L’actu

Jour : 18 mars 2016

N’écoutez pas les Cassandre

Nous vous proposons un extrait du dernier numéro de notre collection « Les Cahiers Experts » consacré à la présidentielle de 2017. Cette semaine nous vous invitons à ne pas écouter ceux qui essaient de vous décourager d’engager le dialogue avec le monde politique. Retrouver l’intégralité du Cahier Expert « Présidentielle 2017 : 10 conseils pour faire entendre la voix des entrepreneurs » en le chargeant gratuitement ici.

Dans votre entourage, y compris proche, vous aurez toujours des amis, des collaborateurs et des adhérents pour décrire la politique comme un monde « pourri », « décalé », « sans intérêt », etc. Ne vous préoccupez pas de ces avis négatifs et porteurs de deux effets néfastes : la procrastination et l’agressivité.

Les intérêts sont nombreux à s’exprimer et les demandes auprès des politiques sont multiples ; toutes ne prospèrent pas, mais le travail et la persévérance finissent toujours pas payer. Les politiques ont besoin de vous afin de mieux comprendre le monde de l’entreprise, et les entrepreneurs sont encore trop peu nombreux à entamer une véritable démarche d’échange et de propositions. Distinguez-vous des aigris et des populistes de tout poil et soyez porteur des valeurs positives de l’entreprise.

L’étonnement est le mot qui revient le plus souvent dans la bouche des dirigeants que j’accompagne. Réfractaires au début de la démarche, ils finissent par y prendre goût et par être séduits par les résultats obtenus, mais aussi par les rencontres humaines. Dans leur grande majorité, les élus sont des gens de passion. Ils défendent des idées mais également un territoire, une terre à laquelle ils sont généralement très attachés. Les purs cyniques sont assez rares, et ne constituent donc pas l’essentiel des rencontres.

J’ai en mémoire cette fédération professionnelle qui accomplissait un travail remarquable pour les entreprises qu’elle représentait, dans un secteur très concurrentiel, et qui estimait n’obtenir que peu de résultats. En réalité, son travail était apprécié et reconnu des décideurs et de la grande majorité de ses adhérents : il avait sauvé à plusieurs reprises le secteur qu’elle représentait. Néanmoins, son action était considérablement affaiblie par une partie de ses membres, puissants en son sein, qui passaient leur temps à la critiquer ou, pire, à agresser un grand nombre de ses interlocuteurs politiques par des prises de parole décalées, voire des mails ou des agressions verbales… Une attitude irresponsable qui coûtait cher à la collectivité de PME que cette fédération avait pour mission de représenter et de défendre. Ces adhérents, financièrement puissants, estimaient qu’ils ne bénéficiaient pas suffisamment du rayonnement de leur fédération professionnelle et souhaitaient, en réalité, la capter pour la promotion de leurs seuls objectifs. Les élus de celle-ci, déterminés à travailler pour l’intérêt général de leur secteur et de leurs adhérents, résistaient et les relations devenaient plus que tendues. L’ensemble de l’action de la fédération finissait par en pâtir. Un cas typique, qui doit rappeler aux responsables syndicaux qu’il ne faut pas qu’ils sous-estiment leur lobbying interne.

Pour ce qui concerne le lobbying, les résultats sont comparables à un service commercial : plus vous réfléchissez à votre stratégie, plus vous agissez, plus vous avez de rendez-vous, plus vous aurez de résultats. Cette approche, qui peut vous sembler simpliste, est le reflet de plus de vingt années d’expérience en la matière.

Aucun combat, aucun défi n’est joué d’avance. Les causes les plus difficiles peuvent être défendues et des résultats significatifs peuvent être obtenus. Il faut simplement se mettre en mouvement et refuser d’entendre les mauvaises voix qui vont tenter en permanence de détricoter votre action.

Mathieu Quétel

président de Sountsou et auteur des Cahiers Experts.

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Loi travail : rendez-vous manqué pour les entreprises  

Cet édito a été publié dans Le Huffington Post du dimanche 20 mars.

La loi El Khomri fait couler beaucoup d’encre et risque fort de se terminer en queue de poisson pour les entreprises, notamment les plus petites. Mais au final, les entrepreneurs ne sont-ils pas en partie responsables de la situation ?

Partie sur les chapeaux de roues la loi travail devait emporter toutes les réticences sur son passage. Les sondages annonçaient des Français favorables à cette réforme (enfin !), un consensus politique commençait à se créer, certains élus de droite et du centre se déclaraient prêts à envisager de la voter, les syndicats patronaux saluaient une avancée, certes limitée, mais un premier pas dans le bon sens… Puis, patatras.

Il est vrai que du côté de la gauche de la majorité cela toussait un peu, mais frondeurs et syndicats avaient quelques difficultés à se faire entendre. Jusqu’à ce que les ultras reprennent la main avec les bonnes vieilles méthodes du militantisme politique adaptées à notre époque. Si la tribune de Martine Aubry publiée dans Le Monde a eu un certain écho, suscité plus par la violence de ses propos que par ses propositions inexistantes, c’est bien la pétition lancée sur change.org par Caroline de Haas qui a marqué un tournant décisif. Elle a su fédérer des mois de rancoeurs et de frustration d’une gauche qui ne se reconnait plus dans la majorité actuelle et qui est atterrée par le cheminement idéologique et politique de celui pour qui elle a voté en 2012.

Cette dérive « libérale » incarnée par Manuel Valls et Emmanuel Macron a très bien été dénoncée par Caroline de Haas, qui, en experte du militantisme, a su trouver le bon positionnement et mobiliser la jeunesse, pourtant peu concernée par les mesures du projet El Khomri 1. Puis la sauce est montée peu à peu, l’exécration d’une gauche conservatrice pour la gauche réformatrice servant de liant, la jeunesse étant utilisée comme fouet.

Dans ce débat interne à la gauche, les patrons ont été absents. On comprend le silence de l’opposition puisqu’elle a tout intérêt à laisser la gauche s’auto-détruire. Mais l’attitude des syndicats patronaux pose vraiment question. Engoncés dans des méthodes d’un autre siècle ils ont semblé incapables d’organiser la contre-offensive. Dépassés par une pétition numérique qui pourrait appeler bien des critiques, ils se sont laissés emporter par le projet El Khomri 2 qui sonne pour le gouvernement comme une reculade de plus mais bien comme un rendez-vous manqué pour le patronat.

Cette situation ne laisse rien présager de bon dans la mise en place des réformes après la présidentielle de 2017. En effet, si les principaux demandeurs de réformes structurelles ne soutiennent pas les initiatives politiques de façon efficace face aux inévitables tentatives de blocage, comment les gouvernants peuvent-ils envisager sérieusement d’appliquer leurs promesses électorales ?

Il est temps pour le monde de l’entreprise de s’organiser pour accompagner les dirigeants politiques. Expliquer qu’il est plus facile de mobiliser « contre » que « pour »une réforme est un argument pour le moins limité, comme de ressasser le manque de courage des gouvernants. Si les entrepreneurs ne veulent pas rater le rendez-vous de 2017, ils doivent se mettre au travail. Et vite.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Comment le digital a plombé la loi travail 

Le digital a été l’outil principal des opposants à la loi travail pour obtenir la remise en cause de la première version du projet de loi. 

Dans le premier numéro de l’émission « Lobby or not lobby » sur la Radio Des Entreprises (RDE), Mathieu Quétel décrypte comment les opposants au projet de loi El Khomri ont su prendre la main sur ce dossier et fédérer massivement grâce au web et aux outils numériques. Si le monde patronal utilise encore assez mal internet et les réseaux sociaux, certains politiques ont, eux, bien saisi l’importance de ces nouveaux outils.

Lobby or not lobby

Lobby or not Lobby s’intéresse au lobbying et avec cette question en filigrane ; comment le monde de l’entreprise peut faire entendre sa voix auprès des dirigeants politiques ? Un enjeux aujourd’hui essentiel.

Analyse et décryptage avec Mathieu Quétel, dirigeant et fondateur de l’agence Sountsou, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leurs relations institutionnelles, leur communication et leurs actions de lobbying.

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Animé par Simon Janvier, journaliste au Journal des entreprises et La Radio des entreprises

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Invité Mathieu Quétel, dirigeant-fondateur de l’agence Sountsou qui accompagne les entreprises dans leurs relations avec la sphère publique et en lobbying.

Quand Macron s’appuie sur le MJS et l’UNEF

Emmanuel Macron, souhaite mettre en oeuvre des réformes qui déplaisent fortement à la gauche de la majorité. Il est devenu la caricature de ce que les frondeurs dénoncent dans la « dérive libérale » de François Hollande. Pourtant, le jeune ministre organise ses réseaux… en s’appuyant sur ses ennemis.

La Lettre A du jeudi 17 mars décrypte les réseaux sur lesquels s’appuie Emmanuel Macron pour s’organiser et révèle que le locataire de Bercy s’est entouré d’un ancien du MJS pour manager sa petite entreprise politique. Son collaborateur parlementaire, Stéphane Séjourné, ancien du MJS assure le relai avec les jeunes qui gravitent autour du Think-Tank La Gauche Libre, lancé le 12 mars pour porter la bonne parole du Ministre et fédérer ses réseaux.

Là où Emmanuel Macron fait fort c’est dans sa capacité à rassembler autour de lui d’anciens militants du MJS et de l’UNEF qui ne sont certes plus ni étudiants ni membres de ces mouvements mais qui ont bien fait leurs armes au sein des structures qui sont de farouches opposantes d’aujourd’hui du Ministre de l’économie.

Les informations de La Lettre A montrent en tout cas qu’Emmanuel Macron, s’il dispose d’encore peu de relais politiques et en région, sait s’appuyer sur des professionnels de l’action militante. À voir comment leurs successeurs viennent « d’éparpiller façon puzzle » la loi El Khomri 1, on ne doute pas qu’ils sauront défendre avec efficacité leur poulain.

Présidentielle : opération niches

François Hollande prépare sa campagne électorale. Au plus bas dans les sondages, le Président de la République mise sur les bonnes vieilles recettes  pour reconquérir le coeur de ses électeurs.

Les périodes électorales sont naturellement propices pour s’adresser à ses « niches » celles et ceux que l’on considère comme un électorat naturel, alors François Hollande veut s’adresser aux jeunes et aux fonctionnaires. Les premiers sont en froid avec lui, une rancoeur qui se cristallise autour de la loi travail, les seconds sont déjà inquiets des annonces des pré-programmes des candidats de droite qui prévoit de réduire drastiquement leur nombre alors que leurs revenus sont bloqués depuis six ans.

Alors le président profite de la Loi El Khomri 2 pour élargir la Garantie jeunes. Le dispositif permet aux 18-26 ans de bénéficier d’une allocation dans le cadre d’un programme intensif d’accès à l’emploi. Cette mesure devrait coûter près de 500 millions d’euros.

L’autre niche à soigner en cette période pré-électorale, les fonctionnaires devraient bénéficier d’un dégel de leur point d’indice, bloqué depuis 6 ans. Les 5,4 millions de fonctionnaires représentent un électorat naturellement proche de la gauche et leur envoyer un signe positif en plein débat sur la loi travail tant décriée ne peut être que bénéfique au gouvernement, c’est en tout cas son calcul. La hausse de 1,2% du point d’indice coûtera entre 1,84 et 2,4 milliards d’euros, dont le financement n’existe pas aujourd’hui mais dont le bénéfice pourrait se retrouver dans les urnes.

Cette « opération niches » lancée par l’exécutif est un peu hasardeuse et ne devrait pas rencontrer l’écho escompté, tant les mesures qui se succèdent ne semblent plus « imprimer » dans l’opinion. En outre, le Président de la République a lié son sort à la courbe du chômage qui ne semble pas décidée à se redresser, pour le moment.