L’actu

Jour : 27 novembre 2015

Lobbying, les Français s’investissent 

Nous vivons un bien étrange moment démocratique. Les Français semblent fortement déçus par leurs élus, n’apparaissent pas vraiment motivés par un déplacement vers les bureaux de vote pour les élections régionales des 6 et 13 décembre et, en même temps, ils ont envie de prendre la parole.

L’initiative de la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire d’associer les citoyens à la rédaction de son projet de loi pour une République numérique connait un réel succès puisque plus de 20.000 personnes ont pris part à la consultation lancée sur internet. D’ailleurs, la version finale du projet qui sera présentée aux parlementaires dans le courant du mois de décembre intègre des propositions citoyennes voire de lobbies délivrées en transparence. Une nouveauté.

La démarche des associés de l’agence de publicité Fred & Farid avec leur application GOV lancée dans le cadre de la COP 21 envisage de répondre à la même attente des Français de participer au débat public et d’exprimer plus directement leurs opinions (voir notre article consacré à ce sujet cette semaine).

Il semblerait que la désaffection vis à vis des élus « traditionnels » s’accompagne d’une réelle volonté de prendre part aux décisions, de partager plus directement les opinions en utilisant massivement le numérique. Sommes-nous face à une « ubérisation » de  la démocratie ?

La révolution numérique est entrée dans notre quotidien presque par effraction, elle s’est imposée en créant de nouveaux besoins, en répondant également à une volonté de relations plus simples et directes, une forme de coupure avec des intermédiaires, finalement jugés un peu inutiles. Ce n’est certainement pas le cas de nos élus, éléments indispensables au bon fonctionnement de notre démocratie, mais ils devront également s’adapter.

Très conscients qu’ils peuvent peser sur les décisions, les Français ont tendance à devenir des acteurs directs de la démocratie, au moins lorsqu’ils en ont la possibilité. Le numérique va leur donner cette liberté avec de plus en plus de facilité et il est très probable que cela change assez profondément la physionomie de nos hémicycles.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Loi numérique : lobbying citoyen

La volonté de la secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire, a été respectée, les citoyens ont pu activement participer à l’élaboration de son projet de loi pour une République numérique. 8500 contributions ont été apportées et au final ce sont dix articles qui ont été ajoutés au projet initial.

20.000 personnes ont donc pris part à la participation en ligne proposée par Axelle Lemaire afin de collaborer à la rédaction du texte final de ce projet de loi à l’élaboration innovante et originale. Sept articles nouveaux sont directement issus de cette consultation, trois autres ont été assez largement modifiés après les remarques des internautes.

L’utilisation des algorithmes sera désormais notifiée lors de l’utilisation des services internet gouvernementaux. Ce sera notamment le cas pour les inscriptions universitaires, les lycéens n’obtenant que trop rarement satisfaction sur leurs choix initiaux sans obtenir d’explication quant au processus de décision, qui repose en fait sur l’utilisation d’algorithmes.

Autre dispositif inclus dans la loi : la facilitation de la publication de leurs données par les administrations, les services publics industriels et commerciaux ainsi que les établissements publics à caractères industriels et commerciaux. S’ils ne respectent pas cette nouvelle obligation de publication, ils pourront être placés sur une liste noire publique.

La gestion numérique du décès est également prise en compte. Il sera désormais possible de désigner un tiers de confiance par le biais d’un notaire qui aura accès aux données numériques de la personne décédée et pourra les gérer.

Le projet de loi pour une République numérique devrait être débattu au parlement à partir du mois de décembre. D’autres mesures seront incluses dans le projet de loi Macron 2, elles concerneront plus directement le monde de l’entreprise.

Lobbies vert et automobile, ensemble

Le rapprochement est suffisamment inédit et original pour être souligné. Le groupe PSA et  l’ONG Transport & Environnement engagent une collaboration pour la mesure des émissions de CO2 des véhicules du constructeur.

Le scandale Volkswagen a jeté le doute sur l’ensemble des constructeurs et les révélations qui ne cessent d’être portées à la connaissance du public depuis plusieurs semaines ne sont pas de nature à rassurer les consommateurs. Le premier à pâtir de cette ambiance est bien entendu le diesel, montré du doigt par les politiques qui, hier encore incitaient les Français, y compris par des accompagnements fiscaux, à s’équiper massivement avec des véhicules roulant au gasoil. Or, les constructeurs tricolores sont très axés sur les véhicules diesel qui représentent aujourd’hui l’essentiel de leurs ventes, il s’agit donc pour eux de réagir à un risque de désaffection.

PSA a décidé de faire face en s’associant avec Transport & Environnement, un lobby vert bien connu des couloirs bruxellois et respecté. Dès le début de l’année 2016, les véhicules Peugeot, Citroën et DS seront contrôlés pour leurs émissions de CO2, en conditions réelles. Les routières intègreront plus de kilomètres sur autoroute par exemple. À partir de 2017, les mesures seront élargies aux oxydes d’azote.

L’association Transport & Environnement remporte une belle victoire avec cet accord puisqu’elle milite de longue date pour dénoncer les écarts entre les mesures de laboratoires sur lesquelles sont assises les normes et les mesures réelles qui présentent toujours, selon elle, de grandes divergences. Quant à PSA, le constructeur montre sa volonté de transparence à l’égard des consommateurs mais également des pouvoirs publics, ce qui devrait favoriser l’évolution en douceur des normes.

« Politique et éthique » remporte le Prix « Un regard d’Edgar »

L’ouvrage collectif « Politique et éthique : regards croisés » qui regroupe les écrits de 17 auteurs, issus de la société civile ou du monde économique partagent, sous la direction éditoriale de Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss, leurs visions de la politique et de l’éthique par chapitres interposés. Ce livre collaboratif né durant l’été 2014, remporte le Prix Edgar Faure 2015 dans la catégorie « un Regard d’Edgar » qui récompense le livre politique de l’année. Mathieu Quétel, président de Sountsou participe à la rédaction de cet essai en rédigeant le chapitre « Médias et éthique ».

Le Prix Edgar Faure est présidé par le petit-fils d’Edgar Faure, le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer, le Jury est composé de personnalités comme Olivier Dassault, Isabelle Debré, Rama Yade, Jean-Christophe Lagarde ou Luc Carvounas.

Parmi les 14 ouvrages sélectionnés pour le 9ème Prix Edgar Faure, se trouve un véritable projet de réflexion sur le lien qui unit le monde politique et l’éthique dans la société d’aujourd’hui. Une dimension particulière est donnée à cet ouvrage grâce à la participation de 17 auteurs. Chaque auteur traite le thème qui lui a été confié selon son angle personnel et son propre ressenti. Ce qui ressort alors du livre est le sentiment commun que politique et éthique s’enrichissent mutuellement mais qu’il reste à la première beaucoup à apprendre de la seconde. Cet ouvrage dépasse la simple volonté de reflexion. Tous les droits d’auteurs sont intégralement reversés à l’association le Refuge qui propose un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical, psychologique et juridique aux jeunes majeurs victimes d’homophobie.

Rien ne prédestinait cet ouvrage à cette réussite, comme l’exprime Mathieu Quétel, Président de Sountsou Affaires publiques et contributeur du livre : « Je suis très heureux parce que cet ouvrage n’avait pas vocation à rencontrer un vaste public. Soyons honnêtes, il s’agit de réflexions posées par des acteurs de la société civile et du monde économique, pour la majorité d’entre eux inconnus du grand public. Il s’agit d’une belle aventure autour de Nathalie Bordeau, David-Xavier Weiss et de notre éditeur Bart & Jones. Qu’un livre tel que « Regards croisés » reçoive, après la tragédie que vient de vivre notre pays, le Prix un Regard d’Edgar me semble être un beau symbole ».

Mathieu Quétel, directeur général de plusieurs entreprises au cours des vingt dernières années, dans les médias mais également l’internet et le conseil, contribue à cette réflexion à travers un chapitre « Médias et éthique ». À la demande de Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss, directeurs éditoriaux, Mathieu Quétel s’interroge sur le traitement de l’information par les médias, sur l’évolution du contrôle et de la déontologie journalistique.

Le Président de SOUNTSOU travaille constamment au sein de son cabinet sur ce lien, et explique sa participation à cet ouvrage : « Je fais partie de ceux qui croient en la politique, en son rôle déterminant dans notre société. Cet ouvrage est intéressant car il permet à des avis, parfois divergents, de s’exprimer, de se croiser, il constitue un bel outil de réflexion. En outre, la thématique qui m’était proposée « Médias et éthique » me permettait également de mettre en perspective une nouvelle forme de censure qui semble de plus en plus être tentée de s’exercer dans les médias ».

En outre, cet ouvrage représente bien le travail du cabinet d’Affaires Publiques SOUNTSOU, réfléchir, créer des ponts entre monde économique et politique et adopter une nouvelle approche au sein de laquelle le respect et la conviction tiennent une place prépondérante. Mathieu Quétel envisage les relations institutionnelles sous un angle différent en plaçant l’empathie au centre de la démarche. Il adopte une vision prospective des Affaires Publiques, notamment à l’ère du numérique, avec la collection Les Cahiers Experts, disponible gratuitement pour aider les chefs d’entreprises à comprendre ce qu’est l’éthique dans les relations institutionnelles.

Pour Mathieu Quétel, toutes les initiatives qui participent à la réflexion, à l’échange, plus largement à la confrontation des idées sont importantes dans notre société et cela est représenté à travers « Politique et éthique : regards croisés ».

COP 21, régionales et attentats…

Élections régionales, COP 21 et effets des attentats du 13 novembre à la une de nos 10 chiffres clés de cette semaine.

50

50% des Français déclarent qu’ils se décideront pour leur vote aux élections régionales des 6 et 13 décembre en fonction de critères nationaux, selon un sondage TNS-Sofres OnePoint pour Le Figaro, LCI et RTL. Néanmoins, et cela semble plus surprenant, ils restent 50% à se décider en fonction d’enjeux locaux. Il existe donc un contraste entre la nationalisation des débats à laquelle nous assistons depuis les attentats du 13 novembre et les intentions de vote des Français. Le même sondage confirme la montée en puissance du FN, une certaine stabilité de la droite et une atonie de la gauche, toujours donnée troisième au premier tour. La majorité présidentielle ne semble pas profiter de la posture de François Hollande.

10

Le duel Rousset – Calmels dans la nouvelle grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin ne s’annonce pas aussi simple pour le président sortant. En effet, celui-ci est annoncé en recul de 10 points selon un sondage Ifop pour France Bleu. Désormais, Alain Rousset et Virginie Calmels sont donnés à égalité au premier tour à 28% des intentions de vote, le FN est en troisième position mais avec une progression de 6 points par rapport au sondage précédent, à 25% des intentions de vote. Enfin, au second tour, les deux principaux candidats apparaissent au coude à coude puisque le président socialiste sortant est crédité de 39% d’intentions de vote contre 35% pour la protégée du maire de Bordeaux, Alain Juppé.

6

En pleine COP 21, le gouvernement ne parvient pas vraiment à rendre clair son message sur l’écologie et la baisse de la fiscalité. Les enjeux se télescopent et l’approche en matière écologique semble condamner à devoir reposer sur une pression fiscale toujours plus lourde sur les ménages. La contribution climat énergie (CCE), le vrai nom de la taxe carbone, rapportera 2,4 milliards en 2015, puis 4 milliards en 2016 et enfin 6 milliards en 2017. Le principe de la taxe est simple, il s’agit de faire peser sur les produits énergétiques une charge financière en fonction de leur teneur en CO2. Ainsi, la taxe s’élevait à 7 euros la tonne en 2014, le projet de loi de finances rectificative pour 2015 prévoit de la porter à 30,50 euros en 2017 ! Or, ce sont les ménages qui en supporteront la plus importante part, notamment par le biais des carburants.

16

Selon un sondage réalisé par la CGPME auprès de ses adhérents, les dirigeants de petites et moyennes entreprises ne sont pas inquiets après les attentats du 13 novembre. Ils sont à peine 15,9% à envisager de prendre des mesures particulières en matière de sécurité. Néanmoins, 91% des chefs d’entreprise interrogés se déclarent favorables à de meilleurs échanges avec les forces de police, notamment en vue d’identifier ou de signaler leurs salariés qui présenteraient des risques de radicalisation. Enfin, 55% d’entre eux sont confiants sur l’avenir et ne redoutent pas d’impact à long terme sur leur activité. Il faut tenir compte, dans l’approche de ces résultats, des réalités sectorielles qui peuvent être bien différentes les unes des autres, ainsi l’hôtellerie, les spectacles, la restauration ou le commerce sont, quant à eux, plus fortement impactés dans leur activité que d’autres secteurs moins exposés.

16

La Banque Mondiale vient de publier un rapport dans lequel elle attire l’attention sur la situation des pays africains face au réchauffement climatique. Elle estime à 16 milliards de dollars le montant des sommes à mobiliser pour permettre au continent d’assumer au mieux les conséquences du réchauffement de la planète pour la seule période 2016-2020, un objectif absolument hors de portée sans soutien international. Le président de la Banque Mondiale défendra un plan d’actions dans une douzaine de domaine lors de la COP 21.

61

Selon un sondage réalisé par l’Union des transports publics (UTP), 62% des Français, qui habitent des agglomérations de plus de 50.000 personnes, prennent des transports en commun au moins deux fois par semaine. 61% d’entre eux sont favorables à une augmentation de l’offre de transports en commun afin d’améliorer la qualité de vie en ville, notamment pour la défense de l’environnement. Néanmoins, les Français apparaissent réfractaires à une écologie basée sur la contrainte, ainsi ils ne sont que 24% à se déclarer favorables à l’interdiction de la voiture en ville, et 14% d’entre eux approuveraient la mise en place d’un péage urbain. 85% estiment que les transports publics devraient constituer une priorité gouvernementale pour lutter contre la pollution et 75% se disent prêts à les utiliser plus souvent pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique.

15.000

Le chiffre est à peine croyable, sur les 62.000 défaillances d’entreprises enregistrées sur une année, 15.000 seraient directement causées par les retards de paiement, selon le cabinet Altarès, cité par Les Échos. Une situation qui a incité Bercy à annoncer un train de mesures afin de préserver les entreprises les plus fragiles, notamment les PME, de ces pratiques qui finissent par coûter très cher à l’ensemble de l’économie. Le plafond des amendes administratives va être porté de 375.000 euros à 2 millions d’euros. L’administration pourra également cumuler les amendes si plusieurs manquements sont constatés. En outre, les sanctions seront désormais toutes rendues publiques, à l’instar des noms des cinq plus grands mauvais payeurs publiés il y a quelques jours par Bercy. Emmanuel Macron a promis également de veiller à ce que l’État soit plus rigoureux dans le règlement de ses fournisseurs.

13.500

L’agence internationale de l’énergie, citée par Le Monde, estime à 13.500 milliards de dollars, soit 840 milliards de dollars par an, les investissements nécessaires pour lutter contre le changement climatique entre 2015 et 2030. La question évidente est celle du financement de telles sommes. La première piste est bien entendu de diminuer les coûts de production liés à l’éolien ou les panneaux solaires, la seconde consisterait à mobiliser les fonds du Plan européen Juncker qui s’élèvent à 315 milliards d’euros mais dont la réalité reste à démontrer. Enfin, la fiscalité est un outil qui pourrait être fortement mobilisé. Les experts estiment que la taxe carbone n’est efficace qu’à partir d’une taxe de 30 euros la tonne émise, valeur clé qui inciterait les entreprises et les particuliers à investir vers des sources d’énergie alternatives. La taxe carbone s’élèvera en France à 30,50 euros à l’horizon 2017.

30

Les Allemands sont 56% à envisager de lancer leur propre entreprise, les Anglais 44% mais, selon le baromètre Envie d’entreprendre ViaVoice – Idinvest Partners, seulement 30% des Français envisagent de se lancer dans la création d’entreprise. Un chiffre à la fois décevant et inquiétant. Le baromètre révèle l’ambiance française peu favorable aux créateurs d’entreprise et les valeurs d’une France qui regarde toujours la réussite avec suspicion. Quant à la prise de risques elle n’est ni accompagnée, ni reconnue puisque les créateurs d’entreprises doivent faire face à un véritable parcours du combattant administratif doublé d’un matraquage fiscal qui ne laisse aucun répit.

0

L’Angleterre vient d’annoncer la fermeture de ses douze centrales au charbon à l’horizon 2025 et la restriction de leur production dès 2023. Londres souhaite tenir ses engagements de diminuer ses émissions de CO2 de 80% en 2050 par rapport à 1990. Le temps est venu de dater les mesures déjà annoncer et la perspective de la COP 21 est un bon moment pour faire preuve de volontarisme. Le charbon représente encore 30% de la production électrique britannique, il sera remplacé par les énergies renouvelables et le nucléaire dans les prochaines années après une période transitoire au cours de laquelle le gaz prendra le relais.