L’actu

Livre : concilier éthique et politique

Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss dirigent l’ouvrage collectif « Politique et éthique : regards croisés », paru le 1er septembre chez Bart & Jones. 17 co-auteurs (dont Mathieu Quétel, président de Sountsou) livrent leurs réflexions sur la politique, l’éthique et sur la démocratie. Sountsou les a rencontré.

Newsroom Sountsou : « Votre ouvrage est original, il permet à 17 co-auteurs de livrer leurs réflexions sur la politique, l’éthique mais également les médias, sans jamais se rencontrer vraiment, comment vous est venue cette idée ? »

Nathalie Bordeau / David-Xavier Weiss : Comme nous l’expliquons dans l’introduction de l’ouvrage, la crise de gouvernance qui a touché l’UMP en juin 2014, par laquelle nous nous sommes sentis aussi concernés qu’atterrés, a été en quelque sorte l’élément déclencheur de ce projet. Voir des personnalités d’envergure nationale bafouer sans la moindre hésitation les statuts ratifiés moins d’un an plus tôt par les adhérents ne correspondait vraiment pas à l’idée que nous nous faisions de la dimension éthique, pour nous indissociable de toute implication dans la vie politique. Et en regardant ce qui se passait dans les autres partis, d’un bout à l’autre de l’échiquier, nous ne pouvions que constater que ce n’était pas mieux, et même souvent pire, quoi que sous des formes diverses.

Il s’agissait donc moins de la crise d’un parti que du fonctionnement global d’un système où les valeurs individuelles ne tenaient plus suffisamment lieu de garde-fou déontologique.

Mais nous percevions toute la complexité du problème, aussi il nous a semblé intéressant d’associer des coauteurs de différents horizons, français et étrangers, jeunes ou moins jeunes, impliqués ou non dans la vie politique, universitaires, écrivains, journalistes ou issus de la société civile, afin que chacun exprime librement sa vérité et que nous ressortions tous avec une réflexions enrichie de la diversité des points de vue.

Les coauteurs ne se sont pas tous rencontrés avant la finalisation de l’ouvrage à la fois pour des raisons d’éloignement géographique, mais aussi pour que la réflexion de chacun ne soit pas influencée par celle des autres. C’est cette variété des profils et des points de vue qui fait, à nos yeux, toute la richesse de l’ouvrage.

« Si on en croit les sondages, politique et éthique semblent assez irréconciliables aux yeux des Français, qu’en pensez-vous ? »

NB/D-XW : Le souhait commun de tous les coauteurs est justement de montrer que non seulement on peut, mais qu’en plus on doit concilier politique et éthique, car cela va dans le sens du respect des électeurs et de l’efficacité des actions.

Nous avons voulu aussi montrer à quel point c’est difficile, car ce sont précisément souvent les hommes et femmes politiques les plus honnêtes et les plus impliqués dans l’action, qui sont les moins soucieux de jouer le jeux des médias, et ceux-ci le leur font payer très cher, y compris en remettant en cause leur éthique, parfois sans la moindre raison, ou en présentant comme des dérapages des faits parfaitement légaux ou imputables à de tierces personnes. L’impression que le grand public peut avoir d’un manque d’éthique généralisé de la classe politique n’est que l’effet du miroir déformant de la recherche de sensationnalisme des journalistes et de leur déontologie parfois très élastique. Les journalistes plus soucieux d’éthique que d’audience existent, mais il faut bien reconnaître qu’ils sont l’exception.

« À quelles affaires faites-vous référence lorsque vous évoquez la mise en cause, à tort, de l’éthique de certains élus, par les médias ? »

NB/D-XW : Les affaires où des élus, et en particulier des personnalités de premier plan, sont très médiatiquement mis en cause, puis lavés de tout soupçon beaucoup plus discrètement, sont légion. Un exemple emblématique est celui de Eric Woerth; et on se dirige vers un schéma semblable concernant Jean-François Copé. Sans surprise pour qui connait l’un ou l’autre de ces hommes de conviction et d’engagements….

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » semble être le credo d’une certaine presse, peu scrupuleuse et fort soucieuse de sensationnalisme…

Sans parler du scandale des personnages publics dont la vie privée est dévoilée sans leur accord ! L’exemple récent de Florian Philippot nous a rappelé que le droit à la vie privée est bien fragile quand les médias le battent en brèche !

« Nous entrons dans la phase de pré-campagne pour la présidentielle de 2017, croyez vous en l’émergence d’une nouvelle génération d’élus ? »

NB : L’émergence d’une nouvelle génération d’élus est souhaitable quand elle est un vecteur pour renouveler les idées et les pratiques. Mais elle ne doit pas consister à vouloir faire à tout prix émerger de nouvelles têtes, sans se soucier des valeurs qu’elles incarnent.

Le jeunisme, en politique, n’est pas plus souhaitable que la gérontocratie.

Oui, cette période de pré-campagne  devrait  faciliter l’émergence d’une nouvelle génération d’élus. Et il serait souhaitable que ce soit ceux qui ont une action de terrain de longue date et une implication dans le fonctionnement des partis politiques, qui se trouvent ainsi mis en lumière. Mon coauteur David-Xavier Weiss fait d’ailleurs partie de ceux qui amèneraient un renouveau de valeurs et de pratiques s’il accédait à de nouvelles responsabilités. Et son souci des questions éthiques, manifeste au travers de cet ouvrage comme des diverses fonctions qu’il exerce ou a exercé, est un argument supplémentaire en sa faveur.

Chaque parti politique a sans doute en son sein de semblables talents, à qui il est hautement souhaitable de donner plus encore l’opportunité de s’investir au service de l’intérêt général. Certains hommes politiques connus du grand public sont fort soucieux de ces bonnes pratiques, mais nul doute qu’une nouvelle génération, à leurs côtés, aidera à les faire émerger.

« Vous avez fait le choix de soutenir l’association Le Refuge, un rapport avec les thématiques de votre ouvrage ? »

NB/D-XW : Le Refuge n’est en aucun cas une structure politique, mais quoi de plus éthique que de venir en aide à des jeunes rejetés par leur famille en raison de leur orientation sexuelle ? Le Refuge les aide à se loger, à poursuivre leurs études, à trouver un emploi, et aussi et surtout à se reconstruire émotionnellement.

Alors si notre ouvrage peut aider à faire connaître cette association exemplaire, y compris dans des milieux où elle l’est peu, il n’aura de toutes façons pas été inutile.

Nous espérons, certes, que le livre aura du succès par son contenu, mais si il est parfois acheté surtout pour aider Le Refuge, c’est très bien également.

Les 17 coauteurs ont tous approuvé le soutien à cette association et ont, de ce fait, tous travaillé bénévolement à la réalisation de cet ouvrage. C’est un fort beau message en soit : l’éthique et l’investissement personnel existent chez un large panel de personnes, issues d’horizons divers.

« Politique et éthique : regards croisés » est publié chez Bart & Jones et disponible sur Amazon, I Tunes ou la FNAC en e book et livre physique.

Nathalie Bordeau, a occupé différents postes à responsabilité dans des cabinets ministériels, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle était en charge des affaires réservées au cabinet du Premier ministre, elle est aujourd’hui chargée de mission Intelligence Économique au Conseil départemental des Hauts de Seine.

David-Xavier Weiss est Maire-Adjoint de Levallois-Perret et journaliste politique. Il est également secrétaire national du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) en charge du Tourisme et porte-parole francilien du CNIP.