
Salarié, contribuable, usager, entrepreneur… derrière les innombrables terminologies possibles, se cachent un citoyen et une personne. On ne sait trop par quel sortilège, nos gouvernants les ont littéralement zappés.
Cette lamentable rentrée politique, totalement déconnectée de nos enjeux collectifs, laisse pantois.
Elle appelle d’ores et déjà à un sursaut de responsabilité de nos élus.
Ces dernières années, les politiques publiques ont empilé les normes et obligations diverses. Elles étaient certes empreintes de bons sentiments, renforcés par la conviction, sans doute sincère, d’apporter des réponses aux enjeux incontournables de notre époque, tels que la transition écologique. C’est ainsi que sont apparues les ZFE, la fin du moteur thermique, les « passoires thermiques » et autres politiques de réemploi, imposés sans réel débat…
Cette accumulation de lois, votées le plus souvent sans étude d’impact, mais sur le fondement d’idées reçues et de dogmes, se sont littéralement fracassées, quand elles sont effectivement entrées en vigueur, sur la capacité des Français à les appliquer dans leur vie quotidienne.
Elles s’ajoutaient aux dysfonctionnements de nos services publics, à l’explosion de notre dette, et des contraintes diverses subies par nos concitoyens. Au cours des dernières semaines, en plus des incertitudes liées à la géopolitique, nous avons été abreuvés quotidiennement d’idées diverses, dont l’objectif était de nous culpabiliser et de nous préparer à un budget nécessairement difficile, mais qui ne prévoyait aucune mesure de réforme. « Payez toujours plus, nourrissez de vos efforts la machine étatique et laissez-nous gouverner », semblaient dire nos gouvernants.
Imagine-t-on la réaction d’un Français qui a financé pendant vingt ans sa maison, et qui se réveille un matin en apprenant par la radio ou le journal qu’elle s’est transformée en « passoire thermique » ?
Que dire de cette voiture diesel qu’on l’a incité à acheter pendant des années et qui le classe désormais dans le camps des « pollueurs » et des « beaufs » ?
Ose-t-il émettre une critique qu’il est désigné comme un « trumpiste », qui ne comprend rien à rien et qui n’est qu’un « climato-sceptique »…
Quand on ne s’attaque pas aux Français des campagnes, on s’attaque aux « riches », sans trop préciser de qui on parle, ou aux malades chroniques, ou encore aux pharmaciens, aux « boomers », aux jeunes, aux supposés profiteurs des aides sociales… Nos gouvernants, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, semblent tous frappés des mêmes facilités qui consistent à désigner des boucs-émissaires, à cliver, à segmenter l’opinion. Ce faisant, en toute irresponsabilité, ils hystérisent le débat, montent les Français les uns contre les autres, au lieu de leur proposer un accompagnement apaisé de leur vie quotidienne.
Les Français seraient « ingouvernables ». L’État semble convaincu qu’il doit s’immiscer dans le moindre interstice de leurs vies.
Et s’ils étaient simplement, quels que soient leur catégorie socio-professionnelle, leur statut, leur niveau de richesse, à la recherche d’une vie professionnelle et privée, telle qu’ils l’ont choisie ?
Le rôle de nos élus est d’apporter des réponses concrètes et perceptibles face aux déserts médicaux, aux enjeux des transitions écologique et démographique, d’emplois, d’éducation, de sécurité… Au-lieu de cela, ils choisissent de se concentrer sur l’échéance de 2027, ils aggravent les fractures de notre société, ils refusent de réfléchir à un véritable programme de transformation et de réformes, dont la France a tant besoin.
Les Français comprennent bien que l’agitation politique actuelle, ne s’inscrit pas dans une recherche de l’intérêt général, du bonheur de nos concitoyens et, encore moins de la prospérité de nos entreprises. Ils ressentent qu’elle est organisée par des egos boursouflés, dont le comportement pourrait bien les disqualifier pour l’élection présidentielle de 2027, dont ils rêvent jour et nuit.
Dans ce contexte, la voix des entrepreneurs a toute sa place. Il est même urgent que les acteurs économiques, contribuent plus activement à la construction de cette France de demain, au lieu de subir des politiques publiques décidées trop souvent sans eux. Le désordre politique actuel constitue vraisemblablement une opportunité historique de réformes.
Pour se recentrer sur les citoyens, et éviter l’impasse économique, sociale et démocratique, qui nous est promise, nos élus ont besoin d’être soutenus et nourris de propositions. C’est maintenant que cela se passe !
Mathieu Quétel
Président de Sountsou – Affaires Publiques