L’actu

Jour : 6 février 2016

Aux actes dirigeants !

Ce livre devrait être lu par tous les chefs d’entreprises ou présidents de Fédérations professionnelles qui souhaitent voir leurs propositions de changement enfin être retenues dans les programmes présidentiels et, surtout, les promesses tenues après les élections de 2017.

Le jeune économiste avait publié « La France est prête » il y a quelques mois, un premier ouvrage  remarqué qui lui avait permis d’émerger auprès du grand public. Ce second livre est une sorte de méthode de la réforme dans la perspective de la présidentielle de 2017.

Robin Rivaton pointe l’incapacité des politiques à tenir leurs promesses électorales et à réformer la France. En cause, selon lui, une méthode inadaptée qui oublie systématiquement d’envisager le changement après avoir partagé un diagnostic de la situation. Résultat, les politiques publiques vont de gauche à droite sans qu’une ligne de réforme ne soit posée.

Le diagnostic partagé est indispensable ainsi qu’un calendrier de mise en place des réformes. Cela suppose de profiter de la période actuelle pour établir un travail préparatoire le plus précis, qui permettra, après l’élection, d’enclencher les vagues de réformes voulues par les Français. En effet, la rapidité de mise en oeuvre de la politique de changement est un gage de succès. Le risque pour la nouvelle équipe gouvernementale est d’être rapidement confrontée à la déception et d’engranger des échecs par manque de préparation.

Cet ouvrage est une sorte de méthodologie du changement réussi en politique. Il est clair, bien construit et pourrait motiver de nombreux entrepreneurs et représentants patronaux pour également se mettre au travail et construire leurs propositions.

Mathieu Quétel, président de Sountsou, auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

La représentativité patronale change

La décision du Conseil constitutionnel de rejeter une Question préalable de constitutionnalité déposée par le Medef et neuf organisations professionnelles pourrait avoir de nombreuses conséquences dans la représentativité des organisations patronales. Le Medef a perdu une bataille aux nombreux enjeux face à la CGPME et à l’UPA. Néanmoins, un coup de théâtre a encore rebattu les cartes…

La problématique

La loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle a posé les principes de mesure de la représentativité des organisations patronales jusque là basée sur de vieux rapports de force du passé. La décision du Conseil constitutionnel permettra désormais de mesurer la représentativité des syndicats patronaux à partir de leur nombre d’adhérents et non pas de leurs salariés. Cette mesure est bien entendu défavorable au Medef qui compte moins d’adhérents que la CGPME et l’UPA.

Les enjeux

Le Medef était jusqu’à présent en capacité de signer seul des accords interprofessionnels avec les organisations syndicales, ce qui pouvait être préjudiciable aux petites entreprises. Désormais, ce ne sera plus possible, alors que la CGPME et l’UPA seront en mesure de signer de tels accords sans lui. Il pourra toujours bloquer les négociations en opposant son véto le cas échéant.

Dans les négociations de branches ou encore au sein des organismes paritaires les enjeux seront également extrêmement importants et la voix des petites entreprises devraient être plus forte qu’auparavant, comme les fonds que se partageront leurs organisations patronales.

Cette nouvelle répartition des pouvoirs au sein du patronat pourrait également poser quelques difficultés au gouvernement. Il est toujours plus simple de négocier des accords avec un intervenant important qu’avec plusieurs organisations.

Le coup de théâtre

Ce sont donc les contours du lobbying patronal qui pourraient être, en partie, redéfinis alors que la négociation sur la réforme de l’Unédic va s’ouvrir. C’est sans doute la raison pour laquelle la CGPME et le Medef ont signé un accord, fin janvier, selon lequel la représentation des organisations sera basée à 80% sur le nombre de salariés et à 20% sur le nombre d’adhérents.

Néanmoins, cet accord bi-latéral Medef/CGPME est d’ores et déjà vivement critiqué notamment par l’UPA, l’organisation représentative des artisans qui dénonce un « accord en catimini » auquel elle n’aurait pas été associée.

Le gouvernement devrait avoir le dernier mot. En effet, le projet de Loi de Myriam El Khomri en cours de préparation devrait inclure des précisions sur ce sujet extrêmement sensible. Il reste quelques jours à la ministre pour tenter de trouver un ultime consensus entre les organisations patronales.

La politique du Tweet 

Le remaniement en préparation dans les coulisses de l’Élysée et annoncé pour la semaine du 15 février réservera sans doute quelques surprises, la première d’entre elles est l’apparition de Twitter dans la communication de certains pressentis.

La rumeur a enflé au fil des jours : François Hollande aurait demandé à Nicolas Hulot d’entrer au gouvernement et de prendre la tête d’un « super-ministère » de l’ Écologie avec, à la clé, quelques annonces, attendues de certains écologistes, comme l’abandon de l’aéroport Notre Dame des Landes.

Nicolas Hulot n’a pas souhaité s’engager dans une mission ministérielle à 16 mois de l’élection présidentielle, c’est à dire à un moment où son action ne pourra forcément apparaître que limitée. S’il ne vise pas nécessairement une présence dans le combat de 2017, il doit être sensible au positionnement d’Alain Juppé qui envisage un gouvernement très large dans sa composition.

La surprise est venue d’un Tweet, rédigé par son équipe le 4 février par lequel il officialise son refus d’entrer au gouvernement : «Nicolas Hulot n’entrera pas au gouvernement. Il remercie le Président de la confiance qu’il n’a cessé de lui accorder.»

Autre Tweet qui aura fait le tour des médias et suscité une réponse agacée du Premier ministre, celui que Christiane Taubira a publié le 27 janvier en prenant soin de le signer : « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit. ChT ». Un Tweet qui bénéficiera de 18.800 partages et 15.600 « j’aime ».

Quant à Gilles Boyer, le principal collaborateur d’Alain Juppé, il se contentera d’un Tweet sobre, lors de l’émission « Des Paroles et Des Actes » du jeudi 4 février en présence de Nicolas Sarkozy : « Tu ne tweeteras point. ». Façon de dire qu’il y aurait tant de choses à tweeter…

Tweeter est donc devenu un outil de communication prisé des politiques et qui peut se révéler très efficace pour faire passer des messages. Un élément que les entreprises qui se lancent dans une démarche d’influence ne peuvent ignorer.

L’entreprise, enjeu de la présidentielle 

Que les entrepreneurs se le disent, ils constitueront un enjeu majeur de la présidentielle de 2017. Les candidats devraient multiplier les propositions pour créer une dynamique économique susceptible de permettre à la France de renouer avec la reprise et casser la spirale infernale du chômage. Une opportunité à saisir.

La campagne de la présidentielle démarre fort pour le monde de l’entreprise qui est placé au centre du jeu par les candidats à la primaire de la droite et du centre. Ainsi, dans sa contre-offensive lancée avec son ouvrage « La France pour la vie », vendu à près de 70.000 exemplaires dès la première semaine, Nicolas Sarkozy a présenté ses propositions économiques dans une longue interview aux Échos, vendredi 5 février. Celles d’Alain Juppé sont attendues pour le mois de mars.

L’ancien président axe sa stratégie économique autour d’un triptyque « baisse des impôts, réduction de la dépense publique et réforme des règles » qu’il souhaite actionner dès les premiers mois de son quinquennat. Il ferait voter dès l’été 2017 un dispositif de « contre-choc fiscal » de baisse d’impôts et de réduction des charges sociales pour un montant de 25 milliards d’euros. Le crédit impôt  compétitivité et emploi (CICE), qualifié « d’usine à gaz », serait transformé en baisses de charges patronales. Il ajouterait une diminution du coût du travail pour un montant de 13 milliards par le passage à zéro charge pour le SMIC, la sortie des 35 heures et la relance des emplois à domicile. Enfin, l’ISF et le compte pénibilité seraient supprimés.

Nicolas Sarkozy annonce également une réforme du régime des retraites et un passage de l’âge légal de départ à la retraite à 63 ans. il estime en effet, que les propositions de ses concurrents à la primaire de la droite et du centre, de reculer à 65 ans le départ à la retraite sont trop radicales pour obtenir un consensus.

Cette salve de propositions, concrètes, chiffrées et datées annonce une vague de réformes  qui sont très attendues par les chefs d’entreprise. Ceux-ci devraient donc profiter de cette période pour porter leurs propositions et obtenir des engagements dans le cadre de la campagne.

Le défi pour le monde de l’entreprise est de faire respecter les promesses après les législatives de 2017, pour cela il faut s’engager dans une véritable démarche de conviction et de projet auprès des différents candidats (voir notre Cahier Expert «Présidentielle : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs»).

Les chiffres de la semaine

30

La dette de l’Unédic, l’assurance chômage, avoisine les 30 milliards d’euros, sa réforme doit être engagée et les négociations vont commencer entre partenaires sociaux. La CGPME est sortie du bois mercredi 3 février avec des propositions décapantes qui constituent une base de négociations qui place immédiatement la barre à un niveau élevé, preuve de la détermination de l’organisation patronale. La CGPME part du postulat qu’il ne faut accepter aucune hausse des cotisations et elle déploie ensuite ses propositions : mise ne place d’une cotisation exceptionnelle sur le salaire des fonctionnaires en contrepartie de leur emploi à vie, mise en place «éventuelle » d’une dégressivité au bout d’un an, baisse du taux de remplacement de l’ex-salaire, limiter le droit aux allocations aux chômeurs ayant travaillé au moins 8 mois, refonte du mécanisme de soutien aux activités réduites, radiation en cas de double refus d’une offre d’emploi ou de formation et enfin révision du régime des intermittents du spectacle. Gageons que ces propositions audacieuses vont faire couler beaucoup d’encre et susciter de vives discussions avec les syndicats de salariés.

100

Christian Estrosi ne perd pas de temps, il a lancé le « chantier de la rénovation » de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme annoncé pendant sa campagne électorale. 1ère étape : les économies. Son objectif est d’atteindre un total de 100 millions d’économies afin de redonner au conseil régional ses capacités d’autofinancement. D’ores et déjà, 70 millions de baisse de charges de fonctionnement ont été votées : suppression d’un tiers du parc automobile, comme des centaines de téléphones, ordinateurs ou imprimantes, non-remplacement de 150 départs à la retraite, cession de nombreux actifs immobiliers, réduction d’1/4 du budget de fonctionnement en 5 ans… 2ème point : le transport ferroviaire. Le nouveau président de PACA a déjà rencontré celui de la SNCF afin de négocier une «convention de progrès» qui prévoit une amélioration des dessertes, une modernisation du réseau, une lutte renforcée contre l’insécurité, ainsi qu’une redistribution aux passagers d’une partie des pénalités de la SNCF pour manquement à ses obligations de service. 3ème axe d’urgence : l’emploi. Christian Estrosi négocie avec Bruxelles une enveloppe de 500 millions d’euros d’aides structurelles, il met également en place pour la rentrée prochaine un guichet unique pour l’apprentissage ainsi qu’un fonds d’investissement au capital des entreprises.

58

C’est un peu la surprise du sondage Elabe pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne publié le 5 février : 58% des Français se déclarent favorables à un retour de la dégressivité des allocations chômage. Cette mesure est envisagée par le gouvernement dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage dont la dette de près de 30 milliards d’euros exige un traitement de choc. Si 60% des électeurs socialistes sont pour cette dégressivité, Elabe pointe néanmoins le rejet de cette réforme par 51% des ouvriers, surtout, deux tiers des Français ne font pas confiance aux partenaires sociaux «pour rendre le système d’assurance chômage plus efficace».

86.000

Nicolas Sarkozy a battu le record de tweets émis pendant l’émission Des Paroles et des Actes lors de sa participation le 4 février. Avec 86.000 tweets, il devance Alain Juppé qui avait suscité 57.000 réactions sur le réseaux social. Autre chiffre qui doit mettre du baume au coeur de l’ancien président dans  sa contre-offensive, il aurait vendu près de 70.000 exemplaires de son livre « La France pour la vie » lors de la première semaine de commercialisation. Néanmoins, le baromètre des personnalités Elabe, Radio Classique Les Échos ne le crédite que de 23% d’opinions favorables, loin derrière Alain Juppé qui continue de faire la course en tête avec 52% de bonnes opinions.

1,7

La Commission européenne a présenté ses prévisions de croissance pour 2016 dans la zone euro, elle estime qu’elle devrait atteindre 1,7% contre 1,6% en 2015. Pour 2017, Bruxelles anticipe une croissance à 1,9%. Ces prévisions sont revues à la baisse par rapport à celles publiées en novembre 2015, Bruxelles envisageait alors une croissance de la zone euro de 1,8% pour 2017. Depuis, le contexte international s’est détérioré et les pays émergents ne cessent de décevoir. Le ralentissement de l’économie chinoise va se répercuter sur les économies européennes notamment l’Allemagne.

2,4

L’industrie du meuble repart. Le marché de l’ameublement a enregistré une hausse de ses ventes de 2,4% en 2015. Après trois années de recul, le secteur a réalisé 9,34 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec une reprise plus nette au second semestre. La profession, qui a perdu 700 millions d’euros entre 2012 et 2014, s’attend à une année 2016 positive car elle estime que les intentions d’achats sont élevées. Les promotions et les ouvertures de magasins ont fortement soutenu les ventes en 2015 mais la literie et ses innovations a également boosté le secteur avec une progression des ventes de 4,1%, suivie par les cuisines avec 3,8% de progression et les canapés et fauteuils avec 3,6% de hausse. Seule les salles de bains continuent d’enregistrer un recul de 4,2% de leurs ventes, les mises en chantier de nouveaux logements restant trop faibles pour dynamiser le secteur.

3,4

Bruxelles continue de mettre en doute les capacités du gouvernement à tenir ses engagements de limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2016, La Commission européenne estime que celui-ci devrait être de 3,4% du PIB. Après les attentats du 13 novembre, le Président de la République avait prévenu que les dépenses sécuritaires engagées entameraient nécessairement notre capacité à contenir le déficit budgétaire. Sur ce point, Bruxelles tacle carrément François Hollande en estimant le coût des mesures de sécurité engagées à 0,05% du PIB, sous entendu elles ne sauraient être tenues pour responsables du dérapage de cette année. Les experts européens revoient également à la baisse nos prévisions de croissance en les ramenant à 1,3% pour 2016 soit en dessous de celles de la zone euro estimées à 1,7%.

25

La production d’énergie solaire et photovoltaïque a crû de 25% en France en 2015. Selon RTE, il s’agit des effets de la transition énergétique initiée en France. Cela représente 5,3% de la production électrique en France, le nouveau site de Cestas en Gironde a généré, à lui seul, un tiers des nouvelles capacités solaires. La couverture de la consommation par l’ensemble des énergies renouvelables reste stable autour de 19%.

2017

Le Parlement européen a confirmé, par vote, les nouveaux tests d’émissions de gaz polluants présentés en octobre par les États membres. Après le scandale Volkswagen, ces tests permettront paradoxalement aux constructeurs de bénéficier de normes plus souples qu’auparavant. Il s’agit d’un échec pour les organisations non gouvernementales ainsi que pour les écologistes au Parlement européen. Les nouveaux tests seront opérés sur route avec des appareils de mesure embarqués, ils ne permettront plus les manipulations qui pouvaient être opérées en laboratoire. Les nouveaux modèles seront concernés dès 2017, l’ensemble des véhicules neufs n’y seront soumis qu’à partir de 2019, ce qui laisse du temps aux constructeurs pour s’adapter. En outre, les véhicules pourront dépasser de 110% la limite de Nox fixée par la législation européenne, à compter de 2021, le dépassement toléré sera limité à 50%. Ainsi, Bruxelles semble prendre acte que les normes antipollution ne sont pas respectées par les constructeurs et qu’il est préférable de tolérer des dépassements compte tenu du poids de l’industrie automobile dans l’économie européenne.

120

Bpifrance prend sous son aile 120 PME au sein de son « accélérateur de PME » afin de les transformer en deux ans en entreprises de taille intermédiaire (ETI). La banque investit 1,6 millions d’euros sur ce programme qui prévoit un « coaching » des dirigeants à partir d’un vaste audit de leur entreprise qui doit leur permettre d’opérer les bons choix stratégiques afin d’enclencher une nouvelle phase de leur développement. Les premières PME à avoir suivi ce cycle d’accompagnement ont vu leur chiffre d’affaires croitre de 10% et leur effectif de 8,5%.