L’actu

Mois : décembre 2015

Ces dimanches bloqués par les syndicats 

Coup de théâtre entre le patronat et les organisations syndicales dans les négociations visant à mettre en oeuvre le travail du dimanche dans les grands magasins, la branche commerce de la CFDT fait le choix de la radicalisation.

Une situation dont la France a le secret. Emmanuel Macron a évoqué la possibilité pour les enseignes d’ouvrir le dimanche en octobre 2014, depuis la Loi Macron a été votée après des mois de palabres et, à présent, les syndicats mettent tout en oeuvre pour en paralyser l’application faisant fi des considérations économiques et des souhaits des employés qui souhaitent travailler le week end pour gagner plus.

La CFDT a fait le choix de radicaliser un peu plus la situation en communiquant aux autres parties son refus de signer les nouvelles propositions patronales par le biais de l’AFP. on a connu méthode plus constructive pour tenter de trouver un accord.

Cette attitude est d’autant plus surprenante que les concessions patronales pour la mise en oeuvre de la réforme sont réelles : majoration à 100% du salaire, plafond de 15 dimanches par salarié et par an, 5 jours de repos compensateur, participations aux frais de garde des enfants à hauteur de 30 euros par dimanche travaillé, ainsi que la prise en compte de 60% du prix de la carte de transport.

Il reste jusqu’au 23 décembre aux organisations syndicales pour faire connaître leur avis définitif sur le projet d’accord, ces quelques jours seront également utiles pour affiner les discussions. Néanmoins la possibilité de parvenir au consensus semble ténue. En cas d’échec, la loi Macron dispose que les négociations seraient renvoyées au niveau des entreprises.

2016, année de la reprise ?

Les derniers indicateurs publiés par l’Insee en cette fin d’année promettent une croissance retrouvée à hauteur de 0,4% par trimestre d’ici à l’été 2016. Une sorte de remake de tous les rendez-vous manqués de 2015 ou l’annonce d’un réel frémissement économique ?

La reprise n’en fini plus de s’annoncer sans que la France ne parvienne vraiment à se mettre dans son sillage durablement. Pourtant, l’Insee prévoit une croissance du PIB national de 0,4% par trimestre au cours des six premiers mois de l’année, pas de quoi vraiment pavoiser mais nous serions ainsi au même niveau que la zone euro, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle.

Dans ses analyses, l’Insee soutient également que la croissance s’est bien installée « durablement » au cours de l’année 2015 avec un 1,1% de moyenne annuelle, les économistes de l’institut estiment que les attentats du mois de novembre ont « marqué un coup d’arrêt » qu’ils évaluent à 0,1 point de PIB.

Les facteurs de cette croissance molle sont bien assez exogènes à la France, nous profitons de la baisse des cours du pétrole, de la reprise plus dynamique chez nos voisins européens et de la dépréciation de l’euro qui donne un petit coup de fouet à nos exportations. Même si ces dernières ont connu un mois d’octobre catastrophique.

L’Insee plaide également sur le rôle du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). Ainsi, les entreprises retrouveraient à mi-2016 un taux de marge de 31,8%, score jamais atteint depuis la crise de 2008. L’Insee mise également sur une reprise de la consommation des ménages, notamment dans le logement, qui devrait nourrir la reprise de la France.

Sur l’ensemble de l’année 2016, l’Insee entrevoit un taux de croissance de 1% s’installer, nous sommes encore assez éloignés du taux attendu par le gouvernement qui a fait le pari d’atteindre 1,5%. Or, les dérapages des dépenses inscrites dans le budget 2016, dont un grand nombre ne sont pas ou mal financées, les incertitudes liées au terrorisme ainsi que la pré-campagne électorale pourraient venir chambouler ces prévisions un brin théoriques.

Enfin, le taux de chômage ne repassera pas sous la barre des 10% avec un taux de croissance si faiblard. Bref, ces prévisions semblent se nourrir du « cancer français », un manque d’ambition et de volonté de réformes. Une situation qui devient bien coûteuse pour la collectivité et pour chacun de nos concitoyens.

Lobbying : Les ONG au coeur de la COP 21

La COP 21 n’accueillait pas que des membres officiels des différents gouvernements. Plus de 10.000 observateurs dépêchés par les organisations non gouvernementales (ONG) ont veillé pendant toute la durée de la conférence à ce qu’un accord satisfaisant soit trouvé. Ils ont déployé un lobbying à la fois original et efficace.

Hors de question de laisser les Etats seuls à la manoeuvre au Bourget pendant la durée de la COP 21. Un intense lobbying des défenseurs de l’environnement a donc été déployé afin de veiller au respect des objectifs et des enjeux fixés en préambule de la conférence internationale. Pas moins de 10.000 observateurs d’ONG diverses arpentaient les couloirs et les salles de débats afin de veiller au bon comportement des négociateurs et de pointer du doigt les tentatives de dérives.

Chaque soir, un jury, composé de membres des ONG se réunissait afin de décerner un « Fossile » aux Etats qui se comportaient mal au cours de négociation ou un « Rayon » (plus rare) aux Etats qui, au contraire, faisaient avancer les négociations dans le bon sens.

Mais les 950 organisations représentées et réunies au sein du Climate Action Network (CAN) ont également multiplié les rencontres informelles, les distributions de verbatims ou les participations aux débats publics afin de tenter d’influer in extremis sur les ultimes arbitrages. Une action du CAN engagée de longue date et dont la COP 21 n’est que le point d’orgue.

En effet, les membre du CAN ont engagé des actions de lobbying de fonds dans leurs pays respectifs depuis de nombreux mois voire de nombreuses années et ils ont souhaité achever la séquence par une forte présence lors de cette conférence jugée déterminante.

Ce lobbying de terrain s’est également traduit par des actions organisées à partir du Bourget dans chaque pays. Les représentants présents à Paris envoyaient chaque jour des messages aux militants de leurs pays respectifs afin que ceux-ci mobilisent les opinions sur place pour faire pression sur leurs dirigeants sur les sujets sur lesquels ils refusaient d’avancer.

Une action de lobbying coordonnée au niveau mondiale dont la base a été Paris pendant toute la durée de la COP 21.

En route pour 2017 ! 

Les élections régionales sont désormais derrière nous, le temps est venu de se lancer dans la bataille des présidentielle et législatives de 2017 qui restent très ouvertes et que les entrepreneurs ont tout intérêt à investir.

Dans quelques semaines la nouvelle loi Macron NOE sera annoncée dans le détail mais elle ne permettra pas de réparer des années d’errements au cours desquelles les entreprises et les entrepreneurs ont été mis à dure épreuve.

Heureusement, les états majors se mettent d’ores et déjà en ordre de bataille afin de préparer les échéances électorales de 2017 qui rebattront nécessairement les cartes même si elles n’aboutissent pas à un changement de majorité.

À partir de maintenant, les entrepreneurs ont tout intérêt à travailler sur leurs propositions et à les rendre publiques afin de participer activement au débat démocratique. Plus leurs idées seront intégrées en amont dans les programmes électoraux, plus elles auront de chance d’être réellement appliquées.

Qu’on ne me dise pas que ce travail est inutile, que les politiques n’écoutent rien etc. Le choc de ces élections régionales laisseront durablement des traces et pourrait également permettre, dans tous les états majors, l’émergence de nouvelles têtes plus modernes et sans doute plus réformatrices que par le passé. Il s’agit donc pour le monde de l’entreprise de se saisir de cette ouverture inespérée pour faire avancer ses idées.

D’un autre côté, les entrepreneurs devraient comprendre que les décisions politiques pourraient encore être pires que ce que nous vivons depuis des années. Certains programmes économiques apparaissent fortement déconnectés de toute réalité voire dangereux pour les affaires.

Il convient donc de se mettre rapidement au travail, les échéances arriveront vite et les états majors ne vont pas attendre les bras croisés.

Les différents courants internes à la majorité de gauche vont s’exprimer et des axes stratégiques pourraient être arrêtés plus vite que prévu afin de mener la bataille sur la durée avec une légitimité retrouvée. L’enjeu pour le président de la République est désormais de réunir la gauche pour espérer être présent au second tour.

Du côté de la droite, on peut imaginer que le calendrier de la primaire puisse être accéléré afin que les dégâts qu’elle ne manquera pas de causer aient un moindre impact sur l’issue du scrutin de 2017. Une étape décisive s’ouvre pour l’opposition qui pourrait aboutir à des règlements de compte sanglants.

Au cours des premières semaines de 2016 commenceront à se dessiner des schémas pour les principaux partis et il sera donc temps de participer à la construction des programmes des uns des autres.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

Le lobbying, moteur de business 

Le lobbying a souvent une mauvaise image parce qu’il est trop vu au travers des méthodes peu scrupuleuses de certains grands groupes, décrites et amplifiées par les médias. En réalité, le lobbying est un fabuleux outil au service de l’entreprise.

Les tonitruantes enquêtes de certains médias sur les colossaux investissements de groupes multinationaux à Bruxelles, par exemple, pour peser sur les décisions publiques donnent une image fausse des relations institutionnelles. Les campagnes à coup de millions en direction des politiques, les échanges de postes de responsables qui passent sans vergogne du public au privé ou du statut d’élus à celui de défenseurs des entreprises vis à vis desquelles ils avaient à légiférer n’incitent pas à envisager de fréquenter ce sulfureux milieu aux méthodes discutables et coûteuses.

C’est un tort. D’abord parce que le lobbying ce n’est pas cela. Il s’agit avant tout d’un outil au service de la démocratie qui doit permettre aux acteurs publics de se forger une opinion sur un sujet avant de prendre une décision. Il s’agit également d’un outil au service des entreprises pour alerter sur des situations qui peuvent être méconnues des politiques. Le lobbying permet aux acteurs du monde économique de mettre en avant leurs intérêts et de faire en sorte qu’ils soient pris en considération, quelle que soit leur taille.

Les élus évoluent, une nouvelle génération souhaite être en relation avec le monde de l’entreprise mais elle est exigeante et demande le respect de son indépendance ainsi que de la clarté et de la transparence dans l’information qui lui est donnée. Le « lobbying à la papa » qui continue, certes, de se pratiquer, a tendance à laisser la place à des relations institutionnelles basée sur le respect et la conviction.

Le lobbying est créateur de valeur pour l’entreprise car il lui permet de gagner en visibilité. Il est également son avocat auprès de la puissance publique, à tous les échelons. Prendre le temps de s’y intéresser, c’est se poser des questions stratégiques sur l’entreprise, son avenir, ses ambitions, de poser des objectifs et les moyens de les atteindre.

Un lobbying respectueux, qui ne cherche pas à tromper les élus mais à convaincre peut être mis en place. D’une certaine manière, la révolution numérique impose cette remise en question comme elle rend indispensable aux entreprises de se saisir de cet outil pour être mieux entendues et comprises de la puissance publique.

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