L’actu

Les contrastes d’un drame national

Cette tribune de Mathieu Quétel, président de Sountsou, a été publiée le mercredi 18 novembre dans le Huffington Post.

TERRORISME – Quels contrastes ! Vendredi, la barbarie frappe la France en plein cœur. Nous sommes collectivement sidérés par la violence des images qui nous parviennent dans la soirée, en direct de Paris. Nous ne parvenons pas à y croire, nous aimerions ne pas vivre cette réalité.

Une guerre, sans merci

Immédiatement, les secours s’organisent, pompiers, médecins et soignants vont être placés en première ligne de ce qui ressemble à des scènes de guerre. Ils travailleront sans relâche pour sauver des dizaines de vies. Les forces de l’ordre se déploient et reprennent peu à peu le contrôle de la situation. Nous sommes sidérés, effrayés, choqués par tant de haine, par un tel déferlement de violence aveugle.

Des Français, innocents et sans défense, ont été lâchement assassinés. Des compatriotes qui entamaient leur week-end, partageaient un moment de convivialité et, sans doute, de bonheur. Nous sommes tous visés, tous menacés. C’est une guerre, sans merci.

La France se met en ordre de bataille

Le Président de la République saisit, en un instant, la gravité de la situation et prend avec son gouvernement les premières mesures, sans perdre de temps. État d’urgence, convocation du Congrès, deuil national, les annonces vont se succéder en quelques heures. La France déjà reprend son souffle et se met en ordre de bataille.

De nombreuses voix de l’opposition saluent l’attitude du Président de la République et appellent à l’unité nationale, même si celle-ci apparait bien fragile. Les premiers bémols se font entendre à droite et à gauche, encore assourdis par la gravité de la situation.

Partout à travers le monde, les couleurs de la France illuminent les monuments et les bâtiments les plus symboliques. Les nations rendent hommage à Paris, à la France, ville des lumières, terre des libertés, de cultures et de l’art de vivre.

Un peuple choqué mais vaillant

Samedi et dimanche, les Français montrent le visage de la douleur certes, mais également de la solidarité, de la résistance et de l’union. Une incroyable tenue. Un peuple choqué mais vaillant. Peu à peu les visages des victimes apparaissent sur les écrans, les premiers témoignages des héros qui se sont distingués au cœur de la tragédie se dévoilent. Au fil des heures, les témoignages des rescapés nous laissent entrevoir la barbarie des terroristes, la perversité de ces humains nourrie par leur haine de l’humanité.

Lundi, nos parlementaires réunis en Congrès, applaudissent, debout, le Président de la République avant d’entonner une vibrante et bouleversante Marseillaise.

Une désolante cacophonie 

Hier, l’Assemblée Nationale plonge dans un désolant débat cacophonique, en décalage complet avec la solennité de l’instant, mené par quelques va-t-en-guerre donneurs de leçons qui ne font que démontrer leur manque d’envergure. N’est pas Homme d’État qui le décide le matin en se rasant…

Justement, ce matin, nos forces de l’ordre, une fois de plus, comme chaque jour et chaque nuit depuis le 13 novembre, nous montrent à quel point leur mission est éminemment dangereuse, leur courage et leur détermination sans faille. Loin des ors de la République, des moquettes et fauteuils douillets, ils risquent leur vie pour préserver la nôtre. Ces contrastes sont saisissants, choquants.

Le temps du débat politique reviendra

Est-ce trop que de demander un peu de respect, un moment de respiration républicaine à certains députés irresponsables ? Le temps du débat politique reviendra, il est d’ailleurs nécessaire. Néanmoins, le deuil national aurait pu, aurait du, être respecté. L’instant présent, trois jours à peine après que la France ait été touchée par une vague terroriste sans précédent, appelait un premier débat à l’Assemblée Nationale d’une autre tenue, ne serait-ce que par respect pour nos morts.

Les acteurs et responsables de ce spectacle indigne ne représentent pas la majorité de nos élus mais ils abiment un peu plus notre représentation nationale au moment où les Français doivent, à nouveau, croire en eux, pour ne pas sombrer dans des choix faciles mais aux lendemains terriblement incertains.