L’actu

Jour : 19 mai 2016

Manifestations et grèves : répétition générale avant 2017 ?

Le danger est grand de considérer que l’alternance est acquise pour 2017 et que le nouveau président de la République ainsi que son gouvernement seront forts de la légitimité des urnes pour engager des réformes. 

Certains, à droite, s’y voient déjà et considèrent que l’issue de la primaire de novembre 2016 désignera le grand gagnant de l’élection présidentielle de 2017. C’est faire fi des aléas de la vie démocratique et de ce temps politique qui peut réserver tant de rebondissements… La surprenante combativité de François Hollande sur Europe 1, le 17 mai, laisse entrevoir la dureté des combats qui s’annoncent.

Les candidats ont toutefois un oeil attentif sur un autre phénomène qui monte : la violence singulière qui émaille les manifestations et la radicalisation de certains syndicats qui appellent à des grèves dures. La tentative de sabotage du métro de Rennes le 19 mai est une action de lobbying sociale jusque là inédite. Elle marque une nouvelle étape dans le recours à la force des manifestants après les violences répétées à l’encontre de la police.

Les candidats promettent de vastes réformes pour 2017 qui toucheront les nombreux acquis qui bloquent la France de toute part. Ces projets de remise en question de droits perçus comme des acquis non négociables par leurs bénéficiaires vont susciter des débats politiques mais la contestation autour de la loi travail peut être également analysée comme une répétition générale des mouvements qui ne manqueront pas de se lever après juin 2017.

Ces mouvements devraient être violents, radicaux et peu perméables à la négociation. C’est dire si les programmes devront être très préparés et surtout soutenus par ceux qui veulent que la France se réforme. Eux aussi devraient se mettre en mouvement dès à présent.

Mathieu Quétel, président de Sountsou – Affaires Publiques

lobbying de l’Urssaf contre la nouvelle économie

L’URSSAF de l’Île de France vient de lancer une vaste opération contre Uber avec, à la clé, une plainte au pénal. Au delà de la plateforme américaine, ce sont les nouveaux modes de travail qui sont visés par cette démarche de l’Urssaf qui s’apparente à un véritable lobbying contre les nouveaux statuts. 

L’URSSAF a décidé de s’attaquer à Uber et tente de faire reconnaître les travailleurs indépendants qui collaborent avec la plateforme américaine comme salariés. L’URSSAF demande donc à la plateforme les cotisations non payées et a engagé une procédure pénale pour travail dissimulé.

Une démarche qui s’apparente à un lobbying violent pour nier l’existence des auto-entrepreneurs dont le statut est en permanence remis en question par l’URSSAF. Celle-ci tente de prouver que des liens de subordination existeraient entre les personnes ayant choisi ce statut et les entreprises qui font appel à leurs services. L’URSSAF considère en l’espèce que ce lien de subordination entre Uber et les chauffeurs de VTC est démontré.

L’URSSAF s’attaque ainsi violemment aux nouvelles formes de travail apparues avec la multiplication des acteurs du numérique qui créent de nouveaux services. Elle nie une réalité économique et sociale en refusant de reconnaître que des centaines de personnes ont ainsi créé leur propre emploi, trouvant une solution concrète pour sortir de l’ornière du chômage et du handicap social.

Dans le même temps, l’opération « 70.000 entrepreneurs dans les quartiers » est lancée par la mairie de Bagnolet, Pôle emploi 93, la fondation FACE 93 en collaboration avec Uber, Planet Adam, l’ADIE, Rent a Car et Voiture Noire afin de faciliter la tâche à des jeunes gens désireux de devenir chauffeurs de VTC. Un contraste saisissant.

Brèves de lobbying

Nos « brèves de lobbying » apportent des éclairages sur des opérations passées ou en cours dans le domaine des relations institutionnelles. Une approche directe dont le but est de susciter la réflexion ou de donner des idées.

Les patrons de TPE préfèrent Macron et Juppé

Un sondage Ifop pour Fiducial montre qu’Alain Juppé est le candidat de droite préféré des patrons de TPE. Ils seraient 40% à choisir Alain Juppé lors de la primaire de la droite et 21% à choisir François Fillon qui opère une remontée surprenante de 10 points en un trimestre alors que Nicolas Sarkozy s’effondre de 18 points et passe à la troisième place avec 17% d’intentions de vote. Bruno Le Maire est l’autre grand perdant de ce trimestre puisqu’il passe à la quatrième place des intentions de vote chez les patrons de TPE. Visiblement le programme économique audacieux de François Fillon a reçu un excellent accueil auprès des entrepreneurs de petites entreprises.

À gauche, Emmanuel Macron avec 50% des intentions de vote creuse l’écart avec Emmanuel Valls (12%), Martine Aubry (7%) et écrase François Hollande, qui ne recueillerait que 6% des voix des patrons de TPE.

Le guide du lobbying citoyen

Avec la loi travail et la pétition lancée par Caroline de Haas, les citoyens ont fait connaissance avec le site change.org. C’est à partir de cette pétition qui a recueilli plus de 1,3 million de signatures, qu’est montée l’opposition de la loi travail qui s’est transformée au fil des semaines en Nuit Debout et en manifestations à travers la France, sans oublier une crise majeure au sein même de la majorité et du gouvernement. Le site change.org vient de lancer un guide du lobbying citoyen afin d’accompagner les citoyens désireux de faire entendre leur voix et de lancer une pétition. Tout y est, la rédaction, les tactiques de promotion, les conseils pour assurer le plus large déploiement sur les réseaux sociaux. Une nouvelle étape dans le lobbying numérique qui, avec la loi travail, vient de connaître un succès sans doute majeur.

Manif chez le patron de la CGPME

La Nouvelle République rapporte un épisode qui pourrait passer pour cocasse. Le 18 mai les manifestants réunis en intersyndicale CGT-FO et FSU à Thouars se sont arrêtés devant l’entreprise de François Asselin au prétexte que celui-ci préside la CGPME. Les manifestants reprochent au « patron des petits patrons » de revendiquer dans le cadre de ses fonctions nationales un temps de travail élargi pour les apprentis et un contrat de travail plus fluide. Autant de « régressions sociales » qui annoncent un « retour à Zola » pour les quelques 80 manifestants.

Appel au CAC 40

Il fallait s’y attendre. La polémique autour des salaires, il est vrai mirobolants, des patrons de PSA et de Renault-Nissan rebondit avec un « appel des 40 au CAC 40 » signé par des personnalités du monde politique et intellectuel. On notera la présence parmi les signataires du patron du PS et du président de l’Assemblée Nationale. Ils proposent que les patrons limitent leur salaire à 100 SMIC maximum soit 1,75 million d’euros par an. Cet appel pointe une « élite économique » qui « entretient un sentiment de chacun pour soi délétère ». Cette initiative, dont on ne peut s’empêcher de penser qu’elle a des relents de récupération politique à bon compte, fait partie de ces postures faciles qui visent à cibler le monde de l’entreprise et ses supposés dérapages. Elle instille une fois de plus l’idée selon laquelle il y aurait une France des patrons qui profiterait d’une vie confortable et « hors sol » par rapport au quotidien des Français. Un appel similaire aurait pu être lancé pour « soutenir les entrepreneurs de France » par exemple. En pleine bérézina de la loi travail, dont quelques uns des signataires sont des acteurs de premier rang, elle sonne comme un échec de plus pour des politiques réduits à des petits coups de communication répétés pour occuper la scène médiatique.

Des policiers démoralisés

Les policiers n’en peuvent plus d’être caricaturés. Présents depuis plus d’un an sur le terrain de l’anti-terrorisme, en première ligne en permanence, ils s’inquiètent de la multiplication des dérapages dont ils sont victimes. Les caricatures les dépeignant en racistes invétérés en casseurs de manifestation et de manifestants aboutissent à une violence de terrain « anti-flics » qui se développe dangereusement. Près de 400 policiers ont été blessés ces derniers mois au cours des manifestations et le chiffre ne fait que grossir. Les scènes de violence à leur égard se succèdent dans un silence assourdissant, leur manifestation du 18 mai avait pour but d’attirer l’attention du public et des politiques sur une situation qu’ils ne peuvent plus supporter. De nombreux parlementaires étaient présents à leur côté lors de leur manifestation.

Le coup tordu de l’URSSAF

L’URSSAF a décidé de s’attaquer à Uber et tente de faire reconnaître les travailleurs indépendants qui travaillent avec la plateforme américaine comme salariés. L’URSSAF demande donc à la plateforme les cotisations non payées et a engagé une procédure pénale pour travail dissimulé. Une démarche qui s’apparente à un lobbying violent pour nier l’existence des auto-entrepreneurs dont le statut est en permanence remis en question par l’URSSAF qui tente de prouver que des liens de subordination existeraient entre les personnes ayant choisi ce statut et les entreprises qui font appel à leurs services. L’URSSAF considère que ce lien de subordination entre Uber et les chauffeurs de VTC est démontré. Elle s’attaque ainsi violemment aux nouvelles formes de travail apparues avec la multiplication des acteurs du numérique qui créent de nouveaux services. Elle nie une réalité économique et sociale en refusant de reconnaître que des centaines de personnes ont créé leur propre emploi, trouvant la solution pour sortir de l’ornière du chômage et du handicap social. Dans le même temps, l’opération « 70.000 entrepreneurs dans les quartiers » est lancée par la mairie de Bagnolet, Pôle emploi 93, la fondation FACE 93 en collaboration avec Uber, Planet Adam, l’ADIE, Rent a Car et Voiture Noire afin de faciliter la tâche à des jeunes gens désireux de devenir chauffeurs de VTC. Un contraste saisissant.

La Banque de France veut plus de réformes

Le Gouverneur de la Banque de France vient d’adresser sa lettre annuelle au président de la République dans laquelle il appelle à une accélération et à une amplification des réformes. La Banque de France note que si elle renoue avec la croissance, la France reste très en retard et très en deçà de la reprise enregistrée chez ses voisins européens. Elle incite le gouvernement à engager des réformes sur l’apprentissage, pour les entrepreneurs et une décentralisation du dialogue social vers les entreprises. Un constat, largement partagé, mais qui rencontre les résistances des spécialistes du lobbying de rue qui bloquent la France actuellement…

Mobilisation contre le salaire des patrons

Le projet de Loi Sapin 2 devrait accueillir un amendement visant à rendre contraignant le vote des actionnaires sur le salaire des patrons. L’affaire autour du salaire de Carlos Ghosn dont le montant avait été retoqué par l’Assemblée des actionnaires avant d’être confirmé par le Conseil d’administration continue de susciter des remous et de permettre à certains parlementaires de s’acheter à faible coût une légitimité auprès d’électeurs choqués par les montants mirobolants de certains salaires. Les entrepreneurs auraient sans doute appréciés une telle mobilisation pour défendre l’entreprise et adopter des réformes mettant enfin un peu de fluidité dans notre droit, au lieu de cela la loi travail est réduite à peau de chagrin suscitant l’ire des salariés et des chefs d’entreprise…

Le luxe ouvrira le dimanche

Les magasins de luxe pourront ouvrir le dimanche dans les zones touristiques internationales (ZTI) créées par la loi Macron. La Fédération française de la couture du prêt-à-porter, des couturiers et des créateurs de mode a confirmé au journal Les Echos avoir trouver un accord avec les syndicats de salariés. L’accord signé par FO, la CFDT et la CGC prévoit de travailler au maximum 26 dimanches par an, sur la base du volontariat avec une rémunération double et la participation aux frais de garde des enfants, ainsi que des ascendants dépendants. Une bonne nouvelle, le fait que les grandes enseignes du luxe soient fermées le dimanche à Paris est un frein à l’attractivité touristique de Paris.

 

Brèves de primaire de la gauche 

Nos informations sur les coulisses des primaires à gauche.

Macron a besoin d’argent

Le mouvement « En marche ! » d’Emmanuel Macron vient de lancer une campagne de collecte de dons auprès de ses adhérents. Le mouvement revendique déjà près de 400.000 € de dons de la part de ses soutiens. Un mel adressé aux personnes inscrites sur le site internet lancé par Emmanuel Macron leur demande de faire un don « même minime ». En effet, pour mener une action politique, l’argent reste le nerf de la guerre, surtout, comme le souligne le mel lorsqu’on a « aucun élu ». Dans les partis traditionnels, les élus contribuent à la vie de leur mouvement en versant une contribution mensuelle qui représente un pourcentage de leurs indemnités d’élu.

Valls à la rencontre des citoyens

Emmanuel Valls se lance dans une sorte de tournée des régions à la rencontre des Français. Il devrait ainsi animer six rencontres d’ici le mois de juillet à travers la France. La première s’est tenue dans son fief d’Evry le mercredi 18 mai. Il était accompagné de ministres dont Najat Vallaud-Belkacem et Patrick Kanner. Cette démarche a pour objectifs de défendre le bilan sur le terrain, de montrer un visage plus humain moins orienté sur la sécurité, de montrer l’unité du gouvernement et de reprendre la main dans la perspective de la présidentielle. Loyal au président de la république, le premier ministre n’exclu sans doute pas de s’imposer en recours en cas de retrait de François Hollande de la course à un renouvellement de son mandat. Il a appelé le 18 mai à définir « un projet de société » pour 2017.

Révolution lyonnaise

En interview sur RMC, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, remonté suite à une sanction infligée pour son manque de présence rue de Vaugirard, a surpris en proposant une vaste réforme du Sénat qu’il juge inadapté au fonctionnement de la démocratie. Il suggère de se baser sur le modèle allemand en ouvrant le Sénat aux présidents des Conseils départementaux et régionaux ainsi qu’aux maires des grandes villes.

Les Verts s’auto-détruisent

La transformation en micro-parti des Verts se poursuit lentement mais surement. Dernier épisode en date, la liquidation du groupe Verts à l’Assemblée Nationale. Celui-ci n’aura eu qu’à peine 4 années d’existence. Six députés pro-gouvernementaux ont brutalement quitté le groupe pour rejoindre le groupe PS, sabordant de fait le groupe des écologistes qui ne comptait plus que 16 membres après le départ de Denis Baupin. Le seuil pour créer un groupe parlementaire à l’Assemblée est de 15 députés, or les derniers « Duflotistes » ne sont que dix. Cécile Duflot est donc partie à la chasse pour trouver 5 députés prêts à les rejoindre. Un groupe permet de disposer de moyens logistiques ainsi que d’un temps de parole lors des débats, ce qui est précieux pour obtenir une visibilité médiatique.

Les écologistes incapables de gouverner ?

La dernière péripétie qui vient d’aboutir à la dislocation du groupe parlementaire écologiste à l’Assemblée Nationale est révélatrice de l’incapacité des Verts à trouver un corpus de gouvernement. 10 députés écologistes ont voté la censure au gouvernement, 2 d’entre eux ont même ajouté leurs voix à celles de la droite. Quelques jours plus tard, Cécile Duflot n’a pu s’empêcher d’envoyer un tweet dans lequel elle se revendiquait « seule » présidente du groupe quand l’accord passé entre pro et anti-gouvernement était un partage de présidence. Il n’en fallait pas plus pour que les 6 députés EELV pro-gouvernement s’agacent et quittent le groupe. Les Verts sont spécialistes de ces « arrangements » qui permettent de tenir des positions contradictoires voire d’opposition radicale tout en profitant de moyens qui peuvent leur être alloués dans le cadre de pactes plus ou moins clairs et peu respectés. Il semblerait qu’une nouvelle phase soit enclenchée à l’approche de la présidentielle et leur ex-allié socialiste soit déterminé à leur faire payer (très) cher leur attitude des derniers mois.

Ça va chauffer

Interviewé sur Europe 1, le président de la république s’est montré vif et déterminé. François Hollande semble avoir repris la main sur sa communication et il a clairement endossé son costume de campagne. Visiblement décidé à en découdre, il a invité les Français à lire les projets économiques des candidats à la primaire de la droite pour mieux dénoncer les propositions de réformes qu’ils portent et qui, selon lui, mettront en danger la solidarité avec les plus démunis. Il est revenu sans véritablement le lancer au vieux slogan de 1986 « Au secours la droite revient ! ». En pleine guerre de rue anti loi travail, François Hollande veut installer l’idée qu’il reste le seul rempart possible face aux risques que présenterait un président issu de la droite. Une posture cocasse et éloignée des tentatives d’ouverture et de recomposition puisque le vieux clivage droite/gauche est clairement de retour.

Hémorragie à l’Élysée

Les pots de départ se succèdent à l’Élysée et même s’accélèrent et certains conseillers ne seront même pas remplacés à l’image du conseiller économique du président. Près de 10 conseillers ont quitté le navire élyséen pour devenir ambassadeur, commissaire de police, ou encore rejoindre le privé. Dans quelques jours le directeur de cabinet du président rejoindra la préfectorale son corps d’origine qui lui manquerait. Si François Hollande a d’ores et déjà lancé sa campagne électorale, ses proches collaborateurs semblent considérer que la fin de règne est proche et ils n’hésitent pas à tourner cette page professionnelle et la transformer en étape prestigieuse sur leur cv. Ceci dit ses départs sont également l’occasion de recasages dans les postes dorés de la République avec l’intervention quand ce n’est pas la nomination directe par le président.

Collomb soutient Macron

Le sénateur-maire de Lyon a apporté son soutien au ministre de l’Économie lors d’un passage sur RMC en soulignant qu’il était le seul à percevoir que « la France a changé ». Gérard Collomb va plus loin, il considère qu’Emmanuel Macron sera le candidat de la gauche en 2017 dans le cas où François Hollande décidait de ne pas se représenter pour cause de mauvais sondages. Le cofondateur du courant des réformateurs au sein du PS considère que cela se déroulera « naturellement ».

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.

Brèves de primaire de la droite

Nos informations sur les coulisses de la primaire de la droite.

Rien n’est gagné pour 2017

Avancer par étape. Les responsables de la droite sont concentrés sur le premier tour de la primaire. Ils recueillent les parrainages, affinent leurs programmes. Puis, viendra le mois de septembre, le temps des débats, des ralliements puis celui des négociations de l’entre-deux tours de la primaire et celui de la réconciliation et de l’union avant le lancement officiel de la campagne électorale. Enfin, la campagne devra confirmer les sondages qui annoncent une alternance à portée d’urnes. C’est en juin 2017 que le véritable défi sera à relever : il s’agira de déployer en quelques mois les réformes et de résister aux forces du blocage qui ne manqueront pas d’organiser la résistance de rue avec sans doute un déferlement de violence. Les tensions autour de la loi travail ne sont qu’une répétition avant l’agitation totale, sans retenue, qui se déchainera en 2017. En cela, elles interpellent les responsables de droite qui déjà s’inquiètent de cette rue imprévisible.

Le Bon Coin de Sarkozy

Raillé par les réseaux sociaux parce qu’il ignorait ce qu’est Le Bon Coin, Nicolas Sarkozy a transformé cette péripétie en joli coup de communication. Son équipe a eu le réflexe de contacter les dirigeants du site par Twitter ce qui est en soi une bonne idée et une visite était organisée vendredi 20 mai. L’ancien président de la République n’était pas venu seul, une nuée de journalistes était dans son sillage, ce qui transformait cette rencontre avec les salariés de la plateforme d’annonces en Barnum de campagne. Ces relents politiques ont émaillé toute la visite puisque le candidat encore non déclaré à la primaire de la droite n’a pu s’empêcher de régler quelques comptes avec ses concurrents qui avaient profité de sa méconnaissance du site pour le ringardiser.

Le programme économique de Juppé déçoit-il ?

Jugé moins audacieux que le programme proposé par François Fillon, le volet économique d’Alain Juppé a déçu et n’a d’ailleurs pas reçu les retombées escomptées. Dans les staffs des candidats à la primaire on souligne volontiers la tendance naturelle de l’ancien premier ministre « à craindre la rue ». Du côté d’Alain Juppé on revendique une tendance « libérale » du programme qui lui donne une connotation entrepreneuriale. Une « usurpation » de plus pour ses contradicteurs. Alain Juppé assume de son côté un programme de réforme acceptable pour une majorité de citoyens et revendique que son « objectif est le plein emploi » il cible ainsi l’inquiétude majeure des Français : l’emploi. Il semble néanmoins avoir conscience du manque de retentissement de ses propositions économiques, malgré sa tournée médiatique massive, et son équipe revendiquait le 19 mai un soutien de « 80% des Français » à ses mesures pour l’emploi en s’appuyant sur un sondage Odoxa publié le 12 mai, soit le lendemain de la sortie de son livre…

Sarkozy dénonce le « mensonge originel »

Dans une interview dans Le Monde daté du 18 mai, Nicolas Sarkozy explique les grèves et manifestations non par la loi travail qui « dit si peu de choses » mais par « le mensonge originel de 2012 : à quel moment M. Hollande a-t-il dit à ses électeurs, aux parlementaires et aux syndicats qui le soutenaient qu’il modifierait le code du travail ? Jamais. Tout le problème est là : dans le sentiment justifié qu’ont tant d’électeurs d’avoir été trompés » s’insurge l’ancien Chef de l’Etat. .

Le consensus européen de LR

Le parti Les Républicains organisait une journée de travail sur l’Europe le 18 mai au cours de laquelle le consensus du parti sur les questions européennes est ressorti. Certes, il y a les postures imposées par la primaire et la course à la différenciation qu’elle suscite légitimement en vue du scrutin interne du mois de novembre mais, globalement le constat est le même : l’Europe est en panne, elle a besoin d’être fermement relancée. Dans son discours de clôture du séminaire européen de son parti, Nicolas Sarkozy est allé plus loin dans la méthode de la refondation de l’Europe puisqu’il propose un nouveau traîté qui devra poser les règles communes autour des questions migratoires et de sécurité notamment. S’il mise sur un axe franco-allemand fort, le président de LR refuse toute adhésion de la Turquie.

L’accord en demi-teinte sur le vote des Français de l’étranger

Le Bureau politique de LR a finalement trouvé un « consensus » sur le vote des Français de l’étranger à la primaire de la droite. Nicolas Sarkozy était revenu sur les règles déjà acceptées par tous et qui prévoyaient un vote internet pour les seuls Français de l’étranger, le président de LR souhaitait que ce vote se fasse par papier comme pour tous les votants. Soupçonné de vouloir manipuler la primaire, Nicolas Sarkozy a finalement accepté que les Français de l’étranger éloignés des grandes villes ou présents dans des pays où ce type de vote est interdit pourraient s’exprimer par le net, pour les autres, ils devront se déplacer dans des bureaux de vote. Un « consensus » qui sonne comme une victoire pour Nicolas Sarkozy et qui met à jour les tensions internes qui prennent de l’ampleur. Le Bureau politique du 16 mai se serait tenu dans une « ambiance glaciale » et la solution trouvée n’est qu’une posture de façade afin d’éviter d’étaler un peu plus les dissensions sur la place publique. Néanmoins, ce nouvel épisode de revue des règles de la primaire à quelques semaines du vote montre à quel point l’ancien président de la république est déterminé à utiliser tous les moyens à sa disposition pour remporter la primaire. Les critiques fusent également sur l’utilisation des moyens logistiques et de communication de LR qu’il utiliserait, selon certains de ses adversaires, à son seul avantage.

Dates de la présidentielle

Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 23 avril 2017 et le second tour le 7 mai. Les élections législatives se tiendront les dimanches 11 et 18 juin. Enfin, les élections sénatoriales auront lieu le 24 septembre 2017. Pour mémoire, la primaire de la droite est prévue pour les 20 et 27 novembre 2016, celle de la gauche les 4 et 11 décembre.