L’actu

Quand François Hollande crashe son retour médiatique

Voici une étrange semaine à gauche, François Hollande avait prévu un retour fracassant, il s’est fracassé, le FN menace de reléguer le PS comme troisième force d’opposition en 2017, Martine Aubry parle de l’indispensable rassemblement de la gauche mais ne s’implique pas vraiment et les écologistes se lancent dans une primaire rocambolesque !

Semaine horribilis pour François Hollande

Le Chef de l’Etat est un succès de librairie depuis la rentrée. Certains livres attirent plus l’attention que d’autres à l’instar de « Conversations privées avec le Président » d’Antonin André et Karim Rissouli  (Albin Michel), voici « « Un Président ne devrait pas dire ça… » (Stock), de deux autres journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Leur point commun ? Ils sont tous deux le fruit de conversations privées entre les auteurs et le Président de la République pendant toute la durée de son quinquennat, à l’Elysée ou à leur domicile, histoire de sortir l’interviewer de son environnement habituel. Mis en librairie le jour où François Hollande livre une grande interview à l’Obs, négociée depuis plusieurs semaines, ce livre a simplement explosé la stratégie de communication présidentielle. Au fil des heures le 12 octobre les uns et les autres ont pris connaissance de ces conversations présidentielles et les révélations plus anecdotiques les unes que les autres ont été révélées pointant à la fois la solitude du Chef de l’Etat et son étrange passe-temps qui consiste à papoter avec des journalistes sans contrôle, ni limite. Les réactions sont presque montées crescendo, des proches gênés, des magistrats outrés parce que décrits par le Président de la République comme des « lâches » et un retour remarqué de Valérie Trierweiller, blessée, qui, en deux tweets a ramené François Hollande et ses discussions au niveau d’une querelle de couple qui se transforme en affaire d’Etat. La plongée dans l’intimité d’un homme seul à l’Elysée, qui dîne souvent d’un plateau-repas dans son bureau, ses analyses, au fil des évènements sur 5 années secouées, son désir de laisser une trace de son passage, tout cela est balayé en quelques heures. Pire, sa stratégie de reprise en main de sa relation avec les Français que L’Obs devait, au moins initier, tombe à l’eau, noyée dans les bulles de ces rencontres journalistiques… Et la question des commentateurs fuse : « S’en relèvera-t-il ? ».

Législatives, le spectre du FN

Faute d’union à gauche pour les législatives de 2017, Jean-Christophe Cambadelis estime que l’Assemblée Nationale pourrait être tripartite après les élections de 2017. Il estime en effet le poids du FN entre 40 et 60 députés, celui du PS entre 40 et 120 et le solde pour LR et ses alliés. Le patron du PS, avec ces hypothèses (très) larges veut attirer l’attention sur le second match électoral de 2017, les législatives, qui pourraient aboutir à une véritable implosion du parti si elles étaient catastrophiques. Outre, une arrivée massive du FN à l’Assemblée Nationale, celui-ci pourrait également s’imposer comme le premier parti d’opposition parlementaire, reléguant le PS à la troisième place alors que sur la législature actuelle il est le parti (presque) majoritaire. Si l’on comprend l’inquiétude du PS face à de telles perspectives, le poids électoral du FN pour les élections législatives est également regardé de très près du côté de LR.

Aubry croit au rassemblement

Martine Aubry a rappelé lors d’une conférence de presse ne pas voir été d’accord avec toutes les décisions du quinquennat et elle a martelé qu’elle n’avait  «pas envie de voir la gauche perdre ». Certes, la Maire de Lille n’a pas apporté de soutien direct avec François Hollande mais elle laisse clairement entendre qu’il faut que la gauche se retrouve autour du Président de la République si elle souhaite éviter de tout perdre en 2017. La stratégie de Martine Aubry est sans soute de se positionner pour l’après présidentielle, elle s’impose donc comme une garante de l’union autour du seul candidat vraiment légitime à ses yeux pour ne pas sombrer dans un naufrage annoncé en cas de course à la présidentielle divisée. Néanmoins, le chemin risque d’être long, sinueux et semé d’embûches pour éviter les candidatures de division. Le principal rival à neutraliser reste Emmanuel Macron, à son égard Martine Aubry n’est pas en mesure de faire grand chose, vu l’état de leurs relations. En revanche, elle peut être une négociatrice de poids du côté des frondeurs. Si toutefois, elle décidait de s’investir vraiment et au delà de simples déclarations publiques.

La primaire brouillonne des écologistes

Le parti Europe écologie les verts (EELV) n’est pas réputé pour ses qualités d’organisation mais la primaire semble dépasser tous les cauchemars des candidats. Le premier tour est prévu le 19 octobre avec un vote par correspondance. Dans un petit film hilarant (ou désespérant), Cécile Duflot explique aux militants comment voter tant les opérations de vote semblent complexes, entre étiquettes diverses, enveloppes de couleurs, petites et grandes. Les écologistes ne semblent pas gênés par le coût écologique de cette primaire vu la quantité de papier utilisé… Le Monde rapporte en outre que les finances du parti l’ont contraint à envoyer le matériel électoral indispensable pour voter au tarif économique J+7, si bien que des militants s’étonnent de ne rien recevoir. Pour ceux-ci un nouvel envoi a donc été nécessaire… au plein tarif. Ces péripéties postales ont incité EELV à décaler la proclamation des résultats du 7 au 10 novembre, avant de revenir quelques jours plus tard à la date du 7. Le Monde a levé un autre problème, pour voter il fallait s’inscrire mais sans vérification de l’identité. Le quotidien a pu inscrire son chat sans aux problème… Il est vraisemblable que des discussions enflammées voire une crise dont les écologistes ont le secret, suivent les résultats d’une élection dont les modalités apparaissent rocambolesques.

Les parlementaires de gauche appellent à la candidature de Hollande

Le scénario de la candidature à la présidentielle se précise pour François Hollande. Même s’il prétend, dans l’ouvrage des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qu’il n’est pas certain de se représenter, il fait bien plus que se préparer. Un retour dans la presse avec son interview dans L’Obs titré « Je suis prêt » suivi dans quelques jours d’un appel des parlementaires de gauche pour soutenir sa candidature à un second quinquennat sur le thème « Pour nous, c’est lui ». Le terrain se met donc en place, inexorablement même si les obstacles sont multiples et que sa cote de popularité reste au plus bas.

Montebourg en immersion industrielle

Pendant trois jours, Arnaud Montebourg s’est installé en Lorraine avec pour objectif de visiter un maximum de sites industriels et de rencontrer syndicats et salariés. Le point d’orgue de sa visite a été son passage à l’usine Florange dont il avait été un soutien lors de son passage à Bercy. Pour le candidat à la primaire socialiste, il s’agit d’envoyer le message que la campagne de 2017 ne saurait se limiter aux questions identitaires ou de sécurité, l’économie reste un enjeu central alors que la France reste enlisé dans le chômage avec une croissance qui refuse de décoller.

Montebourg veut mobiliser les patrons de PME 

Posture originale pour Arnaud Montebourg qui s’apprête à lancer, selon Le Monde, un « cercle des entrepreneurs » qui a vocation à fédérer les dirigeants de PME qui défendent sa candidature pour 2017. Ainsi, le chantre  du « produisons Français » installe sa campagne clairement sur un axe économique et fait un distingo entre les grandes entreprises et les PME.

Valls légitime en cas de retrait de Hollande

Les livres d’entretien entre François Hollande et les journalistes se suivent et se ressemblent sur un point politique : le Président de la République rend hommage à la loyauté de son Premier Ministre et à ses compétences. Dans celui des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, il esquisse même une sorte de légitimation de la candidature de Manuel Valls, si lui-même, décidait de ne pas être candidat à la présidentielle de 2017. .

Royal-Valls, l’autre match

Les yeux sont rivés sur Emmanuel Macron et Manuel Valls. Certains au PS rappellent que Ségolène Royal, numéro trois du gouvernement, toujours très proche de François Hollande, pourrait avoir la carrure pour prendre le relai en cas de désistement de celui-ci pour 2017. Un retrait de François Hollande pourrait en effet être envisagé si les perspectives pour 2017 restaient en berne. Le PS pourrait alors prendre acte de l’inéluctable échec pour la présidentielle et se tourner vers une candidature en mesure de « sauver les meubles » pour le second rendez-vous que constitue les législatives. Celles-ci pourraient en effet confirmer le raz-de-marée bleu annoncé et mettre fortement en danger le PS dans sa configuration actuelle, sauf si elles sont bien préparées et qu’un maximum de circonscriptions puissent être sauvées. Une stratégie qui suscite quelques réflexions au sein même du PS, comme le révèle l’Opinion, daté du vendredi 14 octobre.

 

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire d’EELV est prévue le 19 octobre et le 6 novembre (second tour), celle de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 22 et 29 janvier 2017.