L’actu

Mois : avril 2016

Les chiffres de la semaine

100

Anne Hidalgo, qui n’est pas tendre avec Emmanuel Macron, entend bien continuer de s’imposer à gauche et elle s’appuie pour cela sur son mandat de Maire de Paris. Elle a fait voter un budget de 100 millions d’euros consacrés à la démocratie participative. Elle entend faire de Paris un laboratoire de la démocratie participative et, sans doute, du renouveau de la gauche de la gauche. La méthode de gouvernance de la Maire de Paris est plus équilibrée et consensuelle que son image publique, c’est en tout cas ce qu’affirment ses soutiens dans Le Monde du mardi 12 avril. Il s’avère que ses contempteurs sont issus du monde de l’entreprise et saluent ses efforts pour créer de l’emploi dans la capitale. Si elle ne revendique encore aucune ambition élyséenne, Anne Hidalgo semble se préparer à assurer la relève de ses aînés. Cette démarche s’inscrirait dans la perspective de 2022, au grand damne de certains frondeurs dont Le Monde rapporte qu’ils auraient récemment pousser sa porte pour « sonder ses intentions » pour 2017. Sans succès.

5,1

Pole Emploi livre son enquête annuelle sur « les besoins de main d’oeuvre » réalisée auprès de 430.000 entreprises et elle surprend. Si le chômage est au plus haut, les intentions d’embauche des entreprises bondissent de 5,1% sur un an pour atteindre 1,83 million… À côté de ce chiffre impressionnant qui pourrait susciter un mouvement d’optimisme bienvenu, il convient de noter que les contrats courts gonflent les intentions d’embauche et, surtout, que les emplois saisonniers sont plus dynamiques que les contrats durables. 70% des intentions d’embauche concernent des PME de moins de 50 salariés. Le secteur des services continue de tirer le marché de l’emploi, il représente 40% des intentions d’embauche. Enfin, il faut noter le rebond prévisionnel de la construction qui voit ses intentions d’embauche croitre de 12% en 2016 contre une baisse de plus de 10% en 2015.

7

François Fillon frappe fort avec ses propositions pour le travail indépendant. Le candidat à la primaire de la droite s’est fixé pour objectif d’atteindre un niveau de chômage de 7% en France à l’issue de son quinquennat. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy place la barre haut puisqu’il ambitionne d’imposer la France comme première puissance européenne en dix ans. Outre une réécriture du Code du travail, déjà annoncée, François Fillon mise sur les auto-entrepreneurs, un statut créé par son ancien ministre Hervé Novelli, lui-même chef d’entreprise. L’idée est de créer un statut totalement sécurisé d’auto-entrepreneur qui permettra aux entreprises de faire appel à des compétences externes sans craindre une requalification en contrat salarié. Une forme de contournement des lourdeurs qui pèsent encore sur l’embauche des salariés. Plusieurs dispositifs accompagneraient cette petite révolution : hausse de 50% des plafonds de chiffre d’affaires pour les autoentrepreneurs, réforme des qualifications nécessaires pour exercer certaines professions, extension du régime aux mineurs dès 16 ans, suppression du RSI…

1,1

Le gouvernement serait-il trop optimiste dans ses perspectives de croissance pour 2016 et 2017 ? Il mise sur une croissance pour cette année de 1,5% et même s’il estime faire preuve de prudence avec ce taux, Bruxelles penche plutôt pour une croissance de 1,3% pour la France en 2016. C’est le FMI qui refroidit toutes les espérances, il vient de revoir une fois de plus ses prévisions à la baisse et il estime que la France ne dépassera pas 1,1% en 2016 et 1,3% en 2017. Des prévisions lourdes de conséquences puisque c’est l’ensemble de l’équilibre budgétaire qui serait remis en question si le FMI était dans le vrai. Une perspective d’autant plus préoccupante que le FMI place la France dans le camp des mauvais élèves de l’Europe avec une croissance faible et en dessous de celle de la zone qui serait de 1,5% avec 2,6% pour l’Espagne et 1,5% pour l’Allemagne.

44,2

Bercy vient de lancer la campagne de l’impôt 2016, l’occasion pour Michel Sapin d’annoncer un reflux des prélèvements obligatoires qui passent de 44,5% du PIB à 44,2%. Ce taux avait atteint un record de 44,9% en 2014, son plus haut niveau depuis 50 ans ! Une occasion de rappeler que la France reste l’un des pays d’Europe ou le poids des prélèvements obligatoires sur le PIB est l’un des plus élevés avec 48,5% pour un célibataire selon l’OCDE (source Les Echos).

10

Le député René Dosière ne décolère pas. Il vient d’obtenir, après 17 mois d’attente, la réponse du ministère de l’Intérieur à sa question écrite sur le coût réel des dispositifs de sécurité mis à la disposition des anciens présidents de la République et nous ne sommes pas déçus. Le député a publié sur son blog une réactualisation du coût annuel des anciens présidents de la République, il atteint près de 10 millions d’euros, 9,6 millions précise-t-il. Ce nouveau calcul alourdit donc de 3,4 millions la précédente estimation qui ne datait pourtant que de janvier 2015 et qui s’élevait déjà à 6,2 millions d’euros annuels. Le classement reste le même est Valéry Giscard d’Estaing reste l’ancien président le plus coûteux pour la République avec 3,9 millions, mais cette somme englobe la protection de ses propriétés. Or, René Dosière a isolé la protection rapprochée de chacun des anciens chefs de l’Etat et si l’on s’en tient à ce seul périmètre alors Nicolas Sarkozy est le plus coîteix à protéger avec 743.318 Euros par an contre 346.695 pour Valéry Giscard d’Estaing et 277.356 pour Jacques Chirac.

Loi travail : le coup de martinet aux entrepreneurs

La Loi travail au départ si prometteuse ne cesse de décevoir et les discussions parlementaires, loin de l’améliorer, risquent de révéler un peu plus en quoi l’entreprise est un marqueur entre droite et gauche dans notre pays. Ceux qui sont les grands perdants dans cette affaire, ce sont les entrepreneurs.

Après Caroline de Haas et sa pétition numérique si fédératrice, celui qui occupe désormais la lumière médiatique est William Martinet. Le patron de l’UNEF, syndicat étudiant proche du PS et pourtant farouchement opposé au projet de loi de Madame El Khomri a réussi le tour de force de mobiliser les lycéens et les étudiants qui ne sont pourtant pas concernés par le dispositif.

De manifestations de rue en #NuitDebout il ne cesse d’infliger au gouvernement de petites humiliations. Les ministres ont beau le recevoir dans leurs jolis bureaux des beaux quartiers parisiens, rien n’y fait, il en veut, ils en veulent toujours plus.

Ce jeune homme est déjà un professionnel du militantisme syndical. Les études ne sont pour lui qu’un « permis de militer ». À 27 ans, ses études ont « trainé » et il est donc encore président de l’UNEF, jadis pouponnière de parlementaires socialistes. Il a fait évoluer son syndicat avec son époque et il le fait coller avec les revendications et les inquiétudes, souvent légitimes, d’une partie de la jeunesse. La Loi El Khomri, maladroitement présentée puisque son texte préparatoire a « fuité » dans la presse, n’est presque qu’un prétexte, une sorte de véhicule protestataire d’une colère sourde de la jeunesse.

Ce projet de loi révèle le manque de préparation du gouvernement, son incapacité à gérer ses soutiens les plus proches ainsi que sa fragilité parlementaire qui se confirme au fil des mois. Il révèle également la faiblesse du lobbying patronal, sa déconnexion avec les outils d’aujourd’hui et son fonctionnement quelque peu désuet.

L’absence de mobilisation du monde de l’entreprise dans la défense de ce projet de loi qui, pourtant, allait dans le bon sens, doit être comprise comme une alerte pour 2017. Il serait vain d’imaginer que les réformes, demandées avec force par les entrepreneurs, pourraient s’engager sans soutien de terrain efficace, sans mobilisation de tous les instants pour braver les conservatismes et soutenir les dirigeants politiques mandatés pour les mener à bien.

Le monde de l’entreprise doit rapidement cesser de se lover dans les incantations et les revendications de salon pour s’organiser avec sérieux s’il veut que 2017 ne soit pas qu’un rendez-vous manqué de plus.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Si les entrepreneurs s’impliquaient dans le débat public !

Nouveau numéro de l’émission « Lobby or not lobby » sur RDE, la Radio Des Entreprises avec pour thème l’implication des entrepreneurs dans le débat public.

Simon Janvier et Mathieu Quétel décryptent cette semaine les raisons pour lesquelles il est indispensable que le monde de l’entreprise se mobilise beaucoup plus pour accompagner les réformes. Pour le fondateur de Sountsou, il est clair que l’échec de la loi El Khomri est du en partie au manque de soutien de la part des patrons. Or, en 2017, des réformes ne pourront être engagées que si elles bénéficient d’un élan populaire. Au delà du simple constat, Mathieu Quétel propose également, dans cette émission, toute une série de conseils très concrets à destination des chefs d’entreprise.

Écoutez le podcast de l’émission (durée environ 7 minutes) ici.

Lobby or not lobby

Lobby or not Lobby s’intéresse au lobbying et avec cette question en filigrane ; comment le monde de l’entreprise peut faire entendre sa voix auprès des dirigeants politiques ? Un enjeux aujourd’hui essentiel.

Analyse et décryptage avec Mathieu Quétel, dirigeant et fondateur de l’agence Sountsou, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leurs relations institutionnelles, leur communication et leurs actions de lobbying.

Animé par Simon Janvier, journaliste au Journal des entreprises et La Radio des entreprises avec Mathieu Quétel, dirigeant-fondateur de l’agence Sountsou qui accompagne les entreprises dans leurs relations avec la sphère publique et en lobbying.

Et Macron se mit en marche

Emmanuel Macron vient donc de franchir le pas. Le sémillant ministre de l’Economie a lancé, mercredi 6 avril, son mouvement, apolitique, « En marche ! ». Pour qui ? Pour quoi ?

Il y a quelques jours Emmanuel Macron lançait « Les jeunes avec Macron » et son Think tank « La gauche libre », désormais il dispose également de son mouvement « En marche ! » qu’il souhaite transpartisan et accueillant pour les « déçus de la politique » qu’ils soient de droite ou de gauche, salariés ou chefs d’entreprise. Les réseaux sociaux devraient constituer un support essentiel de développement pour les outils du ministre qui est, de toute façon, également très présent dans les médias. Maintenant, c’est l’objectif de tout cela qui pose question.

Macron agace dans son camp et cette nouvelle initiative ne devrait que cristalliser un peu plus les rancoeurs. Il ne s’agit pas d’un problème pour lui, presque d’un atout, puisqu’il assume une démarche différente qui vise à ringardiser les partis traditionnels. Néanmoins, une ambition et un projet ne se construisent pas sur de simples slogans.

Récemment encore, sur Europe 1, il affichait sa totale loyauté à François Hollande. Une mise en orbite pour 2017 ne serait donc pas l’objectif. Quoique…

Le président de la République continue de croire en son bilan et à des résultats qui devraient arriver d’ici la fin de l’année. Néanmoins avec 14% d’intention de vote au premier tour, selon le dernier sondage Cevipof-Ipsos, François Hollande est au plus bas et un rebond devient incertain. Ses plus fidèles soutiens ont lancé l’opération de reconquête du printemps avec une émission le 14 avril sur France 2 puis une présence renforcée sur le terrain. La campagne de 2017 commence à s’organiser, Julien Dray est évoqué comme possible directeur de campagne et les réunions préparatoires à l’Elysée se multiplient. Le problème, c’est que les Français « n’impriment plus »…

Alors l’initiative d’Emmanuel Macron pourrait s’inscrire, dans un premier temps, dans la stratégie de reconquête de François Hollande. Nombreux sont ceux à envisager une recomposition politique après l’élection présidentielle de 2017, la création de « En marche ! » pourrait en être une première étape. Ainsi, François Hollande pourrait appuyer sa candidature pour un second mandat sur un PS, expurgé des « ultras » de la gauche et Emmanuel Macron appellerait son mouvement transpartisan à le soutenir : François Hollande deviendrait alors le candidat d’une nouvelle France réformatrice et pragmatique.

Dans le cas où le président de la République décidait de ne pas se représenter, ce qui semble très improbable, « En marche ! » pourrait constituer un outil original et différenciant pour réunir les Français écoeurés par les vieux combats partisans au service de seules ambitions présidentielles. Emmanuel Macron, avec ses 38 ans, son originalité, sa forte popularité auprès des électeurs de droite, pourrait constituer un sérieux concurrent face à un candidat socialiste très à gauche et un candidat issu de LR plus à droite que lui et, vraisemblablement, plus âgé…

Il existe une autre voie pour Emmanuel Macron. François Hollande a commenté son initiative d’un sibyllin « il fait de la politique » quand le premier Ministre et quelques autres l’ont, une fois de plus, critiqué. Les chefs d’entreprise sont sous le charme et prêts à faire confiance à ce Ministre, jeune et plein de fougue, qui a tenté ces deux dernières années de mener des réformes ambitieuses. Si son mouvement prend une véritable place dans l’échiquier politique avec un nombre conséquent d’adhérents, alors il pourrait s’imposer comme l’un des acteur incontournable de la présidentielle, y compris pour les candidats LR. Pourquoi ne pas envisager alors de rejoindre « le candidat du second tour » quel qu’il soit et s’ouvrir la voie vers Matignon ?

Emmanuel Macron s’est donc bien mit « En marche ! » vers son destin et il s’est créé un champ des possibles très ouvert.

https://www.en-marche.fr/parcours/#/

Présidentielle : le « coup d’Etat démocratique » de Jacques Attali

L’ex-conseiller de François Mitterrand revient avec un projet pour la France. Sans politique, il a collationné 10.000 contributions, autour de 250 experts et il propose un véritable projet de société avec 300 propositions concrètes. 

Jacques Attali est en colère. Il dénonce le manque de travail des politiques et des partis et leur totale impréparation pour 2017. Il souhaite retrouver le souffle des réformes de 1958 et 1981 qu’il estime être les derniers grands rendez-vous de la France avec un projet et des réformes majeurs. Il revendique donc un « coup d’Etat démocratique » !

Dans une interview au journal Les Echos, Jacques Attali plaide pour un « big bang institutionnel, économique et social, sur trois axes : la protection, l’audace et le vivre-ensemble ». Il propose une série de réformes, parfois audacieuses, que le nouveau gouvernement devra mettre en place en 100 jours. Sa réforme institutionnelle, qui prévoit notamment un mandat présidentiel de sept ans non renouvelable, permettra au président de réformer en sérénité sans avoir l’oeil rivé sur les sondages.

Parmi les propositions, on retrouve l’idée de limiter tous les mandats électifs à une seule réélection, à tous les niveaux, il ne resterait plus que 200 députés et 50 sénateurs afin d’adapter le parlement à un fonctionnement plus fluide et moins coûteux de la démocratie. L’école constituerait également une priorité forte avec des mesures phares comme le port d’un uniforme, un très fort taux d’encadrement en maternelle, notamment dans les zones difficiles, un vaste plan de recrutement d’enseignants-chercheurs.

Sur les plans économique et fiscal, Jacques Attali et ses experts préconisent une réduction de 25% de l’impôt sur les sociétés, une simplification des procédures pour les PME, un remplacement de l’ISF par un impôt immobilier ainsi qu’une augmentation de 2 points de la TVA sur cinq ans avec une baisse de l’impôt sur les revenus et des cotisations sociales.

Ces propositions sont posées pour créer le débat et Jacques Attali affirme ne défendre aucun candidat pour la présidentielle puisqu’il les met tous dans le même panier. Interrogé par Les Échos sur Emmanuel Macron, il confie qu’il n’a pas plus d’idées que les autres à ce stade.

Retrouvez l’intégralité des propositions de Jacques Attali dans son nouvel ouvrage « 100 jours pour que la France réussisse » aux éditions Fayard.