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Catégorie : Actualités

Les cadeaux, degré zéro du lobbying ? 

Le début d’année est toujours l’occasion des voeux. Si de plus en plus d’entreprises et de fédérations professionnelles renoncent aux cartes, jugées un brin surannées, d’autres les conservent et vont plus loin en perpétuant la tradition des cadeaux. Des initiatives qui peuvent se révéler malheureuses lorsqu’elles s’adressent aux élus.

Les élus changent, une nouvelle génération est apparue ces dernières années, très attachée à son indépendance et à une forme d’éthique jusque là assez inconnue dans les salons feutrés de la République. C’est ainsi, que chaque année au moment des voeux, fleurissent sur les réseaux sociaux des tweets et statuts courroucés ou ironiques sur les cadeaux reçus de la part de tel ou tel groupe d’intérêts.

Cette semaine j’en ai relevé un particulièrement savoureux accompagné d’une photo et qui posait la question « Dites @xxxxxxx, on ne vous a jamais dit que les cadeaux aux députés, c’était le degré 0 du lobbying ? ». Une interpellation publique qui a connu un certain succès au vu du nombre de retweets opérés par les 6000 followers de cette parlementaire.

L’affaire aurait pu en rester là si le syndicat professionnel ainsi mis en cause n’avait pas jugé utile de répondre via twitter avec, en plus, un manque évident d’humour. La députée s’est donc livrée à une leçon de lobbying en règle et a conclu l’échange par un dernier tweet cinglant « retour à l’envoyeur, désolée ». Ce n’est pas tant le lobbying en lui-même qui est ici en question que certaines pratiques qui relèvent d’un passé révolu ou en voie de l’être.

Dans le premier numéro de notre collection Les Cahiers Experts intitulé « Les 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles », nous consacrions un chapitre à la question des cadeaux. C’est un sujet délicat car ces derniers doivent être utilisés avec parcimonie et finesse. Il convient de veiller à ne pas adresser un mauvais message. La France de 2016 n’est plus celle des années 80 et nos élus ont changé de posture. Ils acceptent bien volontiers de dialoguer avec les représentants d’intérêts, et certains reconnaissent même leur utilité dans l’accès à l’information et dans l’aide à la prise de décision mais nombreux sont ceux à être sourcilleux, à juste titre, de leur indépendance et de leur intégrité.

Je considère depuis longtemps que les cadeaux sont non seulement le « degré zéro du lobbying » mais également qu’ils appartiennent aux méthodes du « lobbying à la papa ». Je mets dans le même panier les déjeuners dans les restaurants coûteux et autres fantaisies qui ne relèvent pas d’un travail de conviction.

Cet incident assez drôle rappelle également que les élus ne se laissent plus faire et, au passage, que les réseaux sociaux peuvent se révéler redoutables.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

Sénat : les absents punis

Gérard Larcher a lancé dès son élection à la présidence du Sénat une réforme de la Haute Assemblée afin de la rendre plus lisible par les Français et de combattre son image de maison de retraite de bons serviteurs de la République. La sanction qui frappe 14 sénateurs est l’un des effets de cette réforme.

L’absentéisme est la maladie la plus répandue au Sénat, c’est pour cette raison que Gérard Larcher en avait fait l’une de ses cibles prioritaires lors de la présentation de sa réforme en mars dernier. Il vient donc de sanctionner 14 sénateurs pour « insuffisance de présence ».

Il n’y a pas de meilleure méthode que de frapper au porte monnaie, alors la sanction sera une ponction de 2100 euros sur leurs indemnités. Les 14 premiers sanctionnés peuvent s’estimer heureux, ils s’exposaient à une retenue de 4400 euros par mois soit 13200 euros pour un trimestre.

Le président du Sénat n’a pas poussé la transparence jusqu’à dévoiler les noms des sénateurs fautifs afin de ne pas les exposer à la pression médiatique. D’autant plus qu’il considère, chiffres à l’appui, que sa réforme est déjà positive puisqu’au cours du dernier trimestre 87% des sénateurs auraient participé aux votes solennels, 84% aux travaux de leurs commissions et 75% auraient assisté aux questions d’actualité au gouvernement.

Mais la réforme ne portait pas que sur la présence des sénateurs, elle visait également à mieux légiférer et à mieux contrôler. Avec un gain de deux jours sur l’examen du projet de loi de finances, le président Larcher est satisfait du résultat, tout comme il souligne que 60% des amendements votés par le Sénat ont été retenus par l’Assemblée Nationale.

Lobbying : L’humour de Uber

BFMTV révèle un aspect original des méthodes de lobbying de Uber en Angleterre. Visée par de nouvelles mesures de l’autorité de régulation londonienne des transports, la société américaine fait le choix de filmer ses clients en caméra cachée pour tourner en ridicule la nouvelle règlementation.

Le régulateur anglais souhaite imposer à Uber un délai d’attente de 5 minutes entre la prise de commande sur internet des clients et le début effectif de la course. Alors, Uber a décidé de soumettre les effets de la mesure « en direct » à ses clients sans les informer qu’ils étaient filmés. Cela donne des situations plus cocasses les unes que les autres qui tournent en dérision l’initiative anglaise.

L’agence Creature à l’initiative de cette campagne originale de lobbying intitulée « Que se passe-t-il  quand vous faites attendre Londres ? » soumet les clients du géant du VTC mondial à des attentes proposées par les chauffeurs sous différentes thématiques : jouer, écouter de la musique, faire des tours de quartiers, effectuer des gestes au ralenti etc.

Un petit moment de détente mais également une campagne virale réussie à voir dans la vidéo ci-dessous.

Les clients anglais de Uber filmés en caméra cachée

Présidentielle : c’est parti pour les primaires

Décidément 2017 est la ligne de mire des politiques en ce début d’année. Après la rentrée tonitruante et réussie d’Alain Juppé, voici le retour de Jean François Copé, l’installation de Bruno Le Maire, la digitalisation de François Fillon et les inquiétudes de François Hollande face à une partie de son camp qui ne trouve rien de mieux que de demander une primaire à gauche.

Il publie Le sursaut français chez Stock et initie son retour « en fanfare » comme le souligne Le Figaro par une mise en avant dans le numéro du 15 janvier de Valeurs Actuelles. Qu’on se le dise, Jean-François Copé est de retour et il entend bien peser dans les primaires de novembre, à tel point qu’il devrait, selon la rumeur, annoncer sa candidature en juin.

Autre candidat, encore non candidat officiel, Bruno Le Maire continue de parfaire son programme et son équipe. Il inaugurait son QG de campagne pour la primaire de la droite et du centre, le mercredi 13 janvier et envisage toujours d’officialiser sa candidature au début de l’été. D’ici là, les sondages devraient être meilleurs et la contre-offensive que prépare Nicolas Sarkozy pourrait avoir affaibli Alain Juppé.

François Fillon lançait en début de semaine la nouvelle version de son site internet qui lui permet de proposer les éléments de son programme pour 2017 et, surtout, de les tester auprès des français qui peuvent voter pour ses propositions ou envoyer directement leurs remarques et propositions.

Quant à François Hollande il feint de ne pas entendre ceux qui dans son camp demandent une primaire en vue de désigner le candidat « des gauches et des écologistes » pour la présidentielle de 2017. Le président de la République fait savoir qu’il ne peut combattre le terrorisme et le chômage et penser à 2017… Surtout l’initiative de personnalités de gauche qui signait le 11 janvier une pétition pour une primaire à gauche dans Libération ne rencontre pas un franc succès, au plus crée-t-elle un peu plus de confusion autour de la politique gouvernementale qui reste illisible pour une majorité de Français si l’on en croit les sondages.

La route vers 2017 est donc bien ouverte et il faudra désormais lire les prises de positions des uns et des autres avec cette perspective en ligne de mire. Les primaires de la droite et du centre ont été fixées aux 20 et 27 novembre 2016.

Les chiffres de la semaine

200

La Caisse des Dépôts (CDC) fête cette année son bicentenaire. L’occasion pour le président de la République de lui confier de nouvelles missions et des moyens financiers supplémentaires. Première étape, l’intégration de l’Agence française de développement (AFD) au sein de la CDC dans l’objectif de mettre en oeuvre les engagements de la COP 21. À ce titre, 4 milliards d’euros supplémentaires seront mobilisés afin de lutter contre le réchauffement climatique et de financer la transition énergétique. La CDC aura également pour mission de gérer le compte personnel d’activité qui sera mis en place dès le 1er janvier 2017. François Hollande a souhaité la création d’un nouveau fonds afin d’accompagner l’économie sociale et solidaire (ESS), il sera doté de 100 millions d’euros. Dernière étape, la mobilisation de 3 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2017 afin d’investir dans le logement et la croissance verte.

84

Paris compte 84 restaurateurs étoilés qui sont un peu les ambassadeurs de la France et de sa capitale aux yeux et papilles des touristes. Anne Hidalgo a donc décidé de leur remettre la médaille de la Ville de Paris et, surtout, de miser sur la gastronomie afin de renforcer l’attractivité  touristique de la capitale. Elle vient de lancer un incubateur de start-up dont l’objet et d’accompagner les nouveaux usages de l’alimentation. Baptisé « Smart Food Paris » il accueillera une quinzaine d’entreprises qui seront chouchoutées par de grands groupes alimentaires comme Danone, Elior ou Carrefour, soucieux d’investir dans les nouveaux usages liés à l’alimentation qui peuvent couvrir de larges domaines tels la nutrition santé, la logistique ou encore les services aux professionnels. Une initiative à suivre.

4

La Banque mondiale vient de publier son rapport World Development Report dans lequel elle salue le triplement des personnes ayant désormais accès à l’internet dans le monde. Néanmoins, la Banque mondiale s’inquiète également que 60% de la population mondiale soit encore exclus de tout accès à l’internet, ce qui représente tout de même plus de 4 milliards d’êtres humains. Elle recommande un encadrement plus strict de l’internet afin de prévenir son contrôle par les élites et la constitution de monopoles ainsi qu’une trop forte concentration des marchés. Le rapport incite également à la création d’un service universel de l’internet.

0

L’Insee est formelle, la France a connu une inflation zéro en 2015, c’est la première fois depuis 1954 et la baisse des prix imposée par Antoine Pinay. Une situation due en grande partie à la baisse des prix du pétrole et des matières premières ainsi que des bien manufacturés. Une stagnation des prix qui est le reflet de l’atonie de l’économie française dont la croissance plafonne à 1%. Les seuls à pouvoir s’en satisfaire vraiment sont les ménages dont le gain en pouvoir d’achat est estimé à 225 euros. La tendance devrait se confirmer en 2016, l’Insee prévoit une perspective d’inflation de l’ordre de 1%.

37

Le rapporteur général de la commission des finances du Sénat a rendu un rapport cinglant sur les 35 heures. Albéric de Montgolfier développe l’idée selon laquelle un passage de 35 à 37 heures permettrait à la France de connaître un véritable « choc de compétitivité ». Cette décision entrainerait une baisse de 3% du coût du travail et un relèvement des marges des entreprises de deux points, selon le sénateur Les Républicains. Avantage important de la mesure : elle ne coûterait rien aux caisses de l’Etat. Mieux, elle ferait gagner environ 570 millions d’euros aux finances publiques si le temps de travail des fonctionnaires passait également à 37 heures. Le rapport ne manque pas de chiffrer le coût des 35 heures qui aurait été de 21 milliards d’euros sur la période 2005-2015 pour les seules fonctions publiques d’Etat et hospitalière. Un rapport qui tombe à pic à 18 mois de l’élection présidentielle et alors que les différents candidats fourbissent leurs armes et préparent leurs programmes…

700

La « loi pour une République numérique » portée par la jeune ministre Axelle Lemaire est dans sa phase de discussion au parlement. 700 amendements gouvernementaux ou parlementaires vont être discutés au cours des prochaines semaines. Le gouvernement a été contraint d’enrichir le texte de quelques dispositions initialement prévues dans la loi Macron 2 qui semble enterrée. C’est ainsi que le droit à la fibre dans les immeubles est introduit dans le texte de Madame Lemaire, comme l’obligation d’installer la fibre sur l’ensemble d’une commune au lieu de se concentrer sur les zones les plus denses en habitations, donc plus rentables. Le gouvernement souhaite encore que les collectivités qui engagent des investissements afin de lutter contre les zones blanches puissent bénéficier du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA).

3

Selon la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP), la barre des 3 millions d’abonnés payants à des sites de streaming musicaux a été franchie en 2015. Ce chiffre est très encourageant puisqu’il représente environ 5% de la population française et il est donc de nature à créer l’effet d’entraînement recherché par les industriels pour atteindre les chiffres de la Suède par exemple où 20% de la population est désormais abonnées. La SCPP estime, dans Les Echos, qu’il est tout à fait crédible d’envisager de 10 à 12 millions d’abonnés payants à l’horizon de 2020, ce qui permettrait d’atteindre les revenus records de 2003, soit avant la crise entrainée par le piratage.

5.800

Mc Donald’s fait l’objet d’une plainte déposée à Bruxelles par trois groupes italiens de défense des consommateurs, associés à des syndicats américains et européens. Les clauses appliquées aux 5.800 restaurants franchisés du géant américain en Europe sont visées au motif qu’elles seraient tellement contraignantes qu’elles nuiraient à la fois aux franchisés, aux consommateurs et aux salariés. La pression financière exercée par le groupe sur ses franchisés, contraindrait ces derniers à mal payer leurs salariés et à pratiquer des prix élevés à leurs clients, en tout cas plus élevés que les restaurants en gestion directe. La structure du contrat est visée puisque Mc Donald’s reste propriétaire des murs de ses restaurants qu’elle loue à ses franchisés à des tarifs semblent-ils prohibitifs. La marque est déjà visée par une enquête de Bruxelles sur ses pratiques fiscales.

2020

Le patron de Ford, Mark Fields, croit fortement en la voiture 100% autonome dont il estime que les premières commercialisations devraient intervenir d’ici quatre ans. Il reconnait néanmoins que sa marque ne sera pas la première sur ce marché même si elle s’est déjà lancée dans des expérimentations sur la neige, l’environnement le plus difficile pour la voiture 100% autonome puisqu’il n’y a plus de repères. Dans une interview aux Echos, le PDG de Ford, souligne que ce sont les autorités de régulation et leur capacité à valider rapidement le changement qu’impliquera ce nouveau marché qui permettra de voir rapidement des voitures autonomes sur les routes. On pressent dans ses propos le lobbying farouche engagé par les constructeurs automobiles afin de faire évoluer la réglementation américaine, ils ont visiblement été entendus puisque le président Obama vient de débloquer 4 milliards de dollars sur 10 ans pour la voiture 100% autonome.

100.000

Nouveau coup dur pour Volkswagen dont le plan de rappel des véhicules concernés par le scandale du logiciel a été rejeté par les autorités américaines. Le groupe estime que le plan incriminé est une ancienne version qui ne tiendrait pas compte de ses dernières propositions qui prévoient notamment d’installer un convertisseur catalytique sur 430.000 véhicules et de racheter purement et simplement 100.000 autres voitures. En outre, les récentes déclarations du nouveau PDG, en marge du salon de Détroit, font polémique. Il est reproché à Matthias Müller un manque de sincérité dans ses excuses publiques.