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Loi travail : le coup de martinet aux entrepreneurs

La Loi travail au départ si prometteuse ne cesse de décevoir et les discussions parlementaires, loin de l’améliorer, risquent de révéler un peu plus en quoi l’entreprise est un marqueur entre droite et gauche dans notre pays. Ceux qui sont les grands perdants dans cette affaire, ce sont les entrepreneurs.

Après Caroline de Haas et sa pétition numérique si fédératrice, celui qui occupe désormais la lumière médiatique est William Martinet. Le patron de l’UNEF, syndicat étudiant proche du PS et pourtant farouchement opposé au projet de loi de Madame El Khomri a réussi le tour de force de mobiliser les lycéens et les étudiants qui ne sont pourtant pas concernés par le dispositif.

De manifestations de rue en #NuitDebout il ne cesse d’infliger au gouvernement de petites humiliations. Les ministres ont beau le recevoir dans leurs jolis bureaux des beaux quartiers parisiens, rien n’y fait, il en veut, ils en veulent toujours plus.

Ce jeune homme est déjà un professionnel du militantisme syndical. Les études ne sont pour lui qu’un « permis de militer ». À 27 ans, ses études ont « trainé » et il est donc encore président de l’UNEF, jadis pouponnière de parlementaires socialistes. Il a fait évoluer son syndicat avec son époque et il le fait coller avec les revendications et les inquiétudes, souvent légitimes, d’une partie de la jeunesse. La Loi El Khomri, maladroitement présentée puisque son texte préparatoire a « fuité » dans la presse, n’est presque qu’un prétexte, une sorte de véhicule protestataire d’une colère sourde de la jeunesse.

Ce projet de loi révèle le manque de préparation du gouvernement, son incapacité à gérer ses soutiens les plus proches ainsi que sa fragilité parlementaire qui se confirme au fil des mois. Il révèle également la faiblesse du lobbying patronal, sa déconnexion avec les outils d’aujourd’hui et son fonctionnement quelque peu désuet.

L’absence de mobilisation du monde de l’entreprise dans la défense de ce projet de loi qui, pourtant, allait dans le bon sens, doit être comprise comme une alerte pour 2017. Il serait vain d’imaginer que les réformes, demandées avec force par les entrepreneurs, pourraient s’engager sans soutien de terrain efficace, sans mobilisation de tous les instants pour braver les conservatismes et soutenir les dirigeants politiques mandatés pour les mener à bien.

Le monde de l’entreprise doit rapidement cesser de se lover dans les incantations et les revendications de salon pour s’organiser avec sérieux s’il veut que 2017 ne soit pas qu’un rendez-vous manqué de plus.

Mathieu Quétel, président de Sountsou