L’actu

Mois : avril 2016

Faire face au lobbying anti-entreprise

« Lobby or not lobby », l’émission sur l’influence de la Radio des Entreprises (RDE) animée par le journaliste Simon Janvier avec Mathieu Quétel, président de Sountsou, consacre son nouveau numéro au lobbying anti-entreprise qui règne en ce moment en France.

Il est sournois, rampant, il irrigue les émissions, les films et téléfilms ainsi que les réseaux sociaux et la presse, le lobbying anti-entreprise est partout. Les manifestations anti-loi travail, le mouvement Nuit Debout en sont deux exemples dont certains slogans montrent à quel point l’entreprise reste clivante et source de tensions pour certains. Alors que faire ?

Simon Janvier et Mathieu Quétel dressent un état de la situation et proposent des pistes d’action pour que le monde de l’entreprise, par nature assez silencieux, puisse enfin se faire entendre.

L’émission peut-être écoutée ici.

Ras-le-bol du lobbying anti-entreprise !

 

Cette tribune a été publiée dans Le Cercle Les Échos.

Les entreprises sont victimes d’un lobbying anti-entrepreneurial rampant, sournois et dévastateur dont l’ensemble de notre économie paie les effets.  

L’accueil de Pierre Gattaz, président du Medef, lors de l’émission On n’est pas couché sur France 2, par une horde de manifestants issus du mouvement Nuit Debout, n’est que le reflet de l’ambiance anti-entreprise qui règne dans ce pays.

Les manifestants portaient samedi soir des masques représentant des hommes politiques, dont certains sont mêlés à des affaires. Même si ces derniers bénéficient bien entendu de la présomption d’innocence, on voit bien que l’objectif des agitateurs de plateau était de créer un raccourcit entre Pierre Gattaz, présenté comme le représentant des entreprises, et ces responsables afin de les confondre dans le même « Tous pourris » à la mode.

Un lobbying anti-entreprise systématique

Les manifestations autour de la loi travail ont été lancées autour des assouplissements pro-entreprises que le texte était censé poser. Ainsi, les animateurs du mouvement ont cristallisé leur action contre l’entreprise, d’abord avec la pétition de Caroline de Haas, puis avec les manifestations initiées par l’UNEF, enfin par les Nuits Debout. L’entreprise est devenue le bouc émissaire de revendications multiples dont, au final, très peu la concernent directement.

Qu’il y ait des raisons d’être inquiets face à la situation économique voir aux incertitudes de l’avenir, certainement. Mais est-ce le monde de l’entreprise qui creuse le déficit de la France ? Est-ce le monde de l’entreprise qui est responsable de notre incapacité à accrocher la croissance ? Les entrepreneurs sont-ils responsables du record européen de fiscalité qui pèse sur les Français ? Les chefs d’entreprise sont-ils à l’initiative des lourdeurs administratives, réglementaires, fiscales qui rongent notre économie ?

Ce mouvement est une sorte de catharsis autour d’une anxiété collective qui trouve ses sources dans le rejet d’un quinquennat décevant ainsi que dans les craintes suscitées par un avenir incertain qui verra sans doute s’imposer de nouvelles formes de travail. Néanmoins, pendant que quelques milliers de personnes manifestent, que des agitateurs envahissent un plateau et que quelques autres occupent les tribunes médiatiques, des millions de Français travaillent, créent de la richesse, réalisent leur passion. Nuit Debout n’est pas la France. Nous sommes victimes d’un lobbying anti-entreprise systématique et porté par des politiques irresponsables, dont certains sont au pouvoir.

C’est Gavroche dans la rue, les Ténardiers au Medef !

C’est la représentation de l’entreprise et de l’entrepreneur qui est sans cesse caricaturée et déformée. Par nos politiques d’abord, sur le projet de loi travail ce sont bien les entreprises qui sont l’élément clivant du texte. Dans toutes les manifestations, ce sont les « patrons » qui sont montrés du doigt, désignés comme des exploiteurs dont le seul objectif serait de licencier. Le terme « patron » est presque devenu une insulte dans ce pays. L’un des slogan phare des manifestations est « Nous ne sommes pas de la chair à patron ». Voir des jeunes qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise, être si virulents à l’égard de l’entrepreneuriat, c’est à la fois triste et mortifère. Comme si nous étions aux balbutiements de la Révolution industrielle. C’est Gavroche dans la rue, les Ténardiers au Medef ! Incroyable.

Les principaux responsables de cette situation délétère sont les politiques qui utilisent systématiquement les entreprises comme bouc émissaires de leur incapacité à réformer et de leur manque de courage. L’émission Dialogues Citoyens, sur France 2, jeudi dernier, a été l’occasion pour le Président de la République de tenter de renouer avec son électorat, une fois de plus sur le dos des « patrons ». Son échange avec la fondatrice de Envie de fraise, Anne-Laure Constanza a montré la capacité des politiques, y compris au sommet de l’Etat, à utiliser l’entreprise comme faire-valoir. À ce titre les extraits des déclarations de Messieurs Macron, Valls et Hollande qui déclaraient leur « amour » pour l’entreprise étaient bien cruelles.

À une question très concrète de la cheffe d’entreprise sur le temps partiel et la taxation des CDD, il a répondu sans craindre la caricature « vous voyez bien que, dans une société, on ne peut pas  embaucher des personnes, et chacun le comprendra, pour quelques heures », sur les stagiaires « on le sait bien, il y avait des abus, des entreprises embauchaient des stagiaires pour ne pas embaucher, même à temps partiel, des CDD ou des CDI ». Le chef de l’Etat a ainsi judicieusement martelé, tout au long de l’émission que la loi El Khomri visait à aider les salariés. Sans convaincre ni les salariés, ni les entrepreneurs.

C’est tout le paradoxe de la situation, à force de caricaturer le monde de l’entreprise, les politiques ne parviennent plus à réformer, leurs électeurs les renvoient à leurs propres contradictions. Ils paient le prix de leurs promesses. Leurs multiples déclarations à l’emporte pièce pour remporter l’élection explosent face à la réalité et leur reviennent en boomerang.

Il est indispensable que ce lobbying anti-entreprise soit combattu par les politiques eux-mêmes. La campagne présidentielle pourrait être l’occasion d’envisager le monde de l’entreprise dans une approche plus apaisée et de proposer des réformes qui soient réellement mises en œuvre. Il est indispensable que les entrepreneurs prennent toute leur part au débat. Eux aussi devraient se mobiliser.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

 

Brèves de primaire(s)

Nos informations sur les coulisses des primaires à droite et à gauche.

Juppé à net ouvert

Un mel adressé à tous les contacts d’Alain Juppé et signé Gilles Boyer, les invite à raconter leur première rencontre avec l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Le favori des sondages invite les Français à raconter leur histoire personnelle avec lui, une façon de profiter de sa longue expérience pour la transformer en une relation particulière avec les Français, un moyen également d’humaniser un homme politique qui est toujours apparu raide, un peu trop « droit dans ses bottes ». Les meilleurs témoignages seront publiés sur le blog de campagne du candidat à la primaire de la droite.

Fillon et la société civile

François Fillon est en pleine révolution personnelle. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy apparait transfiguré. L’Express daté du 20 avril livre un « exclusif » dans lequel le candidat à la primaire explique qu’il privilégiera des ministres issus de la société civile s’il est élu Président de la République. Il estime, en effet, que les non-politiques ont réussi de belles choses à la tête de ministères, il convient néanmoins qu’ils sont souvent victimes de votes de défiance au Parlement et qu’il sera donc nécessaire de les « protéger ». François Fillon organise le 3 mai, à Issy-Les-Moulineaux, un « rassemblement pour le plein emploi » qui réunira des chefs d’entreprise et des économistes mais pas de personnalités politiques. Un signe ?

Macron avec Jeanne D’Arc

Le 8 mai Orléans fêtera Jeanne D’Arc, comme chaque année. Le maire Les Républicain de la cité, Olivier Carré, a choisi Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, comme invité principal de la fête qui animera les rues de la ville tout au long le journée. Un choix pour le moins surprenant qui n’a pas manqué de susciter de multiples réactions courroucées au sein de la gauche locale. Emmanuel Macron succédera à Audrey Pulvar (2014) et Stéphane Bern (2015), ce choix n’est donc pas anodin puisque l’invité d’honneur de ces fêtes très populaires passe de la planète people à la sphère politique… Le Député-Maire d’Orléans a précisé qu’il avait invité Emmanuel Macron dès le mois de février, donc bien avant le lancement de son mouvement En Marche !.

Mélenchon pointe son nez

François Hollande décroche fortement dans les intentions de vote. Tous les regards à gauche se tournent vers Emmanuel Macron ou cherchent une Martine Aubry comme ultime recours. C’est en fait à la gauche de la gauche que cela bouge, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa montée en puissance, lentement mais sûrement. Les intentions de vote le donnent autour de 11% voire 16%, il talonne désormais François Hollande, parfois à seulement un point de lui. Les sondages sont-ils l’annonce d’une recomposition à gauche, peut-être plus rapide qu’attendue ? En tout cas, frondeurs du PS et ultras de la gauche ont un « homme providence », il suffirait désormais d’accepter de se retrouver autour de lui. Si la présidentielle semble, à ce stade, hors de portée, les législatives pourraient constituer un objectif  même si le mode de scrutin reste complexe pour les petites formations.

Chasse aux parrainages

Dans une primaire, il ne suffit pas d’être candidat. L’ouverture du site réservé aux parrains des candidats de la droite ouvre le 23 avril, les parlementaires et élus devront alors charger un bulletin et choisir le candidat à qui ils souhaitent donner leur parrainage pour les scrutins des 20 et 27 novembre. Le Parisien révèle que certains rencontreraient de sérieuses difficultés à réunir les précieux laissez-passer, même Jean-François Copé serait en difficulté, comme Nadine Morano et Hervé Mariton. Seuls les quatre principaux seraient assurés d’être dans la course. Quant aux autres… Il est nécessaire pour se présenter à la primaire de la droite de recueillir les parrainages de 25 parlementaires, 250 élus issus de 30 départements différents et 2500 adhérents à jour de cotisation. Jean-Frédéric Poisson, membre du Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin, inconnu de tous est assuré d’être dans le match, en effet, les formations affiliées à LR sont dispensées de passer par le sas des parrainages…

Les Français et « leur » primaire

Corinne Le Page a annoncé, mardi 19 avril, que l’appel pour l’organisation d’une « primaire des Français » a recueilli en une semaine 45.000 signatures. Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFMTV elle a rappelé le souhait de plusieurs organisations de proposer aux Français une autre primaire « transpartisane » avec des personnalités issues de la société civile et non professionnelles de la politique. L’objectif est de recueillir 500.000 signatures.

Les chiffres de la semaine

300

L’OCDE vient de publier un rapport qui met en lumière le poids économique de la contrefaçon et des produits piratés. Avec 300 milliards d’euros, leurs échanges ont représenté en 2013, selon ce rapport, 2,5% du commerce mondial. La Chine reste le premier fournisseur des contrefaçons, 60% des produits saisis entre 2011 et 2013 étaient d’origine chinoise, la Turquie avec 3,3% des produits saisis est donc largement distancée. Internet est un outil extraordinaire pour le développement du business des contrefacteurs qui privilégient l’envoi de leurs produits piratés par la poste. Les Etats-Unis sont les premières victimes, ils devancent l’Italie et la France. Les produits contrefaits sont divers, l’électronique le luxe, les médicaments, les cigarettes mais également les aliments sont touchés.

8,99

Netflix l’avait prévu, Amazon lui déclare la guerre. Le géant américain lance aux Etats-Unis son offre de streaming Prime video à 8,99 dollars par mois, soit un dollar de moins que Netflix. Certes, Netflix propose une offre basique à 7,99 dollars mais sans la HD et, surtout, le mode offline, proposé par Amazon. La compagnie de Jeff Bezos a investit 3 milliards de dollars dans les contenus en 2015 contre 4 milliards pour Netflix. Les offres sur internet se multiplient et viennent de plus en plus concurrencer les acteurs traditionnels de la télévision.

3

Google affirme avoir reversé 3 milliards de dollars à l’industrie musicale en dix ans. Insuffisant lui rétorque Bruxelles qui enjoint You Tube de mieux rémunérer les acteurs de la filière. La plateforme s’est imposée comme la première offre musicale au monde mais elle ne rémunère pas assez les ayants droits du disque qui finissent par s’agacer. En effet, les offres de streaming sont en pleine expansion et, désormais, les industriels du disque peuvent comparer ce que leur rapporte leurs 68 millions d’abonnés payants à travers le monde avec les revenus provenant du milliard de visiteurs de You Tube. Or, le compte n’y est pas. C’est en tout cas ce que relève le commissaire européen chargé du marché unique numérique. La Commission devrait rendre public d’ici le mois de juin son projet pour les nouvelles règles européennes et elle devrait également proposer de légiférer d’ici la fin de l’année.

59

Un sondage européen inédit réalisé par TNS révèle que 59% des Français ne sont pas pour le Brexit, c’est à dire le fait que le Royaume-Uni quitte l’Europe. Réalisé dans 5 pays européens ce sondage montre également que tous les européens restent attachés à une Europe unie : 78% des Allemands, 67% des Espagnol et 54% des Polonais. On est moins surpris d’apprendre que, finalement, c’est en Grande-Bretagne que les pro et anti européens se talonnent le plus : 38% des Anglais souhaitent rester dans l’Europe, 34% sont contre, les 28% d’indécis devraient trancher lors du référendum prévu pour le 23 juin. Cette enquête est réalisée pour Le Figaro-LCI-RTL par TNS (source Le Figaro du 20 avril 2016).

3

Medef durcit le ton sur la loi travail. Pierre Gattaz vient d’adresser au gouvernement un ultimatum pour dire le ras-le-bol des chefs d’entreprise face au durcissement du texte avant son passage au Parlement. Lors de sa conférence de presse du mardi 19 avril, Pierre Gattaz a donc donné trois semaines au gouvernement pour proposer un texte plus attentif aux préoccupations du monde de l’entreprise. Si le texte n’est pas remis à plat d’ici le 9 mai, alors le Medef pourrait appeler au retrait pur et simple du texte de Madame El Khomri. La nouvelle posture de Pierre Gattaz fait écho aux fortes tensions qui traversent l’organisation patronale, sa base supporte de plus en plus difficilement les stigmatisations dont elle s’estime victime.

1,5

L’association pour une démocratie directe estime que l’indemnité représentative des frais de mandat (IRFM) des parlementaires et les indemnités versées aux parlementaires ayant des fonctions spéciales dans les Assemblées seraient illégales. Elle a donc adressé un courrier au président de l’Assemblée Nationale et à celui du Sénat pour réclamer rien de moins que leur suppression. Certains journaux n’ont pas hésité à faire leurs titres sur cette « affaire » en calculant que 1,5 millions d’euros seraient ainsi illégitimement perçus par les parlementaires chaque année. C’est aller vite en besogne. La situation est moins tranchée, en effet, si les bases juridiques de ces indemnités ne sont pas forcément posées clairement, celles-ci ne sont pas pour autant interdites. En tout état de cause, le coût de notre démocratie est une nouvelle fois posé, la polémique montre également à quel point la défiance à l’égard du politique est grande. Ce n’est pas une bonne chose pour le fonctionnement de nos institutions.

Qu’est-ce que le lobbying ?

Découvrez ce que le lobbying peut apporter à votre entreprise ou votre Fédération professionnelle en écoutant l’émission « La vie des entreprises » diffusée sur Lyon Première. Mathieu Quétel, président de Sountsou, répond aux questions de Gérald Bouchon.

Le podcast est à écouter ici.