L’actu

Mois : janvier 2016

Le Medef invite les entreprises à changer

Le Medef vient de présenter son diagnostic de l’état de la France « Cartes sur table 2016» dans lequel  il dénonce le poids de la dette et du chômage et la dégradation de la compétitivité tout en donnant aux entreprises des pistes pour évoluer dans l’environnement économique d’aujourd’hui.

Sans surprise, le Medef pointe les faiblesses de l’Etat dans son « Cartes sur table 2016 », une croissance atone, un marché du travail trop rigide, un environnement réglementaire et fiscal bloquant, autant de constats bien connus de la part de l’organisation patronale.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef : « La photographie de notre pays que donne Cartes sur table, c’est celle d’un pays plein d’énergies qui ne demandent qu’à être libérées. C’est pourquoi cet outil d’analyse est aussi un appel à l’action qui s’adresse à tous : Etat, collectivités, mais aussi entreprises, qui ont un rôle à jouer pour retrouver une meilleure compétitivité hors-coût. »

Plus inattendu, le Medef souligne que les entreprises, notamment les plus petites, devraient s’emparer de façon plus volontariste des outils numériques et se donner les moyens d’aller chercher la croissance à l’international, d’innover, de monter en gamme ou d’investir dans des filières d’avenir comme la santé ou le tourisme.

L’organisation patronale invite ainsi les entrepreneurs à un changement de culture et de comportement  à l’égard de la prise de risque dans l’international et les produits innovants.

Cette nouvelle posture du Medef ne lui fait pas oublier de revendiquer des réformes structurelles afin de « faire de l’entrepreneuriat un enjeu pour l’emploi »et de plaider pour « une amélioration des dispositifs de financement, une baisse des charges, un assouplissement du code du travail, un lissage des effets de seuil, une stabilisation de l’environnement règlementaire ainsi qu’un allègement de la fiscalité du capital ».

« Cartes sur table le montre bien : tout n’a pas encore été fait pour remettre la France à la place qu’elle devrait occuper dans la compétition mondiale et lutter contre le chômage et l’exclusion, loin s’en faut. Sur la base de ce travail objectif, le Medef appelle les pouvoirs publics à accélérer sans tarder sur les réformes indispensables. Le constat est posé, les leviers sont identifiés ; ne perdons plus de temps. », insiste Pierre Gattaz, président du Medef.

 

L’insultant Monsieur Macron 

Au gouvernement, Emmanuel Macron est devenu le centre des débats avec une accélération depuis janvier. Le jeune Ministre, à qui tout semble réussir, s’est imposé en à peine plus d’un an comme le symbole d’une gauche condamnée à évoluer et casser ses tabous. Le chemin est encore long… 

Emmanuel Macron est devenu maître dans l’art de distiller phrases et postures qui ont le don de choquer la majorité. Mercredi 20 janvier, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV il lâche une petite phrase en apparence pleine de bon sens : « Il ne faut pas oublier que la vie des  entrepreneurs est bien souvent plus dure que celle d’un salarié ». Il n’en fallait pas plus pour que les députés des différentes composantes de la majorité présidentielle se répandent dans les médias pour dénoncer ces propos infamants et recadrer le jeune Ministre dont le nouveau dérapage frise une fois de plus, à leurs yeux, la provocation sinon l’insulte.

On notera que les parlementaires et personnalités de gauche qui se sont exprimées avec véhémence et ont animé la fin de la semaine ont remplacé, dans leurs interventions courroucées, le terme « entrepreneurs » par « patrons », sans doute plus en phase avec le verbatim idéologique qui sied à une bonne pensée économique. Surtout, on ne comprend pas bien ce qu’il y a de tellement choquant dans la phrase pour le moins anodine et de simple bon sens du Ministre, même s’il n’est pas très adroit de comparer ainsi entrepreneurs et salariés et de prendre le risque de les opposer.

En fait, il incarne une nouvelle pensée de gauche, plus proche du monde économique et ouverte à l’entreprise qui hérisse les « ultras » de la majorité, enferrés dans un carcan idéologique dont ils ne parviennent pas à se défaire. La réaction suscitée par cette phrase est bien symbolique de la place et de l’image de l’entreprise dans le débat politique : caricaturale. L’entreprise c’est le patron richissime, dont la fortune ne repose que sur une exploitation sans limite de salariés pieds et poings liés, dont la vie est aux mains de ce capitaliste sans vergogne.

Le même jour, l’attitude de trois syndicats dans le dossier de l’ouverture du dimanche dans les magasins FNAC n’a pas générée tant de réactions ni de droite, ni de gauche. Leur position irresponsable de bloquer l’ouverture des magasins quand la direction propose jusqu’à 300% d’augmentation de salaire pour certains dimanches travaillés laisse les politiques de marbre.

Cette journée du mercredi 20 janvier représente bien, me semble-t-il, l’atmosphère de suspicion permanente qui pèse encore sur le monde de l’entreprise. Les politiques rechignent à défendre un monde économique qu’ils connaissent mal et dont ils estiment qu’il y a un risque à le défendre de façon trop marquée publiquement.

Cette situation est également due au comportement encore trop souvent adopté à l’égard du monde politique par les entrepreneurs. Ces derniers pensent, à tort, que les élus ne servent pas à grand chose, qu’ils ne comprennent rien et ne travaillent pas, donc pourquoi perdre son temps ?

Ils rejoignent ainsi d’une certaine façon la très grande majorité des Français qui ne parvient plus à avoir confiance dans le politique, comme le révèlent les résultats de la vague 7 de l’enquête nationale annuelle du CEVIPOF.

Or, le politique est au centre de notre système démocratique, il est le seul à pouvoir engager les réformes dont les entrepreneurs ont besoin pour remettre notre pays sur les rails de la croissance. Les entrepreneurs ne peuvent donc les ignorer, ils doivent travailler au contraire à les convaincre ou, comme les initiateurs de La Transition, s’impliquer eux-mêmes pour changer les choses.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Lobbying : les apiculteurs piquent les sénateurs

Le lobbying peut prendre différentes formes et, parfois, avec peu de moyens et de l’humour il est possible de frapper fort. C’est le cas des apiculteurs qui se sont déguisés en hommes politiques pour mieux interpeller leurs sénateurs en Haute-Garonne.

Depuis plusieurs années les apiculteurs luttent contre les pesticides qui font des dégâts considérables dans les colonies d’abeilles. Ils souhaitaient que les sénateurs adoptent un amendement contre les néonicotinoïdes dans le cadre des débats sur la loi Biodiversité.

Conscients de leurs difficultés à se faire entendre et néanmoins déterminés à mobiliser leurs élus dans leur combat anti pesticides, ils se sont alliés avec des militants anti-OGM et ont organisé un véritable happening au marché de Tournefeuille. Les équipes de France 3 ont ainsi captées des images pleines d’humour d’apiculteurs déguisés en (vieux) sénateurs avec barbe et sans cheveux réunis à la buvette du Luxe-en-Bourg.

Cette opération de lobbying de terrain originale est à voir en images en cliquant ici.

Politique : la crise de confiance 

La vague 7 de l’enquête annuelle du CEVIPOF sur la confiance des Français n’est pas très rassurante et traduit une crise profonde entre les Français et la politique. 

D’abord les sentiments que ressentent les Français ne sont pas réconfortants : 31% ressentent de la lassitude, 29% de la morosité et 28% de la méfiance. Des chiffres qui sont parfaitement en concordance avec les résultats des élections régionales de décembre 2015. Pour une fois, les urnes traduisent bien le climat de déprime qui règne chez 88% des Français. Ils sont 82% a déclarer avoir une perception négative de la politique. Voilà qui détonne à un an de la présidentielle.

Cette enquête 2016 est une mine d’or pour les élus, les candidats et, plus largement pour tous ceux qui s’intéressent à la politique. Elle traduit une cassure profonde et probablement durable entre les Français et leurs élus. Or, la confiance n’est pas facile à reconquérir, elle se construit lentement, elle doit se confronter aux faits, aux réalisations et résister à la comparaison entre les promesses et les réalisations. C’est dire si la primaire de la droite et du centre, les débats internes à la gauche puis la campagne présidentielle seront des rendez-vous aux enjeux multiples que les politiques ont tout intérêt à préparer scrupuleusement.

Si les maires recueillent l’approbation de 63% des Français, ces derniers ressentent une large défiance à l’égard des élus nationaux, notamment le locataire de l’Elysée qui ne recueille que 29% de confiance.

Les initiatives comme La Transition, le renouvellement auquel pourrait aboutir la primaire de la droite et du centre, la chute dans les sondages de François Hollande et Nicolas Sarkozy s’expliquent ainsi plus facilement. Il semble y avoir d’un côté une France de la besogne, un peu en colère de ne pas être écoutée et de souffrir et de l’autre côté les décideurs politiques qui apparaissent comme « hors sol » et actuellement incapables de se remettre en question.

Présidentielle : la société civile se mobilise

Les élections régionales ont été un véritable signal d’alarme pour de nombreux élus, certains comme Xavier Bertrand ont affirmé avoir compris et être déterminés à adopter désormais une autre façon de faire de la politique. Une promesse à laquelle ne semble pas croire les promoteurs de La Transition.

« En 2017, comme 3 Français sur 4, nous ne voulons plus ni de Hollande, ni de Sarkozy, et nous ne voterons pas Le Pen. Alors on fait quoi ? », c’est ainsi que s’ouvre le site internet du Mouvement La Transition lancé par 10 membres fondateurs qui ambitionnent de présenter un candidat alternatif dès la présidentielle de 2017 avec l’engagement de ne faire qu’un seul mandat.

Les fondateurs sont issus de la société civile et souhaitent mettre fin au règne de « la bourgeoisie d’Etat et à la bureaucratie syndicale » qui bloquent la société et les réformes indispensables à la France, selon eux. Ils estiment qu’il ne faut mettre aucun espoir du côté des politiques « les partis politiques sont devenus synonyme de carrièrisme et de conservatisme ».

« Seule la société civile peut assurer l’indispensable transformation du pays » assènent-ils et ils concluent « en 2017, la France a besoin d’un Président de Transition ». Cette « Transition » est un « instant précis », celui où les français disent « ça suffit ! ».

Des personnalités issues de la gauche comme Claude Posternak ou Zohra Bitan sont à l’initiative de cette démarche qui s’affirme néanmoins apolitique et résolument tournée vers la société civile.

Plus d’informations sur le site www.la-transition.fr