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Perchoir : le lobbying d’Ayrault

L’ancien Premier ministre, fidèle parmi les fidèles de François Hollande, tient peut-être sa revanche pour sortir la tête haute du quinquennat : la prise de la présidence de l’Assemblée Nationale. Le quatrième tour des élections régionales est déjà engagé.

Jean-Marc Ayrault s’est posté en embuscade dès la fin de l’été avec son collègue Pierre-Alain Muet. Ils ont proposé un amendement au projet de loi de finances pour 2016 afin de faire baisser, pour les foyers les plus modestes, la contribution sociale généralisée (CSG). Leur objectif est de la faire fusionner avec la prime d’activité qui entrera en vigueur au 1er janvier 2016, ainsi les salariés touchant entre 1 et 1,3 mic verraient leur taux de CSG réduit, ce qui remplacerait pour eux, le versement de la prime d’activité.

190 députés ont rejoint Jean-Marc d’Ayrault dans la défense de cet amendement. Ce soutien massif ne peut plus laisser le gouvernement insensible à ce combat de l’ancien Premier ministre qui marque ainsi son fort ancrage au Palais Bourbon. Successivement le président de la République et Manuel Valls ont échangé sur ce point avec lui et, malgré eux, cet amendement a fini par prospérer et par s’imposer par la volonté de la majorité parlementaire.

Pour ses défenseurs, qui ont accepté quelques aménagements à la marge, cette réforme fiscale permet de rassembler la gauche à quelques semaines des élections régionales et d’envoyer un signe en direction des électeurs. Il n’en reste pas moins qu’elle est complexe à mettre en oeuvre et, détail qui a son importance, n’est pas financée, or, elle pourrait coûter entre 1 et 2 milliards de plus que la prime d’activité qu’elle remplace.

Sur un plan plus politique, elle permet à Jean-Marc Ayrault d’être le maître d’oeuvre d’une véritable mesure de gauche qui, certes rassemble les troupes avant le scrutin régional, mais surtout unie les députés à quelques semaines de la campagne pour le remplacement de Claude Bartolone à la présidence de l’Assemblée Nationale, s’il est élu à la tête de la Région Île de France.

Derrière l’amendement Ayrault se cache donc la conquête du Perchoir. L’ex Premier ministre vient de remporter une bataille par l’adoption, jeudi 12 novembre, de son amendement, contre l’avis du gouvernement. Il montre ainsi sa puissance à l’Assemblée Nationale et sa capacité à réunir des députés socialistes, y compris les frondeurs ainsi que les verts et les radicaux…

Dans le cas où Claude Bartolone parviendrait à maintenir la Région Île de France à gauche et que la présidence de l’Assemblée Nationale serait libre, Jean-Marc Ayrault apparait désormais comme un candidat plus que crédible.