L’actu

Jour : 23 mars 2015

Les syndicats patronaux chahutés par leurs bases

Le mouvement de désintérêt voire de suspicion pour le politique touche également les syndicats patronaux qui doivent faire face à la colère de leurs adhérents notamment en province.

La récente manifestation anti RSI qui a réunit 7000 personnes a permis au ras-le-bol des petits patrons de s’exprimer dans la rue. On pouvait lire sur certaines banderoles des revendications agressives et radicales qui apparaissent en rupture avec le mode de communication traditionnel des patrons. Les manifestants ne se montraient, du reste, pas très accueillants pour la CGPME ou l’UPA à qui ils reprochent une forme de « mollesse » sur le sujet.

Hervé Lambel, candidat malheureux à la présidence du MEDEF, ne dit pas autre chose. Il reproche aux représentants patronaux, MEDEF et CGPME, de s’être institutionnalisés et d’oublier de défendre les intérêts de leurs mandants au profit des revenus de leurs syndicats, issus selon lui principalement de subventions publiques diverses. C’est donc tout un système qui est en cause, selon lui.

Cette dénonciation des représentants patronaux élus, s’apparente à la désaffection pour le politique et plus largement à la condamnation d’un « système » au sein duquel « l’entre soi » fonctionnerait à plein régime laissant de côté les préoccupations de ceux qui ne font pas partie du cercle, principalement les TPE et PME. En clair, les syndicats patronaux s’entendraient avec les gouvernements, parfois au détriment des intérêts de leurs adhérents.

Si l’analyse n’est pas forcément totalement fausse, sa conséquence qui aboutit à une joyeuse généralisation est dangereuse, y compris pour les entreprises. En effet, les entrepreneurs ont besoin de peser sur les décisions publiques et si leurs organisations comportent sans doute des imperfections, elles permettent également de faire avancer les choses. Cette tendance au rejet de l’institution n’est pas nouveau, il doit alerter les représentants patronaux.

Les manifestations de rue organisées en décembre 2014 par la CGPME pour crier le ras-le-bol des TPE et PME étaient sans doute motivées par la colère de sa base qui ne se sentait pas suffisamment écoutée. Il s’agissait de « lâcher un peu de pression » et d’organiser une mobilisation hors des codes traditionnels. Ce fut un incontestable succès.

Il est normal que les adhérents d’une organisation syndicale soient plus radicaux que leurs représentants, ceux-ci ont pour mission de négocier et de trouver des chemins d’accord avec les représentants politiques. Les syndicats patronaux mais également les fédérations professionnelles doivent intégrer dans leur fonctionnement interne la nécessité de mieux communiquer et d’expliquer leurs décisions et positions.

En ces temps de crise, la communication interne est un enjeu stratégique pour les organisations patronales. Elles doivent, certes rester à l’écoute de leurs mandants, mais également expliquer les difficultés de la négociation sociale et institutionnelle. Le récent échec de la négociation autour de la modernisation du dialogue social met en exergue la complexité des intérêts à défendre et des jeux de chacun.

De leur côté, les politiques doivent tenir compte de ces bases, certes plus radicales, mais qui représentent également l’incontournable réalité du terrain. Cette prise en compte ne saurait se limiter à de la communication ou à quelques manifestations de rue. Les revendications sont plus profondes et plus exigeantes. Les politiques seraient également bien inspirés de respecter pleinement les organisations syndicales et leur indépendance. Les manoeuvres autour de l’élection à la présidence de l’UIMM furent bien inutiles puisque les adhérents ont plébiscité au final l’indépendance.

Mathieu Quétel, président de Sountsou

Ne vous désintéressez pas du lobbying

C’est le premier réflexe de nombreux chefs d’entreprise, qui ont bien d’autres priorités à gérer : se désintéresser du lobbying.

Ils ne souhaitent pas mobiliser de moyens sur des missions qu’ils considèrent comme trop éloignées des activités essentielles à la rentabilité et au développement de leur entreprise. Lorsque la sphère publique peut influer sur une entreprise, il est pourtant de la responsabilité du chef d’entreprise de gérer cette contrainte au mieux, voire d’agir sur elle.

Ce que vous ne faites pas en matière de relations institutionnelles, il y a de fortes chances pour que vos concurrents le prenne en mains. Ils vont donc défendre leurs seuls intérêts, vraisemblablement au détriment des vôtres. Cette situation aura des répercussions sur votre activité à un moment ou un autre.

Le politique est susceptible de peser sur la vie de votre entreprise à différents niveaux : être présent, faire partie de « ceux qui décident »est essentiel, surtout si votre activité est réglementée, dépend de la commande publique, bénéficie d’aides publiques ou si elle est tributaire de décisions politiques.

En y regardant de près, les entreprises et les activités industrielles ou de services qui ne sont pas touchées par les décisions publiques sont très peu nombreuses, en France. En outre, la sphère publique présente un intérêt commercial évident : les collectivités territoriales et l’État sont, en effet, des donneurs d’ordre. Il n’y a aucune raison de passer à côté de commandes publiques…

Contrairement à une idée reçue, les politiques continuent d’avoir du pouvoir. Ils manquent parfois de clairvoyance, voire de courage, dans leurs décisions, mais leur pouvoir reste bien présent – l’actualité nous en apporte la preuve chaque jour – , même si certaines d’entre elles peuvent apparaitre pour le,moins regrettables… Dans ce contexte, se désintéresser des relations institutionnelles est une erreur.

Nous verrons que ce n’est pas la seule, mais il s’agit sans doute de la plus grave.

Pour continuer la réflexion sur les relations institutionnelles et ce qu’elles peuvent apporter à votre entreprise, téléchargez Les Cahiers Experts.

Les Cahiers N°1

Un nouveau président à l’UIMM

Alexandre Saubot, PDG du groupe Haulotte a été élu président de la puissante Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), jeudi 19 mars, avec 52,14% des suffrages.

Patron d’une entreprise de taille intermédiaire qui avait connu de graves difficultés, au coeur de la crise de 2008, Alexandre Sabot a su négocier le virage en misant sur l’innovation et un pragmatisme industrielle remarquable. Haulotte emploie 1500 salariés et produit des nacelles élévatrices. Cette expérience lui permettra sans doute d’appréhender ses nouvelles responsabilités avec un oeil neuf, tourné vers l’avenir.

Le successeur de Frédéric Saint-Geours, avait été choisi par le MEDEF à l’automne 2014 pour piloter sa délégation pour la négociation de la modernisation du dialogue social, qui s’est soldée par un échec. Néanmoins, les talents de négociateur et de tacticien de ce quinquagénaire jusqu’alors peu connu au sein de l’UIMM lui ont permis de se faire remarquer jusqu’à emporter l’élection face à deux autres candidats, Marc Ventre (ex-Safran) et Jérôme Frantz (président de la Fédération des industries mécaniques).

La filière bio fait reculer le ministre

Contre toute attente, Stéphane Le Foll a annoncé le 7 mars une baisse de 25% des aides prévues pour les agriculteurs bio pour 2014. 

Cette décision était d’autant moins attendue que le gouvernement avait annoncé son souhait d’accompagner le développement de l’agriculture bio en France. Il y a six semaines, il confirmait même un objectif de doublement des surfaces cultivées à l’horizon 2017.

Face à la mobilisation de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, le ministre a finalement fait machine arrière et confirmé que les aides complémentaires seraient bien versées dans le courant de l’été prochain. Son ministère s’est dit surpris par l’augmentation du nombre d’exploitations bio, les crédits initialement prévus pour 2014 auraient été insuffisants pour faire face à ce développement de la filière. Entre 2013 et 2014, le nombre d’exploitation a augmenté de 4% pour une progression de 3,8% des hectares exploités en culture biologique.

Le gouvernement annonce avoir cette fois tout prévu, notamment avec une mobilisation substantielles de crédits européens qui devraient s’élever en moyenne à 160 millions par an entre 2015 et 2020 avec un objectif de 180 millions en 2020. Néanmoins, une source d’inquiétudes persiste pour la filière, le transfert aux régions de la gestion de ces aides dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune.

Cette passe d’armes entre gouvernement et filière bio démontre, une fois de plus, à quel point les relations institutionnelles sont centrales dans nos économies. Expliquer, convaincre et accompagner la décision publique permet de créer de la valeur… Ou de la sauver.

Les paroles de politiques

Cette semaine, les politiques ont pris la parole autour des Départementales, du FN, de l’avenir de la gauche, de l’histoire (déjà !)… Un peu plus que des mots qui laissent déjà entrevoir les stratégies à venir.

Najat Vallaud-Belkacem, au sujet du Front National en appel à Audiard, dans Le Petit Journal du mercredi 18 mars

« Les amis de Marine Le Pen ça ose tout. C’est à ça qu’on les reconnaît»

Martine Aubry, en réunion publique à Denain, citée par le JDD.fr, le jeudi 19 mars

« On sait ici que le travail est une valeur absolue, pas seulement le moyen de gagner sa vie, mais le moyen d’être utile, de tenir debout. Quand j’entends certains à droite parler des assistés ou même d’autres dire : « si j’étais chômeur, je chercherais du boulot » j’ai envie de dire : venez ici voir ce que c’est qu’être au chômage »

« J’ai vu le premier ministre, je verrai le Président de la République pour leur dire ce que je pense et discuter de la suite »

Jean-Louis Debré, au sujet de Jacques Chirac, dans Le Figaro du vendredi 20 mars

« Jacques Chirac est inclassable politiquement. Ce n’est pas un dogmatique. Dans une espèce de tradition gaulliste, ce n’est ni la droite ni la gauche. Mais « et » la droite « et » la gauche. Il a commencé très à gauche en vendant L’Humanité, a assisté, entraîné par son ami Rocard, aux réunions d’une section socialiste qu’il a vite jugées trop sectaires, mais il n’a pas pour autant rejoint les gaullistes. Il défend la place de la France dans le monde – on l’a vu lors de la guerre en Irak -, il est très réservé sur le libéralisme et à l’opposé de tout conservatisme. C’est un Corrézien, provincial, laïc, pragmatique, qui croit en l’État, garant de la justice et de la liberté »

Nathalie Kosciusko-Morizet dans Le Point du jeudi 19 mars

« Il y en a qui connaissent très mal les militants ! Ils viennent souvent d’un parti gaulliste, il est sociologiquement faux de dire qu’ils sont plus à droite que les sympathisants »

« Moi je fais des propositions pour la rénovation du mouvement le 30 mai, sur les outils numériques pour faire voter les militants, après ça… »

Nathalie Kosciusko-Morizet à Nicolas Sarkozy, citée par Le Point du 19 mars

« Je veux être libre, t’as écrit un bouquin qui s’appelle « libre », tu peux comprendre, non ?! »

François Fillon au sujet des Départementales, dans Le Figaro du 20 mars

« Le FN ne sera pas en tête et, si par malheur c’était le cas, ce serait une défaite pour François Hollande, pour la gauche et pour la France. Mais je ne crois pas que le FN remportera un seul département»

Patrick Balkany, dans un communiqué de presse après la levée de son immunité parlementaire

« (c’est) insupportable, voire douloureux, d’être ainsi jeté aux chiens et à une sorte de justice en place publique qui rappelle les plus sombres heures de notre histoire »

Alain Juppé, en meeting à Roubaix, le 18 mars

« Je suis pour une ligne d’alliance de la droite et des centres et non pas pour une direction à droite toute, qu’on dit « décomplexée » mais dont on voit bien qu’en réalité elle faite le jeu du FN… »

Gérard Larcher, dans Le Figaro du 19 mars

« Notre capacité collective d’intégration est saturée. Le pragmatisme impose une maitrise quantitative et qualitative des flux migratoires. L’instauration d’objectifs prévisionnels quantitatifs, c’est à dire, en parlant vrai, de quotas, est posée »

Laurent Ruquier, à propos d’Éric Zemmour, dans On N’est Pas Couché du samedi 14 mars

« Oui, je le regrette. Je suis en train de me rendre compte que j’ai participé à la banalisation de ces idées-là »

Jean-Vincent Placé, cité par Le Point du 19 mars

« C’est fait ! Le 6 avril, je suis ministre ! »

François Hollande, sur les propos de Manuel Valls au sujet du FN, cité par Le Canard Enchaîné du 18 mars

« L’émission que Valls a faite sur Europe 1, où il a lancé son offensive contre le FN, sera perçue, avec le recul, comme le grand rendez-vous de cette campagne. Tout simplement parce-qu’il a su employer les mots qu’il fallait pour pousser les gens à aller voter »

« Il a un don pour formuler les choses, pour attirer l’attention et nommer les problèmes »

Daniel Fasquelle, le trésorier de l’UMP, dans L’Obs du 19 mars

« Pour les prochaines législatives, il nous faut absolument trouver des candidates, car les pénalités pour cause de non-parité ont été doublées »