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Présidentielle : la primaire cache les rapports de force de demain 

La primaire de la droite et du centre est clairement lancée. Les annonces de candidatures se succèdent et si l’élection semble encore loin, elle n’aura lieu que les 20 et 27 novembre, déjà s’installent les petits calculs entre amis et les premiers coups bas.

À voir le nombre de candidats déjà déclarés, putatifs ou qui en rêvent, on se demande pourquoi la droite et le centre ont été si réfractaires à une primaire commune avant les précédentes élections présidentielles. La culture du chef si chère à la droite française est ainsi battue en brèche.

Si les candidatures de François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ne surprennent pas, à côté de ces trois poids lourds qui semblent être ceux qui marqueront in fine le tempo de l’élection d’autres candidats apparaissent plus surprenants voire iconoclastes. On ne peut s’empêcher d’imaginer les petits calculs qui pourraient se cacher d’abord dans une stratégie de premier tour, puis dans les ralliements de deuxième tour, enfin dans les négociations de partage de pouvoir en cas d’alternance. Car en politique, ce qui compte c’est le rapport de force.

Cette semaine Jean-François Copé s’est officiellement lancé dans la bataille. Il a fait le choix du journal de 20 heures de France 2, quand Nicolas Sarkozy était sur celui de TF1 après le Conseil national de son parti Les Républicains. Une façon de désigner son adversaire du premier tour, celui qu’il veut faire chuter ?

Bruno Le Maire officialisera sa candidature le 23 février, Nathalie Kosciusko-Morizet pourrait lancer sa campagne le 8 mars, date symbolique puisqu’il s’agit de la Journée internationale de la femme. Nadine Morano, Frédéric Lefebvre, Hervé Mariton et Jean-Frédéric Poisson ont déjà annoncé qu’ils seraient candidats. Henri Guaino qui occupe les médias ces derniers jours pourrait également en être. Son interview par Jean-Jacques Bourdin le mercredi 17 février sur RMC sonnait comme une pré-annonce.

On compte donc déjà plus de dix candidats à la candidature. Pour confirmer leur présence au vote des 20 et 27 novembre ils devront passer au tamis des parrainages d’au moins 20 parlementaires, de 2500 adhérents et de 250 élus, le tout pour la mi-septembre. Certains candidats pourraient rencontrer de sérieuses difficultés à réunir toutes ces conditions et être donc absents du premier tour.

Qu’ils ne s’inquiètent pas. Certains poids lourds feront en sorte que des « petits candidats » soient présents de façon à gêner des adversaires plus sérieux ou à écraser au premier tour les scores de certains. C’est ainsi que Nadine Morano pourrait être aidée par le clan Copé pour mordre sur le score de Sarkozy ou que Nathalie Kosciusko-Morizet soit également aidée par les équipes de Sarkozy pour prendre des voix à Juppé… à moins qu’elle ne négocie son ralliement à ce dernier avant le premier tour.

L’enjeu de cette pré-campagne cache également les négociations des ralliements de second tour. L’élection du 27 novembre risque de donner lieu à une lutte sans merci et chaque ralliement représentera une valeur négociable et un pas vers la victoire : le candidat en mesure de « rassembler » au second tour pourrait bénéficier d’un avantage considérable.

Quant aux candidats défaits ils auront fait peser leurs idées, pour celles et ceux qui en ont, et pourront revendiquer une place dans le dispositif de la campagne présidentielle puis dans le nouvel exécutif. Il s’agit également d’imposer certaines mesures dans les programmes des candidats à la présidentielle.

Ces primaires sont un moment à saisir pour les entrepreneurs et leurs Fédérations professionnelles. Il est important de rencontrer tous les candidats et de faire connaître ses propositions pour intégrer le débat interne aux Républicains et au centre avant l’élection présidentielle.