L’actu

Jour : 8 janvier 2016

2016, l’année des entrepreneurs ? 

2016 s’annonce comme une année chargée en annonces diverses pour l’économie et les entreprises. Année de pré-campagne présidentielle, de primaire à droite qui promet une lutte acharnée, elle permettra également de poser les bases d’une éventuelle réforme en profondeur de  notre réglementation. 2016 pourrait-elle s’imposer finalement comme l’année des entrepreneurs ?

Lors de ses voeux du 31 décembre, le président de la République a annoncé un énième « vaste plan contre le chômage » dont les détails devraient être précisés le 18 janvier. Il a néanmoins déjà annoncé qu’il comprendra une mesure de formation pour 500.000 chômeurs supplémentaires. Si ce dispositif devrait permettre de rendre moins visibles dans les statistiques les chômeurs concernés, elle ne  saurait suffire à relancer une France qui peine à s’inscrire dans le sillon de la reprise économique.

Paradoxalement, un premier signe positif pourrait apparaître grâce à des élections à priori éloignées des enjeux nationaux, les régionales. En effet, les nouveaux patrons des exécutifs régionaux font preuve d’un volontarisme surprenant dans le domaine économique, l’une des compétences des régions. Ainsi, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, n’ont pas tardé à annoncer la mise en place d’outils concrets.

Xavier Bertrand a mis en place un numéro vert destiné aux chômeurs afin de faire un bilan complet avec eux et de les aider à trouver un emploi rapidement. Il y aurait dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, selon son président, plus de « 120.000 emplois non pourvus ». « Je ne suis pas en train d’imaginer ces emplois, de les sortir d’une boîte magique. Ce sont des emplois qui existent, des employeurs qui cherchent et qui ne trouvent pas. Le problème c’est qu’on n’arrive pas à faire le lien entre les demandeurs d’emplois et les employeurs », a-t-il déclaré au micro de France Bleu Nord.

Le plus audacieux est sans doute Laurent Wauquiez qui promet « zéro charge » pour les premières embauches d’entreprises en Auvergne-Rhône-Alpes. À y regarder de plus près, derrière cette annonce bien markétée, se cache une mesure qui ne visera que la première embauche dans les entreprises en phase de démarrage. Néanmoins, elle concernerait toutes les charges y compris celles liées à la formation, la retraite complémentaire ou encore la cotisation Unedic. Pour les entreprises bénéficiaires, cette aide pourrait représenter entre 650 et 4200 euros par an, elles pourraient en profiter pendant une voire deux années. Le dispositif serait financé par la Région grâce aux économies réalisées sur les indemnités des élus ainsi que sur les frais de fonctionnement promis par le nouveau président, sont coût est estimé à 20 millions d’euros.

Le dynamisme donné par les exécutifs régionaux et la rapidité des annonces tranchent avec les lenteurs des prises de décisions et de leurs applications au plan national. Il pourrait également inciter les candidats à la présidentielle de 2017 à adopter un comportement plus volontariste et audacieux dans leur programme économique ainsi que dans son application après l’élection.

Il s’agit peut-être d’un tournant pour les réformes dont la France a besoin. Il devra être accompagné par les entrepreneurs et les représentants du monde de l’entreprise qui vont devoir s’impliquer plus dans la préparation de la présidentielle et à tous les niveaux.

Alors, oui, 2016 pourrait bien imposer les entrepreneurs comme « homme de l’année ». Très belle année à toutes et tous !

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Auteur de la Collection Les Cahiers Experts, le nouveau numéro « Présidentielle 2017 : 10 conseils pratiques pour faire entendre la voix des entrepreneurs » est disponible en téléchargement ici.

Présidentielle : les « déclics de confiance » de Juppé

Ce début d’année est marqué par la prise de parole remarquée d’Alain Juppé qui lance de fait la primaire à droite avec son second livre-programme « Pour un Etat fort » publié chez JC Lattès. Il multiplie également les apparitions dans les médias, l’occasion pour lui de tacler le plan de lutte contre le chômage annoncé par François Hollande lors de ses voeux du 31 décembre.

Alain Juppé n’a pas manqué de s’étonner que le président de la République ne déclare la guerre au chômage qu’à la quatrième année de son mandat. Mais à côté de petites phrases à caractère politique, le candidat à la primaire de la droite fait quelques annonces sur son programme économique qu’il souhaite inscrire dans la perspective de créer chez les entrepreneurs « des déclics de confiance ».

Il envisage de s’attaquer à un tabou français en facilitant le licenciement. Il rejoint donc une demande des organisations patronales qui consiste à inscrire dans le contrat de travail les conditions de sa rupture. L’ancien ministre souhaite également s’attaquer au Code du Travail en le simplifiant « drastiquement ».

Il va encore plus loin en annonçant une dégressivité des indemnités de chômage qui serait « calibrée » sur le dynamisme du marché du travail. L’idée étant d’accompagner une reprise éventuelle en créant les conditions pour motiver le retour à l’emploi. Alain Juppé soutient également la démarche « zéro charge » mais en la limitant sur le SMIC et en instaurant une dégressivité jusqu’à 1,5 ou 1,8 SMIC.

Toujours autour de ses « déclics de confiance » qu’il juge indispensables pour remettre l’économie française dans le chemin de la reprise il supprimera l’ISF s’il est élu « un impôt populaire mais contre-productif » a-t-il jugé sur Europe 1. Enfin, le programme économique d’Alain Juppé contiendra des « mesures fortes en matière d’actionnariat salariés » et il s’engage à repousser l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans, « priorité des priorités » selon lui.

Cette posture du favori des sondages est intéressantes car elle confirme que la présidentielle de 2017 est probablement une chance historique pour le monde de l’entreprise de faire entendre sa voix pour la mise en place de réforme en profondeur.

Les premiers chiffres de 2016

Notre première sélection de chiffres en ce début d’année frappe fort : les milliardaires sont moins riches, Netflix toujours plus fort, la Banque Mondiale se désespère, le FN priverait droite et gauche d’une majorité à l’Assemblée nationale, les agriculteurs s’enfoncent dans la crise, les taxis s’énervent encore et un livre crée la surprise…

190

Netflix est disponible depuis le début de l’année dans 190 pays. Le 6 janvier le géant américain a en effet ajouté à sa base d’abonnés potentiels 130 pays. Un début d’année tonitruant qui devrait permettre à Netflix d’accélérer dans le recrutement de nouveaux adeptes et d’amortir plus rapidement les investissements colossaux qu’il mobilise dans la production de programmes exclusifs. À la fin de l’année dernière, Netflix comptait 70 millions d’abonnés dans le monde dont 39 millions de foyers américains. Sa nouvelle stratégie repose sur les contenus exclusifs maison, ainsi en 2016 ce sont 31 séries originales et plus de 20 films de cinéma et de documentaires qui seront produits, sans compter les séries pour les enfants. En 2016, Netflix déboursera 5 milliards de dollars dans ses productions. Un montant autrement plus puissant que ce que les réseaux de télévision historiques sont en mesure d’investir.

0,4

La Banque mondiale désespère de voir la reprise s’installer, pire elle a revue ses prévisions de croissance à la baisse de 0,4 point pour 2016. Si son estimation de croissance pour 2016 est plus optimiste que celle de 2015, passant de 2,4 à 2,9%, elle sera insuffisante pour nourrir une véritable et dynamique reprise. Selon son rapport Global Economic Prospects, la chute des matières premières, l’atonie voire la récession des pays émergents associées à la hausse des taux initiée par la Banque centrale américaine (la Fed) seraient les causes d’une perspective de croissance revue à la baisse pour 2016.

226

L’Institut Harris Interactive s’est livré à une projection des résultats des régionales de décembre 2015 sur des élections législatives. Le résultat est assez surprenant. Dans 226 circonscriptions, nous aurions eu un duel entre la droite et le FN, la gauche n’étant pas en situation de se maintenir au second tour. La gauche serait en duel avec la droite dans 173 circonscriptions, avec le FN dans 110 autres et une triangulaire aurait lieu pour 12 sièges de députés. En partant de l’hypothèse que le retrait de la gauche dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne ne se reproduirait pas forcément, le résultat à l’issue du second tour laisse présager un Front National qui peut espérer un grand nombre de députés et pourrait être en mesure de priver droite et gauche d’une majorité absolue.

2

L’ouvrage City on Fire, premier roman de l’auteur encore inconnu Garth Risk Hallberg, est  déjà l’évènement littéraire mondial de 2016. Il a été acheté par son éditeur américain 2 millions de dollars, un record, Hollywood a acquis les droits d’adaptation et son édition française a fait l’objet d’une course entre éditeurs jusque là inédite. L’ouvrage, un pavé de 1000 pages, propose une plongée dans le New York des années 70, un sujet qui semble bien peu consensuel pour attirer de telles sommes. Pourtant, nombreux sont celles et ceux qui y croient et voient dans ce premier roman un renouveau de la littérature américaine, d’autres critiquent « un coup marketing » qui pourrait ne pas rencontrer son public.

35.000

Le ministre de l’Agriculture le reconnait, la crise des élevages en France est encore pire que ce qui avait été prévu et annoncé par le gouvernement avant l’été. Le ministre estimait alors à 25.000 le nombre d’élevages en difficulté, finalement ce sont 35.000 exploitations qui sont en situation de très grave difficulté financière, soit 18% des élevages bovins, porcins ou laitiers français. L’évaluation de la FNSEA est encore plus préoccupante, puisque le syndicat agricole estime que deux exploitations sur trois seraient en situation de dégager un revenu inférieur au SMIC en 2015. Son président dénonce notamment le non-respect des engagements pris en ce qui concerne les prix promis aux agriculteurs.

30

Les taxis risquent fort de reprendre le chemin de la protestation, ils sont en effet très remontés contre les nouveaux forfaits aéroports qui entreront en vigueur, à Paris, le 1er mars prochain. À partir de cette date un trajet vers Orly sera plafonné à 35 euros et vers Roissy à 55 euros. Les taxis dénoncent des tarifs forfaitaires trop bas qui entraineront une perte sèche pour certaines courses effectuées aux heures de pointe, c’est à dire pendant les périodes d’embouteillages. Ils ont bien obtenu la mise en place de voies réservées sur l’A1 et l’A6 pendant les heures les plus chargées en circulation mais les VTC ont déposé des recours qui ont contraint le dispositif mis en place sur l’A1 à être neutralisé. Enfin, la grogne gagne également les taxis de province qui estiment que les règles imposées aux VTC ne sont pas respectées et qu’elle sont trop facilement contournées par les intéressés.

0

Laurent Wauquiez a annoncé lors de son élection à la présidence de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes un train d’économies dans les dépenses régionales basé essentiellement sur une baisse des indemnités des élus et des charges de fonctionnement. Son souhait est de financer avec les économies réalisées son dispositif « zéro charge » pour la première embauche pour les entreprises en phase de démarrage. Il souhaite exonérer pendant une durée de un à deux ans, les entreprises qui créent leur premier emploi de toutes les charges et ambitionne de créer ainsi 10.000 emplois.

17,5

Les américains sont redevenus accrocs à la voiture, ils ont acheté 17,5 millions de véhicules en 2015, battant ainsi un record historique. Cette année exceptionnelle marque également un autre record depuis la seconde guerre mondiale : la sixième année consécutive de progression des ventes. Il faut dire que les Américains profitent à plein de la reprise qui a permis de créer en 2015 plus de 2 millions d’emplois et de retrouver une situation très enviée de plein emploi avec à peine 5% de chômage. L’effondrement du prix de l’essence au cours des 18 derniers mois n’est pas non plus étranger à ce regain d’intérêt pour la voiture, enfin les taux de crédit permettent aux Américains de financer leurs achats à moindre coût. Les spécialistes du secteur estiment qu’un nouveau record pourrait être battu en 2016, en effet la flotte américaine reste très ancienne et son renouvellement ne fait que commencer.

4

Le Medef propose quatre mesures pour relancer la dynamique de l’emploi en France : la mise en place de CDI sécurisés qui prévoient dès la signature les conditions de la rupture, la mise en place d’une barémisation des indemnités prud’homales, la création d’un dispositif « zéro charge » pour les embauches dans les PME de moins de 250 personnes sur les deux premières années puis une montée en puissance progressive, ainsi que la création d’un contrat de professionnalisation, sans condition préalable de diplôme, payé au SMIC et pris en charge en partie par l’Etat.

19

Le classement Bloomberg des 400 plus riches du monde nous réserve une surprise : la fortune des milliardaires a fondu de 19 milliards en 2015. Il s’agit d’une conséquence très concrète de la faiblesse des économies des pays émergents, des bourses mondiales ainsi que des matières premières qui coûtent cher aux plus riches dont la fortune est tout de même estimée à 3.955 milliards de dollars… Les seuls gagnants de 2015 sont les fondateurs des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Microsoft) qui trustent le top 11 du classement et qui confirment également que la nouvelle économie d’hier s’impose comme le coeur de l’économie d’aujourd’hui.

Sondage : Hollande et Sarkozy dévissent

L’Observatoire politique de janvier 2016 ELABE pour Les Echos et Radio Classique annonce un décrochage assez net de la côte de popularité du président de la République et, plus surprenant, une entrée en zone de danger pour Nicolas Sarkozy.

Rappelons-le, à 18 mois de l’élection présidentielle, rien n’est joué et le favori d’aujourd’hui n’est pas assuré d’être l’élu de 2017, néanmoins les résultats de janvier 2016 livrés par ELABE doivent être regardés avec attention. Ils annoncent une baisse de 7 points de François Hollande et de 4 points pour Nicolas Sarkozy.

L’ancien président de la République, candidat à la primaire de la droite de novembre semble perdre pieds et entre clairement dans le rouge pour la prochaine fois. Il perd donc 4 points d’opinions positives et est crédité d’une côte de confiance d’à peine 24%, ce qui le relègue à la 19ème place du classement général des personnalités politiques, embarrassant pour le président du principal parti d’opposition. Pour la première fois depuis 2012, 53% des sympathisants de droite ont une opinion négative de Nicolas Sarkozy. Il perd 15 points sur cette cible essentielle pour la conquête de la primaire de novembre. Au sein de son propre parti, Les Républicains, il recule de 17 points pour obtenir tout de même 65% d’opinions positives. Il s’agit peut-être d’un tournant dans le combat pour la primaire qui ne fait que commencer.

Quant au chef de l’Etat, il ne recueille plus que 26% d’opinions positives, il perd ainsi 7 des 9 points gagnés après ses décisions fortes de novembre. Les Français ne semblent plus croire au nouveau plan d’urgence contre le chômage annoncé à l’occasion de ses voeux du 31 décembre. Peut-être un signe à prendre en compte par tous les candidats putatifs pour 2017 : les Français souhaitent des réformes franches, claires et efficaces. Ils ne se contentent plus d’annonces floues. Dès le 11 janvier, des personnalités de gauche appelaient à une primaire en vue de la présidentielle afin de « rétablir le débat à gauche », dans une pétition publiée dans le journal Libération.

Emmanuel Macron continue de progresser et gagne 5 points, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez le précèdent de justesse dans les plus fortes progressions de l’Observatoire.

Alain Juppé fait la course en tête avec une côte de confiance de 51%, certes en recul de 2 points. Il est même le seul à dépasser les 50%, reléguant à la seconde place du classement Emmanuel Macron.

Lobbying : les 4 mesures décapantes des entrepreneurs

Les entrepreneurs sont particulièrement mobilisés en ce début d’année après l’annonce du président de la République, le 31 décembre, d’un « vaste plan contre le chômage ». Le monde de l’entreprise craint en effet un nouveau train de réformettes plus destinées à la communication qu’à la véritable efficacité de terrain. 

Les premières précisions autour du projet de François Hollande en matière de lutte contre le chômage pour 2016 ne sont pas de nature à véritablement rassurer les entreprises : quelques aides sur certaines charges assorties d’un programme de formation qui permettra surtout de sortir 500.000 chômeurs de plus des statistiques officielles.

Alors, Pierre Gattaz a décidé de passer à l’offensive et a rappelé dans la presse les propositions du Medef en ce qui concerne la lutte contre le chômage. Elle peuvent sembler radicales si on les compare aux projets du gouvernement mais pourraient bien tracer une ligne d’objectifs dans la perspective de la présidentielle de 2017.

Le patron des patrons proposent donc l’adoption « d’une loi d’urgence contre le chômage » construite autour de quatre mesures dont l’ambition serait de « changer radicalement la donne ».

La création des CDI sécurisés qui prévoient en amont les conditions de la séparation serait de nature à rassurer les chefs d’entreprise avant l’embauche. La barémisation des indemnités prud’homales vise le même objectif. La troisième mesure proposée par le Medef est encore plus audacieuse, elle prône la mise en place d’un dispositif « zéro charge » sur « les embauches de salariés dans les PME de moins 250 salariés, et sur les alternants dans toutes les entreprises ». Enfin, la quatrième mesure concernerait plus particulièrement la formation avec la création d’un contrat de professionnalisation   « simple d’accès et sans condition préalable de diplôme ».  Il serait payé au SMIC avec une partie prise en charge par l’Etat.

Ces propositions patronales étaient déjà détaillées dans « l’état d’urgence contre le chômage » présenté par le Medef le 15 décembre. Elles prennent un relief particulier avec les décisions d’ores et déjà prises par Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes-Auvergne.