L’actu

Jour : 19 septembre 2015

Ces taxes impossibles à réformer…

Tour d’horizon de l’actualité de la semaine en quelques chiffres clés. Même les taxes « parasites » semblent impossibles à supprimer. Elles sont le symbole d’un État empêtré dans son fatras de lourdeurs, un peu comme France Télévision. Quant à Luc Besson, il apprécie que certaines réformes « éclair » soient encore envisageables dans ce pays, la volonté fait beaucoup, finalement.

192

Le rapport de l’Inspection général des Finances (IGF) relevait en 2014 l’existence de 192 taxes diverses s’appliquant aux entreprises et qui rapportaient isolément moins de 150 millions d’euros. Le président de la République avait alors annoncé un programme de réductions de ces taxes parasites qui pèsent sur les entreprises et ne constituent pas de véritable enjeu fiscal, du moins quand elles sont considérées individuellement. Le secrétaire d’Etat au Budget s’était emporté et avait promis la suppression de petites taxes représentant 1 milliard d’euros pour le seul budget 2015. La grosse promesse c’est transformée en petite réalisation portant sur 4 millions d’euros. En 2016, le gouvernement ne prévoit pas plus d’efforts puisqu’il proposera dans le projet de loi de finances la suppression de 3 taxes pour 34 millions d’euros.

30

Le lobbying de Luc Besson est décidément très efficace. Grâce à l’intervention de Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée Nationale et député de la Seine Saint Denis, où sont implantés les studios d’EuropaCorp, la société du producteur, son prochain film bénéficiera bien d’une remise fiscale de 30 millions d’euros, sur un budget global de 160 millions. Le prochain film de Luc Besson, Valerian, sera tourné en France mais en langue anglaise, pour d’évidentes raisons commerciales et de distribution internationale. Toutefois, le dispositif d’aides fiscales ne prévoyait jusqu’à présent de ne participer au financement que des projets tournés en France et en langue française. Si bien que Luc Besson menaçait de délocaliser le tournage de Valerian en Hongrie. Grâce à son lobbying et à sa détermination, « l’amendement Besson » inscrit dans la prochaine loi de finances, répare cette situation et permettra au tournage de se dérouler en France.

7

L’Union des maisons françaises (UMF) vient d’annoncer une croissance des ventes de maisons individuelles à deux chiffres pour les mois de juin et de juillet. Cette embellie met fin à quatre année de baisse des ventes et permet aux constructeurs de maisons individuelles d’espérer une croissance de leurs ventes de l’ordre de 7% en 2015. François Hollande vient toutefois d’annoncer une nouvelle qui pourrait refroidir les ardeurs de l’UMF. Dès le 1er janvier, 30.000 communes auront accès au prêt à taux zéro (PTZ) dans l’ancien, sous réserve que les travaux de rénovation représentent 25% au moins du coût d’achat du bien. Cette mesure satisfait pleinement les artisans du bâtiment mais pourrait réorienter des ventes vers l’ancien au détriment du neuf. Néanmoins, l’UMF a d’autres sujets d’inquiétudes, notamment la question des normes, surtout thermiques qui représentent toujours un surcoût d’environ 10% sur le prix d’achat d’une maison neuve. L’application de la RT 2012, il est vrai assez draconienne, est en cause. Or, la RT 2020 est désormais attendue avec anxiété, alors qu’une RT 2018 est déjà annoncée. Ce chapelet de normes constitue autant de barrages supplémentaires à l’accession pour les foyers les plus modestes.

0

La baisse du prix du pétrole et des produits manufacturés a un effet inattendu : elle engendre une inflation quasi nulle qui constitue un casse-tête pour le budget 2016. Le Gouvernement tablait sur une inflation de 1% en 2016, un objectif qui sera difficile à atteindre. Or, une moindre inflation entraine des rentrées fiscales plus faibles et rend complexe la mise en place d’économies via des mesures de gel ou de sous-indexation. Le déficit sera donc encore plus difficile à réduire.

5

La Cour des comptes vient de rendre son rapport sur la Sécurité sociale et il est sévère. L’institution prévoit un déficit de 5 milliards en 2018 et critique le manque de date butoir pour revenir à l’équilibre. Selon ses calculs, à raison d’une réduction de 2 milliards par an, un retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale interviendrait, au mieux, à l’horizon 2021. En 2014, la progression des dépenses est restée supérieure à celle du PIB et en 2015 devrait être marquée par un net recul de la réduction du déficit. En 2013, la loi de financement de la Sécurité sociale prévoyait pourtant un retour à l’équilibre dès 2017. Les prévisions de recettes étaient surestimées et la baisse des dépenses ne couvre pas le delta enregistré.

50

Delphine Ernotte vient d’annoncer un déficit de 50 millions d’euros en 2016 pour France Télévisions. Après avoir revendiqué « fromage et dessert » la voilà contrainte à une période de diète forcée qui incite la présidente à engager un plan d’économie qui exclu tout plan de départ. Le groupe public a déjà réalisé 70 millions d’euros d’économies depuis trois ans. Elle envisage également de revoir le périmètre du groupe public si aucune nouvelle recette ne devait venir en complément. On assiste depuis quelques semaines à un étrange échange entre France Télévisions et sa tutelle par le biais de la presse qui n’est pas sans rappeler la crise récente traversée par Radio France. Les présidents de l’audiovisuel public sont décidément contraints à d’étranges opérations de lobbying.

 

13,6

Le non respect des délais de paiement atteint un record depuis 10 ans selon une étude du cabinet Altares. Le délai entre la date convenue et le paiement effectif atteint 13,6 jours au second trimestre, contre 11,8 jours en 2014. Si en Allemagne 73% des entreprises règlent les prestations de leurs consoeurs dans les délais prévus, en France ce chiffre n’est que de 36,5%. Or, les délais de paiement sont un levier tout à fait important pour éviter des défaillances d’entreprises, notamment de PME. L’Etat est conscient de l’enjeu et a multiplié les contrôles ces derniers mois afin que la loi soit respectée, il reste également le plus mauvais payeur avec un dépassement moyen des délais de 18 jours…

3

Le gouvernement vient d’annoncer un report de la baisse des cotisations sociales pour les salaires compris entre 1,6 smic et 3,5 smics du 1er janvier 2016 au 1er avril 2016. Ce décalage permettra d’économiser 1 milliard d’euros sur une enveloppe de 4,5 milliards d’euros prévue initialement.   Cet accroc au pacte de responsabilité; pourtant défendu par le gouvernement, a suscité la colère du Medef et de la CGPME, cette dernière estimant dans un communiqué « Un coup de canif vient d’être porté au Pacte de responsabilité. Cette décision malheureuse instille le doute sur la volonté du gouvernement de tenir ses engagements. Quand comprendra-t-on que la reprise de l’emploi et de l’investissement passera par les TPE/PME ? Sans visibilité sur l’évolution des charges le risque est grand de voir se prolonger l’attentisme actuel. »

2,4

L’Etat attend de la privatisation des aéroports de Nice et Lyon, dont il lance le processus ces jours-ci, un pactole de 2,4 milliards d’euros, soit 1,5 milliard pour Nice et 900 millions pour Lyon. Après l’expérience de Toulouse, vendu au consortium chinois Symbiose, malgré la colère des élus locaux, le cahier des charges a été revu. Désormais, le tour de table des prétendants devra comporter un gestionnaire de grand aéroport et l’avis des élus locaux devrait être plus écouté. Ces cessions représentent un enjeu budgétaire pour l’Etat qui devrait les utiliser au désendettement de la France.

6

Netflix investira 6 milliards de dollars dans les contenus en 2016. En 2015, il a déjà proposé 25 programmes originaux mais le géant américain souhaite passer à la vitesse supérieure. Jusqu’à présent, il achetait des productions originales à des studios extérieurs qui en restaient les propriétaires et en contrôlaient donc la commercialisation. Désormais, Netflix va produire lui-même ses créations originales, ainsi il maîtrisera la diffusion de ses programmes intégralement, partout dans le monde. Un enjeu face aux chaines de télévision, principales concurrentes et victimes du streaming proposé par la firme. Le cinéma sera également concerné puisqu’il a d’ores et déjà acheté le prochain film d’Angelina Jolie et diffusera sur sa plate forme, dès le mois d’octobre, le film « Beasts of No Nation », qu’il produit également.

6

L’Ordre des experts comptables annonce une baisse des investissements engagés par les TPE-PME de 6% depuis le début de l’année alors que leur activité est en augmentation de 0,8%. Un chiffre trop faible pour que cette « reprise » soit réellement ressentie dans les entreprises et se traduise par des investissements dans l’immédiat. Si l’emploi a augmenté de 1,3% pour les entreprises de plus de 10 salariés, il s’est orienté à la baisse pour les TPE avec un recul de 2,6%. Ce sont les plus petites entreprises qui souffrent le plus de la situation économique.

Le lobbying au service des JO

La France s’est déclarée candidate à l’organisation des Jeux Olympiques à Paris en 2024. Membre du Comité international olympique (CIO) jusqu’en 2014, Jean-Claude Killy a accordé une interview à France Bleu Pays de Savoie dans laquelle il rappelle l’importance du lobbying dans la démarche de conviction et de séduction des décideurs.

« Je ne suis pas certain que les Français soient les meilleurs dans le domaine du lobbying » explique le triple champion olympique. Il poursuit en précisant « il faut être à l’écoute, pédagogue, non donneur de leçon, travailler comme des fous furieux ».

Les opérations de lobbying à déployer pour de tels enjeux sont multiples et complexes, elles nécessitent notamment de pouvoir adapter le discours entre les différents pays visités et être en mesure de convaincre des membres du CIO très différents les uns des autres.

Une interview que vous pouvez écouter ici et qui est intéressante en ce sens qu’elle met en évidence le rôle essentiel du lobbying dans le sport et entre États.

 

Éthique et médias

Le 1er septembre est paru l’ouvrage collectif « Politique et éthique : regards croisés » chez Bart & Jones. Sous la direction éditoriale de Nathalie Bordeau et David-Xavier Weiss, 17 co-auteurs, universitaires, élus ou chefs d’entreprise confrontent leurs réflexions. Le chapitre consacré aux médias a été confié à Mathieu Quétel, président de Sountsou. Nous vous invitons à découvrir aujourd’hui, l’introduction de cette partie du livre, dont l’intégralité des droits d’auteurs est reversée à l’association Le Refuge.

« Lorsque David-Xavier Weiss m’a demandé d’écrire sur le thème de l’éthique et des médias, je me suis immédiatement trouvé face à une flopée d’interrogations : que peut-on ou non montrer ? Pourquoi les journalistes s’arrogent-ils le droit de cacher certaines informations ? Pourquoi jugent-on les citoyens insuffisamment matures pour leur dévoiler certaines images ? Quelle place pour l’éthique dans les médias traditionnels lorsque le net est libre de toute régulation ? Qui peut décider de ce qui relève de la vérité, de l’éthique et qui est vraiment en capacité de mesurer les limites à poser ? Faut-il envisager la création d’un organisme de contrôle de l’éthique et de la déontologie journalistique ? Vaste sujet qui concerne un secteur en pleine mutation.

Les médias traditionnels ont un rôle éminent à jouer dans notre société devenue à la fois complexe et rapide dans ses évolutions. Ils ont bien entendu une mission de découverte, d’accès au savoir mais également de divertissement. Dans un environnement numérique, sans contrôle ni véritable rigueur éditoriale, ils constituent un outil fiable d’accès à l’information.

Néanmoins, les médias traditionnels, mais également les acteurs de l’information pure players du net (car il en existe aujourd’hui de sérieux), sont confrontés à une évolution  de leur modèle économique et à la recherche de la monétisation de leur audience. Les modèles pérennes n’ont pas encore été trouvés et, il faut l’admettre, la stabilité économique est la base d’une bonne information. Nous assistons ces derniers mois à une vague de concentration dans la presse avec le rachat de l’Express par Patrick Drahi, celui du Parisien par LVMH, l’audiovisuel est également touché avec la cession controversée de Numéro 23 à Next Radio TV (RMC, RMC Découvertes, BFMTV, BFM Business…) et d’autres vont immanquablement suivre. Si les marques survivent, les actionnaires historiques s’effacent au profit d’industriels ou d’acteurs de la nouvelle économie, ce qui ne manque pas de poser la question des évolutions éditoriales et des pressions qui pourraient s’exercer à terme sur les rédactions. Les médias attirent de nouveaux entrants, souvent industriels ou richissimes investisseurs, qui semblent être les seuls à être en capacité de soutenir la mutation digitale de la presse et de l’audiovisuel. Les intérêts économiques seront-ils prioritaires à la recherche de l’information ?

Depuis longtemps, les journalistes sont soupçonnés, à tort ou à raison, de connivence avec le personnel politique, ces rapprochements capitalistiques vont ils leur ôter toute liberté éditoriale et toute légitimité à l’égard du public ? Si cette dérive devait se produire, elle serait préjudiciable aux médias eux-mêmes qui ne trouveraient plus leur public. Néanmoins, on peut espérer en la solidité des rédactions face à leurs actionnaires pour ne pas se laisser entrainer dans cette impasse.

L’éthique dans les médias est également bousculée par l’apparition de nouveaux censeurs qui tentent de s’ingérer dans les rédactions et de donner des labels de bonne conduite (de bonnes pensées ?) aux éditorialistes ou aux polémistes. Quand les médias cèdent à ces pressions, se pose la question de la liberté d’expression mais également du débat dans l’espace public. Or, le risque est grand de voir les digues autour des médias se briser et ceux-ci sombrer dans une dangereuse aseptisation de leurs contenus.

Le numérique bouscule tout, y compris les médias. Mais il est là, inévitable. Il s’agit désormais d’une lapalissade mais il y a encore quelques mois, de nombreux dirigeants de médias regardaient le digital avec une certaine condescendance, considérant que les contenus, leurs contenus, constitueraient une plus-value incontournable face au net. Ils avaient en partie raison. Les géants du net ont entamé une véritable course éditoriale pour enrichir leurs offres et ils rivalisent d’imagination pour proposer aux adeptes des réseaux sociaux, par exemple, des articles désormais intégrés et en partage de revenus avec les éditeurs, comme le fait Facebook. Google s’est lancé dans la mise en place d’un Fonds européen pour la presse, initié en France. Le Digital News Initiative, est doté de 150 millions d’euros pour trois ans et sur toute l’Europe quand le Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FNIP) français était doté de 60 millions d’euros pour les seuls éditeurs français, ceux-ci vont donc percevoir moins de soutien de la part du géant américain. Cette opération de séduction européenne vise à apaiser les tensions entre Google et les éditeurs, entre celui qui diffuse des contenus et bénéficie des revenus publicitaires générés et ceux qui fabriquent ces contenus mais qui ne sont plus rémunérés à juste mesure. C’est un enjeu primordial pour la presse, menacée de paupérisation.

Les attentats des 7 et 9 janvier ont choqué la France et ont rendu visible à tous la menace sournoise qui pèse sur notre pays. Ce choc collectif appelait des décisions fortes de la part du gouvernement qui se sont, notamment, traduites dans le vote de la loi Renseignement, véritable outil de chasse à l’information sensible mais également de surveillance collective des citoyens par le gouvernement. Plusieurs dispositions de cette loi posent des questions essentielles de liberté publique et de liberté de la presse, notamment sur la protection des sources et sur la récolte de l’information. Dans une approche de l’éthique des médias, ce sont des éléments à considérer, car plus les journalistes subissent de pressions externes, plus le risque sera grand de basculer vers une auto-censure de précaution face au risque pénal encouru. »

Pour acheter l’ouvrage « Politique et Éthique : regards croisés », rendez-vous chez votre libraire préféré, vous pouvez également le commander en ligne ici.

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Lobbying : les entreprises de croissance se renforcent

Les deux associations CroissancePlus et PME Finance s’unissent pour mieux servir le lobbying des entrepreneurs de croissance. Un rapprochement stratégique et qui a en ligne de mire la présidentielle de 2017.

L’ambition du nouvel ensemble est de faire entendre la voix des chefs d’entreprise dans le cadre de la présidentielle. Il n’a pas échapper aux animateurs des deux mouvements regroupés sous la seule appellation CroissancePlus qu’il s’agit d’un moment opportun pour regrouper les propositions du monde économique avant de les faire vivre auprès des équipes de campagne.

CroissancePlus et PME Finance proposent de :

  • consulter très largement les entrepreneurs pour faire émerger des idées concrètes et pragmatiques
  • libérer ainsi les énergies qui relanceront la croissance du pays par l’innovation et l’internationalisation de ses entreprises
  • rassembler toutes les forces entrepreneuriales autour d’un ensemble de réformes ambitieuses

Les deux organisations appellent également les autres réseaux d’entreprises à les rejoindre pour bâtir une plate forme de propositions pour 2017. Elles annoncent qu’elles proposeront dès le début de 2016 un « espace d’échanges innovant » à cette fin.

« Ce rapprochement s’inscrit dans une volonté de développement rapide des entreprises : faire évoluer notre cadre économique, social, culturel et sociétal, afin de favoriser la croissance des entreprises françaises et de devenir les « SCALE-UP » qui révolutionneront notre économie », explique Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus, dans le communiqué annonçant la fusion des deux structures.

PME Finance se transformera en think tank « financement » au sein du nouvel ensemble.

EELV : l’implosion

Europe Écologie – Les Verts (EELV) nous offre une séquence dont il a désormais une parfaite maîtrise : à l’approche de rendez-vous majeurs pour les idéaux qu’il défend, il éclate littéralement en plein vol. Une situation qui ne sera pas sans conséquences pour la majorité de François Hollande. 

Cette fin d’année 2015 présente des échéances assez idéales pour les écologistes. En effet, le rendez-vous international de la COP 21, sur le climat, est une opportunité extraordinaire pour que les écologistes portent leurs propositions tant en ce qui concerne leur projet de société qu’économique. Toujours en décembre, se dérouleront les élections régionales, un scrutin traditionnellement positif pour eux, lorsqu’ils sont alliés avec le PS, puisqu’il leur permet de récolter des élus et des responsabilités dans de nombreux exécutifs détenus par la gauche.

Au lieu de capitaliser sur ces échéances, les écologistes se déchirent et prennent le risque d’affaiblir la majorité présidentielle. Une fois de plus, serait-on tenter d’ajouter.

À la fin de l’été, François de Rugy, puis Jean-Vincent Placé ont annoncé quitter EELV mettant en cause « la dérive gauchiste du parti ». Le député et le sénateur sont également co-président et président de leur groupe parlementaire… Une crise qui en créera d’autres et les rebondissements devraient être encore nombreux, tant les tensions entre les différentes tendances au sein d’EELV sont fortes. Désormais, les groupes parlementaires sont l’objets d’âpres discussions, les pro-Duflot estimant qu’ils doivent être présidés par des adhérents du parti, Rugy et Placé défendant quant à eux la nécessité d’équilibre entre les tendances au sein même des groupes parlementaires.

En réalité, l’hémorragie est beaucoup plus large que ces têtes d’affiche, de nombreux cadres ont déjà quitté le navire et d’autres devraient suivre dans les semaines à venir.

François de Rugy a d’ores et déjà annoncé la création d’une nouvelle formation « Écologistes ! » qui devrait avoir pour vocation d’engager le dialogue avec le PS, après les régionales, avec pour perspective la création d’une large union pour la présidentielle de 2017. Car le risque est grand, désormais, de voir une gauche éclatée se présenter aux suffrages des Français en 2017. Or, l’enjeu sera de passer le premier tour…

Mais plus proches de nous, ce sont les élections régionales qui posent de sérieux problèmes à la majorité. EELV ayant fait le choix de s’allier au Parti de Gauche plutôt qu’à ses partenaires historiques du PS. Le Nord-Pas-de-Calais-Picardie sera sans doute le symbole d’une fracture aux répercussions multiples, puisque va se poser l’inévitable question du front républicain pour la liste arrivée en troisième position, si le FN est en situation de l’emporter au second tour. Par leur décision, les militants d’EELV prennent le risque de n’avoir à l’arrivée que peu ou pas d’élus mais également de ne pas permettre au PS d’assurer une présence pour le match final.

Les ambitions de Cécile Duflot pour 2017 pourraient bien emporter avec elle tout EELV. En effet, les bérézina électorales de 2007 et 2012 sont à sa portée avec pour conséquence la disparition des écologistes des bancs de l’Assemblée et du Sénat après avoir été effacés de ceux des conseils régionaux…

L’aile droite et l’aile gauche des écologistes constituent une ligne de fracture qui semble irréconciliable. Elle participe de la reconstruction de la gauche qui devrait intervenir après les élections régionales. Il n’en reste pas moins que la voix écologiste risque fort d’en sortir aphone.