d’attaquer la banque défaillante : « Dexia n’a pas indiqué dans le contrat de prêt qu’il utilisait un instrument financier de couverture du risque de change qui, aujourd’hui, lui fait perdre beaucoup d’argent. Du fait de cette absence, il ne peut pas se prévaloir à l’égard de son cocontractant de cette charge découlant de sa stratégie de couverture ». Hélas, le tribunal ne devrait pas se prononcer avant 2016. Or, les communes ont jusqu’à la fin d’année pour déclarer leur dette toxique au Fonds de soutien mis en place par Bercy. Elles seraient, à ce jour, 676 villes à avoir déposé un dossier pour un montant global de 6,7 milliards d’euros, le Fonds est lui doté de 3 milliards d’euros…

La stigmatisation facile de l’entreprise

Quelle semaine ! Loi Macron, Ségolène Royal, frondeurs, Front de gauche, Elise Lucet… Tous se sont passés le mot pour stigmatiser l’entreprise et la transformer en faire-valoir de leur action.

Nous avions déjà eu il y a quelques semaines l’occasion de dénoncer les attaques faciles et populistes d’Elise Lucet, contre les entreprises dans son émission Cash Investigation. La journaliste a utilisé le débat européen autour du secret des affaires pour refaire un tour de plateaux bienveillants sur le thème « ce sont les journalistes d’investigation et les lanceurs d’alerte que l’on attaque »… En cause, selon elle, la directive européenne qui vise à mieux protéger le monde économique contre l’espionnage industriel et qui poserait de graves dangers pour la liberté de la presse. Alors, la journaliste a lancé une pétition sur le net qui a recueilli un peu plus de 300 000 signatures et nous a asséné ses vérités autour des entreprises au sein desquelles ses équipes ne pourraient plus mener d’enquêtes, les « lobbies », « grands cabinets » et « multinationales » qui auraient travaillé sur le texte de la directive… Un mélange de vagues considérations qui ne peuvent que susciter le doute dans l’esprit du téléspectateur avec une pétition intitulée :  « Ne laissons pas les entreprises dicter l’info ». Objectif et mesuré.

Les frondeurs et le Front de gauche nous ont, quant à eux, offert un spectacle dont ils ont le secret autour des derniers aménagements de la loi Macron, notamment en ce qui concerne le plan Valls pour les TPE-PME mais également sur le fameux travail du dimanche. Là encore, l’opération de communication tournait autour des entreprises qui sont soupçonnées de profiter des différents dispositifs mis en oeuvre sans bénéfice pour nos concitoyens. Logiques avec eux-mêmes, les frondeurs n’ont pas voté pour la motion de censure déposée par l’opposition contre le gouvernement…

Mais la « palme » de cette semaine de crispations autour de l’entreprise revient sans aucun doute à Ségolène Royal qui nous a offert deux séquences d’anthologie.

Une première sortie, dès dimanche, contre Monsanto, dont elle décide « d’interdire la  vente en libre-service » des produits Roundup du géant américain par le biais d’un amendement à la loi de transition énergétique, avec effet dès le 1er janvier 2016. La Ministre nous a ensuite offert le privilège de la voir retirer elle-même les produits en question des rayons d’une jardinerie. Monsanto se dit « abasourdie » par de telles attaques publiques.

La Ministre, très en verve, s’en prend à une seconde entreprise, dès lundi, dans le Petit Journal de Canal + en appelant à ne plus manger de Nutella, au prétexte que ce produit contient de l’huile de palme. L’entreprise reste silencieuse, ce sont les Italiens qui vont se charger de la défendre, transformant l’agression de Ségolène Royal en quasi-incident diplomatique. Cette dernière finira par publier un Tweet de mea culpa mercredi 17 juin : « Mille excuses pour la polémique sur le #Nutella. D’accord pour mettre en valeur les progrès. » Savoureux.

Cette instrumentalisation publique de l’entreprise, utilisée comme épouvantail, est choquante en ce sens qu’elle installe une suspicion sur l’ensemble du monde économique qui serait tellement attaché aux profits et auraient tant de secrets inavouables à cacher que tout les coups seraient permis… S’il est évident que des dérapages et des mauvais comportements existent et doivent être dénoncés, il semble également tout à fait défendable que l’entreprise crée de l’emploi, de la richesse et que notre mode de vie commun repose également largement sur la bonne marche économique.

Les politiques et certains journalistes, qui n’hésitent pas à se transformer en chevaliers blancs à bon compte et sans véritable combat, seraient bien inspirés de s’en souvenir et de se rappeler également que leur exposition leur confère un rôle d’influenceurs, qui devrait leur imposer quelques devoirs.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Le lobbying : Indispensable à l’entreprise

Le lobbying est un outil qui s’impose de plus en plus comme incontournable pour l’entreprise. Le monde économique reste un élément clivant dans notre société, les postures du passé ont du mal à se remettre en question et le moindre sujet lié à l’entreprise suscite la polémique.

La semaine dernière a été riche en rebondissements et provocations qui ont positionné l’entreprise au coeur de débats dont elle se serait bien passée. Les opérations de communication et rétropédalages de Ségolène Royal, les crispations autour de la loi Macron, les tensions suscitées par les mesures européennes sur le secret des affaires, tous ces sujets concernaient l’entreprise et l’ont désignée comme cible bien malgré elle.

Alors, quel rapport avec le lobbying ?

Nous sommes précisément au coeur du sujet et de la mission du lobbying, nourrir le débat démocratique et permettre à des porteurs d’intérêts de se faire entendre des décideurs politiques voire de se défendre. Les péripéties de la semaine dernière montrent que le monde économique reste pris en otage par certains élus ou responsables et sert de faire-valoir bien pratique. Si ces attitudes paraissent irresponsables (ce qu’elles sont), elles laissent des traces dans l’opinion publique.

L’entreprise est trop souvent présentée comme coupable de tous les maux de la société, elle serait responsable de la pollution, adepte du secret tant ses pratiques seraient peu recommandables, réfractaire à toute approche humaine ou sociale…

Les affaires Monsanto et Nutella relèvent de la caricature, le combat si courageux du Chevalier Elise Lucet prêterait à rire s’il n’était mené par une journaliste chevronnée, les postures des frondeurs et du Front de gauche laissent pantois tant le calcul politicien qu’elles portent sont cousues de fil blanc. Il n’en reste pas moins que les entreprises ne peuvent rester silencieuses face à de tels comportements.

Ces attitudes traduisent une instrumentalisation du monde économique dont on peut imaginer qu’elles visent à masquer le désarroi de certains politiques face à une société qui change et qui évolue bien malgré eux, remettant ainsi en question des privilèges et des acquis qui deviennent désuets.

Cette agressivité à l’égard de l’entreprise impose également à celle-ci de se prendre en mains.  En effet, ces attitudes se retrouvent dans de nombreuses strates décisionnelles et les entreprises doivent s’emparer du sujet et mettre en place une stratégie institutionnelle rigoureuse et créative qui pourra les aider à dépasser ces à priori.

Le lobbying est donc un outil incontournable aujourd’hui pour créer de la valeur ou résoudre de nombreuses situations difficiles : Contractualiser avec les collectivités locales, ou l’État, peser sur la loi ou une réglementation, dialoguer avec une Autorité indépendante, également gérer un PSE, une Sauvegarde ou un redressement judiciaire…

Les situations qui nécessitent la mise en œuvre d’une démarche institutionnelle sont nombreuses. Les entreprises gagneraient à investir plus massivement le lobbying qui prend, au fil des années de plus en plus d’importance et tend à se démocratiser.