L’actu

Mois : mai 2016

Brèves de lobbying

Nouvelle rubrique dans la Newsroom de Sountsou « Les brèves de lobbying » apportent des éclairages sur des opérations passées ou en cours dans le domaine des relations institutionnelles. Une approche directe dont le but est de susciter la réflexion ou de donner des idées.

Encadrer l’usage des drones

Les récents incidents impliquant des drones et des avions de ligne, heureusement sans conséquence ont néanmoins inspirés les sénateurs. Xavier Pintat et Jacques Gautier (LR) ont déposé une proposition de loi, examinée en première lecture au Sénat le mardi 17 mai, visant à « renforcer la sécurité de l’usage des drones civils ». Le texte prévoit la mise en place d’une immatriculation, l’instauration d’une formation aux télépilotes d’aéromobiles et l’obligation d’un signalement électronique et lumineux au delà d’un certain seuil de masse.

Manifs de casseurs

Les opposants à la loi travail se sont lancés dans un combat jusque-boutiste et, malgré le détricotage du texte, continuent de manifester dans la rue. Le problème est qu’ils rencontrent de plus en plus de difficulté à mobiliser , ils sont donc de moins en moins nombreux dans les rues lors des différentes manifestations et on ne voit plus que les casseurs. Ceux-ci se déchaînent et achèvent de décridibiliser un mouvement qui s’essouffle et dont on a du mal à percevoir les attentes.

 

Jean Lassalle avec Nuit Debout

Quelques centaines de manifestants de Nuit Debout ont manifesté devant l’Assemblée Nationale, mardi 10 mai, après l’annonce du recours au 49-3 par le gouvernement. Aux cris de « On emmerde le 49-3 » ou « Assemblée nationale, assemblée du capital », les manifestants ne sont accompagnés que par quelques élus issus du Front de Gauche. Une tête dépasse néanmoins, celle de Jean Vassale, le candidat à la présidentielle, venu soutenir les manifestants et annoncer qu’il votera lui aussi la motion de censure, ce qui n’a rien de surprenant. Ce qui l’est plus c’est la présence d’un député qui a voté pour Nicolas Sarkozy et qui vient de s’émanciper de François Bayrou dans un mouvement qui, le moins que l’on puisse dire, ne défend pas vraiment le même message que lui.

Radicalisation syndicale

La loi travail n’en finit pas de générer des tensions et des récupérations faciles. C’est le cas dans la démarche d’hystérisation engagée par les syndicats, notamment la CGT et SUD-Rail qui se sont lancés dans une sorte de mise en enchère du blocage. La CGT a déposé un préavis de grève reconductible illimité pour les mercredis et jeudis et SUD-Rail un mouvement reconductible sans limitation de durée. L’enjeu entre les deux organisations est leur poids respectif au sein de la SNCF. Chez les routiers, CGT et FO appellent à un mouvement reconductible à partir du 17 mai. La CGT tente de mobiliser les salariés de la mer pour les 17 et 19 mai. D’autres initiatives sont en préparation afin de faire monter la pression sur le gouvernement pour obtenir un retrait de la loi travail.

Motion de censure numérique

L’activiste Caroline de Haas est de retour. Elle est à l’initiative du site www.motiondecensure.fr qui ambitionne de réunir un maximum de Français pour adresser une motion de censure « citoyenne » au gouvernement. En quelques jours le site avait accueilli plus de 100.000 signatures dont celles de 150 personnalités. Cette motion de censure numérique devra dépasser la pétition lancée par la  nouvelle égérie anti-gouvernemental contre la loi travail, soit plus de 1,3 millions de pétitionnaires pour convaincre de son intérêt. Il n’est pas évident qu’elle parvienne à susciter le même engouement.

Difficile défense des abeilles

Le projet de loi Biodiversité en cours de navette au Parlement est l’objet de passes d’armes entre pro et anti-néonicotinoïdes. Ces pesticides sont réputés tuer les abeilles, guêpes et autres bourdons et mettre ainsi en danger la pollinisation. Les députés ont voté l’interdiction de l’utilisation en première lecture mais le Sénat était revenu dessus en première lecture avant de se raviser jeudi 12 mai et de s’orienter finalement vers une diminution progressive de leur utilisation. Dans le cadre du projet de loi, La Fondation Nicolas Hulot pour l’homme et la nature s’est lancée dans une opération de lobbying originale dont le but est de montrer la traduction de la disparition des abeilles dans nos assiettes. Et de décrire les bols du petit déjeuner sans chocolat, nos repas avec beaucoup moins de fruits et légumes, notamment les tomates. La Fondation rappelle également que 30% des colonies d’abeilles meurent chaque année suite à l’utilisation des néonicotinoïdes dans l’agriculture.

Le paquet neutre au Conseil d’Etat

La Seita, filiale du cigarettier britannique Imperial Tobacco vient de déposer un recours au Conseil d’Etat contre le paquet neutre des cigarettes, qui sera obligatoire à partir du 1er janvier 2017. Elle dénonce une « atteinte disproportionnée et inédite au droit de propriété des industriels ».

À Paris, la voiture se mobilise

Dès le 1er juillet, les véhicules immatriculés avant 1997 seront interdits de circulation dans Paris intra-muros, une décision de la municipalité qui révolte les automobilistes. L’Association 40 millions d’automobilistes organise donc la résistance. En effet, une autre décision d’Anne Hidalgo pourrait avoir des répercussions inattendues sur des milliers de ménages franciliens, d’ici à 2020, ce sont tous les véhicules immatriculés avant 2011 qui seront interdits de circulation dans Paris ! Alors l’Association souhaite obtenir de la justice une obligation de la Mairie de Paris de rembourser les automobilistes « victimes » de ses décisions. Elle estime en effet, que la valeur des véhicules concernés va forcément s’effondrer puisqu’ils ne pourront plus circuler dans la capitale.

Le lobbying de la Tech

Les pays se battent pour attirer les investisseurs et les porteurs de projets liés à la technologie. Ainsi Londres investit 200 millions de livres afin de promouvoir son projet Tech City et attirer un maximum de projets et d’investisseurs. La France voit les choses en (moins) grand : 5 millions d’euros par an pour assurer la promotion de la French Tech par le biais de road shows et d’évènements divers afin de séduire les investisseurs étrangers et pour inciter les talents à rester. Alors Emmanuel Macron donne de sa personne et sillonne les différents évènements afin de promouvoir la French Tech, dont il est devenue une icône.

Actions destructrices

Un peu partout en France, les permanences du parti socialistes ou de députés PS sont saccagés par des manifestants opposés à la loi travail. Cette radicalisation semble franchir un degré supplémentaire chaque semaine. La permanence du député socialiste Jacques Cresta ont été envahis par des manifestants, celle de son collègue Laurent Grandguillaume a été visitée et dégradée en l’absence du parlementaire.

 

Brèves de primaire à gauche

Nos informations sur les coulisses des primaires à gauche.

La marche de Macron

Emmanuel Macron dément l’information de Paris Match selon laquelle il aurait levé « près de 10 millions de Livres Sterling » lors d’un déplacement récent à Londres. Quant à une éventuelle annonce de candidature à la présidentielle, qui serait prévue pour le 10 juin, le ministre de l’Économie l’a également fait démentir par son entourage. Sa marche, lancée il y a quelques semaines, est décidément saccadée.

Martine Aubry au soleil

Elle avait signé une tribune dans Le Monde qui a, d’une certaine façon, lancé les hostilités contre la loi travail. Puis, plus rien, Martine Aubry s’est mise en sourdine comme si elle souhaitait laisser la rue prendre le relai après l’ultra-efficace pétition lancée par Caroline de Haas sur le site change.org. Discrètement, Martine Aubry est toutefois à la manoeuvre. Elle a même retenu ses troupes dans le projet de motion de censure avorté des frondeurs dont elle n’est pas pour rien dans l’échec. Elle s’est simplement fendue d’une déclaration pour dire que « le 49-3 n’est pas acceptable ». Elle travaille actuellement, discrètement, à l’organisation d’une « Université citoyenne de la gauche et des écologistes ». Celle-ci devrait se tenir à l’été et devrait réunir les « forces de gauche » avec les écologistes.

« C’est plié »

L’ambiance est morose chez les députés socialistes qui sont de plus en plus nombreux à considérer, en off, que l’espoir pour François Hollande de conserver son mandat s’est définitivement évaporé avec le recours au 49-3 et l’attitude des frondeurs qui ont tenté de déposé une motion de censure contre le gouvernement. Outre les noms d’oiseaux qui fusent facilement le slogan « C’est plié » a remplacé « Le changement c’est maintenant ».

« L’autre voie » des frondeurs

Les frondeurs du PS saisissent le recours au 49-3 pour installer l’idée qu’une « autre voie est possible » à gauche dans la perspective de la présidentielle. Ils n’hésitent plus, dans leurs diverses déclarations, à afficher que le « tout sauf François Hollande » serait finalement une bonne solution. L’idée de présenter, quoiqu’il arrive, un candidat à la présidentielle s’installe peu à peu et le retour d’Arnaud Montebourg le 7 mai sur le devant de la scène médiatique est loin d’être anodine.

Valls torpille les frondeurs

Le débat du 12 mai autour de la motion de censure déposée par droite contre le gouvernement a viré à la guerre « gauche-gauche ». Le premier Ministre a réservé ses attaques les plus saignantes au frondeurs du PS « cette vieille gauche » qui « regarde vers le passé et se trompe depuis cent ans ». Il a opposé la gauche responsable qui gouverne, prend ses responsabilité et prépare l’avenir à « ceux qui s’arc boutent sur le passée ». Cette séquence sonne avoir sonné la fin de partie pour un PS et une majorité en état de choc.

Règlements de compte à OK PS

Les frondeurs qui ont envisagé de censurer le gouvernement font désormais l’objet d’une procédure au sein du PS qui pourrait aboutir à leur exclusion. Surtout, la rue de Solferino s’apprête à investir dans leurs circonscriptions d’autres candidats. Histoire de prendre acte de la rupture et de mettre un coup de pression sur les députés de la majorité qui, selon toute vraisemblance, rencontreront de toute façon de grandes difficultés à se faire réélire en juin 2017…

Adhérents PS déterminés

Des adhérents du PS viennent d’assigner leur parti devant le tribunal de grande instance de Paris afin qu’il respecte ses statuts et organise une primaire interne en vue de la désignation d’un candidat pour la présidentielle de 2017. Après les parlementaires, ce sont donc maintenant les adhérents qui remettent en question la ligne actuelle du parti…

Julie Gayet à l’Élysée

La journaliste de Paris Match, Pauline Delassus, publie chez Grasset un livre consacré à Julie Gayet « Mademoiselle ». On y apprend que l’actrice est très engagée politiquement, elle s’est notamment investit contre le harcèlement scolaire, sur le conflit au Proche Orient ou encore pour le Mariage pour Tous. Elle s’investirait également de plus en plus dans la quotidien de l’Elysée en donnant, notamment, son avis sur les menus du Président. Des choix, en effet, hautement politiques. Plus sérieusement, son influence serait réelle dans le domaine culturelle et elle ne serait pas pour rien dans l’évincement de Fleur Pellerin et la nomination de son amie Audrey Azoulay rue de Valois.

Les provocations de Macron

Le ministre de l’Économie recevait des chefs d’entreprise à Bercy, jeudi 12 mai, il n’a pu s’empêcher de lancer quelques phrases teintées de sous-entendus qui devraient ravir les autres membres du gouvernement. Le Figaro rapporte cette citation savoureuse « Il y a parfois une grande solitude face à un défi qu’on veut relever ». Même si Emmanuel Macron ne cesse de démentir une éventuelle intention de se présenter contre François Hollande, « les rumeurs du microcosme » comme il les qualifie, ne cessent d’annoncer sa candidature prochaine. Le jeune ministre semble apprécier alimenter ses rumeurs et il fait tout pour rester dans le débat. Il y réussit plutôt bien, ce qui est assez rare en ce moment pour nos ministres.

Motion « pipeautage »

Si la volonté des frondeurs de lancer une motion de censure contre le gouvernement est jugée grave du côté du PS et du gouvernement, plusieurs responsables socialistes minimisent la démarche. Ils estiment en effet que cette motion de censure serait du « pipeau » selon des propos rapportés par Le Monde. Un « pipeau » qui a tout de même créé un beau bazar et qui devrait encore fait son effet lors du second passage de la Loi travail à l’Assemblée Nationale.

Macron prend des coups

La fulgurante ascension d’Emmanuel Macron en agaçait plus d’un au sein de la majorité. Ses déclarations iconoclastes et la dynamique dont il bénéficie dans l’opinion représentent désormais un risque pour le Président de la République ainsi que pour l’ensemble des candidats à la présidentielle de 2017. Le titulaire de Bercy doit donc se préparer à prendre des coups. Après une remontée de bretelles en direct à l’Assemblée Nationale par Manuel Valls, il est menacé d’une plainte de la part de Georges Fenech (député LR) qui vient de saisir la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique afin de lui demander de faire la lumière sur l’utilisation par Macron de moyens d’Etat pour lever des fonds pour sa prochaine campagne. Et nous n’en sommes, à priori, qu’au début de sa marche…

Droite : les coulisses de la présidentielle

Nos informations sur les coulisses des primaires à droite et sur les candidats de droite qui ne participeront pas à la primaire.

Morano pour un débat entre les candidats

Invitée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV, le vendredi 13 mai, Nadine Morano a demandé l’organisation d’un débat sur BFMTV entre « les candidats à la candidatures ». À la réponse du journaliste vedette « aucun des grands candidats n’acceptera de participer », la candidate a rétorqué « et bien nous verrons qui viendra ». Comme de nombreux « petits » candidats Nadine Morano est confrontée à la difficile recherche de parrainages de la part de parlementaires pour être qualifiée pour la primaire de la droite. Comme d’autres elle hausse donc le ton et revendique un droit à débattre.

L’offensive médiatique de Juppé

Alain Juppé a dévoilé son programme économique lors d’une grande offensive médiatique. Radios, journaux, télévisions, livre, difficile de passer à côté de l’ancien Premier ministre cette semaine. Le tour des popotes médiatiques du Maire de Bordeaux lui a permis d’afficher ses choix économique et de réaffirmer sa détermination à mener des réformes. Il n’a pas manqué également de poursuivre l’installation de l’image d’un homme d’Etat apaisé qui refuse les outrances tant sur le fond que sur la forme. Régulièrement invité à critiquer les programmes et postures de ses concurrents à la primaire de la droite, il s’est contenté de répéter « les Français décideront ».

Le million de Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan est candidat à l’élection présidentielle mais il pourrait manquer de carburant pour aller au bout de ses intentions. Outre, les parrainages et le manque de visibilité médiatique, le candidat de « Debout la République ! » doit également faire face à une difficulté d’ordre financier. Selon l’Expansion il lui manquerait 1 million d’euros pour boucler son budget dans un contexte où les banques rechignent à financer des « petits candidats ».

Qui c’est, ce têtard ?

Le Point daté du 12 mai consacre sa une à Nicolas Sarkozy avec cette question « Peut-il sauver Hollande ? ». Un long papier raconte le quotidien de l’ancien Président de la République au cours de ces dernières semaines, les journalistes l’ont accompagné pendant ses déplacements et ils décrivent sa stratégie de reconquête du pouvoir, d’abord au sein de son propre camp. Si l’équipe de François Hollande considère encore qu’il serait le meilleur concurrent pour permettre à François Hollande d’être présent au second tour, elle devrait se méfier un peu plus. Cet article, signé Anna Cabana, dévoile un Sarkozy fidèle à lui-même (un peu trop ?) elle relate notamment les portraits dévastateurs et cruels qu’il dresse de ses adversaires à la primaire et son intérêt pour le marketing politique de Donald Trump dont les outrances semblent répondre à un besoin des citoyens « d’idées fortes » et « d’épicé ». Le « Qui c’est, ce têtard ? » qu’il lance à propos d’un universitaire qui lui reproche son manque de courage sonne assez proche du légendaire « Casse toi pauvre con »…

Copé en forme

Jean-François Copé vient de marquer un point en réunissant les parrainages parlementaires indispensables pour valider sa candidature à la primaire de la droite. Conscient de son retard et de son image abîmée, le candidat est décidé à faire une campagne « à la Chirac », hors microcosme et dans l’espoir de continuer de surprendre les plus incrédules. Il est convaincu que son maillage du territoire, son excellente connaissance des militants, sa maîtrise des rouages de l’ex-UMP lui donnent un avantage sur lequel il est encore temps de capitaliser, sans oublier son positionnement de droite assumée et sans complexe.

La « troisième voie » NKM

En difficulté dans les sondages, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est affirmée dans une interview  au Figaro comme une « troisième voie entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ». L’ancienne ministre de l’écologie a regretté l’incapacité de son camp à revendiquer la paternité du Grenelle de l’environnement et elle a rappelé avoir été la seule à refuser le ni-ni dans l’entre-deux-tours des régionales. Il est vraie que la candidature de NKM apparait singulière à droite et cette candidature à la primaire pourrait constituer pour elle une excellente base de rebond.

Pétition numérique contre Sarkozy

Nicolas Sarkozy fait face à une fronde interne après sa décision de modifier les conditions de vote des Français de l’étranger à la primaire de la droite. Des recours ont été déposé auprès de la Haute autorité des primaires et une pétition sur la plateforme Change a vu le jour « Pour le respect du vote électronique pour les Français de l’étranger », si elle ne bénéficie pas (encore ?) d’une grande mobilisation, elle dépasse tout de même les 10.000 signataires et est en route vers les 15000.

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Le nouveau monde de Juppé

Alain Juppé était fermement attendu sur ses propositions économiques. Il vient de publier son nouvel opus programmatique « Cinq ans pour l’emploi » chez JC Lattès qu’il a décliné tout au long de la semaine au rythme d’un véritable marathon médiatique.

En tête des sondages, solidement installé sur une avance qu’aucun candidat du « renouveau » ne semble pouvoir remettre en question, Alain Juppé poursuit sa campagne en vue de la primaire de la droite, tranquillement, à son rythme mais avec détermination. Il a dévoilé cette semaine ses propositions pour l’économie.

Il a prévenu « ce ne sera pas rock’n roll » et il a raison. Alain Juppé ne prétend pas nous faire rêver il envisage plutôt de nous faire réfléchir et de prendre conscience que les réformes ne seront pas forcément très agréables mais indispensables. Il revendique une obligation de baisser la dépense publique tout en préservant la place d’un Etat fort. En cela, il n’est pas si libéral qu’on veut bien le dire ici ou là.

Il rend un vibrant hommage aux élus locaux, ces « faiseux » et invite les Français à s’impliquer dans la démocratie locale. Néanmoins, il demandera également des efforts aux collectivités locales.

Ses propositions économiques passent par la suppression des 35 heures, il souhaite également favoriser les accords au sein des entreprises, si ce n’est pas le cas alors la durée du travail sera de 39 heures payée 39. Il confirme son idée de « CDI sécurisé » qui prévoit les conditions de rupture. Il convertit les aides du CICE en baisses de charges, notamment le 0 charge sur le SMIC. Il réduit les cotisations familles à hauteur de 10 milliards, mesure financée par une hausse de la TVA de 1 point.

Sur le plan fiscal, Alain Juppé souhaite s’engager sur un « contrat fiscal » avec une baisse de l’impôt sur les sociétés à 30% pour les grandes entreprises et 24% pour les PME. Il supprimera l’ISF mais ne fait pas de grande promesse de réduction fiscale pour les ménages, à part pour les familles et pour les emplois à domicile qui bénéficieront d’une réduction de charges sociales.

Enfin, il propose de relever l’âge de la retraite à 65 ans et de rattacher au régime privé les nouveaux fonctionnaires à partir de 2018.

Face à un François Fillon très audacieux, le programme économique d’Alain Juppé semble moins offensif mais le candidat le défend en revendiquant un programme raisonnable et acceptable. Le débat peut commencer.

Que peut apporter le lobbying à une entreprise ?

Le 27 mai, le travail parlementaire commencera autour de la loi Sapin 2 et de son article 13 qui vise à organiser les règles en ce qui concerne les représentants d’intérêts, c’est à dire le lobbying. Il s’agit d’une nouvelle étape en faveur de la reconnaissance du lobbying, c’est donc une bonne nouvelle et l’occasion de rappeler que le lobbying ne concerne pas seulement les lois.

Il est fréquent que le lobbying laisse les chefs d’entreprise dubitatifs. Ils ne voient pas toujours en quoi une action d’influence peut être utile concrètement à leur activité et quand ils en perçoivent l’intérêt, ils le limitent encore trop souvent aux couloirs feutrés des ministères et du parlement. Or, le lobbying c’est bien plus que cela.

Je me souviens de cette start-up qui nous a consulté pour imaginer avec elle des utilisations pour sa technologie originale. La mise en place d’une stratégie d’influence lui a permis de conquérir de nouveaux marchés qu’elle imaginait intéressants mais qu’elle ne savait pas comment « attaquer ». Il s’agissait d’importantes institutions qu’une approche commerciale pure n’aurait pas suffit à séduire.

Dans un tout autre secteur d’activité, très régulé, dont les acteurs désespéraient de voir leurs préoccupations économiques prises en compte par les pouvoirs publics, un travail de « lobbying territorial » a permis de sensibiliser les parlementaires à leurs demandes. Les avancées obtenues ont été réelles et concrètes et elles ont sans doute permis de sauver de nombreuses PME.

Il y a également cette entreprise dont le dirigeant traversait une crise relationnelle profonde avec le président d’une grande institution, dont son activité dépendait. La mise en place en urgence d’un coaching personnel, d’une stratégie de lobbying discrète et pointue ont non seulement permis un apaisement des relations mais également de trouver une solution positive pour l’entreprise.

Le lobbying ne concerne pas que des interventions auprès du gouvernement et des parlementaires pour peser sur la loi. Il intervient dans de nombreuses situations traversées quotidiennement par les entreprises et auxquelles les entrepreneurs doivent souvent faire face seuls.

Ces moments partagés avec des chefs d’entreprise aux prises avec des situations critiques, sont précieux. Ils concernent l’essentiel de notre activité. Alors c’est vrai que je regarde avec une certaine distance ces reportages qui donnent une image si dégradée du lobbying et de l’entreprise.

C’est également pour cela que la loi Sapin 2 est utile, elle permettra d’organiser et d’offrir une visibilité à un secteur encore méconnu du grand public et sur lequel pèse de nombreux soupçons, souvent infondés.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques