L’actu

Mois : novembre 2015

COP 21 : les Français ont la parole

L’application GOV s’affiche dans toutes les villes de France afin de mobiliser autour de la COP 21. L’objectif de ses promoteurs est de permettre aux Français qui en « ont marre de ne pas être appelés par les instituts de sondage » de s’exprimer sur l’action des politiques et des débats autour de la conférence – climat.

Décidément les initiatives qui favorisent l’expression directe des citoyens se multiplient ces dernières semaines, après Axelle Lemaire et son projet de loi participatif, ce sont les publicitaires Fred & Farid qui lancent en France leur application mobile GOV. L’idée est bien entendu de surfer sur l’ambiance électorale et de viser les élections présidentielle et législatives de 2017, il s’agit également de permettre aux citoyens de s’exprimer et de proposer une alternative aux sondages.

L’application permet en effet aux internautes de « gover » les politiques, de les noter en leur attribuant très simplement un « plus » ou un « moins ». En se baladant dans les entrailles de l’application, le moins que l’on puisse dire est que la côte de popularité « version GOV » des élus n’est pas au beau fixe, mis à part Alain Juppé, Emmanuel Macron ou Christine Lagarde qui tirent assez nettement leur épingle du jeu, les autres responsables politiques sont très sévèrement jugés par les membres de la communauté « GOV ». Des résultats qui devront être observés à l’issue de la campagne de promotion que viennent de lancer Fred & Farid dans 16 grandes villes françaises sur 7.000 panneaux d’affichages haut de gamme.

GOV proposera des espaces de débats pendant la COP 21 afin de permettre aux citoyens inscrits de donner leur avis sur différents sujets lancés par des personnalités comme Jacques Attali, Pierre Gattaz ou Arash Derambarsh. Ils pourront également, s’ils le souhaitent, lancer leurs propres débats.

La CGPME pour l’investissement de long terme

Alors que le gouvernement devrait prochainement annoncer des mesures destinées à renforcer l’investissement productif de long terme, la CGPME a récemment formulé 5 propositions.

De la croissance et de l’emploi plutôt que de l’impôt

Le mécanisme dit de l’ISF PME a prouvé son utilité, selon l’organisation patronale. Centrer ce dispositif sur les entreprises de moins de 7 ans en arguant de l’obligation de se conformer au droit européen serait donc préjudiciable à un grand nombre de PME. Dans une telle hypothèse, la CGPME réclamerait que l’on restaure la réduction d’ISF à 75% (au lieu de 50% actuellement) des montants investis dans les PME dans la limite de 50 000 €.

D’autre part, s’agissant de l’avantage Madelin, la CGPME estime qu’il conviendrait de permettre une réduction d’IR dans la limite de 18 000 € (au lieu de 10 000 € actuellement) et de revenir au taux de 25% des montants investis. Seuls moyens, selon elle, de respecter l’engagement du Président de la République de sanctuariser jusqu’à la fin du quinquennat les dispositifs en faveur de l’investissement dans les PME.

Pour ne pas que le coût de la transmission prenne la place de l’investissement

A l’instar du METI, la Confédération des PME propose, afin de favoriser l’investissement de long terme, de sortir de la base de calcul de l’ISF les parts d’entreprises héritées et de les exonérer totalement d’impôt, en contrepartie d’une durée de 10 ans de détention après transmission. L’objectif est d’éviter que le coût de la transmission ne contraigne l’entreprise à se priver d’investissement en versant des dividendes uniquement destinés à s’acquitter d’une imposition.

Une mesure simple, logique et juste

« Les chefs d’entreprise attendent toujours que se concrétise la promesse du candidat François Hollande, lors de son audition à la CGPME, d’instaurer un taux réduit d’impôt sur les Sociétés (IS) pour la fraction des résultats réintégrés au capital des PME. Cette mesure plébiscitée par 78% des chefs d’entreprise favoriserait l’investissement et faciliterait la croissance des PME » conclue la CGPME dans un communiqué.

Régionales, les cartes seront-elles rebattues ?

L’inquiétude au sujet des régionales grandit chez Les Républicains qui craignent une remobilisation des électeurs de gauche lors des scrutins des 6 et 13 décembre. Ce probable sursaut pourrait affaiblir la vague bleue attendue.

Les sondages réalisés avant les attentats du 13 novembre laissaient entrevoir une forte poussée du Front National qui risquait d’affaiblir la large victoire de la droite aux élections régionales de décembre. Désormais, l’inquiétude vient du côté de l’électorat de gauche et, il faut bien l’avouer, de l’impact du spectacle quelque peu indécent donné par les députés le mardi 17 novembre. Laurent Wauquiez, Christian Estrosi et Valérie Pécresse avaient saisis les Questions au Gouvernement pour s’assurer une tribune contre le gouvernement au profit de leur propre campagne régionale…

La photographie des scrutins régionaux donnaient, avant le 13 novembre, un possible basculement au Front National de deux, voire trois régions. Les socialistes étaient alors en mesure de conserver la très symbolique Région Île de France où le combat Pécresse-Bartolone s’orientait vers une égalité au second tour, avec un léger avantage pour Valérie Pécresse. Au total, la gauche pouvait espérer conserver trois régions, dont la Bretagne.

Désormais, les cartes semblent rebattues. L’impact des attentats, l’attitude du Chef de l ‘État pourraient inciter les électeurs de gauche qui n’avaient pas prévu de se déplacer vers les isoloirs à se mobiliser finalement les 6 et 13 décembre, ceux qui envisageaient de sanctionner le PS en votant pour les Verts ou le Front de Gauche pourraient également faire le choix du « vote utile ». Dans ce cas, les régions aux résultats les plus serrés entre droite et gauche pourraient tourner à l’avantage de la seconde dès le premier tour.

Si le FN continue sur sa lancée, alors ce sont les listes de droite qui pourraient faiblir au premier tour et la configuration des seconds tours pourraient évoluer et donner un meilleur résultat pour la majorité. Effet immédiat : François Hollande serait relancé pour 2017.

Le sondage OpinionWay-metronews-LCI, publié le samedi 21 novembre, est déjà surprenant puisqu’il place pour la première fois le FN en tête des intentions de vote au premier tour des régionales avec 30%, il devance Les Républicains à 28%. De son côté, le PS ne semble bénéficier d’aucun effet légitimiste puisqu’il reste scotché à la troisième place avec 22% des Français qui envisagent de voter pour lui.

Les amplitudes statistiques de ce genre de consultations sont telles que ces sondages sont a prendre en considération avec beaucoup de prudence. Néanmoins, les tendances sont là et elles s’inscrivent dans la durée : le FN bénéficie d’un mouvement de fond, Les Républicains « n’accrochent » pas vraiment les électeurs et la majorité est sanctionnée.

Le scrutin interviendra dans quinze jours, donc très proche des évènements, l’émotion sera encore bien présente même si la vie aura peu à peu repris ses droits. Les prochains sondages seront observés avec attention.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Hollande à double tranchant

Les terribles attentats qui ont frappé la France le 13 novembre imposent au Président de la République la prise de mesures rapides et facilement lisibles. Le Chef de l’État transforme cette épreuve nationale en un coup politique dont il a le secret.

Les annonces de François Hollande devant le parlement réunit en Congrès le 16 novembre relèvent du coup de maître. Le Chef de l’État s’est non seulement imposé père de la nation mais a également littéralement siphonné les propositions des Républicains voire du Front National. Il rend ainsi l’opposition atone, condamnée à dénoncer le retard dans la mises en oeuvre de mesures qui auraient du être prises, selon elle, immédiatement après le 11 janvier.

Les dérapages relevés à l’Assemblée Nationale lors du premier débat post-attentats, le mardi 17 novembre, ne sont d’ailleurs que le reflet de la situation inconfortable de la droite à quelques semaines du premier tour des élections régionales. La politique a donc repris le dessus alors que le deuil national n’était pas terminé et que les victimes n’étaient pas enterrées…

Se faisant, les quelques parlementaires qui se sont risqués à la surenchère véhémente le 17 novembre s’exposent à de fortes sanctions de la part d’un électorat à vif, encore sous le choc et qui s’attendait à un autre spectacle de la part de ses élus, pourtant très dignes la veille au Congrès.

Les dirigeant de la droite républicaine ne s’y sont pas trompés. Ainsi Gérard Larcher, le président du Sénat a-t-il aussitôt affirmé que le Sénat ne serait pas un lieu de « discorde » quand l’Association des Maires de France a réservé, mercredi 18 novembre, un accueil solennel et respectueux au Président de la République. Les 2000 édiles, drapés dans leur écharpe tricolore, debout et chantant la Marseillaise imposent l’une des images fortes de la semaine, loin du désolant spectacle de la veille à l’Assemblée Nationale.

En outre, la posture qui consiste à critiquer vivement le retard pris dans la mise en place de nouvelles mesures est de nature à se retourner contre ses instigateurs. En effet, ils étaient au pouvoir il y a à peine trois ans, le risque était déjà présent et ils n’ont pas engagé de réformes des services anti-terroristes afin de les adapter à la réalité des enjeux. Ils sont même les initiateurs de la baisse des effectifs dans l’armée et la police, ce que la majorité d’aujourd’hui ne se gêne pas pour rappeler.

Enfin, les attentats de janvier ont vite été écartés de l’actualité politique et les responsables de droite ont été silencieux pendant ces dix mois ont été silencieux sur ce sujet.

François Hollande a donc dégainé sa lame à double-tranchant en espérant ainsi reprendre la main en vue des élections de 2017. Ce qui fait d’ores et déjà dire à certains de ses proches « que les cartes sont désormais rebattues pour la présidentielle ».

Les contrastes d’un drame national

Cette tribune de Mathieu Quétel, président de Sountsou, a été publiée le mercredi 18 novembre dans le Huffington Post.

TERRORISME – Quels contrastes ! Vendredi, la barbarie frappe la France en plein cœur. Nous sommes collectivement sidérés par la violence des images qui nous parviennent dans la soirée, en direct de Paris. Nous ne parvenons pas à y croire, nous aimerions ne pas vivre cette réalité.

Une guerre, sans merci

Immédiatement, les secours s’organisent, pompiers, médecins et soignants vont être placés en première ligne de ce qui ressemble à des scènes de guerre. Ils travailleront sans relâche pour sauver des dizaines de vies. Les forces de l’ordre se déploient et reprennent peu à peu le contrôle de la situation. Nous sommes sidérés, effrayés, choqués par tant de haine, par un tel déferlement de violence aveugle.

Des Français, innocents et sans défense, ont été lâchement assassinés. Des compatriotes qui entamaient leur week-end, partageaient un moment de convivialité et, sans doute, de bonheur. Nous sommes tous visés, tous menacés. C’est une guerre, sans merci.

La France se met en ordre de bataille

Le Président de la République saisit, en un instant, la gravité de la situation et prend avec son gouvernement les premières mesures, sans perdre de temps. État d’urgence, convocation du Congrès, deuil national, les annonces vont se succéder en quelques heures. La France déjà reprend son souffle et se met en ordre de bataille.

De nombreuses voix de l’opposition saluent l’attitude du Président de la République et appellent à l’unité nationale, même si celle-ci apparait bien fragile. Les premiers bémols se font entendre à droite et à gauche, encore assourdis par la gravité de la situation.

Partout à travers le monde, les couleurs de la France illuminent les monuments et les bâtiments les plus symboliques. Les nations rendent hommage à Paris, à la France, ville des lumières, terre des libertés, de cultures et de l’art de vivre.

Un peuple choqué mais vaillant

Samedi et dimanche, les Français montrent le visage de la douleur certes, mais également de la solidarité, de la résistance et de l’union. Une incroyable tenue. Un peuple choqué mais vaillant. Peu à peu les visages des victimes apparaissent sur les écrans, les premiers témoignages des héros qui se sont distingués au cœur de la tragédie se dévoilent. Au fil des heures, les témoignages des rescapés nous laissent entrevoir la barbarie des terroristes, la perversité de ces humains nourrie par leur haine de l’humanité.

Lundi, nos parlementaires réunis en Congrès, applaudissent, debout, le Président de la République avant d’entonner une vibrante et bouleversante Marseillaise.

Une désolante cacophonie 

Hier, l’Assemblée Nationale plonge dans un désolant débat cacophonique, en décalage complet avec la solennité de l’instant, mené par quelques va-t-en-guerre donneurs de leçons qui ne font que démontrer leur manque d’envergure. N’est pas Homme d’État qui le décide le matin en se rasant…

Justement, ce matin, nos forces de l’ordre, une fois de plus, comme chaque jour et chaque nuit depuis le 13 novembre, nous montrent à quel point leur mission est éminemment dangereuse, leur courage et leur détermination sans faille. Loin des ors de la République, des moquettes et fauteuils douillets, ils risquent leur vie pour préserver la nôtre. Ces contrastes sont saisissants, choquants.

Le temps du débat politique reviendra

Est-ce trop que de demander un peu de respect, un moment de respiration républicaine à certains députés irresponsables ? Le temps du débat politique reviendra, il est d’ailleurs nécessaire. Néanmoins, le deuil national aurait pu, aurait du, être respecté. L’instant présent, trois jours à peine après que la France ait été touchée par une vague terroriste sans précédent, appelait un premier débat à l’Assemblée Nationale d’une autre tenue, ne serait-ce que par respect pour nos morts.

Les acteurs et responsables de ce spectacle indigne ne représentent pas la majorité de nos élus mais ils abiment un peu plus notre représentation nationale au moment où les Français doivent, à nouveau, croire en eux, pour ne pas sombrer dans des choix faciles mais aux lendemains terriblement incertains.