L’actu

Auteur/autrice : Mathieu Quétel

Quand Cash Investigation se paie l’entreprise

Le dernier numéro du magazine Cash Investigation diffusé mardi 3 mars sur France 2 a réunit plus de 3 millions de téléspectateurs, un beau succès. Néanmoins, ce magazine et ses méthodes laissent une étrange sensation.

Ce n’est pas le premier numéro de Cash Investigation au cours duquel j’ai le sentiment d’être pris dans une opération de démonstration qui doit aboutir absolument à la mise en accusation de l’entreprise. Les méthodes utilisées, par Élise Lucet et son équipe, sont gênantes. La journaliste n’hésite pas à expliquer qu’elle « n’a pas le choix », que les refus de certains interlocuteurs de la recevoir lui imposent d’avoir recours à la caméra cachée ou à la provocation publique, comme mardi.

Ce magazine nous est présenté comme un exemple de « journalisme d’investigation » et sa présentatrice court les plateaux en se posant en  héroïne de la recherche de la vérité. Mais en quoi est-ce « héroïque » de prendre des responsables d’entreprises en traitre ?

La mise en scène et la dramatisation qui entourent les reportages sont-elles indispensables ? Je ne le crois pas. Diffuser à une heure de grande écoute, sur la chaine publique « premium » des reportages caricaturaux qui mettent ainsi en accusation des entreprises avec des chiffres parfois erronés pour illustrer des démonstrations bancales est une méthode facile et dangereuse.

Derrière ces chefs d’entreprise ainsi mis en accusation, il y a des responsabilités, des emplois, des clients et des enjeux qui peuvent sembler peu importants voire manquer de noblesse aux yeux d’Élise Lucet mais qui constituent tout un pan de notre économie. Mardi, le magazine a mis l’accent sur les actionnaires qui mettraient en « danger nos emplois ». Ils ont été dépeints comme des « presseurs de rentabilité », sans foi ni loi, dont le seul dessein serait de faire de l’argent même si cela doit dépouiller l’entreprise. Qu’il existe de telles dérives, pourquoi pas ? Mais en faire une généralité relève de l’irresponsabilité et de la facilité, aussi insupportables l’une que l’autre.

Cash Investigation fait souvent le choix de mettre ainsi en accusation les entreprises. Elle n’hésite pas à solliciter des rendez-vous sous un prétexte et à mettre volontairement en situation inconfortable la personne interviewée. Ces méthodes sont rentables. Elles offrent une émission rythmée, qui donne le sentiment de vivre une enquête et elles permettent également de créer un cercle vertueux pour la journaliste et son équipe. En effet, les services de presse refusent bien entendu généralement les interviews d’Élise Lucet, lui donnant ainsi une bonne excuse pour justifier ses méthodes…

Cette émission et ses dérives vont se poursuivre et sans doute se généraliser, on sait que ce qui est populiste fait de l’audience et a tendance à créer des icônes. On pourrait toutefois suggérer à la présidence de France Télévision de créer d’autres créneaux d’information plus ouverts  à l’entreprise.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Le top chiffres de la semaine

Quoiqu’on en dise, les chiffres en disent souvent beaucoup, alors Sountsou vous propose une sélection de chiffres intéressants, révélateurs, sources de réflexion…

50

C’est le nombre de PME qui devraient bénéficier de l’accélérateur de PME créé par Bpifrance, inauguré le 5 mars par Emmanuel Macron, et dont l’objectif est de les transformer en 24 mois en entreprises de taille intermédiaire.

1

C’est en milliard, le nombre de smartphones qui seront achetés en 2015 en renouvellement d’un ancien modèle, selon Deloitte qui publie cette semaine son étude TMT prévisions 2015.

0,6

C’est en pourcentage la progression de la consommation des ménages en janvier. Un chiffre qui peut paraître faible mais qui, selon les spécialistes de Natixis Asset Management, est prometteur. En effet, il s’agit du second mois consécutif de progression et ce sont en particulier les biens d’équipement durables qui profitent de cette embellie, ce qui serait très encourageant pour la suite.

30

On pensait que le plan de 50 milliards d’économies annoncé à l’horizon 2017 suffirait pour que la France soit dans les clous des attentes de Bruxelles. Cette semaine fut une douche froide, puisque selon ses calculs la Commission demande à la France 30 milliards d’économies supplémentaires. Un nouveau défi à relever alors que 2017 sera le grand rendez-vous électoral de François Hollande…

147 130

C’est le nombre de véhicules immatriculés en février soit une hausse de 4,1%. La tendance de janvier qui enregistrait une progression de 5,9% du nombre d’immatriculations semble donc se confirmer.

5

C’est le nombre d’entreprises Françaises présentent au Nasdaq. Pourtant, New York reste la place où il faut être présent lorsque l’on recherche une valorisation d’un certain niveau et une visibilité inconnue ailleurs. Les entreprises Chinoises l’ont bien compris, 113 évoluent au sein du Nasdaq.

42

C’est en pourcentage le montant de l’investissement public que représentent les collectivités locales, selon l’Association des Maires de France. Un chiffre clé, lorsque l’on sait qu’elles vont devoir consentir en 2015, 2,9 milliards d’euros d’économies, une situation qui pèsera lourdement sur leurs capacités d’investissement, donc sur l’économie…

9

C’est le nombre de ses filiales que Total va retirer de paradis fiscaux d’ici 2016. Le groupe pétrolier a par ailleurs, dans un souci de transparence, publié la liste de l’intégralité de ses 903 filiales.

10 000

Le nombre d’internautes qui ont signé l’appel pour la reconnaissance officielle du burn-out. Une initiative du Cercle Ramadier, qui organise le 11 mars, un colloque sur ce thème.

Tous pourris !

Cette phrase est connue. Elle est répandue. Elle devient même une sorte de gimmick partagé par de nombreux Français, y compris (surtout ?) chez les décideurs économiques : « Tous pourris » ! ».

Cette posture de défiance vis-à-vis du politique est compréhensible. Les affaires, les décisions parfois ineptes, les grandes déclarations publiques jamais suivies d’effet finissent par lasser et jeter le discrédit sur l’ensemble des élus. Néanmoins, cette tentation du « tous pourris » est injuste et souvent infondée.

Notre système démocratique repose sur un fonctionnement qui doit être respecté et partagé par tous. La grande majorité des élus sont honnêtes et les parlementaires (par exemple) sont très impliqués dans le travail en commissions ; certains d’entre eux sont devenus des experts sur des sujets très complexes. Les collectivités locales et territoriales ne se résument pas à des « palais » et des dépenses de réceptions somptuaires. Loin de là. Elles sont au coeur de nombreuses décisions et sont des donneurs d’ordre importants, que ce soit en matière d’investissements ou de subventions. Elles sont incontournables. Certaines activités ne peuvent fonctionner sans elles, d’autres pourraient développer leur chiffre d’affaires en s’intéressant simplement à ces marchés public de proximité…

Les élus ne sont pas des ennemis de l’entreprise ; ils ont besoin, pour fonder leur opinion, d’éclairages et d’explications. Ils font l’objet de multiples demandes et parfois d’actions de désinformation de la part de certaines entreprises. Apporter un point de vue différent, précis et transparent ne peut que les aider à prendre les bonnes décisions. Pour cela il faut travailler avec eux et les comprendre.

Pour être efficace, en matière de relations institutionnelles, il faut accepter d’avoir du respect pour les élus et de leur faire confiance. C’est parfois difficile… mais indispensable pour réussir.

Pour en savoir plus et poursuivre la réflexion, n’hésitez pas à télécharger Les Cahiers Experts consacrés aux « 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles ».

Les Cahiers N°1

 

Départementales 2015 : Le Front National en embuscade

Les élections départementales des 22 et 29 mars s’annonçaient comme la première et incontournable victoire de l’UMP en 2015. S’il semble assuré que ce rendez-vous électoral sera calamiteux pour la gauche, la partie est loin d’être gagnée pour la droite qui pourrait se voir voler le succès par un Front National en embuscade.

Tapi, dans l’ombre, le Front National attend de moissonner ses votes en mars. Les sondages ne cessent de le conforter dans ses certitudes. La dernière enquête Odoxa pour Le Parisien, livré le 2 mars, annonce le FN en première place avec un record de 33% des intentions de vote, l’UMP serait seconde, avec 27% et le PS, loin derrière avec seulement 19%.

L’autre chiffre qui retient l’attention c’est celui de l’abstention qui serait de 57% (sondage Ifop pour Le Figaro du 23 février). C’est là que cela se corse, pour le PS d’abord, car avec un tel niveau d’abstentionnistes, difficile pour le troisième d’atteindre les 12,5% de votants pour se maintenir au second tour. Se profilent donc un grand nombre de candidats PS qui pourraient être éliminés dès le premier tour.

Le fait frappant de ce dernier sondage est sans doute l’enracinement du Front National, sa banalisation et sa capacité à rebondir sur son succès des dernières municipales. Ainsi, 1200 de ses 1600 élus municipaux seront candidats aux départementales, ce qui va assurer au FN une présence dans 93% des cantons. Un autre record.

Lors du lancement de la campagne de son parti pour les départementales 2015, Marine Le Pen précisait, à juste titre, « c’est au niveau départemental que la marche est la plus haute pour nous » et poursuivait « une victoire dans un département serait une bonne surprise mais une véritable surprise ». En cause le scrutin majoritaire à deux tours. Néanmoins, une forte présence au second tour, comme le laissent présager les sondages, pourrait conforter un peu plus la dynamique du FN et le positionner dans un rôle d’arbitre ou au moins de trublion sérieux.

Cette situation pourrait également limiter l’ampleur de la victoire annoncée de l’UMP et, en conséquence, durcir un peu plus les tensions internes autour des stratégies à adopter face au Front National, notamment dans les situations de duels de second tour. Autre sujet qui devra peut-être être abordé plus sérieusement par le parti de Nicolas Sarkozy, que faire lors des désignations des exécutifs lorsque les voix des élus FN seront nécessaires ? Pour le moment, les mots d’ordre sont fermes mais dans la réalité du terrain…

Surtout, ce scrutin pourrait installer le FN comme premier parti de France, confirmer sa lancée vers 2017 et, d’ici là, vers les régionales et la possible conquête de quelques régions. À droite, l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP ne semble pas en mesure de retenir cette force montante. À gauche, même constat, il y a une incapacité à remonter la pente électoralement, pour le moment.

Paradoxalement, ni la gauche, pourtant au pouvoir, ni la droite, réputée première opposante, ne semblent proposer d’alternative satisfaisante au FN. Des deux côtés de l’échiquier on refuse de s’intéresser au chiffre incontournable de ce sondage : le taux d’abstentionnistes, un coeur d’électeurs à reconquérir. Vite.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

N’ignorez pas la révolution numérique !

Quand les entreprises se lancent enfin dans les relations institutionnelles, il arrive qu’elles ignorent la révolution numérique. Il s’agit de l’une des « 10 erreurs à ne pas commettre » en lobbying décrites dans la collection Les Cahiers Experts publiée par Sountsou…

Nous vivons une véritable révolution numérique.

En quelques années, le numérique est entré massivement dans notre vie (professionnelle et privée) et il a bousculé notre relation aux autres, à l’information, à la culture, à la consommation… Cette révolution touche, bien entendu, la sphère publique. Désormais, les élus sont sur Twitter, Facebook ou Linkedin, et ils sont joignables à tout moment par les concitoyens. Cette révolution, ce contact direct et sans intermédiaire, imposent de nouveaux comportements aux élus, mais également au monde économique, qui ne peut ignorer cette réalité.

Les relations institutionnelles doivent intégrer la dimension numérique dans toutes les phases de leur mise en place, les contacts avec les élus ou les décideurs ainsi que les opérations de sensibilisation, y compris du public. L’information circule plus rapidement et elle est plus facilement accessible. Le numérique remet en question la hiérarchie des médias et des supports de communication. De nouveaux moyens de communication massifs, immédiats et terriblement efficaces sont apparus et utilisés par nos concitoyens, par vos clients et par les électeurs. Il faut donc s’en servir.

Cet apport du numérique est tout sauf un gadget : il s’agit d’une véritable révolution qui remet en question certaines industries traditionnelles obligées de s’adapter. Cette révolution crée de nouvelles activités qui ont du mal à être comprises par les décideurs politiques, trop souvent déconnectés de ce paysage en mouvement permanent. C’est un enjeu économique et politique majeur au plan mondial : elle remet profondément en question la chaîne de l’économie, les modes de consommation et les moyens de contrôle des États.

C’est aussi un enjeu pour les entreprises traditionnelles, pour les entreprises du numérique et pour les pouvoirs publics. Ni les uns ni les autres ne peuvent ignorer ce bouleversement.

Pour en savoir plus et poursuivre la réflexion, n’hésitez pas à télécharger Les Cahiers Experts consacrés aux « 10 erreurs à éviter en relations institutionnelles ».

Les Cahiers N°1