L’actu

Évitons de faire du monde économique la variable d’ajustement de nos lâchetés collectives !

Le long débat autour du vote de confiance qui a fait chuter le Premier ministre ce lundi 8 septembre ne peut que nous inquiéter.

Aucun des orateurs ne nous a proposé une vision pour l’avenir de la France, ni même la prise en compte des grands enjeux qui sont les nôtres : les défis des transitions démographique ou écologique, ceux de la réindustrialisation, de la géopolitique, de la santé, du pouvoir d’achat ou encore de la réforme en profondeur de nos services publics.

Nous avons assisté à une litanie d’accusations, parfois d’insultes personnelles ou de recherche du chaos politique. Nous avons assisté parfois à une négation surréaliste de notre situation budgétaire.

Après la chute de François Bayrou, prévisible et donc prévue par certains, de vraies-fausses festivités de rue ont même été organisées ici ou là, comme pour signer cette recherche effrénée de « tohu-bohu ».

Dans quelques heures ou jours, le président de la République désignera un nouveau Premier ministre. Celui-ci ou celle-ci sera contraint par un nouveau risque de censure qui nous conduirait directement vers une crise politique encore plus profonde. 

Dès lors, la recherche de compromis sera priorisée et il est très probable que les entreprises constitueront, une fois de plus, une variable d’ajustement bien pratique. Ainsi, nous poursuivrons cette chimère française qui consiste à faire croire à nos concitoyens que l’argent est magique, que l’on peut travailler moins, tout en gagnant plus, que l’on peut consacrer toujours plus de parts de PIB à des services publics dysfonctionnels mais que l’on refuse de réformer… 

Nous amplifierons encore la destruction progressive mais inéluctable de notre si précieux modèle français qui repose sur la solidarité et la fraternité. À force de refuser de voir que le monde change, d’accepter que nous n’ayons plus les moyens d’opérer des choix prioritaires, nous avançons droit dans le mur.

Nous sommes tous coupables : citoyens contradictoires dans leurs attentes, gouvernants peu courageux et qui privilégient la communication au travail, mais également entrepreneurs et dirigeants de fédérations professionnelles dont certains se sont installés dans un consensus mou et une vision de court terme. Ils ont cru, sincèrement, que le politique les comprendrait naturellement. Ce n’est pas le cas. La politique est aussi une affaire de rapport de force. Celui-ci doit être assumé.

Or, il est des silences coupables.

D’ici 2027, nous ne pouvons-nous résoudre à subir encore et encore cette procrastination politique. Nous devons saisir ce « moment » politique comme une opportunité.

Le temps est venu à la mobilisation du monde économique. Il doit porter des propositions fortes, s’investir dans le débat public, revendiquer la place qui est la sienne : générateur de richesse, d’emplois, d’innovations, et désormais d’espoir.

Mathieu Quétel

Président fondateur de Sountsou – Affaires Publiques