L’actu

Mois : mars 2015

Les patrons doivent croire en eux !

Un grand nombre d’entreprises ne croient pas en leur valeur. Elles hésitent à faire valoir leurs droits, car elle n’imaginent pas ce qu’elles pèsent réellement dans notre économie et ce qu’elles représentent dans le patrimoine commun des Français.

Or, toute entreprise, de la plus grande à la plus petite, constitue une richesse pour la collectivité, elle porte une histoire, des valeurs qui méritent d’être défendues. C’est ici que commencent à se construire de bonnes relations institutionnelles, en étant fier de ce que l’on défend. Les grands groupes sont souvent très conscients de leur puissance et adoptent parfois des postures agressives et déplacées ; les PME sont plus réservées, plus discrètes. Résultat : elles sont souvent les oubliées des mesures d’accompagnement fiscales ou publiques.

Avoir confiance nécessite de passer par un bilan complet de ce que nous sommes, ce que nous avons construit, quelles sont les prochaines étapes et en quoi la sphère publique peut être un handicap ou au contraire un atout. Cette phase est incontournable et très importante, elle permet d’enclencher la différenciation, de mettre en avant ce qui nous caractérise par rapport à la concurrence ou aux décisions que les politiques s’apprêtent à prendre, elle nous met également face à nos forces et nos faiblesses pour nos relations institutionnelles.

Connaitre sa situation, maîtriser son environnement concurrentiel et être en mesure de présenter une projection sur l’avenir et de lister les effets positifs et négatifs des arbitrages politiques sont des étapes clés. Face à un décideur politique, au-delà du chef d’entreprise ou du responsable économique, vous devez vous transformer en expert de votre secteur d’activité. Vos connaissances de ce secteur, l’élu ne les a pas forcément, il peut également disposer d’éclairages orientés : gagner sa confiance par la qualité de votre expertise peut être un atout précieux.

Ayez donc confiance en ce que vous pouvez apporter aux élus politiques et utilisez tous les outils disponibles pour faire connaitre votre niveau d’expertise, y compris et surtout si celle-ci n’est pas dans l’air du temps !

Pour continuer la réflexion sur les relations institutionnelles et ce qu’elles peuvent apporter à votre entreprise, téléchargez Les Cahiers Experts.

Les Cahiers N°1

Les phrases de la semaine

Les phrases de la semaine sélectionnées par Sountsou, toujours beaucoup de politique, pour l’économie, il faut regarder du côté des chiffres clés

François Hollande, au sujet de Nicolas Sarkozy et de l’élection présidentielle de 2012, cité par Challenges daté du 12 mars

« (Quand on perd une élection présidentielle) on a un sentiment d’injustice. Comme on a sacrifié beaucoup, on ne peut pas comprendre l’ingratitude des électeurs. La défaite, on l’explique par la traîtrise et le mensonge. Pour Giscard, le traître ce fut Chirac et le menteur Mitterrand. Pour Sarkozy, le félon c’est Bayrou et le bonimenteur, ce fut moi »

François Hollande, sur le « moment où l’on devient président », cité par Challenges daté du 12 mars

« Mitterrand l’est devenu pour les Français à Verdun, la main dans la main avec Kohl. Chirac quand il a fait l’éloge funèbre de Mitterrand. Sarkozy pendant la crise des supprimes. Et sans doute les Français m’ont ils reconnu comme tel pendant les événements tragiques de janvier »

François Hollande,  sur Emmanuel Macron, dans Challenges daté du 12 mars

« Macron, c’est un type gentil, gai, qui n’a pas mauvais esprit ni une ambition dérangeante. Avec lui, c’est l’harmonie, politique et personnelle : c’est un imaginatif qui a été capable de réfléchir après avoir quitté l’Elysée. J’avais hésité à le nommer précédemment. Je craignais que cela pose problème avec Arnaud Montebourg. J’ai attendu, j’ai bien fait… »

François Asselin, le nouveau président de la CGPME, sur le site de l’Express, au sujet des réticences à embaucher des patrons

« Vous savez, pendant ma récente campagne pour prendre la tête de la CGPME, j’ai rencontré beaucoup de chefs d’entreprise qui me disaient : « François, même zéro charge, je ne veux plus embaucher. » Pourquoi à votre avis ? Parce que le licenciement est encore une procédure très lourde, qui peut virer au drame et beaucoup de petits patrons redoutent ce spectre là » 

Michel Onfray, au sujet de Manuel Valls, dans Le Point daté du 12 mars

« Un ami m’a envoyé un texto juste après les saillies de Manuel Valls contre moi : « On ne peut pas être Manuel et intellectuel. » Il n’a pas tort. Je me sens plus que jamais anti-Manuel… »

François Rebsamen, au sujet des Départementales, sur LCP le 11 mars

« Si la gauche se rassemblait, elle pourrait être en tête au premier tour de l’élection. Mais la division de la gauche, voulue par le Front de gauche, par les communistes, par des écologistes, elle est suicidaire »

Bruno Le Maire, sur les Départementales, cité par Le Figaro du 11 mars

« Ce sera une victoire collective et il est évident de le président de l’UMP, qui anime ce parti depuis le 29 novembre, y aura pris toute sa part »

François Mitterrand, cité par Michèle Cotta dans son ouvrage « Le Monde selon Mitterrand » (Tallandier)

« Je reconnais qu’il (Valéry Giscard d’Estaing) explique admirablement comment les choses se passent sans lui. Les prix ont monté en mai ? Parbleu, c’est le boeuf. En juin, c’est le melon. En juillet, c’est le gaz, l’électricité, les chemins de fer et les loyers. On s’émerveille d’accéder ainsi aisément à l’économie, de pénétrer à la suite de ce guide savant dans les arcanes de la haute finance. Hé oui, c’est le boeuf ! Odieux melon ! Traître loyer ! Vive Giscard ! »

Un élève à la professeure Mathilde Lévèque, cité dans son ouvrage « LOL est aussi un palindrome » (First Editions)

« – Je vous ai déjà dit de ne pas vous battre. Enfin, pas avec les poings. Je ne me tue pas à vous apprendre l’argumentation pour rien, quand même

– Mais vous faites quoi, vous, quand on vous agresse ?

– Et bien justement : j’utilise les mots, pas les poings !

– Genre, le mec, il est là, il vous sort son coutal, et vous hop-hop-hop, vous dégainez le Scrabble, quoi !!»

Chiffres clés pour réfléchir

Que de chiffres ! Cette semaine encore, les chiffres nous gâtent et appellent à la réflexion, à l’étonnement voire à la stupéfaction !

100

C’est en millions, le nombre de visites que le jeune patron de Melty vise pour son site dès 2016. 6 ans après avoir créé Melty, le site de référence pour les jeunes, Alexandre Malsch vient de lancer une levée de fonds, qui pourrait atteindre 25 millions d’euros, afin de financer son développement international.

20

C’est en millions d’euros, le chiffre d’affaires que les radios privées Françaises estiment avoir été indument ponctionné par Radio France sur le marché publicitaire en 2014. Le Bureau de la Radio (BDR), le Syndicat des réseaux nationaux (SRN), le Syndicat des radios généralistes privées (SRGP) et le Syndicat des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) unissent leurs colères et assignent Radio France devant le tribunal de commerce de Paris. Une première.

236 000

C’est le nombre d’emplois détruits par la France en trois ans. Selon l’Insee, le nombre d’emplois dans le privé a baissé de 68 000 en 2014. L’industrie et la construction sont les deux secteurs les plus destructeurs d’emplois, alors que le tertiaire, avec à peine 13 000 créations, n’est pas en mesure de compenser.

50

C’est en milliards d’euros le montant des économies à opérer par la France, d’ici 2017, que la Commission européenne devrait valider. La crainte de voir Bruxelles ajouter 30 milliards d’économies aux promesses de la France s’éloigne. La contrepartie est l’engagement de procéder à  de véritables réformes.

1

C’est en milliard d’euros l’investissement que va consentir La Banque Postale à la modernisation de ses systèmes d’information d’ici 2020. Une somme conséquente, prix à payer pour devenir compétitive pour les comptes professionnels.

10

C’est en millions le nombre de téléphones à clapet qui se vendent au Japon. Un chiffre surprenant, confirmé par la progression des ventes de téléphones à clapet sur l’Archipel en 2014 qui atteint 5,3% quand la baisse des ventes de smartphones est de 5,7%, selon MM Research Institute. Comme quoi, les usages peuvent évoluer de façon étonnante et peu prévisible. En cause, le coût d’utilisation des smartphones, leur faible autonomie et leur manque de fiabilité sur la durée, selon MMRI. Un phénomène qui pourrait toucher d’autres marchés matures et inciter à la prudence.

1,7

C’est en pourcentage la baisse d’audience de France 2 en février. France 3 recule de 1,2% et TF1 de 0,7% quand M6 stagne. D8 progresse de 0,4% mais les autres chaînes privées voient leur audience baisser, France 5 et Arte continuent leur progression. Les chaines ne se battent plus seulement entre elles, elles doivent également affronter la concurrence du numérique et la modification des habitudes des téléspectateurs.

213

C’est le montant en millions d’euros de la baisse du budget des Chambres de commerce et d’industrie, contraintes de se réorganiser si elles souhaitent pouvoir maintenir leurs services aux entreprises partout en France. Premier effet : les chambres régionales devraient passer de 21 à 13.

7 000

C’est le nombre de personnes qui ont manifesté leur colère le 9 mars dans la rue contre le RSI et ses dérives. Une manifestation d’indépendants au sein de laquelle ni la CGPME, ni l’UPA, leurs deux organisations représentatives, n’étaient les bienvenues. Les petits patrons leur reprochent leur « mollesse » vis à vis du gouvernement sur le RSI. Les slogans très violents vus au cours de cette manifestation dénotent une forme de radicalisation dont l’issue est encore incertaine.

2,9

C’est en milliards de dollars, le poids du digital dans la publicité. Il représente 25% des investissements et vient de dépasser la presse. Selon l’Observatoire de l’e-publicité, le digital pourrait dépasser la télévision (30% en 2014) en 2015. Une véritable rupture.

L’abstention : le premier parti de France ?

Le premier tour des Départementales approche et les déclarations des responsables politiques ont tendance à se cristalliser autour du très bon score annoncé du Front National (voir nos articles précédents sur ce sujet), ils feignent d’ignorer le taux record d’abstention également prévu par les sondages, ont ils raison ?

Ces derniers jours, une avalanche de phrases chocs au sujet du poids probable du FN lors des élections des 22 et 29 mars s’est abattue sur les médias. Du « FNPS » au « tract ambulant », en passant par « l’arrachage des électeurs au FN », « l’angoisse » ou le souhait de « stigmatisation », tout est bon pour susciter la polémique et cela fonctionne. Ces sorties musclées, qui frôlent parfois le dérapage pas très contrôlé, ne laissent elles pas transparaitre une forme de désarroi  face aux électeurs du FN ? En tout cas,  le manque d’intérêt des partis à l’égard des 57% de Français qui ne souhaitent pas se déplacer vers les urnes ne peut que surprendre.

L’UMP prête au PS et au président de la République la tactique qui consisterait à tout faire pour valoriser le FN afin d’aplatir au maximum le score de la droite aux prochaines élections avec un objectif ultime bien entendu : que François Hollande soit au second tour de la présidentielle de 2017 face à Marine Le Pen. Admettons cette analyse courte et caricaturale qui, au moins, apporte une réponse à l’attitude du PS.

Mais quel est l’intérêt pour l’UMP d’ignorer ainsi le réservoir de voix que constituent les 57% annoncés d’abstentionnistes ?

Il est vrai que, traditionnellement, il est observé que les abstentionnistes, lorsqu’ils se déplacent aux urnes, votent comme les autres, donc ils ne feraient pas vraiment bouger les curseurs. Et si ce comportement était en train d’évoluer ?

Les motivations des abstentionnistes sont multiples et difficiles à cerner avec précision. Globalement, il y a un mécontentement à l’égard des partis et des responsables politiques, on peut également admettre que le vent positif qui souffle sur le FN aurait tendance à sur-mobiliser ses électeurs. En conséquence, le réservoir des abstentionnistes comprendrait une grande part d’indécis ou de déçus profonds mais sans appétence pour les thèses défendues par Madame Le Pen.

Dans ce contexte, ces abstentionnistes sont à reconquérir par les partis traditionnels.

La tentative désespérée d’une partie de la droite de séduire cet électorat ne serait elle pas une erreur de stratégie ? Ne devrait elle pas s’intéresser en priorité à ces non-votants volontaires et assumés ? Ne sommes nous pas face à une évolution de notre système démocratique difficile à identifier et pour laquelle les réponses du passé ne suffisent plus ? En effet, nos sociétés sont chahutées par des crises profondes et durables. Nous vivons une révolution numérique que beaucoup refusent encore, nous traversons un passage d’une économie à une autre, une transformation profonde de nos sociétés et sans doute de notre vie démocratique.

Il est complexe de comprendre les nouveaux usages de nos concitoyens comme il est évidemment difficile de déceler leurs véritables attentes. Or, les partis ont tendance à considérer que leurs militants sont le reflet de la société. Ils sont pourtant de moins en moins nombreux et de moins en moins représentatifs du plus grand nombre.

Parmi les abstentionnistes, certains sont à reconquérir et pourraient être séduits par une nouvelle offre politique plus moderne, pragmatique et moins ancrée dans les schémas du passé, si proches et déjà si lointains. C’est l’enjeu principal des prochaines échéances électorales mais surtout de notre organisation démocratique de demain.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

 

France reprends toi !

Ce lundi, sort en librairie le livre d’Agnès Verdier-Molinié « On va dans le mur », un constat accablant d’une France terrassée par les impôts, des règles complexes et multiples, une organisation publique en surpoids. Une situation quasi désespérée qui nécessite selon l’auteure une réforme musclée et rapide.

Agnès Verdier-Molinié est la directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations (IFRAP), un Think Tank indépendant qui analyse les politiques publiques et propose des pistes de réformes. Interviewée vendredi 6 mars sur BFMTV elle expliquait le désarroi des élus de gauche et de droite face au mur de la réforme et leurs confidences sur la nécessité de tracer des pistes audacieuses, de ses nombreux échanges est née l’idée de son ouvrage.

Le Figaro Magazine daté du 6 mars lui a consacré sa une et publie quelques bonnes feuilles de ce livre qui décoiffe. Elle dresse un bilan sans concession mais passionnant sur la situation ubuesque de notre administration. Son passage sur les primes est édifiant : « Les primes sont si nombreuses et désorganisées que les doublons sont monnaie courante ». Il est vrai qu’avec 5,3 millions d’agents, notre service public aligne 300 Corps d’État et 1851 primes…

Extrait

« Le stock de normes est évalué à 400 000, parmi lesquelles 10 500 lois et 127 000 décrets répartis dans 62 codes différents. Et cela chaque justiciable devrait le connaitre ! Au mieux, les contradictions entre les normes justifieraient une certaine clémence de l’administration. D’autant que cette dernière n’est elle-même souvent pas au courant de la réglementation applicable. Au pire, leur accumulation devient nuisible sur le plan économique. »

10 objectifs pour s’en sortir selon Agnès Verdier-Molinié

  • Objectif n° 1 : Mener la revue des missions publiques de l’État, des régions et des communes et les répartir en supprimant les doublons ;
  • Objectif n°2 : Finir la réforme inachevée de l’État ;
  • Objectif n°3 : 5.000 super-communes en France d’ici 2025 ;
  • Objectif n°4 : Décentraliser la gestion des enseignants au niveau local ;
  • Objectif n°5 : 4,5 millions d’agents maximum dans la fonction publique française d’ici 2022 ;
  • Objectif n°6 : Embaucher uniquement des contractuels dans le non régalien à partir de 2020 ;
  • Objectif n°7 : Recentraliser la politique sociale et organiser la baisse des dépenses de protection sociale de 33 à 30% du PIB ;
  • Objectif n°8 : Limiter le nombre de lois, de taxes et de normes ;
  • Objectif n°9 : Un régime unique de retraite par points, un âge de départ à 65 ans en 2023 à raison de deux trimestres de plus par an (avec une part de capitalisation) ;
  • Objectif n°10 : Santé, responsabiliser les patients et réduire les redondances d’examens ;
  • Objectif n°11 : Flexibiliser le marché de l’emploi et donc le Code du travail ;
  • Objectif n°12 : Mettre en place une fiscalité pro-entrepreneuriat ;
  • Objectif n°13 : Poursuivre la réforme de la transparence de la vie publique ;
  • Objectif n°14 : Engager une procédure de désendettement avec pour objectif à long terme de faire baisser la dette de 700 milliards ;
  • Objectif n°15 : Grâce à tous ces objectifs, l’objectif final est d’atteindre un maximum de 52% de dépenses publiques par rapport au PIB en 2022, 50% en 2025.

Un livre très bien documenté et qui pourrait servir d’outil de travail à bien des élus désireux de « faire avancer la France ».

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