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Lobbying : les différences entre taxis et VTC

La semaine a encore été marquée par les tensions entre les chauffeurs de taxis et les VTC. Les premiers reprochent aux seconds de cannibaliser leur activité sans être soumis aux mêmes règles contraignantes, ils accusent surtout le gouvernement d’être laxiste dans l’application de la loi et de ne pas respecter ses engagements. Les taxis choisissent le lobbying de rue, quand les VTC font appel au lobbying de conviction. 

Les aéroports et routes ont été bloquées cette semaine par des taxis en colère qui n’ont pas hésité, comme en juin 2015, à avoir recours à la violence pour se faire entendre. Les taxis expriment ainsi leur désarroi face à la baisse d’activité dont ils se disent victimes depuis l’arrivée des VTC et de la prolifération des offres qui s’effectuerait dans « une anarchie totale ».

Pourtant la loi Thévenoud de 2014 dispose que le transport onéreux de passagers, en voiture est l’apanage des taxis, qui bénéficient du monopole de la maraude sur la voie publique, et des VTC, dûment licenciés et avec obligation d’une réservation préalable. Le covoiturage est possible sous réserve d’un trajet effectué par le chauffeur pour lui-même et dont les coûts sont simplement partagés.

Or, les taxis estiment que ces règles ne seraient pas respectées par 40% des chauffeurs travaillant par Uber, ce que conteste évidemment la société californienne qui revendique que les utilisateurs de sa plateforme sont tous des professionnels. Le grand enjeu est également celui des aéroports aux abords desquels les VTC sont accusés par les taxis de faire du « racolage agressif » en infraction avec la loi. Quant au gouvernement, il lui est reproché de ne pas faire respecter la loi, il serait dépassé par l’ampleur du phénomène VTC.

C’est dans ce contexte que les taxis envahissent les routes et font brûler des pneus. Leurs représentants, expliquent qu’ils revendiquent une indemnisation publique pour la perte de chiffre d’affaires qu’ils auraient subit et de valeur de leur licence.

De son côté, Uber fait le choix de l’explication. En association avec d’autres sociétés de VTC, AlloCab, Chauffeur-Privé, Cinqs, Marcel et SnapCar, elles s’adressent à leurs clients par mels pour les inciter à signer en ligne une pétition  pour dire « non à la fin des applis » qui sera envoyée sous forme de lettre (« imprimée sur papier recyclé ») directement au Président de la République et au Premier ministre.

Parallèlement, Uber investit dans des annonces presse avec la signature « 70.000 entrepreneurs ». Il met l’accent sur le fait que « plus de 25% des chauffeurs qui se connectent aujourd’hui sur Uber étaient au chômage avant de rejoindre la plateforme » et affirme « qu’ils pourraient être demain 70.000 » en citant le rapport Thévenoud publié en avril 2014. Ce faisant, Uber replace la plateforme sur le double-terrain du service aux clients et de l’entrepreneuriat. Il joue sur la corde sensible à un moment où le chômage bat des records en France et que la croissance semble introuvable.

D’un côté les taxis persistent dans leur stratégie du lobbying de rue qui peut paraitre agressif aux yeux des Français et risque fort de ne pas améliorer leur image dans l’opinion, tant elle est éloignée de celle des agriculteurs par exemple, de l’autre, les VTC font le choix de l’explication et de la démonstration des effets de leur activité sur le chômage et dans la défense de l’entrepreneuriat individuel tout en participant à une nette amélioration des services apportés aux clients.

La stratégie des taxis apparait risquée. D’autant qu’ils sont nombreux à faire de réels efforts pour améliorer l’image de leur profession auprès du public. Au lieu de capitaliser sur cette nouvelle génération, la profession semble avoir décidé de jouer la partition de la rue et de l’exaspération. Un choix par forcément gagnant.