L’actu

Mois : janvier 2016

Les premiers chiffres de 2016

Notre première sélection de chiffres en ce début d’année frappe fort : les milliardaires sont moins riches, Netflix toujours plus fort, la Banque Mondiale se désespère, le FN priverait droite et gauche d’une majorité à l’Assemblée nationale, les agriculteurs s’enfoncent dans la crise, les taxis s’énervent encore et un livre crée la surprise…

190

Netflix est disponible depuis le début de l’année dans 190 pays. Le 6 janvier le géant américain a en effet ajouté à sa base d’abonnés potentiels 130 pays. Un début d’année tonitruant qui devrait permettre à Netflix d’accélérer dans le recrutement de nouveaux adeptes et d’amortir plus rapidement les investissements colossaux qu’il mobilise dans la production de programmes exclusifs. À la fin de l’année dernière, Netflix comptait 70 millions d’abonnés dans le monde dont 39 millions de foyers américains. Sa nouvelle stratégie repose sur les contenus exclusifs maison, ainsi en 2016 ce sont 31 séries originales et plus de 20 films de cinéma et de documentaires qui seront produits, sans compter les séries pour les enfants. En 2016, Netflix déboursera 5 milliards de dollars dans ses productions. Un montant autrement plus puissant que ce que les réseaux de télévision historiques sont en mesure d’investir.

0,4

La Banque mondiale désespère de voir la reprise s’installer, pire elle a revue ses prévisions de croissance à la baisse de 0,4 point pour 2016. Si son estimation de croissance pour 2016 est plus optimiste que celle de 2015, passant de 2,4 à 2,9%, elle sera insuffisante pour nourrir une véritable et dynamique reprise. Selon son rapport Global Economic Prospects, la chute des matières premières, l’atonie voire la récession des pays émergents associées à la hausse des taux initiée par la Banque centrale américaine (la Fed) seraient les causes d’une perspective de croissance revue à la baisse pour 2016.

226

L’Institut Harris Interactive s’est livré à une projection des résultats des régionales de décembre 2015 sur des élections législatives. Le résultat est assez surprenant. Dans 226 circonscriptions, nous aurions eu un duel entre la droite et le FN, la gauche n’étant pas en situation de se maintenir au second tour. La gauche serait en duel avec la droite dans 173 circonscriptions, avec le FN dans 110 autres et une triangulaire aurait lieu pour 12 sièges de députés. En partant de l’hypothèse que le retrait de la gauche dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne ne se reproduirait pas forcément, le résultat à l’issue du second tour laisse présager un Front National qui peut espérer un grand nombre de députés et pourrait être en mesure de priver droite et gauche d’une majorité absolue.

2

L’ouvrage City on Fire, premier roman de l’auteur encore inconnu Garth Risk Hallberg, est  déjà l’évènement littéraire mondial de 2016. Il a été acheté par son éditeur américain 2 millions de dollars, un record, Hollywood a acquis les droits d’adaptation et son édition française a fait l’objet d’une course entre éditeurs jusque là inédite. L’ouvrage, un pavé de 1000 pages, propose une plongée dans le New York des années 70, un sujet qui semble bien peu consensuel pour attirer de telles sommes. Pourtant, nombreux sont celles et ceux qui y croient et voient dans ce premier roman un renouveau de la littérature américaine, d’autres critiquent « un coup marketing » qui pourrait ne pas rencontrer son public.

35.000

Le ministre de l’Agriculture le reconnait, la crise des élevages en France est encore pire que ce qui avait été prévu et annoncé par le gouvernement avant l’été. Le ministre estimait alors à 25.000 le nombre d’élevages en difficulté, finalement ce sont 35.000 exploitations qui sont en situation de très grave difficulté financière, soit 18% des élevages bovins, porcins ou laitiers français. L’évaluation de la FNSEA est encore plus préoccupante, puisque le syndicat agricole estime que deux exploitations sur trois seraient en situation de dégager un revenu inférieur au SMIC en 2015. Son président dénonce notamment le non-respect des engagements pris en ce qui concerne les prix promis aux agriculteurs.

30

Les taxis risquent fort de reprendre le chemin de la protestation, ils sont en effet très remontés contre les nouveaux forfaits aéroports qui entreront en vigueur, à Paris, le 1er mars prochain. À partir de cette date un trajet vers Orly sera plafonné à 35 euros et vers Roissy à 55 euros. Les taxis dénoncent des tarifs forfaitaires trop bas qui entraineront une perte sèche pour certaines courses effectuées aux heures de pointe, c’est à dire pendant les périodes d’embouteillages. Ils ont bien obtenu la mise en place de voies réservées sur l’A1 et l’A6 pendant les heures les plus chargées en circulation mais les VTC ont déposé des recours qui ont contraint le dispositif mis en place sur l’A1 à être neutralisé. Enfin, la grogne gagne également les taxis de province qui estiment que les règles imposées aux VTC ne sont pas respectées et qu’elle sont trop facilement contournées par les intéressés.

0

Laurent Wauquiez a annoncé lors de son élection à la présidence de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes un train d’économies dans les dépenses régionales basé essentiellement sur une baisse des indemnités des élus et des charges de fonctionnement. Son souhait est de financer avec les économies réalisées son dispositif « zéro charge » pour la première embauche pour les entreprises en phase de démarrage. Il souhaite exonérer pendant une durée de un à deux ans, les entreprises qui créent leur premier emploi de toutes les charges et ambitionne de créer ainsi 10.000 emplois.

17,5

Les américains sont redevenus accrocs à la voiture, ils ont acheté 17,5 millions de véhicules en 2015, battant ainsi un record historique. Cette année exceptionnelle marque également un autre record depuis la seconde guerre mondiale : la sixième année consécutive de progression des ventes. Il faut dire que les Américains profitent à plein de la reprise qui a permis de créer en 2015 plus de 2 millions d’emplois et de retrouver une situation très enviée de plein emploi avec à peine 5% de chômage. L’effondrement du prix de l’essence au cours des 18 derniers mois n’est pas non plus étranger à ce regain d’intérêt pour la voiture, enfin les taux de crédit permettent aux Américains de financer leurs achats à moindre coût. Les spécialistes du secteur estiment qu’un nouveau record pourrait être battu en 2016, en effet la flotte américaine reste très ancienne et son renouvellement ne fait que commencer.

4

Le Medef propose quatre mesures pour relancer la dynamique de l’emploi en France : la mise en place de CDI sécurisés qui prévoient dès la signature les conditions de la rupture, la mise en place d’une barémisation des indemnités prud’homales, la création d’un dispositif « zéro charge » pour les embauches dans les PME de moins de 250 personnes sur les deux premières années puis une montée en puissance progressive, ainsi que la création d’un contrat de professionnalisation, sans condition préalable de diplôme, payé au SMIC et pris en charge en partie par l’Etat.

19

Le classement Bloomberg des 400 plus riches du monde nous réserve une surprise : la fortune des milliardaires a fondu de 19 milliards en 2015. Il s’agit d’une conséquence très concrète de la faiblesse des économies des pays émergents, des bourses mondiales ainsi que des matières premières qui coûtent cher aux plus riches dont la fortune est tout de même estimée à 3.955 milliards de dollars… Les seuls gagnants de 2015 sont les fondateurs des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Microsoft) qui trustent le top 11 du classement et qui confirment également que la nouvelle économie d’hier s’impose comme le coeur de l’économie d’aujourd’hui.

Sondage : Hollande et Sarkozy dévissent

L’Observatoire politique de janvier 2016 ELABE pour Les Echos et Radio Classique annonce un décrochage assez net de la côte de popularité du président de la République et, plus surprenant, une entrée en zone de danger pour Nicolas Sarkozy.

Rappelons-le, à 18 mois de l’élection présidentielle, rien n’est joué et le favori d’aujourd’hui n’est pas assuré d’être l’élu de 2017, néanmoins les résultats de janvier 2016 livrés par ELABE doivent être regardés avec attention. Ils annoncent une baisse de 7 points de François Hollande et de 4 points pour Nicolas Sarkozy.

L’ancien président de la République, candidat à la primaire de la droite de novembre semble perdre pieds et entre clairement dans le rouge pour la prochaine fois. Il perd donc 4 points d’opinions positives et est crédité d’une côte de confiance d’à peine 24%, ce qui le relègue à la 19ème place du classement général des personnalités politiques, embarrassant pour le président du principal parti d’opposition. Pour la première fois depuis 2012, 53% des sympathisants de droite ont une opinion négative de Nicolas Sarkozy. Il perd 15 points sur cette cible essentielle pour la conquête de la primaire de novembre. Au sein de son propre parti, Les Républicains, il recule de 17 points pour obtenir tout de même 65% d’opinions positives. Il s’agit peut-être d’un tournant dans le combat pour la primaire qui ne fait que commencer.

Quant au chef de l’Etat, il ne recueille plus que 26% d’opinions positives, il perd ainsi 7 des 9 points gagnés après ses décisions fortes de novembre. Les Français ne semblent plus croire au nouveau plan d’urgence contre le chômage annoncé à l’occasion de ses voeux du 31 décembre. Peut-être un signe à prendre en compte par tous les candidats putatifs pour 2017 : les Français souhaitent des réformes franches, claires et efficaces. Ils ne se contentent plus d’annonces floues. Dès le 11 janvier, des personnalités de gauche appelaient à une primaire en vue de la présidentielle afin de « rétablir le débat à gauche », dans une pétition publiée dans le journal Libération.

Emmanuel Macron continue de progresser et gagne 5 points, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez le précèdent de justesse dans les plus fortes progressions de l’Observatoire.

Alain Juppé fait la course en tête avec une côte de confiance de 51%, certes en recul de 2 points. Il est même le seul à dépasser les 50%, reléguant à la seconde place du classement Emmanuel Macron.

Lobbying : les 4 mesures décapantes des entrepreneurs

Les entrepreneurs sont particulièrement mobilisés en ce début d’année après l’annonce du président de la République, le 31 décembre, d’un « vaste plan contre le chômage ». Le monde de l’entreprise craint en effet un nouveau train de réformettes plus destinées à la communication qu’à la véritable efficacité de terrain. 

Les premières précisions autour du projet de François Hollande en matière de lutte contre le chômage pour 2016 ne sont pas de nature à véritablement rassurer les entreprises : quelques aides sur certaines charges assorties d’un programme de formation qui permettra surtout de sortir 500.000 chômeurs de plus des statistiques officielles.

Alors, Pierre Gattaz a décidé de passer à l’offensive et a rappelé dans la presse les propositions du Medef en ce qui concerne la lutte contre le chômage. Elle peuvent sembler radicales si on les compare aux projets du gouvernement mais pourraient bien tracer une ligne d’objectifs dans la perspective de la présidentielle de 2017.

Le patron des patrons proposent donc l’adoption « d’une loi d’urgence contre le chômage » construite autour de quatre mesures dont l’ambition serait de « changer radicalement la donne ».

La création des CDI sécurisés qui prévoient en amont les conditions de la séparation serait de nature à rassurer les chefs d’entreprise avant l’embauche. La barémisation des indemnités prud’homales vise le même objectif. La troisième mesure proposée par le Medef est encore plus audacieuse, elle prône la mise en place d’un dispositif « zéro charge » sur « les embauches de salariés dans les PME de moins 250 salariés, et sur les alternants dans toutes les entreprises ». Enfin, la quatrième mesure concernerait plus particulièrement la formation avec la création d’un contrat de professionnalisation   « simple d’accès et sans condition préalable de diplôme ».  Il serait payé au SMIC avec une partie prise en charge par l’Etat.

Ces propositions patronales étaient déjà détaillées dans « l’état d’urgence contre le chômage » présenté par le Medef le 15 décembre. Elles prennent un relief particulier avec les décisions d’ores et déjà prises par Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes-Auvergne.

Présidentielle : les entrepreneurs doivent déjà agir

Cette tribune a été publiée dans Le Journal des Entreprises du 6 janvier 2016.

Les élections régionales viennent à peine de s’achever que, déjà, pointe la perspective de l’élection présidentielle. Les états-majors se mettent en place et, à droite comme à gauche, les programmes commencent désormais à se construire. Un moment idéal pour que les entrepreneurs fassent entendre leur voix.

Le choc des élections régionales des 6 et 13 décembre, avec un Front National au plus haut, a sonné comme une alerte rouge pour les partis politiques et leurs responsables. Il est probable que la physionomie des élections à venir en soit changée.

En tout cas, immédiatement après les régionales, les appels à une «union nationale» transpartisane afin de mettre en oeuvre une action commune et concertée contre le chômage se sont succédés. Le Président de la République a finalement fait le choix de mettre en place de nouvelles mesures à partir des nouveaux exécutifs régionaux, dont le développement économique et la formation sont déjà des missions naturelles.

Cette remise en question par les électeurs d’un personnel politique qui apparaît dépassé par la situation crée une ouverture également pour le monde de l’entreprise qui aurait tort de ne pas la saisir pour faire enfin entendre sa voix, cela suppose une véritable mobilisation pour que des réformes en profondeur puissent être engagées à partir de 2017.

Car, ne nous trompons pas, à un an de la présidentielle, il est peu probable que les mesures que le gouvernement s’apprête à prendre soient de nature à répondre aux causes de la situation économique atone de la France. Alors que faire ?

D’une façon générale, les entrepreneurs sont assez décontenancés face au comportement des élus à leur égard, ils estiment que les décisions publiques sont déconnectées des réalités économiques. Il est vrai que l’entreprise semble trop souvent considérée comme suspecte de turpitudes qui nécessiteraient un empilage de règles plus contraignantes les unes que les autres.

Cette campagne électorale, qui va se décomposer en plusieurs phases, dont la primaire à droite et la recherche d’union à gauche, est une formidable opportunité pour faire entendre la voix du monde de l’entreprise. Encore faut-il que les entrepreneurs se mobilisent et posent des propositions concrètes qui pourront être reprises dans les programmes des uns et des autres.

En effet, une telle démarche suppose une organisation quasi-militaire pour être efficace : sélectionner et hiérarchiser les demandes, mettre en place une cartographie des staffs de campagne, créer les argumentaires adaptés, enfin déployer la stratégie de conviction sur l’ensemble des supports susceptibles d’atteindre les candidats.

Un peu de travail, pour un objectif qui en vaut la peine : faire en sorte que l’entreprise soit enfin mieux comprise des décideurs politiques.

Mathieu Quétel, président de Sountsou