L’actu

Mois : août 2015

Lobbying : rentrée décisive pour les entreprises

Cette rentrée marque le point de départ de la campagne présidentielle de 2017. Les états majors se mettent en place pour les éventuelles primaires et dans tous les partis, les candidats se préparent. Les entreprises doivent se saisir de cette opportunité pour mettre en place une démarche d’influence.

Les 18 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle doivent être investis par les entreprises pour poser leur stratégie d’influence et peser dans les propositions qui seront portées par les différents partis lors de la campagne électorale.

Un lobbying stratégique pour les sept prochaines années

Le travail mis en place dans cette « fenêtre » démocratique leur sera utile pendant les sept prochaines années. Il s’agit donc d’un investissement en temps, en argumentaires et en rencontres à ne pas manquer. Une démarche prospective pour faire le point sur les évolutions législatives ou règlementaires indispensables pour s’adapter aux mutations technologiques en cours, par exemple.

Après les élections régionales de décembre, tous les élus territoriaux auront été renouvelés, les grandes régions seront en place et la réforme territoriale sera déployée en quasi totalité. La présidentielle et les législatives de 2017 forment la dernière étape du cycle démocratique en cours.

Les entrepreneurs ne cessent de se plaindre du manque de prise en compte de leurs demandes par les différents gouvernements et de l’absence de réforme structurelle qui pèsent sur la reprise et la création d’emplois. Ils revendiquent, à juste titre, leur besoin de renouer avec la confiance pour consentir des investissements et embaucher.

Dans ce contexte, les entreprises doivent s’emparer plus volontairement et efficacement des sujets politiques et saisir les rendez-vous démocratiques pour faire entendre leur voix. Nous sommes dans cette fenêtre idéale.

Les primaires, un enjeu de lobbying

Les primaires sont devenues de véritables enjeux, incontournables, au sein des deux grands partis de gouvernement. Pour la première fois, la droite va soumettre ses candidats putatifs à cette campagne interne, qui fera émerger des différences d’approches et de sensibilités. Les entreprises doivent s’emparer de ces primaires internes pour défendre des propositions concrètes auprès des différents staffs de campagne et des candidats.

Ce travail, entrepris dès à présent, portera ses fruits. En effet, notre pays connait un fort renouvellement de ses élites politiques et en cas d’alternance en 2017, de nouveaux responsables apparaitront. Dans le cas d’une stabilité démocratique, le pacte interne à la gauche mettra également en avant de nouveaux poids lourds qui auront joués un rôle dans la victoire et seront aux manettes.

Les responsables thématiques, hauts fonctionnaires, élus locaux, issus de la société civile, deviendront députés, membres de cabinets ou cadres du parti majoritaire, ils seront des relais d’influence incontournables pendant les prochaines années. Le travail entrepris dès à présent sera donc rentable sur le long terme, il permettra d’identifier et de rencontrer les hauts responsables de demain.

Le lobbying doit s’inscrire dans la durée

Le lobbying est un travail de long terme, il se prépare en amont et vise à faire connaître les attentes et demandes des porteurs d’intérêts. La construction des programmes politiques qui seront mis en oeuvre après les élections de 2017 constitue un rendez-vous incontournable pour les entreprises ou les secteurs d’activité qui souhaitent se faire entendre et investir sur l’avenir.

Les 18 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle sont cruciaux. Les démarches des entreprises doivent être engagées dès à présent, quand les axes politiques des campagnes sont en cours de définition. Après les primaires, à la fin de l’année 2016, ils feront l’objet d’ultimes arbitrages entre les candidats afin de construire une majorité autour d’un programme. La période actuelle est donc idéale pour initier une démarche, réfléchir à des objectifs et bâtir des argumentaires à transmettre aux équipes de campagne.

La campagne n’est pas jouée d’avance

Pour être efficace, une démarche institutionnelle dans cette période de pré-campagne doit évacuer les idées reçues et les « à priori ». Le premier d’entre eux est bien entendu l’idée selon laquelle les jeux seraient déjà faits, que tel ou tel candidat serait hors course à la lecture des sondages. Or, l’élection se gagne, ou se perd, jusqu’à la dernière minute de la campagne. Il convient de ne pas oublier que tout est possible dans une campagne électorale. Les dirigeants d’entreprises et de Fédérations professionnelles doivent considérer chaque candidat comme un présidentiable sérieux et travailler avec l’ensemble des équipes de campagne. Dans la phase finale de l’élection, lorsque les ultimes alliances se noueront, chaque candidat sera susceptible de négocier des éléments de campagne ou de réforme à mettre en oeuvre au sein de la nouvelle majorité de gouvernement.

Les porteurs d’intérêts qui souhaitent se faire entendre dans cette campagne, devront faire preuve de créativité tant sur le fond que sur la forme de leurs propositions. Il faudra se différencier des multiples sollicitations dont seront l’objet les candidats. Ces derniers sont également en attente de propositions qui permettront de « cliver » et de les installer dans une niche de communication, notamment les challengers.

Il est possible de faire entendre la voix de l’entreprise et défendre des mesures qui créeront, demain, un environnement plus favorable à l’économie. Pour y parvenir, les entrepreneurs doivent se prendre en mains et s’emparer des codes de la politique, cela commence avec l’élection présidentielle, ce rendez-vous démocratique majeur de la Vème République.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Cette tribune a été publiée dans Les Échos, le 19 août.

Sountsou dans le magazine allemand FOCUS

Le magazine allemand FOCUS a sollicité l’expertise de Sountsou, afin de commenter la décision de Google de lancer son fonds européen pour l’innovation dans la presse. 

Mathieu Quétel, président de Sountsou, développe l’analyse du cabinet sur la nature des projets financés en France et s’interroge sur les risques de réduction des investissements. En effet, le fond était initialement limité au territoire français.

Le Fonds européen de Google s’appelle Digital News Initiative (DNI).

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RNT : Une rentrée cruciale pour sa réussite

Cette tribune a été publiée dans La Lettre Pro de la Radio

Avant la trêve estivale, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a lancé une consultation publique « relative aux choix des zones de déploiement à venir de la radio numérique terrestre (RNT) et préalable au lancement d’appels aux candidatures locaux sur le territoire métropolitain ». Le CSA va sans doute publier, dès les premiers jours de la rentrée, les résultats de cette consultation avant de lancer, dans la foulée, des appels aux candidatures en RNT. Sommes-nous à la veille du véritable déploiement national de la RNT ?

Un projet initial de déploiement trop timide

La consultation du Conseil supérieur de l’audiovisuel laissait entrevoir deux écueils à la réussite du lancement effectif de la radio numérique terrestre : un nombre trop limité d’allotissements locaux et une étonnante réserve de multiplexes nationaux.

Pourtant, les allotissements locaux constituent un élément fondamental de la réussite de la RNT, car ils permettront aux radios locales et régionales, dont le modèle économique repose encore largement sur la publicité locale, de préserver celui-ci. Le « Collectif Radios en Nord », créé autour de TPE,  de PME et de radios associatives a d’ailleurs été créé en juillet pour rappeler l’importance d’un maillage efficace des territoires en RNT, qui prenne, notamment en compte les besoins en décrochages.

Or, le CSA envisageait de composer les futurs appels aux candidatures autour d’un allotissement local et d’un allotissement étendu, un dispositif bien insuffisant pour espérer une réussite rapide du déploiement de la RNT.

Dans sa consultation, le CSA pariait sur un engagement futur du service public et des éditeurs nationaux dans la radio numérique terrestre et leur réservait donc l’essentiel de la ressource disponible. Une posture surprenante qui aboutirait, de fait, à offrir aux éditeurs frileux ou hostiles vis à vis de la RNT, une sorte de dividende numérique. Ainsi, les PME et les associations de la radio financeraient le lancement de la RNT, puis les groupes nationaux et le service public viendraient tirer leurs bénéfices, une fois la garantie de réussite de ce nouveau paysage obtenue… Une situation inacceptable pour les radios indépendantes.

Gageons que le CSA fera, finalement, preuve de sagesse dans les appels aux candidatures qu’il s’apprête à lancer et créera les conditions d’une réussite de la RNT en France.

Le CSA doit s’appuyer sur les PME de la radio

Un plus grand nombre de multiplexes, notamment locaux, devrait être proposé en appel aux candidatures afin de permettre aux éditeurs intéressés de se lancer avec une véritable stratégie de développement qui préserve leur modèle économique. S’il est envisageable qu’une ressource nationale soit préservée pour le service public, il est difficilement concevable que des éditeurs hostiles à la RNT puissent se voir réserver tout un pan de la ressource, en prévision de leur revirement probable en cas de succès.

Les prochains appels aux candidatures en RNT préfigureront le véritable plan de déploiement de celle-ci, ils revêtent donc une importance toute particulière. Ils constitueront un signe de la détermination du CSA à lancer ce nouveau paysage radiophonique, numérique, gratuit et accessible par tous. Les industriels attendent, légitimement, ce signal afin de proposer au marché français plus de récepteurs FM/DAB/IP. C’est le cas, notamment, pour la première monte, hors option, dans les véhicules de tourisme, ainsi que pour l’élargissement de l’offre de récepteurs de salon ou encore l’initialisation des puces FM/DAB dans les téléphones portables. Les nouveaux-entrants en ont besoin afin de construire des plans d’affaires crédibles aux yeux des investisseurs et les éditeurs historiques doivent pouvoir poser des plans de développement avec la perspective que leurs programmes soient effectivement écoutés via la RNT.

Paradoxe : pour réussir la RNT, il faut plus de fréquences FM

Mais, la RNT ne constitue pas le seul enjeu de cette rentrée pour les PME de la radio. Celles-ci ont également besoin d’être renforcées en FM. Les appels aux candidatures en FM analogique, en cours et à venir, devraient permettre au CSA de renforcer les radios locales et régionales par l’attribution des fréquences qui leur manque encore trop souvent pour assurer un avenir serein dans leur bassin d’audience. Car la FM reste le coeur de business de ces radios, tant l’IP que la RNT ne sont, actuellement, que des nouveaux modes de diffusion, certes incontournables, mais dont le modèle économique reste à trouver.

Le déploiement de la RNT ne pourra pas réussir si les PME de la radio restent trop contraintes dans la FM. Il s’agit, en apparence, d’un paradoxe mais pour envisager rester compétitives dans l’IP et assumer le déploiement de la RNT, il sera indispensable aux radios indépendantes de disposer d’un potentiel de développement de leur audience par le biais du mode de diffusion qui reste aujourd’hui leur source quasi-unique de revenus publicitaires : la FM.

Le CSA se trouve donc face à un double rendez-vous en cette rentrée 2016 : permettre à la RNT de réussir en lui réservant un maximum de ressources dès à présent et donner aux éditeurs motivés par la RNT les moyens d’en assumer le déploiement. Cette contrainte liée demandera du courage et de la détermination à l’Autorité de régulation. Mais, n’est ce pas précisément dans sa mission de réguler le paysage audiovisuel ?

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

Politique et éthique : regards croisés 

Le 1er septembre, paraîtra l’ouvrage « Politique et éthique : regards croisés », aux éditions Bart & Jones, fruit des réflexions de 17 auteurs qui, sous la direction de Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss, exposent librement et indépendamment les uns des autres leur point de vue sur le sujet. Mathieu Quétel, président de Sountsou est l’un des co-auteurs de l’ouvrage.

Au premier abord sous l’angle d’une critique d’un système politico-médiatique français à bout de souffle, le livre fait ressortir, au final, le sentiment commun que politique et éthique s’enrichissent mutuellement, mais qu’il reste à la première beaucoup à apprendre de la seconde pour redonner envie de s’investir pleinement et de se réapproprier la vie de la Cité.

De l’échelon local à l’échelon national ou européen, de Paris à Bruxelles, du Moyen Orient à l’Afrique subsaharienne, des coulisses des cabinets ministériels et des grandes rédactions, du monde de l’entreprise et à celui des associations, politique et éthiques ne cessent de s’entrecroiser, souvent pour le meilleur, parfois sous les fourches caudines d’une réalité sans concession.

La préface de l’ouvrage est signée d’Alain Juillet, qui a ainsi souhaité s’associer à une volonté collective de donner de notre vie publique une image parfois moins sévère, mais toujours plus exigeante. C’est d’ailleurs le sens de la démarche de Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss qui, très concernés par les événements ayant agité le monde politique, en particulier ces derniers mois, ont voulu faire de leurs interrogations un vecteur de changement et d’émergence de bonnes pratiques -souvent déjà existantes, mais moins soulignées que leur absence conjoncturelle.

Parmi les coauteurs qui ont contribué à cet ouvrage, on trouve des universitaires français et étrangers, comme Catherine Mercier-Suissa, Eric Kouevi, Julien Husson, Christophe Schmitt, Didier Nobile, Nehme Azouri, Charbel Salloum, Jacques Digout et Quentin Lefebvre, des journalistes et écrivains, au travers des contributions de Laurent Kupferman et Océane Labalette, mais aussi des  personnes issues de la société civile et du monde de l’entreprise, comme Marc Lefebvre, Mathieu Quétel, David Noual et Alban Boyer.

Le président de Sountsou est l’auteur d’un chapitre intitulé « éthique et médias » dans lequel il revient sur le traitement de l’affaire DSK, la polémique autour d’Éric Zemmour en décembre 2014 ou, plus récemment, la couverture par les médias audiovisuels des attentats de janvier en France. L’occasion de pointer du doigt à la fois certaines postures journalistiques surprenantes lorsqu’elles ne sont pas contradictoires et surtout de porter un éclairage original sur les nouveaux censeurs qui tentent de s’imposer dans notre espace médiatique.

L’intégralité des droits d’auteur relatifs à cet ouvrage seront reversés à l’Association  Le Refuge, qui a été reconnue d’utilité publique en 2011. Elle gère plusieurs dispositifs d’hébergement temporaire et d’accompagnement psychologique et social à destination d’adolescents et jeunes majeurs confrontés à des situations d’homophobie ou de transphobie de la part de leur entourage, et particulièrement du milieu familial. 5 270 jeunes ont contacté l’association depuis sa création. 731 ont été hébergés au 31 décembre 2014.

« Politique et éthique : regards croisés » est publié chez Bart & Jones et disponible sur Amazon, et I Tunes en e book et livre physique.

Lobbying : paix armée dans le fast food

Le 21 septembre a lieu la Journée internationale de la paix, sous l’égide de l’UNESCO. Burger King, fidèle à sa politique de communication décalée, s’est saisi de cette journée pour interpeller, par voie de presse, aux Etats-Unis son concurrent de toujours, McDonald’s, et lui proposer de s’unir pour une opération commune à l’occasion de cette journée particulière. 

La Journée internationale de la paix, qui a lieu le 21 septembre « traduit l’aspiration profonde de tous les peuples à vivre ensemble, libres et égaux en dignité et en droit » selon Irina Bokova, directrice générale de l’Organisation qui précise « le droit à la paix revêt une acuité toute particulière en regard des violences qui déchirent la planète ».

Des valeurs qui ont inspiré Burger King. À l’occasion de la Journée de la paix 2015, le créateur du Whopper, propose à celui du Big Mac, de créer un sandwich commun, le Mac Whopper et, pourquoi pas, d’ouvrir un restaurant ensemble à Atlanta, à mi-chemin des sièges sociaux des deux géants du burger.

Une idée forte et qui pourrait raisonner positivement chez les fans des deux enseignes, si le message n’était pas si ironique et surtout diffusé sans concertation préalable entre les deux géants du fast food mondial. La démarche a été annoncée par des achats d’encarts publicitaires dans les journaux américains et relayée par la diffusion d’un film sur les réseaux sociaux. Une belle opération de communication et de lobbying destinée à donner une image de rassembleur à Burger King. Néanmoins, la ficelle est un peu grosse pour être avalée par son concurrent.

Ainsi, la réponse de Mac Do ne s’est pas faite attendre. Sur sa page Facebook, on sent un léger agacement du côté de la firme de Oak Brook qui précise « un simple coup de téléphone aurait suffit » avant de dénoncer le manque d’ambition de Burger King, estimant « que les deux marques pourraient faire quelque chose de plus grand pour faire la différence ». Même si l’initiative est soutenue par l’association « Peace One Day » qui bénéficierait des recettes de l’opération, elle ressemble à de la communication d’opportunité qui pourrait finalement se retourner contre son initiateur.

On imagine, en effet, que les équipes de Mac Donald’s travaillent à la riposte qui pourrait prendre différentes formes comme une véritable opération commune des principaux industriels du fast food à l’occasion de cette journée du 21 septembre.

La morale de l’histoire ne serait-elle pas que pour faire la paix, il faut-être deux et passer par le dialogue plutôt que par la provocation et la manipulation médiatique ?