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La sale semaine d’Alain Juppé

Il est temps que la primaire de la droite prenne fin. Le sale semaine d’Alain Juppé a été marquée par le rebond de François Fillon, l’effritement des intentions de vote et l’émergence d’Emmanuel Macron. Les paris sont ouverts sur l’issue d’une primaire plus incertaine que prévu. Nos informations sur les coulisses de la présidentielle.

La sale semaine de Juppé 

La dernière semaine de campagne de la primaire de la droite a été une vraie sale semaine pour Alain Juppé. Les mauvaises nouvelles se sont succédées à grande vitesse, des sondages qui dévissent, un François Fillon qui émerge, une candidature Macron qui parasite son propre positionnement. Si Alain Juppé reste « droit dans ses bottes » avec « une super pêche », le candidat préféré des Français est néanmoins en perte de vitesse dans les sondages et certains de ses adversaires rêvaient déjà avant le premier tour de le sortir de la primaire dès le 20 novembre. Du côté de l’équipe de campagne d’Alain Juppé, si ces alertes sont prises au sérieux, on martèle que le fléchissement des sondages était non seulement prévu mais annoncé de longue date.

Prisunic ne vend plus de pain au chocolat

Jean-François Copé s’est trompé dans le prix du pain au chocolat, voilà qu’Alain Juppé évoque Prisunic, l’enseigne disparue depuis des années, Nicolas Sarkozy les avait précédés en avouant ne pas connaître Le Bon Coin. Ces « preuves » que les politiques sont déconnectés de la réalité des Français, du quotidien de leurs concitoyens font les choux gras de la presse pendant des jours et des jours. Certains politiques appuient sur ces erreurs censées révéler une faiblesse impardonnable : l’appartenance au système des favorisés… En réalité, ces maladresses ne signifient strictement rien, leur exploitation par certains ne font que révéler le niveau vers lequel le débat politique en France est sans cesse rabaissé. Connaître le prix d’un pain au chocolat ne prouve rien. L’inverse ne disqualifie pas pour être Président de la République.

Macron dans le marigot politique

Le Monde a publié, dans son édition datée du mardi 15 novembre, une double page surréaliste sur les moyens déployés par ses adversaires politiques pour disqualifier Emmanuel Macron de la course à la présidentielle. Cet article, très bien construit et documenté, est assez effrayant sur ce qu’il rapporte de la violence du combat politique. Le plus surprenant est de découvrir des personnalités politiques et du monde économique parler librement des rumeurs et des coups bas qu’ils initient dans le nouveau candidat à l’Elysée. Rien ne lui est épargné. Si certaines de ces bombes sont encore très peu connues du grand public, c’est probablement parce que les journalistes les retiennent encore, ce n’est pas le cas des politiques, dont certaines déclarations décryptées dans l’article prennent toute leur signification à l’image de cette phrase particulièrement alambiquée de Nicolas Sarkozy au sujet d’Emmanuel Macron : « Un peu homme, un peu femme, c’est la mode du moment. Androgyne ». On est bien loin du débat politique et ces phrases et rumeurs en disent peut-être plus sur les émetteurs que sur la cible.

Au nom du peuple 

Peu à peu, Marine Le Pen dévoile son positionnement pour la campagne présidentielle. Son slogan « Au nom du peuple » sera accompagné du rose bleue, signe, selon la candidate, que tout est possible. Dans sa présentation, Marine Le Pen précise qu’elle ne voit pas d’inconvénient à ce que les commentateurs y voient un signe de droite (le bleu) et de gauche (la rose) puisqu’elle n’est ni de droite ni de gauche et qu’elle se situe « au dessus des clivages dépassés ». La présidente du Front National, qui a retiré toute identification à son parti, change également de communication. Elle mise plus sur sa féminité, les images sont désormais très travaillées que ce soit en vidéo ou en photo et la candidate veille à se présenter avec une coiffure également plus disciplinée.

Le duel est finalement bousculé

Dans la dernière ligne droite avant le premier tour de la primaire de la droite, le duel entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, annoncé depuis des mois est finalement bien bousculé. Au moins dans les sondages. Bruno Le Maire n’aura pas tenu la distance, défait notamment à la suite des premiers débats télévisés, Nathalie Kosciusko-Morizet enregistre un léger frémissement mais c’est bien François Fillon qui décolle enfin au détriment d’Alain Juppé. Dire qu’il crée la surprise serait inexact puisque la véritable surprise était son incapacité à susciter l’intérêt des électeurs. Dans les sondages, au moins, sa posture et la clarté de son programme, très offensif, finissent par retenir l’attention. Paradoxalement, sa stratégie de miser sur les radicaux de LR ne prend pas de voix à Nicolas Sarkozy mais semble plutôt séduire les supporters d’Alain Juppé pris en tenaille entre les attaques des sarkozystes sur son entente avec François Bayrou et l’ancrage clairement droitier de François Fillon. Ce dernier semble également bénéficier d’une stature d’homme d’Etat qui semble manquer à l’ancien Président de la République qui a trop joué le perturbateur ce qui l’empêche de capitaliser pleinement sur son premier mandat.

Les déçus de la candidature Macron

Emmanuel Macron a fait le choix de déclarer sa candidature à Bobigny, dans un centre d’apprentissage, un lieu original et très symbolique. Sauf que les apprentis, curieux de rencontrer cette personnalité politique si différente des autres, sont restés à la porte, interdits d’entrer dans la salle de la conférence de presse où Emmanuel Macron a lancé sa course vers l’Élysée. Un comportement surprenant du candidat mais sa volonté de tout contrôler et de sécuriser au maximum de moment décisif a été la plus forte. Sur LCI un apprenti a résumé, assez cruellement son ressenti « au fonds ce n’est pas grave, on savait qu’il n’avait rien à nous dire. C’est une confirmation ».

« Buzz à pas cher »

Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin a clôt sa campagne à la primaire avec un petit clash sur France 3. Invité, il a refusé de répondre aux questions du journalistes invoquant le mauvais traitement dont il aurait été victime de la part de la rédaction de France Télévision dans le cadre de la primaire… Déjà candidat à la primaire sans être contraint de respecter les parrainages imposés à ses contradicteurs, Jean-Frédéric Poisson veut profiter à plein de cette exposition médiatique inespérée et il termine donc la campagne en misant sur les effets de clash, histoire de faire encore un peu parler de lui. On retiendra de son tour de piste ses propositions très radicales, sa volonté de « dialoguer avec le FN » et le soutien du journal Minute.

Plateau plan-plan

Les deux premiers débats de la primaire étaient animés par des journalistes qui incarnent la modernité journalistique. Pour le dernier débat d’avant premier tour, France 2, Europe 1 et La Voix du Nord, interrogeront les candidats avec des journalistes quelque peu surannés, dont Jean-Pierre Elkabbach. En effet, victime d’une guerre entre France Inter et Europe 1, Léa Salamé a été passée à la trappe de cet ultime débat qualifié de « décisif ». Certains candidats n’ont pas manqué de relever « en off » qu’on ne cesse de les interroger sur le renouvellement tout en leur imposant une forme de débat très « années 90 »…

 

 

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 22 et 29 janvier 2017.