L’actu

Mois : février 2015

Motion de censure et vieilles dentelles

Découvrez le nouvel édito de Mathieu Quétel, président de Sountsou, publié dans le Huffington Post après le rejet de la motion de censure et l’adoption de la Loi Macron par recours au 49.3 en cliquant ici

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La France boulangère

Il s’appelle Stéphane Cazenave, boulanger, il emploie 22 salariés. Il a créé son entreprise il y a presque quatre ans. Professionnel reconnu il a même reçu le prix de « la meilleure baguette de France » lors du 1er Master national de la baguette de tradition française » en mai 2014. Bref, tout va bien pour lui. Sauf que…

Pour faire court, Stéphane Cazenave ouvrait depuis la création de sa boulangerie sept jours sur sept tout en respectant scrupuleusement le droit du travail. Il s’agit simplement d’un entrepreneur ambitieux et travailleur qui souhaite développer son entreprise, au service de ses clients. Mais nous sommes en France et par application d’un arrêté préfectoral, Monsieur Cazenave n’a pas le droit d’ouvrir sept jours sur sept même s’il respecte la loi du 13 juillet 1906. Il a donc subit deux visites de l’inspection du travail, a été auditionné par la police et a finalement fait le choix de fermer le lundi, afin de ne pas envenimer sa situation.

Le cas de Monsieur Cazenave est très intéressant. Il est bien français. D’abord parce qu’il est boulanger, la baguette n’est elle pas un emblème national ? Surtout, parce qu’il s’agit d’un petit entrepreneur bridé par des règles ridicules et sans doute des concurrents un peu jaloux et qui refusent de travailler autant que lui, ce qui est leur droit.

Alors, plutôt que d’encourager l’entrepreneur, de tenter de trouver des solutions pour lui permettre de poursuivre sereinement son activité, on lui impose une journée de fermeture par semaine, ce qui représente, selon lui, une perte de 250.000 Euros de chiffre d’affaires par an. Cette absurdité administrative aura un coût également pour un ou deux des salariés de Monsieur Cazenave qui se retrouveront au chômage. Mais est ce grave ? Non, il n’y a pas péril en notre belle France tant que Monsieur Cazenave ferme ses portes et que ses confrères et concurrents peuvent profiter de son jour de fermeture pour récupérer sa clientèle…

Cette situation ubuesque est un résumé de notre France boulangère. Notre pays semble incapable de reconnaitre ses TPE, PME et ses entrepreneurs. Nous acceptons de consumer nos forces vives de l’intérieur lentement mais surement par un dédale de lois, règlements, lourdeurs administratives qui, indiciblement, pèsent sur notre volonté collective et notre dynamisme.

Je ne connais pas Monsieur Cazenave mais je suis de son côté et je souhaite agir pour que cette situation change, parce que pendant que la France boulangère reste engoncée dans ses principes ridicules, le monde bouge, évolue, sans nous.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

 

La Cour des Comptes frappe fort !

Le rapport public annuel de la Cour des Comptes est très attendu voire redouté. Le président de la Cour des Comptes a présenté son rapport de 1500 pages (!) le mercredi 11 février.  

La Cour des Comptes pointe des dysfonctionnements de notre République et propose des améliorations ou des réformes. Elle n’est pas toujours écoutée même si elle prétend le contraire. Elle aussi doit défendre son utilité… Néanmoins, elle a le mérite de dénoncer des dérives et elle devrait sans doute disposer de plus de moyens pour imposer à l’Etat les reformes indispensables à son adaptation à notre époque où la gabegie ne devrait plus être d’actualité.

Ce rapport 2015 tape sur la Caisse des Dépôts et le ministère des Finances, une petite révolution tant ces institutions semblent protégée de toute remise en question.

CDC Entreprises, la filiale de capital-investissement de la Caisse des Dépôts, a mis en place un montage délirant de bonus en faveur d’une soixantaine de ses salariés. Ceux-ci se sont partagés entre 2010 et 2012 un magot de 8,3 millions d’Euros ! La Cour des Comptes se montre particulièrement cruelle lorsqu’elle détricote le montage mis en place qui repose sur un modèle des sociétés de capital-risques qui rémunèrent par le biais de dividendes leurs associés qui investissent leur propre argent… Or, rien de tel à CDC Entreprises qui investit des fonds publics !

Quant à Bercy, il s’est emberlificoté dans la mise en place d’un logiciel de paie dont le projet, lancé en 2006, a été abandonné en mars 2014… Après avoir dévoré 346 millions d’Euros pour rien, ou presque. Bercy a vu trop grand et trop beau, selon la Cour des Comptes, en ambitionnant de créer un logiciel de paie pour 2,7 millions de fonctionnaires dépendant de 1851 régimes différents. Un fiasco monumental causé en grande partie par un manque total de pilotage et d’implication des différents ministres.

Ces deux exemples montrent à quel point l’Etat peut se révéler irresponsable. Un rapport qui finalement montre un peu plus le contraste saisissant entre le monde de l’entreprise, contraint à des remises en question permanentes et le service public lancé dans d’incroyables dérives… Jamais sanctionnées.

Nous traitons dans un autre article d’autres aspects intéressants du rapport 2015 de la Cour des Comptes.

Le Monde selon Mitterrand

François Mitterrand était un fin politique mais également un très grand lettré. Président de la République de 1981 à 1995 il a côtoyé les grands de ce monde mais également celles et ceux qui font encore la politique française. Michèle Cotta publie un livre éclairant sur le personnage et ses contemporains.

C’est peu de dire que Michèle Cotta connait parfaitement les rouages de la Vème République, elle suit depuis de nombreuses années les destins de nos responsables politiques. Pour son nouvel ouvrage « Le Monde selon Mitterrand », à paraitre le 19 février, elle s’est replongée dans ses petits carnets, des interviews mais également des images et dossiers d’archives relatifs à François Mitterrand.

Elle nous propose un livre qui se lit d’abord comme un recueil de petites phrases parfois sensibles, souvent redoutables, toujours ciselées sur les contemporains de François Mitterrand, politiques ou pas. Très rapidement, on découvre en creux l’homme François Mitterrand et on revit les grandes étapes d’une époque pas si lointaine et pourtant si différente de la nôtre.

Quelques extraits très courts pour vous donner l’envie de vous plonger dans ce livre.

Sur Edouard Balladur

« Balladur ? Un bourreau chinois aux lacets de soie »

Sur Margaret Thatcher

« Elle a les lèvres de Marilyn et les yeux de Caligula… »

Sur Jacques Chirac

« Si Chirac voyage tant, le pauvre, c’est qu’il ne peut rester en tête-à-tête avec lui-même… »

Sur Valéry Giscard d’Estaing

« Il est difficile d’être un aussi bon candidat et un aussi mauvais président. Il a une spécialité, c’est d’avoir du coeur, beaucoup de coeur deux mois tous les sept ans »

« Le Monde selon Mitterrand » de Michel Cotta, chez Tallandier est à paraître le 19 février.

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Un sénateur propose la suppression de la réserve parlementaire

Eric Doligé, sénateur et président du conseil général du Loiret propose de supprimer la réserve parlementaire individuelle tout en conservant les 150 millions qui seraient répartis « entre départements en  proportion de la population rurale ».

Le sénateur est déjà à l’initiative de quelques propositions de simplification de la vie démocratique française telles que la réduction du nombre de parlementaires, la division par deux des départements et régions ou encore la réduction à 15 du nombre de ministres. Ces suggestions sans doute iconoclastes aux yeux de ses collègues parlementaires n’ont pas toutes fructifié, loin de là. Néanmoins, on peut reconnaitre à Éric Doligé une certaine avance sur son époque et un excellent ressenti de la perception par nos concitoyens de notre complexité institutionnelle.

Il s’attaque donc à la fameuse réserve parlementaire qui ne cesse de défrayer la chronique notamment à cause de son opacité et de son utilisation parfois déraisonnable. Le sénateur explique simplement ses motivations : « Parce qu’elle crée de par sa nature une suspicion inutile, naturelle mais infondée. Parce qu’elle manquait de transparence. Entre deux parlementaires d’un même territoire l’un pouvait disposer d’un montant très important et l’autre d’aucun montant. Ce qui à l’évidence a pu créer de grandes inégalités ».

Éric Doligé ouvre une perspective d’utilisation orientée vers les territoires : « Ne serait-il pas plus intéressant de répartir la somme globale de 150 millions entre les départements en proportion de la population rurale ? Puis de demander aux parlementaires lors d’une réunion spécifique de répartir cette somme entre les communes de moins de 5.000 habitants, ayant un projet répondant à des critères préétablis ».

Si la proposition du sénateur ne crée pas d’économies pour l’Etat elle a le mérite de proposer plus de transparence et une destination plus claire de ces fonds au service des communes rurales. Quelques jours après la publication par la Cour des Comptes d’une note alarmante sur l’utilisation de la réserve parlementaire, le débat est donc ouvert.