L’actu

Politique, économie, budget au taquet

Les prévisions Françaises de croissance et de budget apparaissent peu convaincantes, Volkswagen tente de reconquérir sa clientèle américaine quant Toyota s’attaque à la voiture autonome, Emmanuel Macron croit en NOÉ, Patrick Drahi en Altice et Madame Vichniesky fait des bonds…

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Emmanuel Macron vient de présenter les bases de son futur projet de loi « Nouvelles opportunités économiques » ou NOÉ qu’il souhaite, à l’instar de sa collègue Axelle Lemaire, « participatif ». Alors le ministre de l’Économie a fait plancher depuis quelques semaines des spécialistes et des chefs d’entreprise sur les blocages de notre économie et sur quelques leviers à déverrouiller pour faire avancer la machine. Pascal Terrasse (PS) est le député pressenti pour porter le projet devant l’Assemblée Nationale. Au programme du diagnostic présenté par Emmanuel Macron, lors d’un show à l’américaine, lundi 9 novembre, la modernisation du statut d’auto-entrepreneur, afin d’en faciliter le recours, la création de fonds de pension à la française, revoir les qualifications obligatoires non « justifiées » de certains métiers ou encore la dérégulation de certains secteurs de l’économie afin de leur permettre de mieux appréhender la révolution numérique. Cette Loi Macron 2 s’annonce prometteuse en agitation politique et devrait recueillir son lot de résistances mais également nous amener à poser l’inévitable question : sera-t-elle suffisamment ambitieuse pour ne pas se limiter à un « coup de communication » de plus ?

1000

Première mesure concrète de dédommagement du groupe Volkswagen pour ses clients américains concernés par les moteurs truqués afin de limiter les taux de monoxyde d’azote mesurés : 1000 dollars. Les clients trompés par le constructeur allemand se verront remettre une carte créditée de 500 dollars ainsi qu’un avoir équivalent valable chez les concessionnaires du groupe, une assistance dépannage gratuite de trois ans leur sera également offerte. Un premier pas de Volkswagen en direction de ses clients qui risque toutefois de ne pas être suffisant, ce que le constructeur reconnaît implicitement puisqu’il ne demandera pas à ses clients de renoncer à leurs recours juridiques éventuels contre l’acceptation de ce « geste » qu’il qualifie lui-même de « première étape ». Selon Kelley Blue Book, une société spécialisée dans l’étude des prix automobiles, la valeur des véhicules concernés aurait baissée de 16%, une décote qui pourrait atteindre 30% selon les concessionnaires. 200 actions collectives auraient été engagées aux États-Unis par les clients du constructeur allemand.

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Lors du dépôt de ses listes officielles, le lundi 9 novembre, Laurent Wauquiez a annoncé un joli coup politique. Le candidat de la droite et du centre en région Auvergne-Rhône-Alpes a en effet recruté sur sa liste départementale du Puy-de-Dôme l’ex-magistrate Laurence Vichniesky, qu’il accueille en huitième position. L’actuelle conseillère régionale EELV en Provence-Alpes-Côte-d’Azur réalise donc un grand écart politique et un grand bond géographique. Elle explique sa décision en raison de l’évolution du parti EELV, dont elle fut pourtant la porte-parole, qui a pris la décision de s’allier avec le Front de Gauche. C’est le MODEM qui a créé un pont entre Laurent Wauquiez et sa nouvelle recrue. En effet, l’élue verte du Sud avait décidé de rejoindre le parti de François Bayrou pendant l’été 2015, après s’être néanmoins présentée sous les couleurs EELV aux Départementales de mars à Marseille… Même si elle n’a pas pris sa carte du MODEM, celui-ci a défendu sa candidature auprès de Laurent Wauquiez, dans le cadre de l’accord régional qui lie les Centristes avec Les Républicains ce qui permet à Laurence Vichniesky d’opérer cette surprenante migration politique et géographique.

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Après avoir procédé à 50 milliards d’euros d’acquisition en deux ans, être passé de 1,5 milliards à 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le groupe de Patrick Drahi, Altice commençait à suscité les plus folles rumeurs voire des craintes quant à l’importance de sa dette. Il passe donc à la contre-offensive et annonce entamer une phase de diète et d’explication de sa stratégie de développement. Dexter Goei, directeur général d’Altice et Michel Combes, PDG de SFR, sont montés sur le front médiatique cette semaine pour décrypter les ambitions du groupe. Fort de ses 55 000 collaborateurs, Altice souhaite s’appuyer sur le triptyque « industrialisation, innovation et convergence » pour asseoir son déploiement en jouant au maximum la complémentarité entre les tuyaux et les contenus. C’est la logique de la disparition de la marque Numéricable au profit de SFR qui regroupera l’ensemble de sa clientèle fixe et mobile mais également ce qui a motivé le lancement de Zive, son service de vidéo à la demande par abonnement, résolument haut de gamme, une sorte de contre-offre par rapport à ses concurrents directs. Ainsi, le groupe souhaite augmenter le panier moyen de ses clients tout en profitant de sa taille pour négocier avec ses fournisseurs des prix attractifs. C’est tout l’objectif de la filiale Altice Procurement Company qui regroupe les achats de l’ensemble du nouveau groupe. En effet, comme le rappelle au Figaro Michel Combes, Altice investit « chaque année 4 milliards d’euros, ce qui fait de nous l’un des plus importants investisseurs mondiaux du secteur »…

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Microsoft a annoncé qu’il investira 83 millions d’euros en France dans les prochaines années. Dès à présent, ce sont 70 millions d’euros qui sont débloqués sur trois ans afin de financer les entreprises innovantes françaises grâce à des accords avec des incubateurs régionaux à Paris, Lille, Lyon et Marseille. Ce sont près de 300 start-up françaises qui sont concernées par ses apports de fonds américains. Microsoft souhaite ainsi repérer les succès de demain dans le numérique afin d’identifier le plus amont possible d’éventuelles cibles pour des acquisitions, l’enjeu est également de faire en sorte que ses solutions soient utilisées par les acteurs de demain. L’autre pan de l’investissement français de Microsoft concerne l’Éducation Nationale qui bénéficiera d’un apport de 13 millions d’euros afin d’aider au déploiement du numérique dans les écoles.

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L’OCDE confirme ses craintes quant à la croissance mondiale en 2015, elle revoit une nouvelle fois ses prévisions à la baisse et estime désormais la croissance pour cette année à +2,9% et à 3,3% en 2016. Il s’agit de la plus faible croissance mondiale enregistrée depuis 2009. La faiblesse du commerce international est la principale raison de cette atonie, il devrait être à +6% selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), or il stagne à +2%. C’est au Brésil, en Russie et en Chine que les volumes d’importations ont le plus reculé, de 10 à 30%, ce qui a plombé l’ensemble de l’économie mondiale. Depuis mars 2015, l’OCDE a déjà procédé à trois révisions à la baisse de ses prévisions. Incidemment, ces perspectives peu dynamiques font un peu plus peser de doute sur les différentes hypothèses gouvernementales pour construire le Budget 2016, comme nous l’évoquions dans notre Newsroom de la semaine dernière.

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Le Cevipof a réalisé une étude sur le profil des conseillers régionaux élus en 2010 et le moins que l’on puisse dire c’est que le monde de l’entreprise ne brille pas par sa présence. Si les cadres d’entreprises représentent environ 11% des élus régionaux sortants, ils ne sont à peine que 4% à être des chefs d’entreprise et 3,5% des consultants indépendants ou patrons de TPE. La réforme territoriale donne plus de pouvoir économique aux nouvelles grandes régions, on pourrait donc espérer une plus grande représentativité des chefs d’entreprise à l’issue des élections des 6 et 13 décembre prochains. En fait, rien n’est moins sûr. Si Virginie Calmels, signe son engagement au côté d’Alain Juppé en prenant la tête de liste en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, elle reste une exception. Deux raisons principales à cette situation : le scrutin de liste favorise les choix d’appareils et les chefs d’entreprise ne sont certainement pas des professionnels de la politique, la seconde raison tient également au manque d’appétence des entrepreneurs pour l’engagement politique.

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Toyota change de braquet. Le groupe nippon vient d’annoncer un plan d’investissement de 1 milliard de dollars dans la voiture autonome. Il va créer dans ce but une filiale dans la Silicon Valley qui emploiera 200 chercheurs afin de développer des véhicules autonomes, signe que ceux-ci sont en voie de maturation. Toyota, déjà très en avance sur la technologie hybride, vient de présenter son modèle à hydrogène et peut désormais se lancer dans un secteur où les acteurs de la nouvelle économie ont déjà beaucoup misé, peut-être avec un temps d’avance mais l’important est d’être en phase avec le public et la réglementation.

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Quelques semaines avant le démarrage de la COP21, la Banque Mondiale vient de rendre public un rapport qui ne manque pas d’inquiéter. Elle estime qu’avec les perturbations climatiques dues par le réchauffement de la planète, 100 millions de terriens supplémentaires pourraient basculer dans une extrême pauvreté d’ici à 2030. Nous allons assister à une accélération des catastrophes naturelles telles que les sécheresses, les cyclones ou encore les inondations qui vont profondément toucher les pays les plus pauvres. Le continent africain devrait ainsi voir le prix de ses denrées alimentaires progresser de 12% en 2030 et de 70% à l’horizon 2080. Or, les solutions imaginées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre seront inopérantes à court terme, il faudra donc, toujours selon la Banque Mondiale, mobiliser d’autres types d’aide afin de soutenir ces populations, cela passera nécessairement par la solidarité internationale. On évoque par exemple un dispositif spécial lié à la taxe carbone.

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La France s’est engagée à passer sous la barre des 3% de déficit budgétaire à l’horizon 2017. Le problème est que la Commission européenne ne croit pas vraiment aux capacités de l’État français de respecter ses engagements, malgré le délai supplémentaire qui lui a déjà été accordé. À l’occasion de ses prévisions économiques d’automne des pays européens, la Commission a rappelé les engagements de la France et elle a surtout souligné ses doutes si les économies promises ne sont pas engagées. La Commission estime que la loi Macron est un signe de bonne volonté de la France et qu’elle devrait amplifier encore les réformes.