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Élections législatives : et si vous misiez sur elles pour votre lobbying ?

Les élections législatives seront le prochain rendez-vous après la présidentielle. Pour votre lobbying, elles constituent un rendez-vous incontournable.

Le journaliste Simon Janvier et Mathieu Quétel font le point sur les élections législatives dans un nouveau numéro de « Lobby or not Lobby » sur la Radio des Entreprises (RDE).

Écoutez le podcast ou lisez le script de l’émission ci-dessous :

Simon Janvier : Bonjour et bienvenue pour ce nouveau rendez-vous de « Lobby or not lobby » avec Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques. Mathieu, bonjour, aujourd’hui, vous nous projetez à l’après-présidentielle, plus précisément aux élections législatives.

 MQ : Bonjour Simon. On parle beaucoup de cette folle présidentielle dont l’issue reste imprévisible, même si nous sommes désormais dans la phase de cristallisation des votes, mais pour gouverner le président élu aura besoin d’une majorité et c’est bien lors des élections législatives des 11 et 18 juin que se jouera l’avenir du quinquennat.

 Selon toute attente, dans la foulée de l’élection présidentielle une majorité devrait se dessiner à l’Assemblée Nationale à l’image du président élu. Les candidats qui porteront ses couleurs, lors des élections législatives, devraient bénéficier de la vague, non ?

 C’était en effet comme cela que les choses se passaient avant. Mais c’était avant cette marée de « dégagisme » nourrit par le ras le bol des Français face à un spectacle politique, il est vrai, peu ragoutant. Les élections législatives se joueront dans une ambiance tendue entre une droite peut-être déçue de ce rendez-vous imperdable mais lamentablement gâché, un PS en pleine implosion et un FN gonflé à bloc et revanchard. Quel que soit le vainqueur sorti des urnes au soir du 7 mai, les législatives se joueront en terrain miné.

Il s’agit donc de tenir compte de cette ambiance pour les démarches de sensibilisation des candidats que nos auditeurs pourraient engager ?

Exactement. Un autre élément est à prendre en compte, le grand nombre de circonscriptions, pour ces élections législatives, au sein desquelles l’ancien titulaire ne se représentera pas pour diverses raisons, souvent à cause de son âge. Dans un contexte d’incertitudes, ce sont donc des candidats neufs qui se présenteront face aux électeurs. Il s’agit d’un atout, peut-être sauf pour ceux qui porteront les couleurs des partis traditionnels Les Républicains ou le Parti Socialiste, mis à mal ces derniers mois. Partout en France, leurs candidats font profil bas et battent déjà la campagne en affirmant haut et fort qu’eux sont « des locaux », qu’ils défendent leurs territoires. Pas sûr néanmoins que les électeurs soient vraiment réceptifs.

On risque donc de voir apparaître de nouvelles têtes et de nouvelles étiquettes à l’issue de ces législatives. À ce stade, les candidats En Marche ! et FN constituent une réelle interrogation quant à leurs capacités à séduire les Français.

Que préconisez-vous dans ce contexte si particulier et incertain ?

 D’abord d’accepter la réalité : le FN pourrait avoir entre 30 et 150 députés à l’Assemblée Nationale. La question d’inclure ce parti dans une démarche institutionnelle se pose donc désormais, y compris et peut-être surtout dans une démarche de proximité. On peut penser ce que l’on veut à titre personnel du FN, il est en position sérieuse de peser à l’Assemblée Nationale. Il pourrait même constituer un apport de voix indispensable pour constituer une majorité parlementaire selon le locataire de l’Elysée.

S’agissant d’En Marche ! les candidats ne sont pour la plupart même pas connus. Difficile de tenter de les convaincre de quoi que ce soit.

Ce mouvement, tout neuf, promet 577 candidats aux législatives. Il est probable qu’après la présidentielle la stratégie pour les législatives s’affine et que des soutiens à des sortants issus du PS voire de LR soient envisagés. Il faut donc observer avec attention les prises de position locales qui ne manqueront pas de s’exprimer dans les prochains jours.

Est-il utile pour une fédération professionnelle par exemple de se lancer dans une action de lobbying pendant ces législatives ?

Plus que jamais oui. Plus on entre en contact en amont de l’élection avec les candidats, plus on a de chances d’être entendus. En outre, il est toujours intéressant de rencontrer un candidat en campagne, de détecter ses sujets d’intérêts, ceux sur lesquels il pourrait s’investir en cas d’élection. Donc, il faut se lancer en campagne électorale !

Mais comment faire ?

Première étape incontournable : la cartographie de chaque circonscription de votre département ou région, selon la taille de votre territoire d’influence. Il faut que vous disposiez de l’ensemble des forces en présence avec les capacités de chacun à être présents au second tour, essayez également de déterminer la possibilité de triangulaire voire de quadrangulaire. Un professionnel peut vous aider, mais il s’agit d’une étape déterminante.

C’est un travail de fourmi.

 En effet, Simon. C’est d’ailleurs ce que j’explique toujours à mes clients, le lobbying est une démarche sérieuse et qui requiert une grande application. Le rendez-vous avec la personnalité n’est qu’une étape parmi beaucoup d’autres. D’ailleurs, la seconde étape incontournable est de poser des souhaits précis dans le cadre de votre implication dans la campagne, pas plus de 5, au-delà vous serez inaudible. Ensuite, travaillez-les, traduisez-les en langage politique, faites-en sorte que le support soit attractif. Je vous entends déjà souffler. À ce stade sachez que la majorité de vos concurrents a déjà abandonné en rase campagne soit parce que c’est trop de travail, soit parce que les dépenses leurs semblent trop importantes, soit parce que pour eux un rendez-vous suffit. Si vous ne faites pas partie de ces adeptes du « lobbying à la papa », éternels laissés pour compte des décisions publiques, alors vous allez créer la différence.

Une fois que l’on dispose de tous ces outils, on peut enfin se lancer dans des rendez-vous avec les candidats ?

Le temps est venu en effet de rencontrer les candidats. Faites preuve d’empathie, pensez que leur emploi du temps est démentiel pendant la campagne électorale, essayez donc d’être concis et efficace. Vos demandes et vos documents bien travaillés devraient être de précieux alliés. Après chaque rendez-vous opérez un débriefing, essayez de détecter quelles sont les propositions qui ont retenu l’attention. Immédiatement après, écrivez un courrier dans lequel vous rappellerez vos demandes et, surtout, les éventuels engagements du candidat. Ensuite, continuez de le suivre tout au long de la campagne.

Et après l’élection ?

 Si le travail d’influence a été bien fait pendant la campagne, vous disposerez, pour chaque circonscription, d’un contact direct avec le député. Veillez à regarder sa commission de rattachement à l’Assemblée Nationale, et faites vivre ce nouveau contact. Il sera d’autant plus précieux qu’il suivra les dossiers techniques qui vous concernent directement. Mais nous sommes déjà dans une nouvelle phase…

 Mathieu Quétel, il me reste à vous remercier, je rappelle que vous êtes le président de Sountsou- Affaires Publiques et l’auteur de l’ouvrage «Entrepreneurs, faites-vous entendre des politiques – Secrets du lobbying efficace » qui vient de paraitre chez Kawa éditions. Nous vous retrouvons très vite dans un nouveau numéro de « Lobby or not lobby ».